La naissance de la plus ancienne haine du monde
Family Edition

Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Dans la Haggada de Pessa’h, il existe un verset qui affirme que Lavan était encore plus cruel envers les Bné Israël que Paroh. Cela est extraordinairement difficile à comprendre. Dans Vayetsé, Lavan trompa Yaakov, tenta de l’exploiter et l’a poursuivi lorsqu’il s’est échappé. Laban se comporta de manière outrageuse envers Jacob, mais il n’a pas essayé de “le détruire”, ou de tuer ses fils tel que Pharaon a tenté de tuer tous les enfants israélites mâles. Paroh a asservi les israélites et pratiqué un génocide lent contre eux. Comment Lavan peut-il être pire que cela ?

La réponse est que le comportement de Laban a engendré des siècles de haine que les juifs ont endurée, bien qu’a priori, Lavan semblait être un allié. Il offre à Jacob un refuge lorsqu’il prend la fuite devant Esaü, mais il s’avère que son comportement est loin d’être généreux et plutôt intéressé et calculé. Jacob accepte de travailler pour lui pendant sept ans pour marier Rachel. Mais la nuit du mariage, Laban remplace Rachel par Léa, et pour pouvoir se marier avec Rachel, Jacob doit travailler encore sept ans. Lorsque Rachel donne naissance à Joseph, Jacob essaie de partir. Laban proteste. Jacob travaille encore six ans, puis réalise que la situation est insoutenable. Les fils de Laban l’accusent de s’enrichir au détriment de Laban. Jacob ressent que Laban lui-même devient hostile. Laban traite Jacob comme un non-individu, et décide qu’il doit s’échapper.

Ce qui fait monter sa colère, sa rage, c'est que Jacob maintient sa dignité et son indépendance. Confronté à une existence impossible, Jacob refuge d’être abattu. Encerclé de tous les côtés, il trouve une manière de s’en sortir. C’est la grandeur de Jacob. Ses méthodes ne sont pas celles qu’il aurait choisies dans d’autres circonstances. Il s’est montré plus malin qu’un adversaire redoutable. Mais Jacob refuse d’être abattu, écrasé ou démoralisé. 

Époque après époque, cela devint un schéma répétitif. Les juifs cherchèrent refuge auprès de ceux qui les attaquèrent. Les nations qui leur donnèrent refuge semblaient a priori être bienfaitrices. Mais ils demandèrent un prix. Ils virent chez les juifs des gens qui les rendraient riches. Mais ils refusèrent de se faire posséder. Ils avaient leur propre identité et façon de vivre ; ils insistèrent sur le droit fondamental de l’homme à la liberté. Les sociétés d’accueil se tournent finalement contre eux. Elles affirmaient que les juifs les exploitaient plutôt que la réalité : qu’elles exploitaient les juifs. Et lorsque les juifs réussissaient, elles les accusaient de vol, et ils devaient s’enfuir.

Amy Chua affirme que la haine ethnique sera toujours dirigée par la société d’accueil contre toute minorité visiblement prospère, tels que les juifs ont tendance à être. Israël est une minorité visiblement prospère. C’est un petit pays, une minorité ; il est prospère, et de manière visible. D’une certaine manière, dans un petit pays avec peu de ressources naturelles, il a surpassé ses voisins. Le résultat est l’envie qui devient de la colère qui devient de la haine. Et tout cela a commencé avec Yaakov et Lavan. Il était une minorité, il était prospère, et c’était évident. Lavan était en effet la source d’antisémitisme. Pharaon fut un ennemi d’une fois des juifs, mais Laban existe, sous une forme ou une autre, époque après époque.

Jacob représente les minorités et les petites nations partout. Il est le refus de laisser les grandes puissances écraser les juifs, les faibles, les réfugiés. Il garde sa dignité intérieure et sa liberté. Il contribue à la prospérité des autres, mais il déjoue chaque tentative d’être exploité. Jacob est la voix qui dit : je suis humain. J’ai des droits. Je suis aussi libre.

Si Laban est le paradigme éternel de la haine des minorités visiblement prospères, Jacob est par conséquent le paradigme éternel de la capacité humaine à outrepasser la haine d’autrui. D’une manière étrange, Jacob devient la voix de l’espoir dans la conversation de l’humanité, la preuve vivante que la haine ne gagne jamais la victoire finale ; la liberté la remporte.

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Les juifs sont souvent confrontés à une forme subtile d’antisémitisme, une haine qui n’est pas issue de menaces immédiates mais qui glisse dans le coeur et dans l’esprit des gens avec le temps. Ce type de préjudice lent et sournois commença avec Lavan. Il n’a pas attaqué Jacob frontalement, il l’a manipulé, tenta de le rendre dépendant, lui faisant subtilement ressentir qu’il était un étranger qui n’appartenait pas à son groupe.

Ce ressentiment caché a retenti à travers l’histoire alors que les sociétés ont permis à la jalousie et à la suspicion de grandir, accusant les juifs de leur propre prospérité et contribution. L’approche de Lavan était une approche de contrôle et de malice silencieuce, une forme de haine qui devient enracinée et transmise, qui passe souvent inaperçue jusqu’à ce qu’elle surgisse.

Mais l’histoire de Yaakov est également un rappel du pouvoir silencieux de résilience et d'intégrité. Malgré les procédés malhonnêtes de Lavan, Yaakov maintient son identité et ses valeurs, refusant d’être défini par les termes de quelqu’un d’autre. Sa vie nous enseigne l’importance de rester fort dans notre foi et préserver notre singularité, quels que soient les défis.

