La paracha Vayichla’h comporte un incident choquant. Dina, la fille de Yaakov, est kidnappée et violée par Chekhem, le fils du dirigeant de la ville. Ses frères sont furieux et demandent que justice soit faite. Chekhem demande ensuite à se marier avec Dina et, par ruse, les fils de Yaakov consentent au mariage et proposent un marché.
D’abord, tous les hommes de la ville doivent être circoncis. Une fois que les hommes sont affaiblis par la douleur de leur circoncision, les frères de Dina, Chimon et Lévi, se vengent brutalement en tuant chaque homme dans la ville. Yaakov en fait le reproche à ses fils, et craint des représailles des communautés environnantes. Cependant, Chimon et Lévi justifient leurs actions, affirmant que leur sœur n’aurait pas dû être traitée de façon aussi ignoble.
De manière inhabituelle, la Torah inclut des commentaires qui soulignent la gravité morale de la situation. Elle articule le chagrin et la colère des fils de Yaakov en apprenant le supplice de leur sœur, et leur justification interne en punissant le ville de sa profanation. Mais était-ce une justification suffisante ?
Des années plus tard, sur son lit de mort, Yaakov maudit Chimon et Lévi pour leur violence et leur imprudence, prédisant leur dispersion en Israël. L’acte de Yaakov présente un contraste flagrant avec la justification précédente de leurs actions.
Ce récit a suscité un débat entre deux célèbres érudits juifs : Rambam et Ramban. Le Rambam, dans son Michné Torah, affirme que le peuple de Chekhem était collectivement responsable du fait de ne pas avoir amené leur prince en justice pour son crime contre Dina. Après tout, les lois noa’hides demandent l’établissement de tribunaux par les non juifs pour appliquer la justice. Selon le Rambam, toute la ville était complice de cette violation.
Le Ramban propose un contre argument. Il affirme que bien que les lois noa’hides requièrent l’établissement de systèmes de justice, elles n’impliquent pas de responsabilité collective, ni de peine de mort pour avoir échoué à mettre en place ces lois. En effet, il se demande comment Yaakov a pu condamner ses fils si leurs actions étaient justifiées. Ce débat met en relief la nature non résolue de la responsabilité collective et la justice dans la loi juive et la théologie. Alors que la loi juive défend la responsabilité collective parmi les juifs, la question est de savoir si ce principe s’étend au-delà de la loi juive à toutes les sociétés, tel que le Rambam l’affirme. Dans quelle mesure les individus sont-ils responsables de l’établissement d’un système judiciaire équitable dans leurs villes ?
Selon le Talmud,quiconque peut empêcher son foyer, sa communauté ou le monde de commettre un péché mais ne le fait pas est moralement responsable. Rabbi Sacks ajoute que les tribunaux humains ne peuvent que punir celui qui a agi, mais D.ieu peut également choisir de tenir imputable tout spectateur qui a permis qu’un crime évitable ait pu se produire.
Cela coïncide avec les terribles événements de l’Holocauste. En s’interrogeant sur la culpabilité du peuple allemand, le philosophe Karl Jaspers invente le terme de culpabilité métaphysique des spectateurs. En d’autres termes, “coupable en un sens qui ne peut être compris de façon adéquate, ni juridiquement, ni politiquement, ni moralement.”
Si c’est le cas, les actions de Chimon et Lévi ne peuvent pas échapper à la condamnation morale également. Malgré la culpabilité de Chekhem, les frères avaient tort d’appliquer la justice en tuant tous les hommes, et Yaakov a raison de les condamner pour cela. Yeshayahou Leibowitz, un moraliste israélien notoire, suggère que certaines actions, bien que justifiées, n’en demeurent pas moins moralement répréhensibles.
Rabbi Sacks conclut sur le caractère primordial de distinguer entre la responsabilité collective et la punition collective. Tandis que le premier est un impératif moral pour nous tous, le second, comme le montre les actions de Chimon et Lévi, est moralement bien plus dangereux. Cette paracha caractérise une exploration forte de la justice, de la moralité et des complexités de la propriété collective.
Questions à poser à la table de Chabbat
Selon vous, qu’est-ce que le débat entre Ramban et Rambam peut nous enseigner des complexités de la prise de décision dans l’histoire juive ?
En examinant rétrospectivement les histoires que nous avons lues jusqu’à présent dans le Séfer Béréchit, avez-vous d’autres exemples de responsabilité collective ?
