La ligature d’Isaac : une nouvelle interprétation
Family Edition

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Résumé

Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici www.rabbisacks.org/covenant-conversation/vayera/la-ligature-disaac-une-nouvelle-interpretation.

Après de nombreuses années d’attente, Abraham et Sarah reçoivent finalement la promesse de D.ieu d’avoir un enfant. Et pas n’importe quel enfant : celui qui permettra d’accomplir la promesse selon laquelle ils auraient une descendance nombreuse, aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Mais ils continuent d’attendre et aucun enfant n’arrive. Sarah propose donc qu’Abraham ait un enfant avec sa servante Hagar, et ainsi naquit Ismaël. Mais D.ieu dit à Abraham qu’Ismaël n’est pas l’enfant promis. En effet, malgré l’âge avancé de Sarah, D.ieu lui dit que son propre fils, Isaac, naîtra l’année prochaine, remplissant Sarah et Abraham d’une immense joie.

Il est donc surprenant que D.ieu donne l’ordre à Abraham de sacrifier Isaac. Abraham obéit, marche pendant trois jours vers le Har Moria, la montagne sur laquelle Isaac allait être sacrifié. Alors qu’Abraham s’apprête à commettre l’acte, un ange intervient, épargnant Isaac et informant Abraham que tout ceci était une épreuve qu’il a surmontée. L’épreuve est désormais terminée.

C’est le paroxysme de la vie d’Abraham, le test ultime de la foi, un moment clé dans l’histoire juive. Mais cette histoire soulève des questions troublantes. Pourquoi D.ieu était-Il sur le point d’enlever ce qu’Il avait donné, le cadeau d’Isaac, d’Abraham et de Sarah ? Pourquoi Abraham, qui avait mis au défi D.ieu sur le destin de Sodome et Gomorrhe, n’a-t-il pas contesté cet acte a priori cruel ?

Il existe plusieurs interprétations de cette histoire ; Kierkegaard par exemple, explique que l’histoire souligne l’amour inconditionnel qu’Abraham éprouvait envers D.ieu. De son côté, Rav Soloveitchik suggère qu’elle illustre le fait que nous devons parfois accepter la défaite, cédant nos plus profonds amours et désirs à la volonté divine.

Cependant, Rabbi Sacks offre une toute autre perspective. La Torah s’oppose fermement au sacrifice d’enfants, une pratique associée aux rituels païens. Il est décrit comme étant abominable auprès de D.ieu. Pourquoi a-t-Il donc demandé cela d’Abraham ? Et comment la volonté d’Abraham de sacrifier Isaac peut-elle être perçue comme honorable ?

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Pour comprendre cela, nous devons considérer des thèmes centraux de la Torah. D’abord, le fait que D.ieu est propriétaire de la terre d’Israël. C’est pour cela qu’Il peut ordonner la restitution des biens terrestres aux propriétaires originaux lors de l’année du Jubilé, tel que mentionné dans Vayikra 25:2.

Deuxièmement, depuis que D.ieu a libéré les israélites de leur esclavage en Égypte, ils sont Ses serviteurs, et ne doivent pas être asservis par les autres.

Finalement, D.ieu est le propriétaire ultime de toute chose, et c’est pour cette raison que nous récitons des bénédictions avant de tirer profit de quoi que ce soit. Ces principes établissent l’autorité légale et morale de D.ieu.

Dans l’Antiquité, les enfants étaient considérés comme la propriété légale de leurs parents, ce qui conduisait à des pratiques comme le sacrifice d’enfants. La Torah s’y oppose fermement, cherchant à établir que les enfants appartiennent à D.ieu. Les parents n’en sont que les gardiens.

La Akéda sert d’affirmation dramatique à cette idée révolutionnaire. Il s’agit d’un signal d’alarme à tous les parents. En effet, la naissance miraculeuse d’Isaac le met déjà en avant, et cette histoire souligne la leçon selon laquelle les enfants ne sont pas une propriété. L’histoire du premier enfant juif établit la règle qui s’applique à tous les enfants juifs. D.ieu crée un espace entre parent et enfant, car ce n’est que lorsque cette espace existe que les enfants ont la possibilité de grandir en tant qu’individus indépendants.

