On a l’habitude de lire Bamidbar le Chabbat précédant Chavouot. Chavouot est la fête du don de la Torah et Bamidbar signifie “dans le désert”. Quel est donc le lien entre le désert et la Torah, la contrée sauvage et la parole de D.ieu ? Les Sages ont trouvé une belle connexion entre les deux.
Le désert est un endroit silencieux. Il n’y a rien pour distraire nos yeux, et il n’y a pas de bruit ambiant pour étouffer le son. Il est important de préciser que lorsque les Israélites reçurent la Torah, il y eut du tonnerre, des éclairs et le son du chofar. On avait l’impression que les fondations de la terre tremblaient. Mais, plus tard dans l’Histoire, lorsque le prophète Élie se tenait devant la même montagne après sa confrontation avec le prophète Baal, il rencontra D.ieu, pas dans le vent, le feu ou les tremblements de terre, mais dans le kol demama daka, la petite voix, littéralement, “un doux et subtil murmure” (1 Melakhim 19:9-12). Je définis cela comme le son que vous pouvez entendre seulement si vous écoutez. Dans le silence du midbar, du désert, vous pouvez entendre le Medaber, l’Orateur, et le médoubar, ce qui est dit. Pour entendre la voix de D.ieu, vous avez besoin d’un silence à l’écoute dans votre âme.
Le judaïsme est une culture très verbale, une religion de mots sacrés. C’est avec les mots que D.ieu créa l’Univers. Selon le Targoum, c’est notre capacité à parler qui nous rend humain. Les paroles sont créatrices. Les mots communiquent. Nos relations sont façonnées, pour le bien ou pour le mal, par le langage. Une grande partie du judaïsme repose sur le pouvoir des mots de construire ou de détruire des mondes.
Mais l’écoute est l’art religieux par excellence. L’écoute signifie créer de l’espace pour que les autres parlent et soient entendus. Tel que je le souligne dans mon commentaire sur le Siddour, il n’existe pas de mot anglais qui équivaut au verbe hébreu ch-m-a sous toutes ses facettes : écouter, entendre, prêter attention, comprendre, internaliser et répondre en actes.
Ce fut l’un des éléments clés de l’alliance du Sinaï, lorsque les Israélites, ayant dit deux fois, “Tout ce que D.ieu a dit, nous le ferons,” puis dirent, “Tout ce qu'a prononcé l'Éternel, nous l'exécuterons docilement [ve-nichma]" (Ex. 24:7). C’est le nichma - l’écoute, l’entente, la prise en compte et la réponse - qui est l’acte religieux décisif.
Y a-t-il assez d’écoute dans le monde juif actuel ? Dans le mariage, sommes-nous vraiment à l’écoute de notre partenaire ? En tant que parents, sommes-nous vraiment à l’écoute de nos enfants ? En tant que dirigeants, écoutons-nous les peurs non exprimées de ceux qui cherchent à diriger ? Intégrons-nous le sentiment de peine de ceux qui se sentent exclus de la communauté ? Pouvons-nous vraiment affirmer que nous écoutons la voix de D.ieu si nous n’écoutons pas la voix de notre prochain ?
Dans son poème, “À la mémoire de W B Yeats”, W H Auden écrit :
Dans les déserts du coeur Laissons jaillir la source guérisseuse
Par moment, nous devrions nous retirer du bruit, du brouhaha de la société, et créer en nos coeurs le calme du désert dans lequel, parmi le silence, nous pouvons entendre le kol demama daka, la voix douce et subtile du D.ieu, nous disant que nous sommes aimés, entendus, que les bras éternels de D.ieu nous enlacent : nous ne sommes pas seuls.
Dans quel autre lieu D.ieu aurait pu choisir de donner la Torah aux enfants d’Israël ? Pourquoi pensez-vous qu’Il a choisi le désert à la place ?
Pourquoi l’écoute est-elle importante ? Pourquoi est-ce “l’art religieux par excellence” ?
Est-ce dur pour vous d’écouter ? Comment pouvez-vous améliorer cette compétence ?
Tempêtes et silences
Par Abi Keene
Selon le Midrach, Rabbi Chimon ben Gamliel était en train de discuter de Torah avec un groupe d’étudiants lorsqu’il dit quelque chose à propos duquel ses collègues n’étaient pas d’accord. Plutôt que de débattre avec lui, ils ont gardé le silence.
