Les rabbins ont fait la morale sur la condition de tsara’at, souvent traduite comme la lèpre, le sujet prédominant des parachiot Tazria et Metsora. Ils ont affirmé qu’il s’agissait d’une punition plutôt que d’un état médical. Leur interprétation était basée sur des histoires qui se trouvaient dans la Torah elle-même. La main de Moïse est devenue temporairement blanche lorsqu’il a douté de la volonté du peuple de croire en sa mission (Ex. 4:6-7). Myriam fut frappée par la lèpre lorsqu’elle parla contre Moïse (Num. 12:1-15). Ainsi, les Sages conclurent que quelqu’un qui parlait du lachon hara était puni par la tsara’at.
La médisance, le lachon hara, était considéré par les Sages comme étant le pire des péchés. Voici comment Maïmonide le décrit :
Les Sages ont dit : il existe trois transgressions pour lesquelles une personne est punie dans ce monde et n’a pas de part au monde futur : l'idolâtrie, les relations interdites et le meurtre ; et la médisance est aussi grave que les trois péchés combinés. Ils ont également dit : quiconque parle avec une mauvaise langue est comme s’il avait renié D.ieu… La médisance tue trois personnes : celui qui parle, celui qui écoute et celui dont il est question.
Hilkhot Déot 7:3
À maintes reprises, incapables de résoudre leurs propres conflits de façon civile et gracieuse, les juifs ont livré leurs opposants aux autorités locales, avec des résultats qui furent désastreux pour la communauté juive dans son ensemble. Malgré le fait que le judaïsme rabbinique soit dans son ensemble une culture d’argumentation, malgré le fait que le Talmud mentionne explicitement que les opinions de la maison d’Hillel étaient acceptées parce qu’elles étaient “douces, modestes, qu’ils enseignaient les opinions de leurs opposants avant les leurs” (Erouvin 13b)... malgré cela, les juifs ont continué de condamner, de dénoncer et même d’excommunier ceux dont ils ne comprenaient pas les opinions, même lorsque les objets de leur mépris furent les plus grands défenseurs de l’orthodoxie contre les défis intellectuels de leur époque (incluant Maïmonide, le Malbim, parmi tant d’autres).
De quoi les accusateurs étaient-ils coupables ? Seulement de médisance. Mais après tout, qu’est-ce que la médisance ? De simples paroles. Mais les paroles ont des conséquences. En rabaissant leurs opposants, les défenseurs autoproclamés de la religion se sont rabaissés et ont abaissé leur foi. Ils sont parvenus à donner l’impression que le judaïsme est une religion simple d’esprit, étroite et incapable de soutenir la complexité, impuissante devant les défis, une religion d’anathèmes plutôt que d’arguments, d’excommunications plutôt que de débats raisonnés. Maïmonide et le Malbim comprenaient leur foi de manière philosophique. Pourtant, il y a de quoi pleurer de voir une si grande tradition religieuse être traînée aussi bas.
Quelle vision stupéfiante était-ce de voir la lèpre, cette maladie défigurante, comme symbole et symptôme de médisance. Car nous sommes véritablement défigurés lorsque nous employons des mots qui condamnent au lieu de communiquer, qui ferment les esprits au lieu de les ouvrir, lorsque nous utilisons le langage comme une arme et que nous le manions avec brutalité.
Le message de Tazria-Metsora demeure. La violence linguistique n’est pas moins sauvage que la violence physique, et ceux qui affligent autrui sont eux-mêmes affligés. Les paroles blessent. Les insultes causent du tort. Le lachon hara détruit les communautés. Le langage est le plus beau cadeau que Dieu ait offert à l’humanité, et il doit être précieusement conservé pour que nous allions mieux, plutôt que pour blesser.
Questions à poser à la table de Chabbath
Pensez-vous que le péché du lachon hara justifie la honte publique ? Pourquoi ?
Où voyez-vous le plus de lachon hara dans le monde aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour y remédier ?
Pensez-vous que les réseaux sociaux font plus de mal que de bien dans le monde ?