Comment voyez-vous la notion de ‘Kol Yisrael arevin zé bazé’ (tous les juifs sont responsables les uns les autres) s’exprimer dans les communautés juives diverses et modernes ?
La paracha en bref
La parachat Vayichl’ah est remplie de hauts et de bas émotionnels pour Yaakov et sa famille. Sachant que son frère arrive à sa rencontre avec une force de quatre cents hommes, Yaakov craint qu’Essav ne s’apprête à l’attaquer. Il divise son camp en deux, puis envoie des cadeaux à Essav, et prie. Cette nuit-là, il lutte avec un étranger mystérieux – un ange de D.ieu ! – et de Yaakov, il devient Israël.
Son courage moral reconnu, Yaakov est maintenant prêt à rencontrer Essav. La dernière rencontre remonte à plus de vingt ans et Yaakov, craignant un bain de sang, est accueilli à bras ouverts. Les frères se quittent cordialement, mais juste après la réunion de famille, nous lisons le récit dévastateur de l’enlèvement de Dina dans la ville voisine de Chekhem, une ville proche du lieu où Yaakov avait acheté de la terre pour sa famille. Deux des fils de Yaakov, Chimon et Lévi, cherchent à se venger de ce qui est arrivé à leur sœur, et ils se vengent en tuant tous les hommes de la ville.
Les épreuves familiales continuent alors que Rachel, la femme bien-aimée de Yaakov, meurt en accouchant et est enterrée près de Beth Lekhem. Yaakov continue son voyage vers Hébron où il voit son père vieillissant, Yits’hak, pour la dernière fois. La paracha se conclut avec une liste exhaustive des rois d’Édom, et les clans d’Essav.
Les personnages de la paracha
Yaakov (Israël) : Avec un changement de nom et un changement de cœur, Yaakov est le dirigeant robuste de la nation d’Israël.
Chimon et Lévi : Ce duo a du sang sur ses mains. Était-ce pour l’honneur, la vengeance ou pour leur sœur ?
Rachel : Éternellement aimée mais au douloureux destin, Rachel donne naissance à Binyamin et meurt.
Essav : Ancien titulaire du droit d’aînesse, chasseur et le préféré de papa. Un combattant finalement heureux d’une réunion familiale.
La philosophie de la paracha
Explorons cette semaine la dichotomie entre punition collective et responsabilité collective. Ce sujet soulève plusieurs questions difficiles.
Comment établir une frontière entre la responsabilité collective et l’application d’une sanction qui n’est pas nécessaire ? Dans quelle mesure sommes-nous responsables de notre entourage ? Si nous ne faisons rien, sommes-nous simplement des spectateurs passifs, ou endossons-nous une culpabilité plus profonde ?
Finalement, comment évaluons-nous la vengeance de Chimon et Lévi sur le viol de leur soeur ?
Du point de vue de Yaakov, il apparaît que Chimon et Lévi sont allés trop loin. À la fin du Sefer Béréchit, Yaakov les maudit même ainsi que leur héritage en raison de leurs actions.
De quelles manières pouvez-vous imaginer que l’histoire se déroule autrement ? Et quels genres d’actions transforment une personne – ou commencent à transformer une personne – d’un spectateur passif à un criminel ou un complice ?
Intéressez-vous à d’autres moments de notre histoire où ce genre de tension se produit, à l’instar des égyptiens lors de l’Exode, Amalek, et le comportement du peuple juif dans le désert. Il existe tant d’exemples riches de sens qui peuvent être utilisés pour considérer cet enjeu éthique critique !
Jouons avec la paracha
Organisons un “débat ultime sur le dilemme moral”.
Choisissez un sujet. Ce que vous voulez, de la validité des actions de Chimon et de Lévi, au sujet très sérieux de “la glace objectivement la meilleure” ! Deux équipes sont formées, et chaque participant doit choisir son camp.
Chaque équipe présente sa position éthique et son raisonnement, suivie d’une discussion de groupe pour explorer différentes perspectives. Les situations morales ambiguës, en particulier avec la glace, ne seront jamais concluantes. Utilisez cela comme une opportunité de comprendre des perspectives différentes de la vôtre !