Rabbi Chimon ben Gamliel fut surpris par leur manque de réponse, et il demanda pourquoi ils avaient réagi de la sorte. Ils lui racontèrent l’histoire d’un bateau qui fut pris dans une forte tempête. Le capitaine du navire demanda au matelot de monter au sommet du mât et de lui dire ce qu’il voyait. En atteignant le sommet, le matelot cria qu’il ne pouvait voir que ténèbres et chaos. Le capitaine demanda au matelot d’attendre un peu plus longtemps puis de lui dire ce qu’il pouvait voir. Après un certain temps, le matelot cria au capitaine qu’il pouvait maintenant voir une lumière à l’horizon. Les matelots furent ensuite capables de gouverner le bateau jusqu’à sa destination.
Les collègues de Rabbi Gamliel expliquèrent qu’ils employèrent la même stratégie. Ils restèrent silencieux car ils ne voulaient pas débattre au milieu d’une discussion houleuse. Ils ont préféré attendre jusqu’à ce qu’ils puissent percevoir une lumière lointaine de compréhension à travers la tempête avant de répondre.
Parfois, le silence peut être plus puissant que les mots, en particulier durant une discussion houleuse ou litigieuse. Le Midrach nous rappelle que nous devrions choisir nos propres mots soigneusement et être conscients de leurs impacts sur les autres. Garder le silence lors de ces moments-clés crée un espace pour qu’une meilleure compréhension et perspective émergent, et c’est de cette manière que nous pouvons construire des relations plus fortes et plus significatives.
Un Regard Plus Profond
Abi Keene partage ses propres réflexions sur l’essai de Rabbi Sacks sur Bamidbar.
Quelle idée exprimée dans l’article de cette semaine constitue le message le plus important pour la génération à venir ?
Dans un monde caractérisé par le bruit et la distraction, dans lequel nous sommes constamment bombardés d’informations et de stimuli, il peut être difficile de trouver le temps et l’espace pour l’introspection. Cependant, Rabbi Sacks enseigne que la remise en question est cruciale pour la croissance personnelle et le bien-être. Il s’agit d’un message important pour les jeunes. Leur vie est tellement entourée par le bruit, en particulier celui de la technologie et des réseaux sociaux. Se libérer de ces contraintes modernes est critique. C’est la raison pour laquelle le Chabbat a une telle importance. Il s’agit du désert auquel Rabbi Sacks fait allusion, dans lequel nous trouvons “un endroit silencieux”qui peut nous aider à apprécier qui nous sommes et ce que nous chérissons le plus.
Quelle influence Rabbi Sacks a-t-il eu sur votre approche en tant qu’éducatrice ?
L’un des plus grands cadeaux de Rabbi Sacks fut sa capacité à s’identifier aux jeunes et à faire en sorte qu’ils se sentent valorisés et indépendants, croyant que chaque personne avait une voix unique et une perspective à offrir. Il m’encouragea à m’exprimer et à partager mes idées, et j’essaie d’émuler son exemple en engageant mes étudiants et en leur donnant les outils pour contribuer à leur communauté et à leur société.
Pouvez-vous partager quelque chose que vous avez appris de Rabbi Sacks lui-même?
En tant que Mazkira de Bné Akiva, je sollicitais souvent l’avis de Rabbi Sacks. Chaque fois que je le contactais, j’expliquais le défi ou je demandais une question particulière, et après avoir fini, il ne répondait presque jamais sur-le-champ. Il marquait une pause et réfléchissait sur ce que j’avais dit. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il commençait à converser et à partager sa perspective. Le moment de silence ne durait jamais longtemps, mais il représentait une leçon importante. Cela démontrait qu’il avait vraiment écouté ce que je disais ou demandais. C’était un aspect qui faisait en sorte qu’il soit si respecté ; il donnait le même niveau d’attention à toute personne avec laquelle il interagissait, peu importe qui elle est. C’est quelque chose que nous devrions tous imiter.
Infos Torah
Q: De quoi Bamidbar est-il le plus grand de dix-sept ?