Des plumes dans le vent
Raconté par Simon Lawrence
Un conte ‘hassidique raconte l’histoire d’un homme qui parlait mal des gens de son village. Ragots, calomnies, paroles blessantes : rien n’était de trop pour ce mal élevé.
Un jour, se rendant compte de l’horreur de ses paroles, il se rendit chez le rabbin du village pour demander conseil sur la façon de se faire pardonner de sa piètre conduite. Le rabbin lui dit : “Va chez toi, prends ton oreiller en plume, ouvre-le et répand les plumes dans le vent.” L’homme perplexe le fit, puis retourna chez le rabbin.
“J’ai éparpillé les plumes. Suis-je pardonné ?”, demanda l’homme.
“Pas encore”, répondit le Rabbi. “Pars et récupère toutes les plumes jusqu’à la dernière, et remets-les dans l’oreiller.”
L’homme répondit rapidement : “Mais Rav, c’est impossible ! Elles se sont éparpillées à travers le village et bien plus loin !”
“Précisément”, répondit le Rabbin. “Tu as peut-être un désir sincère de corriger tes erreurs, mais tout comme tu ne peux pas récupérer ces plumes, tu ne pourras pas corriger entièrement le dommage causé par ces paroles néfastes.”
Rabbi Sacks nous rappelle dans l’article de cette semaine que “le langage est le plus beau cadeau que D.ieu ait offert à l’humanité”. Choisissez des paroles douces, choisissez des paroles qui réconfortent, choisissez des paroles accueillantes. Réfléchissez avant de parler, ou ne parlez pas du tout ! Chabbat Chalom !
Un Regard Plus Profond
Simon Lawrence partage ses propres réflexions sur l’essai de Rabbi Sacks sur Tazria-Metsora.
Quelle leçon avez-vous apprise de Rabbi Sacks lui-même qui est en lien avec l’article de cette semaine ?
J’ai eu le privilège de passer un peu de temps avec Rabbi Sacks lors de sa visite à Perth, en Australie-Occidentale, en 2012. Ce fut remarquable d’observer qu’avant qu’il ne prenne la parole, il semblait toujours marquer une légère pause, un moment de réflexion. Lorsque les autres parlaient, il réfléchissait beaucoup à sa réponse. Il incarnait le message central d’apprécier le pouvoir des mots.
Comment cette idée se reflète-t-elle dans la vie juive ?
Le ‘Chéma’, notre téfila la plus célèbre, commence par un appel à ‘l’écoute’. C’est cet accent sur l’écoute, le fait d’entendre la voix des autres, qui résonne à travers la pensée juive. La conversation, le dialogue, la discussion sensible et constructive, et même le débat disputé sont encouragés, mais cela doit toujours être accompagné par une pensée rationnelle et une écoute active, ainsi qu’un respect du point de vue des autres. De plus, il est fascinant de constater que le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour, commence par le “Kol Nidré”. Pourquoi commencer la plus solennelle des fêtes avec un sujet a priori si insipide que les promesses et les vœux ? L'attention est à nouveau portée ici sur les paroles que nous prononçons. Les mots sont puissants. Les mots ont un sens. Les mots comptent. “Kol Nidré” nous rappelle de prendre une pause et de réfléchir avant de faire des promesses et avant de parler.
Quelle est la leçon principale de l’essai de cette semaine “à emporter” pour la prochaine génération ?
Les êtres humains sont bénis par le pouvoir de la parole. C’est cette faculté qui nous distingue du reste du monde animal. Prenons cela en compte, et assurons-nous que nous nous réveillons chaque jour avec l’intention d’utiliser ce pouvoir de manière constructive.
Infos Torah
Q: Quel signe recevait une personne guérie de la tsara’at, lui indiquant qu’elle la contracterait à nouveau ?
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
Le jour de sa purification, le metsora, un individu qui souffrait de lèpre biblique, est enjoint de prendre “deux oiseaux vivants, purs ; du bois de cèdre, de l'écarlate et de l'hysope” (Vayikra 14:4). Par la suite, après que l’eau soit aspergée sept fois sur le metsora pour le purifier, un oiseau est libéré et renvoyé loin de la maison. Si cet oiseau revenait à la même maison le même jour, le metsora guéri pouvait voir cela comme un avertissement qu’il ou elle allait contracter la tsara’at à nouveau (Voir Targoum Yonathan sur Vayikra 14:7.).