La paracha en pratique
La notion de se soucier des autres membres de la société est plus difficile qu’il n’y paraît. Si nous sommes honnêtes, “la pensée de groupe” est une mentalité dont il est difficile de se séparer, et défendre quelqu’un d’autre lorsqu’il est blessé, en particulier contre la pensée du groupe, peut sembler impossible. Et pourtant, il s’agit bien d’un élément incroyablement important de notre société humaine.
Montrer aux autres que nous nous soucions d’eux et agir justement lorsqu’il y a une faute à corriger est quelque chose que l’on peut faire tous les jours, même à une échelle bien moindre que dans l’histoire de Chekhem. Pour aider à adopter la mentalité adéquate, il est important de s’habituer à reconnaître que chaque personne possède une force unique et quelque chose qui la rend unique et importante.
Si par exemple, un élève se fait embêter dans sa classe, il y a de nombreuses façons de l’aider, comme par exemple affronter directement l’élève coupable et devenir ami avec la victime, en faisant preuve de bonté envers lui, ou en l’invitant à participer à des activités de groupe.
Non seulement cela lui apporte un soutien immédiat, mais cela remet subtilement en question la mentalité du groupe et sa façon de pensée qui nourrit souvent de tels comportements.
De plus, parler avec modestie peut avoir un grand impact. Cela peut impliquer de suggérer à un enseignant ou un dirigeant de club la nécessité des discussions ou un changement de comportement, ou simplement exprimer un désaccord lorsque l’on rapporte une action blessante.
De petites actions peuvent parfois avoir de grandes répercussions, encourageant les autres qui partagent secrètement vos émotions mais qui ne se sentent pas encore à l’aise à les faire vivre.
Parabole sur la paracha
Vous avez du lait ?
Il était une fois, dans une petite ville enneigée du Minnesota, vivait une jeune fille nommée Léa.
Léa avait économisé son argent de poche pour s’acheter une nouvelle poupée. Je me demande, pour quel motif auriez-vous économisé votre argent ?
Un jour, lorsque Léa était à l’école, elle remarqua que son amie Emma n’avait rien d’autre que de l’eau à boire pour son déjeuner. “C’est drôle”, se dit-elle. “Le lait est si délicieux !” Il s’est avéré que son amie Léa n’avait pas assez d’argent pour acheter du lait pour l’école !
Léa s’est sentie tellement triste pour son amie Emma, pourriez-vous imaginer ne pas avoir assez d’argent, même pour du lait ? Léa décida donc de l’aider. Elle prendrait toutes ses économies pour acheter du lait pour Emma. Lorsque la grand-mère de Léa demanda pourquoi elle cassait sa tirelire, Léa expliqua qu’elle voulait aider son amie.
Mais à ce moment-là, Léa a eu une idée encore meilleure, encore plus grande. “Je suis sûre qu’il y a d’autres enfants qui ne peuvent pas non plus se permettre d’acheter du lait, peut-être que je peux les aider également !” se dit-elle. Avec l’aide de sa famille, Léa commença à collecter de l’argent de sa famille et de ses amis. L’objectif était de lever suffisamment de fonds pour que tous les enfants de son école puissent avoir du lait pour toute l’année !
Voilà quelque chose de magnifique : l’histoire de la bonté de Léa s’est répandue, et bientôt, des gens de toute la ville ont commencé à donner de l’argent. Ils ont levé plus d’argent que Léa aurait pu imaginer ! 6000 dollars !
Désormais, tous les enfants de son école pouvaient profiter du lait tous les jours. Léa n’a jamais acheté sa poupée, mais elle se sentit très fière d’avoir pu aider ses amis.
Selon vous, comment cette histoire démontre-t-elle la responsabilité envers les autres ? Pouvez-vous penser à une façon d’aider vos amis cette semaine à l’école ?
Devinette sur la paracha
Q. Combien de fois un arbre est-il utilisé comme un lieu de sépulture dans la Torah ?
R. Seulement à deux reprises, et les deux fois dans la parachat Vayichla’h. Dans Béréchit 35:4, Yaakov enterre les idoles qui étaient dans son foyer sous le térébinthe près de Chekhem. Et la gouvernante de Rivka, Dévorah, est enterrée sous le chêne près de Bétel (Béréchit 35:8).
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
With thanks to the Schimmel Family for their generous sponsorship of Covenant &
Conversation, dedicated in loving memory of Harry (Chaim) Schimmel.