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
Il n’existe que dix-sept parachiot qui ne contiennent pas de mitsvot. Parmi ces dix-sept, Bamidbar est la plus grande paracha.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Le son du silence
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Main Essay
Bamidbar
Le son du silence
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La paracha en bref
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici: www.rabbisacks.org/covenant-conversation/bamidbar/le-son-du-silence.
On a l’habitude de lire Bamidbar le Chabbat précédant Chavouot. Chavouot est la fête du don de la Torah et Bamidbar signifie “dans le désert”. Quel est donc le lien entre le désert et la Torah, la contrée sauvage et la parole de D.ieu ? Les Sages ont trouvé une belle connexion entre les deux.
Le désert est un endroit silencieux. Il n’y a rien pour distraire nos yeux, et il n’y a pas de bruit ambiant pour étouffer le son. Il est important de préciser que lorsque les Israélites reçurent la Torah, il y eut du tonnerre, des éclairs et le son du chofar. On avait l’impression que les fondations de la terre tremblaient. Mais, plus tard dans l’Histoire, lorsque le prophète Élie se tenait devant la même montagne après sa confrontation avec le prophète Baal, il rencontra D.ieu, pas dans le vent, le feu ou les tremblements de terre, mais dans le kol demama daka, la petite voix, littéralement, “un doux et subtil murmure” (1 Melakhim 19:9-12). Je définis cela comme le son que vous pouvez entendre seulement si vous écoutez. Dans le silence du midbar, du désert, vous pouvez entendre le Medaber, l’Orateur, et le médoubar, ce qui est dit. Pour entendre la voix de D.ieu, vous avez besoin d’un silence à l’écoute dans votre âme.
Le judaïsme est une culture très verbale, une religion de mots sacrés. C’est avec les mots que D.ieu créa l’Univers. Selon le Targoum, c’est notre capacité à parler qui nous rend humain. Les paroles sont créatrices. Les mots communiquent. Nos relations sont façonnées, pour le bien ou pour le mal, par le langage. Une grande partie du judaïsme repose sur le pouvoir des mots de construire ou de détruire des mondes.
Mais l’écoute est l’art religieux par excellence. L’écoute signifie créer de l’espace pour que les autres parlent et soient entendus. Tel que je le souligne dans mon commentaire sur le Siddour, il n’existe pas de mot anglais qui équivaut au verbe hébreu ch-m-a sous toutes ses facettes : écouter, entendre, prêter attention, comprendre, internaliser et répondre en actes.
Ce fut l’un des éléments clés de l’alliance du Sinaï, lorsque les Israélites, ayant dit deux fois, “Tout ce que D.ieu a dit, nous le ferons,” puis dirent, “Tout ce qu'a prononcé l'Éternel, nous l'exécuterons docilement [ve-nichma]" (Ex. 24:7). C’est le nichma - l’écoute, l’entente, la prise en compte et la réponse - qui est l’acte religieux décisif.
Y a-t-il assez d’écoute dans le monde juif actuel ? Dans le mariage, sommes-nous vraiment à l’écoute de notre partenaire ? En tant que parents, sommes-nous vraiment à l’écoute de nos enfants ? En tant que dirigeants, écoutons-nous les peurs non exprimées de ceux qui cherchent à diriger ? Intégrons-nous le sentiment de peine de ceux qui se sentent exclus de la communauté ? Pouvons-nous vraiment affirmer que nous écoutons la voix de D.ieu si nous n’écoutons pas la voix de notre prochain ?
Dans son poème, “À la mémoire de W B Yeats”, W H Auden écrit :
Par moment, nous devrions nous retirer du bruit, du brouhaha de la société, et créer en nos coeurs le calme du désert dans lequel, parmi le silence, nous pouvons entendre le kol demama daka, la voix douce et subtile du D.ieu, nous disant que nous sommes aimés, entendus, que les bras éternels de D.ieu nous enlacent : nous ne sommes pas seuls.
Tempêtes et silences
Par Abi Keene
Selon le Midrach, Rabbi Chimon ben Gamliel était en train de discuter de Torah avec un groupe d’étudiants lorsqu’il dit quelque chose à propos duquel ses collègues n’étaient pas d’accord. Plutôt que de débattre avec lui, ils ont gardé le silence.