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Questions à poser à la table de Chabbat

  1. Quelle est la différence entre être gardien et être propriétaire ?
  2. De quelles façons un parent peut-il accompagner son enfant à développer sa foi religieuse, tout en devenant un penseur indépendant ?
  3. A quels moments votre foi est-elle mise à l’épreuve ? Qu’est-ce qui vous aide à rester fort et engagé dans ces moments-là ?
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La paracha en bref

Dans Vayéra, nous voyons la bonté et l’hospitalité extraordinaires d’Abraham, et ses défis familiaux. D’abord, trois anges déguisés en homme rendent visite à Sarah et Abraham. Le couple leur procure de la nourriture et des agréments, en dépit du fait qu’Abraham vient d’effectuer sa brit mila. Tout en s’occupant des invités, ils reçoivent trois messages cruciaux : la promesse d’un fils nommé Isaac, l’information de la punition imminente de Sodome et Gomorrhe, et une bénédiction en faveur d’Abraham pour une guérison rapide. Très préoccupé, Abraham négocie audacieusement avec D.ieu pour tenter de sauver les villes, démontrant son profond sentiment de justice. Malgré ses efforts, Sodome est détruite, bien que Lot et ses filles aient pu être sauvés juste à temps.

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La vie de famille n’est pas de tout repos cette semaine. Nous suivons la décision de Sarah d’expulser Hagar et Ismaël de la famille, et l’épreuve ultime de foi : la Akéda. Abraham suit les instructions de sacrifier son fils en raison de sa dévotion à D.ieu, mais la vie d’Isaac est finalement épargnée, démontrant la miséricorde de D.ieu et la sainteté de la vie humaine.

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Les personnages de la paracha

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Abraham : Père de tous, le paradigme du monothéisme, et hôte par excellence.

Sarah : Hôtesse extraordinaire avec un sens de l’humour. Et jeune maman dans ses vieux jours. 

Its’hak : Un miracle, l’avenir, une promesse qui ne sera pas sacrifiée.

Les trois anges : Les Melakhim qui apparaissent déguisés sont des visiteurs porteurs de messages de la plus haute importance.

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La philosophie de la paracha

Un thème clé de cette semaine est l’humilité. Envisagez-le de la façon suivante : le monde appartient à Hachem. Il l’a créé et, d’une certaine manière, humains, animaux et toute chose vivante lui appartiennent. Hachem peut tout exiger d’Abraham. Absolument tout ! Et que demande-t-Il de son fidèle le plus dévoué ? Un sacrifice d’enfant. D.ieu est-Il semblable à tous les autres dieux païens, ayant les mêmes requêtes auprès des forts sur les faibles ?

Bien sûr que non. À un moment dramatique de l’histoire, D.ieu fait preuve de tout le contraire : Il demande à Abraham d’arrêter, célébrant ainsi la vie et démontrant Sa miséricorde.

Ce brusque tournant a pour but de nous faire sortir de notre suffisance. D.ieu est effectivement le Propriétaire de tout. Et c’est également D.ieu qui nous donne pour mission continue de préserver et de célébrer la vie.

Rabbi Sacks explique que les parents ne peuvent pas offrir leurs enfants à des dieux car leurs enfants ne leur appartiennent pas. L’histoire de la Akédat Yits’hak nous rappelle que D.ieu contrôle toute forme de vie. Et c’est à travers cette propriété qu’Il nous ordonne d’être des exemples moraux pour notre nation et pour les nations qui nous entourent. Lors de moments difficiles, nous sommes nombreux à nous sentir sans défense et même en situation de doute. Mais D.ieu est toujours là, et Il continue de nous donner pour tâche d’être des phares dans ce monde. Remettre en question des pratiques immorales, défendre ce qui est juste, et éduquer nos enfants avec une boussole morale guidée par la Torah – faire preuve de compassion et d’humanité envers autrui, et servir D.ieu.

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Jouons avec la paracha

Jouons aux “Festins fantastiques”. D’abord, on assigne à une personne le rôle de présentateur. À tour de rôle, chacun des autres joueurs chuchote le nom de leur invité secret (une célébrité, une vraie personne, un personnage historique, un personnage fictif) au présentateur. 

Le présentateur doit ensuite s’en souvenir et annoncer à tous les invités: “Ce soir, nous aurons au dîner…” Après que tous les invités aient été présentés, les “hôtes” essaient à tour de rôle de deviner qui a invité qui au repas. Par exemple, un joueur peut essayer : “Sarah, as-tu invité Albert Einstein ?” Si l’invité a raison, la personne dont l’invité a été révélé a perdu et celui qui a deviné peut tenter sa chance à nouveau. Le jeu continue jusqu’à ce que tous les hôtes aient été correctement assignés à leurs invités.

Petit conseil : ce jeu est optimal pour 5-7 personnes. Pour un plus grand groupe, regardez le jeu “Empire”. (Cette version doit être préparée avant Chabbat).