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
La plaie de la médisance
Family Edition
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Main Essay
Tazria, Métsora
La plaie de la médisance
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La paracha en bref
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici: www.rabbisacks.org/covenant-conversation/tazria/la-plaie-de-la-medisance.
Les rabbins ont fait la morale sur la condition de tsara’at, souvent traduite comme la lèpre, le sujet prédominant des parachiot Tazria et Metsora. Ils ont affirmé qu’il s’agissait d’une punition plutôt que d’un état médical. Leur interprétation était basée sur des histoires qui se trouvaient dans la Torah elle-même. La main de Moïse est devenue temporairement blanche lorsqu’il a douté de la volonté du peuple de croire en sa mission (Ex. 4:6-7). Myriam fut frappée par la lèpre lorsqu’elle parla contre Moïse (Num. 12:1-15). Ainsi, les Sages conclurent que quelqu’un qui parlait du lachon hara était puni par la tsara’at.
La médisance, le lachon hara, était considéré par les Sages comme étant le pire des péchés. Voici comment Maïmonide le décrit :
À maintes reprises, incapables de résoudre leurs propres conflits de façon civile et gracieuse, les juifs ont livré leurs opposants aux autorités locales, avec des résultats qui furent désastreux pour la communauté juive dans son ensemble. Malgré le fait que le judaïsme rabbinique soit dans son ensemble une culture d’argumentation, malgré le fait que le Talmud mentionne explicitement que les opinions de la maison d’Hillel étaient acceptées parce qu’elles étaient “douces, modestes, qu’ils enseignaient les opinions de leurs opposants avant les leurs” (Erouvin 13b)... malgré cela, les juifs ont continué de condamner, de dénoncer et même d’excommunier ceux dont ils ne comprenaient pas les opinions, même lorsque les objets de leur mépris furent les plus grands défenseurs de l’orthodoxie contre les défis intellectuels de leur époque (incluant Maïmonide, le Malbim, parmi tant d’autres).
De quoi les accusateurs étaient-ils coupables ? Seulement de médisance. Mais après tout, qu’est-ce que la médisance ? De simples paroles. Mais les paroles ont des conséquences. En rabaissant leurs opposants, les défenseurs autoproclamés de la religion se sont rabaissés et ont abaissé leur foi. Ils sont parvenus à donner l’impression que le judaïsme est une religion simple d’esprit, étroite et incapable de soutenir la complexité, impuissante devant les défis, une religion d’anathèmes plutôt que d’arguments, d’excommunications plutôt que de débats raisonnés. Maïmonide et le Malbim comprenaient leur foi de manière philosophique. Pourtant, il y a de quoi pleurer de voir une si grande tradition religieuse être traînée aussi bas.
Quelle vision stupéfiante était-ce de voir la lèpre, cette maladie défigurante, comme symbole et symptôme de médisance. Car nous sommes véritablement défigurés lorsque nous employons des mots qui condamnent au lieu de communiquer, qui ferment les esprits au lieu de les ouvrir, lorsque nous utilisons le langage comme une arme et que nous le manions avec brutalité.
Le message de Tazria-Metsora demeure. La violence linguistique n’est pas moins sauvage que la violence physique, et ceux qui affligent autrui sont eux-mêmes affligés. Les paroles blessent. Les insultes causent du tort. Le lachon hara détruit les communautés. Le langage est le plus beau cadeau que Dieu ait offert à l’humanité, et il doit être précieusement conservé pour que nous allions mieux, plutôt que pour blesser.
Questions à poser à la table de Chabbath
Des plumes dans le vent
Raconté par Simon Lawrence
Un conte ‘hassidique raconte l’histoire d’un homme qui parlait mal des gens de son village. Ragots, calomnies, paroles blessantes : rien n’était de trop pour ce mal élevé.