Rabbi Chimon ben Gamliel fut surpris par leur manque de réponse, et il demanda pourquoi ils avaient réagi de la sorte. Ils lui racontèrent l’histoire d’un bateau qui fut pris dans une forte tempête. Le capitaine du navire demanda au matelot de monter au sommet du mât et de lui dire ce qu’il voyait. En atteignant le sommet, le matelot cria qu’il ne pouvait voir que ténèbres et chaos. Le capitaine demanda au matelot d’attendre un peu plus longtemps puis de lui dire ce qu’il pouvait voir. Après un certain temps, le matelot cria au capitaine qu’il pouvait maintenant voir une lumière à l’horizon. Les matelots furent ensuite capables de gouverner le bateau jusqu’à sa destination.
Les collègues de Rabbi Gamliel expliquèrent qu’ils employèrent la même stratégie. Ils restèrent silencieux car ils ne voulaient pas débattre au milieu d’une discussion houleuse. Ils ont préféré attendre jusqu’à ce qu’ils puissent percevoir une lumière lointaine de compréhension à travers la tempête avant de répondre.
Parfois, le silence peut être plus puissant que les mots, en particulier durant une discussion houleuse ou litigieuse. Le Midrach nous rappelle que nous devrions choisir nos propres mots soigneusement et être conscients de leurs impacts sur les autres. Garder le silence lors de ces moments-clés crée un espace pour qu’une meilleure compréhension et perspective émergent, et c’est de cette manière que nous pouvons construire des relations plus fortes et plus significatives.
Un Regard Plus Profond
Abi Keene partage ses propres réflexions sur l’essai de Rabbi Sacks sur Bamidbar.
Quelle idée exprimée dans l’article de cette semaine constitue le message le plus important pour la génération à venir ?
Dans un monde caractérisé par le bruit et la distraction, dans lequel nous sommes constamment bombardés d’informations et de stimuli, il peut être difficile de trouver le temps et l’espace pour l’introspection. Cependant, Rabbi Sacks enseigne que la remise en question est cruciale pour la croissance personnelle et le bien-être. Il s’agit d’un message important pour les jeunes. Leur vie est tellement entourée par le bruit, en particulier celui de la technologie et des réseaux sociaux. Se libérer de ces contraintes modernes est critique. C’est la raison pour laquelle le Chabbat a une telle importance. Il s’agit du désert auquel Rabbi Sacks fait allusion, dans lequel nous trouvons “un endroit silencieux”qui peut nous aider à apprécier qui nous sommes et ce que nous chérissons le plus.
Quelle influence Rabbi Sacks a-t-il eu sur votre approche en tant qu’éducatrice ?
L’un des plus grands cadeaux de Rabbi Sacks fut sa capacité à s’identifier aux jeunes et à faire en sorte qu’ils se sentent valorisés et indépendants, croyant que chaque personne avait une voix unique et une perspective à offrir. Il m’encouragea à m’exprimer et à partager mes idées, et j’essaie d’émuler son exemple en engageant mes étudiants et en leur donnant les outils pour contribuer à leur communauté et à leur société.
Pouvez-vous partager quelque chose que vous avez appris de Rabbi Sacks lui-même?
En tant que Mazkira de Bné Akiva, je sollicitais souvent l’avis de Rabbi Sacks. Chaque fois que je le contactais, j’expliquais le défi ou je demandais une question particulière, et après avoir fini, il ne répondait presque jamais sur-le-champ. Il marquait une pause et réfléchissait sur ce que j’avais dit. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il commençait à converser et à partager sa perspective. Le moment de silence ne durait jamais longtemps, mais il représentait une leçon importante. Cela démontrait qu’il avait vraiment écouté ce que je disais ou demandais. C’était un aspect qui faisait en sorte qu’il soit si respecté ; il donnait le même niveau d’attention à toute personne avec laquelle il interagissait, peu importe qui elle est. C’est quelque chose que nous devrions tous imiter.
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Q: De quoi Bamidbar est-il le plus grand de dix-sept ?
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
Il n’existe que dix-sept parachiot qui ne contiennent pas de mitsvot. Parmi ces dix-sept, Bamidbar est la plus grande paracha.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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