“I have loved the Torah of R’ Chaim Schimmel ever since I first encountered it. It
strives to be not just about truth on the surface but also its connection to a
deeper truth beneath. Together with Anna, his remarkable wife of 60 years, they
built a life dedicated to love of family, community, and Torah. An extraordinary
couple who have moved me beyond measure by the example of their lives.” — Rabbi
Sacks
Vayichla’h La paracha en bref Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici: https://rabbisacks.org/covenant-conversation/vayishlach/ressentir-la-peur/ Jacob était terrorisé après…
La responsabilité collective
Family Edition
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MAIN ESSAY
Vayishlach
La responsabilité collective
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Résumé
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici www.rabbisacks.org/covenant-conversation/vayishlach/la-responsabilite-collective.
La paracha Vayichla’h comporte un incident choquant. Dina, la fille de Yaakov, est kidnappée et violée par Chekhem, le fils du dirigeant de la ville. Ses frères sont furieux et demandent que justice soit faite. Chekhem demande ensuite à se marier avec Dina et, par ruse, les fils de Yaakov consentent au mariage et proposent un marché.
D’abord, tous les hommes de la ville doivent être circoncis. Une fois que les hommes sont affaiblis par la douleur de leur circoncision, les frères de Dina, Chimon et Lévi, se vengent brutalement en tuant chaque homme dans la ville. Yaakov en fait le reproche à ses fils, et craint des représailles des communautés environnantes. Cependant, Chimon et Lévi justifient leurs actions, affirmant que leur sœur n’aurait pas dû être traitée de façon aussi ignoble.
De manière inhabituelle, la Torah inclut des commentaires qui soulignent la gravité morale de la situation. Elle articule le chagrin et la colère des fils de Yaakov en apprenant le supplice de leur sœur, et leur justification interne en punissant le ville de sa profanation. Mais était-ce une justification suffisante ?
Des années plus tard, sur son lit de mort, Yaakov maudit Chimon et Lévi pour leur violence et leur imprudence, prédisant leur dispersion en Israël. L’acte de Yaakov présente un contraste flagrant avec la justification précédente de leurs actions.
Ce récit a suscité un débat entre deux célèbres érudits juifs : Rambam et Ramban. Le Rambam, dans son Michné Torah, affirme que le peuple de Chekhem était collectivement responsable du fait de ne pas avoir amené leur prince en justice pour son crime contre Dina. Après tout, les lois noa’hides demandent l’établissement de tribunaux par les non juifs pour appliquer la justice. Selon le Rambam, toute la ville était complice de cette violation.
Le Ramban propose un contre argument. Il affirme que bien que les lois noa’hides requièrent l’établissement de systèmes de justice, elles n’impliquent pas de responsabilité collective, ni de peine de mort pour avoir échoué à mettre en place ces lois. En effet, il se demande comment Yaakov a pu condamner ses fils si leurs actions étaient justifiées. Ce débat met en relief la nature non résolue de la responsabilité collective et la justice dans la loi juive et la théologie. Alors que la loi juive défend la responsabilité collective parmi les juifs, la question est de savoir si ce principe s’étend au-delà de la loi juive à toutes les sociétés, tel que le Rambam l’affirme. Dans quelle mesure les individus sont-ils responsables de l’établissement d’un système judiciaire équitable dans leurs villes ?
Selon le Talmud,quiconque peut empêcher son foyer, sa communauté ou le monde de commettre un péché mais ne le fait pas est moralement responsable. Rabbi Sacks ajoute que les tribunaux humains ne peuvent que punir celui qui a agi, mais D.ieu peut également choisir de tenir imputable tout spectateur qui a permis qu’un crime évitable ait pu se produire.
Cela coïncide avec les terribles événements de l’Holocauste. En s’interrogeant sur la culpabilité du peuple allemand, le philosophe Karl Jaspers invente le terme de culpabilité métaphysique des spectateurs. En d’autres termes, “coupable en un sens qui ne peut être compris de façon adéquate, ni juridiquement, ni politiquement, ni moralement.”
Si c’est le cas, les actions de Chimon et Lévi ne peuvent pas échapper à la condamnation morale également. Malgré la culpabilité de Chekhem, les frères avaient tort d’appliquer la justice en tuant tous les hommes, et Yaakov a raison de les condamner pour cela. Yeshayahou Leibowitz, un moraliste israélien notoire, suggère que certaines actions, bien que justifiées, n’en demeurent pas moins moralement répréhensibles.