Un jour, se rendant compte de l’horreur de ses paroles, il se rendit chez le rabbin du village pour demander conseil sur la façon de se faire pardonner de sa piètre conduite. Le rabbin lui dit : “Va chez toi, prends ton oreiller en plume, ouvre-le et répand les plumes dans le vent.” L’homme perplexe le fit, puis retourna chez le rabbin.
“J’ai éparpillé les plumes. Suis-je pardonné ?”, demanda l’homme.
“Pas encore”, répondit le Rabbi. “Pars et récupère toutes les plumes jusqu’à la dernière, et remets-les dans l’oreiller.”
L’homme répondit rapidement : “Mais Rav, c’est impossible ! Elles se sont éparpillées à travers le village et bien plus loin !”
“Précisément”, répondit le Rabbin. “Tu as peut-être un désir sincère de corriger tes erreurs, mais tout comme tu ne peux pas récupérer ces plumes, tu ne pourras pas corriger entièrement le dommage causé par ces paroles néfastes.”
Rabbi Sacks nous rappelle dans l’article de cette semaine que “le langage est le plus beau cadeau que D.ieu ait offert à l’humanité”. Choisissez des paroles douces, choisissez des paroles qui réconfortent, choisissez des paroles accueillantes. Réfléchissez avant de parler, ou ne parlez pas du tout ! Chabbat Chalom !
Un Regard Plus Profond
Simon Lawrence partage ses propres réflexions sur l’essai de Rabbi Sacks sur Tazria-Metsora.
Quelle leçon avez-vous apprise de Rabbi Sacks lui-même qui est en lien avec l’article de cette semaine ?
J’ai eu le privilège de passer un peu de temps avec Rabbi Sacks lors de sa visite à Perth, en Australie-Occidentale, en 2012. Ce fut remarquable d’observer qu’avant qu’il ne prenne la parole, il semblait toujours marquer une légère pause, un moment de réflexion. Lorsque les autres parlaient, il réfléchissait beaucoup à sa réponse. Il incarnait le message central d’apprécier le pouvoir des mots.
Comment cette idée se reflète-t-elle dans la vie juive ?
Le ‘Chéma’, notre téfila la plus célèbre, commence par un appel à ‘l’écoute’. C’est cet accent sur l’écoute, le fait d’entendre la voix des autres, qui résonne à travers la pensée juive. La conversation, le dialogue, la discussion sensible et constructive, et même le débat disputé sont encouragés, mais cela doit toujours être accompagné par une pensée rationnelle et une écoute active, ainsi qu’un respect du point de vue des autres. De plus, il est fascinant de constater que le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour, commence par le “Kol Nidré”. Pourquoi commencer la plus solennelle des fêtes avec un sujet a priori si insipide que les promesses et les vœux ? L'attention est à nouveau portée ici sur les paroles que nous prononçons. Les mots sont puissants. Les mots ont un sens. Les mots comptent. “Kol Nidré” nous rappelle de prendre une pause et de réfléchir avant de faire des promesses et avant de parler.
Quelle est la leçon principale de l’essai de cette semaine “à emporter” pour la prochaine génération ?
Les êtres humains sont bénis par le pouvoir de la parole. C’est cette faculté qui nous distingue du reste du monde animal. Prenons cela en compte, et assurons-nous que nous nous réveillons chaque jour avec l’intention d’utiliser ce pouvoir de manière constructive.
Infos Torah
Q: Quel signe recevait une personne guérie de la tsara’at, lui indiquant qu’elle la contracterait à nouveau ?
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
Le jour de sa purification, le metsora, un individu qui souffrait de lèpre biblique, est enjoint de prendre “deux oiseaux vivants, purs ; du bois de cèdre, de l'écarlate et de l'hysope” (Vayikra 14:4). Par la suite, après que l’eau soit aspergée sept fois sur le metsora pour le purifier, un oiseau est libéré et renvoyé loin de la maison. Si cet oiseau revenait à la même maison le même jour, le metsora guéri pouvait voir cela comme un avertissement qu’il ou elle allait contracter la tsara’at à nouveau (Voir Targoum Yonathan sur Vayikra 14:7.).
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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