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La paracha en pratique

Tout en suivant l’interprétation profonde de Rabbi Sacks sur la Akéda, il est important de se rappeler la chose suivante : bien que l’on ne puisse pas toujours connaître la raison derrière un événement bon ou mauvais qui se produit dans notre vie, nous avons foi en D.ieu ; et nous croyons qu’Il subvient aux besoins du monde et Le protège. Par ailleurs, comme l’a démontré Abraham, l’une des manières dont nous pouvons acquérir un sentiment de contrôle et pouvons nous renforcer lors de moments difficiles s’effectue grâce à la participation active dans la communauté autour de nous. Abraham a fait preuve d’hospitalité envers ses invités et de compassion envers Lot malgré des difficultés sans précédent dans sa vie de famille. En plein chagrin, il s’est ouvert à autrui. Et c’est notre modèle.

D’un point de vue pratique, comment pouvons-nous suivre son exemple ? Remarquez les autres. Songez à faire du volontariat. Que ce soit trouver des moyens de lever des fonds à envoyer en Israël, ou se concentrer sur votre communauté locale et à passer du temps à une soupe populaire, utilisez vos forces et trouvez une opportunité de répandre la bonté dans le monde.

Parfois, le simple fait de tendre la main peut faire une différence significative. En tendant la main à une proche, à un ami ou à un voisin, en particulier ceux qui sont âgés ou qui se sentent seuls, nous offrons notre soutien et nous nous assurons qu’aucun membre de notre communauté n’est isolé ou oublié.

Ce petit geste reflète la compassion et l’attention d’Abraham envers ceux qui nous entourent, aidant à renforcer les liens dans notre communauté.

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Parabole sur la paracha

Le gentleman à JFK

Dans Vayéra, Abraham fait preuve de compassion envers Lot malgré leurs différences. Abraham et Sarah invitent trois anges dans leurs maisons, bien qu’Abraham ne se sente pas bien, sans parler de leur propre chagrin de ne pas avoir leur propre famille à inviter. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur les gestes de bonté discrets dont nous faisons preuve chaque jour au nom du judaïsme et de D.ieu, mais plus nous pratiquons, plus nous pouvons contracter ce muscle.

Une histoire récente illustre parfaitement la bonté d’un individu à son peuple. Moins d’une semaine après que la guerre actuelle en Israël ait commencé – l’opération Glaives de fer -, des centaines de milliers de réservistes ont été appelés pour défendre leur pays. Qui était inclus dans ce nombre ? Des milliers de gens à l’étrangers qui ont soudainement eu besoin de prendre l’avion vers Israël. Cependant, voyager en Israël, en particulier depuis un pays aussi lointain que les États-Unis, coûte cher. Les billets coûtent en moyenne 1000 $. Et c’est là que la bonté et la présence d’esprit d’un étranger se démarque.

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Nous ne connaissons pas son nom. Il a décidé de garder l’anonymat. Ce que nous savons, c’est qu’un homme ‘Harédi a amené sa carte de crédit au comptoir de l’aéroport John F. Kennedy de New York, et a payé le billet de 250 réservistes pour qu’ils puissent prendre l’avion vers Israël, discrètement, sans fanfaronner. 250 billets est une somme colossale d’argent. Des centaines de milliers de dollars au moins ! Mais il insista pour soutenir son peuple dans leur combat pour leur terre. Le hessed, faire preuve de bonté envers autrui, est l’une de nos armes les plus puissantes.

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Devinette sur la paracha

Q. Le fils de Noa’h, Chem, avait un fils qui s’appelait Arpachshad (renseignez-vous sur lui dans Béréchit chapitre 11) . Qu’est-ce que Yitzchak et Arpachshad avaient en commun ?


R. Yitzchak et Arpachshad sont tous les deux nés lorsque leurs pères avaient 100 ans. Chem avait 100 ans lorsque Arpachshad naquit (voir Béréchit 11:10). Abraham avait 100 ans lorsque Yitzchak naquit (Béréchit 21:5).

Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.

L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.

With thanks to the Schimmel Family for their generous sponsorship of Covenant & Conversation, dedicated in loving memory of Harry (Chaim) Schimmel.

“I have loved the Torah of R’ Chaim Schimmel ever since I first encountered it. It strives to be not just about truth on the surface but also its connection to a deeper truth beneath. Together with Anna, his remarkable wife of 60 years, they built a life dedicated to love of family, community, and Torah. An extraordinary couple who have moved me beyond measure by the example of their lives.” — Rabbi Sacks

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