Rabbi Sacks conclut sur le caractère primordial de distinguer entre la responsabilité collective et la punition collective. Tandis que le premier est un impératif moral pour nous tous, le second, comme le montre les actions de Chimon et Lévi, est moralement bien plus dangereux. Cette paracha caractérise une exploration forte de la justice, de la moralité et des complexités de la propriété collective.
Questions à poser à la table de Chabbat
La paracha en bref
La parachat Vayichl’ah est remplie de hauts et de bas émotionnels pour Yaakov et sa famille. Sachant que son frère arrive à sa rencontre avec une force de quatre cents hommes, Yaakov craint qu’Essav ne s’apprête à l’attaquer. Il divise son camp en deux, puis envoie des cadeaux à Essav, et prie. Cette nuit-là, il lutte avec un étranger mystérieux – un ange de D.ieu ! – et de Yaakov, il devient Israël.
Son courage moral reconnu, Yaakov est maintenant prêt à rencontrer Essav. La dernière rencontre remonte à plus de vingt ans et Yaakov, craignant un bain de sang, est accueilli à bras ouverts. Les frères se quittent cordialement, mais juste après la réunion de famille, nous lisons le récit dévastateur de l’enlèvement de Dina dans la ville voisine de Chekhem, une ville proche du lieu où Yaakov avait acheté de la terre pour sa famille. Deux des fils de Yaakov, Chimon et Lévi, cherchent à se venger de ce qui est arrivé à leur sœur, et ils se vengent en tuant tous les hommes de la ville.
Les épreuves familiales continuent alors que Rachel, la femme bien-aimée de Yaakov, meurt en accouchant et est enterrée près de Beth Lekhem. Yaakov continue son voyage vers Hébron où il voit son père vieillissant, Yits’hak, pour la dernière fois. La paracha se conclut avec une liste exhaustive des rois d’Édom, et les clans d’Essav.
Les personnages de la paracha
Yaakov (Israël) : Avec un changement de nom et un changement de cœur, Yaakov est le dirigeant robuste de la nation d’Israël.
Chimon et Lévi : Ce duo a du sang sur ses mains. Était-ce pour l’honneur, la vengeance ou pour leur sœur ?
Rachel : Éternellement aimée mais au douloureux destin, Rachel donne naissance à Binyamin et meurt.
Essav : Ancien titulaire du droit d’aînesse, chasseur et le préféré de papa. Un combattant finalement heureux d’une réunion familiale.
La philosophie de la paracha
Explorons cette semaine la dichotomie entre punition collective et responsabilité collective. Ce sujet soulève plusieurs questions difficiles.
Comment établir une frontière entre la responsabilité collective et l’application d’une sanction qui n’est pas nécessaire ? Dans quelle mesure sommes-nous responsables de notre entourage ? Si nous ne faisons rien, sommes-nous simplement des spectateurs passifs, ou endossons-nous une culpabilité plus profonde ?
Finalement, comment évaluons-nous la vengeance de Chimon et Lévi sur le viol de leur soeur ?
Du point de vue de Yaakov, il apparaît que Chimon et Lévi sont allés trop loin. À la fin du Sefer Béréchit, Yaakov les maudit même ainsi que leur héritage en raison de leurs actions.
De quelles manières pouvez-vous imaginer que l’histoire se déroule autrement ? Et quels genres d’actions transforment une personne – ou commencent à transformer une personne – d’un spectateur passif à un criminel ou un complice ?
Intéressez-vous à d’autres moments de notre histoire où ce genre de tension se produit, à l’instar des égyptiens lors de l’Exode, Amalek, et le comportement du peuple juif dans le désert. Il existe tant d’exemples riches de sens qui peuvent être utilisés pour considérer cet enjeu éthique critique !
Jouons avec la paracha
Organisons un “débat ultime sur le dilemme moral”.
Choisissez un sujet. Ce que vous voulez, de la validité des actions de Chimon et de Lévi, au sujet très sérieux de “la glace objectivement la meilleure” ! Deux équipes sont formées, et chaque participant doit choisir son camp.
Chaque équipe présente sa position éthique et son raisonnement, suivie d’une discussion de groupe pour explorer différentes perspectives. Les situations morales ambiguës, en particulier avec la glace, ne seront jamais concluantes. Utilisez cela comme une opportunité de comprendre des perspectives différentes de la vôtre !