Acher était l’un des seuls juifs dans son école, et chaque jour au repas de midi, il était confronté au même défi. Alors que ses camarades de classe dévoraient de la pizza, des nuggets de poulet, des milkshakes et des hamburgers de la cafétéria de l’école, Acher déballait précautionneusement son repas cachère de la maison, habituellement un sandwich, un fruit, et une collation, préparé par l’un de ses parents. L’arôme de viande et de fromage remplissait l’air, et il ne pouvait s’empêcher de se sentir à l’écart alors que tout le monde profitait de son repas chaud sans souci.

Au départ, certains de ses amis ne comprenaient pas. “Allez, prends un morceau !” le taquinaient-il, mettant une tranche de pizza au pepperoni sous son nez. “Personne ne saura.” Mais Acher restait ferme. “Je ne peux pas”, disait-il, en haussant les épaules. “Cela fait partie du judaïsme et de garder les commandements.” 

Puis un jour, tout changea. L’école organisa une journée multiculturelle lors de laquelle les étudiants furent encouragés d’apporter de la nourriture qui représentait leur héritage. Acher apporta une grande quantité de ‘halla faite maison de sa mère avec des sauces à tremper et des préparations à tartiner, et ce fut un grand succès. Les autres étudiants ont adoré, et son enseignant lui a demandé de raconter à la classe ce que représentait le Chabbat.

Acher avait encore besoin de se défendre, mais maintenant sa nourriture et ses coutumes furent reçues avec une curiosité positive plutôt que du dédain. Ses amis commencèrent à employer un ton différent lorsqu’ils lui posèrent des questions, ils le respectèrent pour le fait de garder les lois et les coutumes de sa foi. Il commença une nouvelle tradition d’apporter de la ‘halla à l’école chaque vendredi, et ils ne pouvaient s’en passer. Certains camarades lui demandèrent même sa recette, et il fut enchanté de la leur donner !

Pensez à un moment où vous avez choisi de cacher votre identité ou de la dévoiler fièrement. Qu’est-ce qui influença votre décision ? Quelle fut la réponse des gens autour de vous ?

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Osée 12:13-14:10 (Achkénazim)*

Osée 11:7-12:12 (Séfardim)

* Les Achkénazim liront ce passage la semaine prochaine lors de la Paracha Vayichla'h

Osée (Ochéa en Hébreu) réfléchit à l’histoire d’Israël et à sa rébellion continue contre D.ieu. Il rappelle comment D.ieu mena Israël à travers le désert par des prophètes comme Moïse et s’occupa d’eux. Malgré les soins de D.ieu, Israël s’est tourné sur la duplicité, l’idolâtrie et les alliances étrangères. Ochéa met en garde des conséquences imminentes de leur désobéissance, la destruction et l’exil, mais véhicule également un message final d’espoir.

Dans le chapitre 14, Osée implore le peuple de se repentir, promettant que s’il revient à D.ieu, Il guérira leur désobéissance, les aimera librement, et les restaurera, les rendant prospères et forts à nouveau.

Le livre se termine par un rappel que le sage comprendra et suivra les voies de D.ieu, alors que le rebelle échouera.

Pensez-vous qu’Osée a l’air frustré, abattu ou rempli d’espoir ?

La Haftara et la paracha ont un lien évident. Le premier verset de la Haftara (dans le passage ashkénaze) énonce que “Yaakov s’enfuit à Aram, et Israël [Yaakov] servit (travailla) pour une femme. Pour mériter une femme, il fut berger.”

Nous avons ici un résumé du début de la paracha. Yaakov s’enfuit et travaille pour Lavan pendant quatorze ans. Il s’occupe du troupeau pour mériter une femme.

Plusieurs commentateurs demandent pourquoi Osée fait référence à la vie de Yaakov lorsqu’il réprimande sa propre génération. Rachi, Ibn Ezra et Radak répondent que tout comme D.ieu avait protégé Yaakov tout au long de sa vie et lui permit de revenir à la maison avec une grande richesse, le peuple juif (à l’époque d’Osée) devrait également éprouver de la gratitude et de la confiance en D.ieu.

Le livre d’Osée reflète également l’amour de D.ieu pour son peuple presque comme partenaire fidèle, et l’amour de Yaakov pour sa femme Rachel est l’un des amours maritaux sur lequel la Torah met le plus l’accent.         

Pourquoi Osée fait-il référence à Yaakov en tant que Yaakov d’abord, puis ensuite en tant qu’Israël ?

Qu’est-ce que les noms de Yaakov et d’Israël représentent ?

Osée est le premier livre des douze livres des prophètes mineurs. Selon Rabbi Sacks, “L’histoire d’Osée est l’une des plus étranges de la grande chaîne de visionnaires que nous appelons prophètes.” Cela met l’accent sur les messages du prophète Osée au royaume du Nord d’Israël lors du 8e siècle avant l’ère commune. Le thème central est l’amour inébranlable de D.ieu et l’infidélité d’Israël, dépeint à travers le mariage perturbé d’Osée à Gomer, une femme qui continua de le tromper. Cette relation symbolise l’infidélité spirituelle d’Israël lorsque le peuple vénère de faux dieux et brise son alliance avec D.ieu.

Rabbi Sacks nous dit qu’Osée était le poète “suprême du mariage”. Malgré les péchés d’Israël, les prophéties d’Osée mettent l’accent sur le fait que D.ieu désire le repentir et la réconciliation. Il est toujours prêt à remettre son peuple sur pied s’il revient vers Lui, soulignant à la fois le jugement et la miséricorde divine. 

Existe-il d’autres livres dans le Tanakh qui utilisent le mariage ou une relation pour symboliser le lien entre D.ieu et le peuple juif ?