La paracha en pratique
La notion de se soucier des autres membres de la société est plus difficile qu’il n’y paraît. Si nous sommes honnêtes, “la pensée de groupe” est une mentalité dont il est difficile de se séparer, et défendre quelqu’un d’autre lorsqu’il est blessé, en particulier contre la pensée du groupe, peut sembler impossible. Et pourtant, il s’agit bien d’un élément incroyablement important de notre société humaine.
Montrer aux autres que nous nous soucions d’eux et agir justement lorsqu’il y a une faute à corriger est quelque chose que l’on peut faire tous les jours, même à une échelle bien moindre que dans l’histoire de Chekhem. Pour aider à adopter la mentalité adéquate, il est important de s’habituer à reconnaître que chaque personne possède une force unique et quelque chose qui la rend unique et importante.
Si par exemple, un élève se fait embêter dans sa classe, il y a de nombreuses façons de l’aider, comme par exemple affronter directement l’élève coupable et devenir ami avec la victime, en faisant preuve de bonté envers lui, ou en l’invitant à participer à des activités de groupe.
Non seulement cela lui apporte un soutien immédiat, mais cela remet subtilement en question la mentalité du groupe et sa façon de pensée qui nourrit souvent de tels comportements.
De plus, parler avec modestie peut avoir un grand impact. Cela peut impliquer de suggérer à un enseignant ou un dirigeant de club la nécessité des discussions ou un changement de comportement, ou simplement exprimer un désaccord lorsque l’on rapporte une action blessante.
De petites actions peuvent parfois avoir de grandes répercussions, encourageant les autres qui partagent secrètement vos émotions mais qui ne se sentent pas encore à l’aise à les faire vivre.
Parabole sur la paracha
Vous avez du lait ?
Il était une fois, dans une petite ville enneigée du Minnesota, vivait une jeune fille nommée Léa.
Léa avait économisé son argent de poche pour s’acheter une nouvelle poupée. Je me demande, pour quel motif auriez-vous économisé votre argent ?
Un jour, lorsque Léa était à l’école, elle remarqua que son amie Emma n’avait rien d’autre que de l’eau à boire pour son déjeuner. “C’est drôle”, se dit-elle. “Le lait est si délicieux !” Il s’est avéré que son amie Léa n’avait pas assez d’argent pour acheter du lait pour l’école !
Léa s’est sentie tellement triste pour son amie Emma, pourriez-vous imaginer ne pas avoir assez d’argent, même pour du lait ? Léa décida donc de l’aider. Elle prendrait toutes ses économies pour acheter du lait pour Emma. Lorsque la grand-mère de Léa demanda pourquoi elle cassait sa tirelire, Léa expliqua qu’elle voulait aider son amie.
Mais à ce moment-là, Léa a eu une idée encore meilleure, encore plus grande. “Je suis sûre qu’il y a d’autres enfants qui ne peuvent pas non plus se permettre d’acheter du lait, peut-être que je peux les aider également !” se dit-elle. Avec l’aide de sa famille, Léa commença à collecter de l’argent de sa famille et de ses amis. L’objectif était de lever suffisamment de fonds pour que tous les enfants de son école puissent avoir du lait pour toute l’année !
Voilà quelque chose de magnifique : l’histoire de la bonté de Léa s’est répandue, et bientôt, des gens de toute la ville ont commencé à donner de l’argent. Ils ont levé plus d’argent que Léa aurait pu imaginer ! 6000 dollars !
Désormais, tous les enfants de son école pouvaient profiter du lait tous les jours. Léa n’a jamais acheté sa poupée, mais elle se sentit très fière d’avoir pu aider ses amis.
Selon vous, comment cette histoire démontre-t-elle la responsabilité envers les autres ? Pouvez-vous penser à une façon d’aider vos amis cette semaine à l’école ?
Devinette sur la paracha
Q. Combien de fois un arbre est-il utilisé comme un lieu de sépulture dans la Torah ?
R. Seulement à deux reprises, et les deux fois dans la parachat Vayichla’h. Dans Béréchit 35:4, Yaakov enterre les idoles qui étaient dans son foyer sous le térébinthe près de Chekhem. Et la gouvernante de Rivka, Dévorah, est enterrée sous le chêne près de Bétel (Béréchit 35:8).
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
With thanks to the Schimmel Family for their generous sponsorship of Covenant & Conversation, dedicated in loving memory of Harry (Chaim) Schimmel.
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