Un peuple qui réside seul ?
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Résumé

Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks.

Lors d’un déjeuner il y a quelques années, Rabbi Sacks et d’autres invités discutaient de leurs craintes que les choses allaient s’aggraver en Israël, avec de moins en moins de pays qui soutiendraient son droit d’exister. 

L’un des diplomates présents à la table, remarquant que la conférence avait pris une tournure pessimiste, cherchait à les réconforter. “Ce fut toujours ainsi,” dit-il, puis cita une phrase célèbre: “Nous sommes un am levadad yichkon,un peuple qui réside seul.”

Ce verset est issu de la paracha de cette semaine. Bilam, engagé pour maudire le peuple juif, le bénit à la place à plusieurs reprises. 

Ce peuple, il vit solitaire… il ne se confondra point avec les nations.

Bamidbar 23:9

En entendant ces paroles, Rabbi Sacks vit à quel point elle courrait le risque d'être une prophétie autoréalisatrice. Si nous nous définissons comme un peuple qui vit seul, nous aurons grande chance de nous trouver seuls. Cela n’est pas un lieu sûr.

Badad, être seul, ne signifie pas non quelque chose de positif dans la Torah. La première fois que les paroles “pas bon” apparaissent dans la Torah sont la phrase Lo tov heyot ha’adam levado, “Il n’est pas bon que l’homme soit isolé” (Gen. 2:18).  Lorsque le livre d’Eikha cherche à décrire la tragédie qui a submergé le peuple juif, il dit Eikha yachva vadad ha-ir rabati am, ‘Comme elle est assise solitaire, la cité naguère si peuplée’. Excepté en lien avec D.ieu, être seul est rarement une bénédiction.

Rabbi Sacks savait à quel point cette auto-définition juive était devenue dangereuse. Elle semblait résumer la condition juive à la lumière de l’antisémitisme et de l’Holocauste. 

Être juif, c’est être aimé par D.ieu ; ce n’est pas être haï par les non-juifs. Nos ancêtres furent appelés à être “un royaume de pontifes et une nation sainte.” Le mot kadoch, “saint”, signifie séparé. Mais il existe une différence profonde entre être séparé et être seul.

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Il n’y a pas de suggestion dans la Torah que les juifs vivront seuls. D.ieu dit à Avraham, “À travers toi, toutes les familles de la terre seront bénies.” Abraham était différent de ses voisins, mais il lutta pour eux et pria pour eux. Il était séparé mais pas seul.

Depuis un moment déjà, Israël et les juifs de diaspora ont été confrontés à une isolation grandissante. Israël a été l’objet d’une campagne soutenue de délégitimation. Entre-temps, la chekhita est menacée dans plusieurs pays, et la brit mila l’est également. Des batailles que l’on croyait avoir gagnées pour la liberté de vivre en tant que juifs, individuellement dans la diaspora, nationalement et collectivement dans l’État d’Israël, doivent maintenant être menées à nouveau. Ce sont des batailles importantes, de bons combats, dont les résultats auront des répercussions au-delà des juifs uniquement. 

Les juifs ont depuis longtemps été “castés” dans le rôle de “l’Autre”, celui qui ne se conforme à la majorité, à la culture prévalente. L’un des thèmes centraux du judaïsme est la dignité de la dissidence. Les juifs débattent, remettent en question, interrogent. Parfois, ils le font même avec D.ieu Lui-même. C’est la raison pour laquelle la situation des juifs en tout temps et en tout lieu est souvent le meilleur indicateur de liberté pour un moment et un endroit donnés.

Ainsi, lorsque les juifs se battent pour leur existence, que ce soit en tant que nation sur sa terre historique ou en tant que groupe religieux dans d’autres sociétés, ils se battent non pas pour eux-mêmes mais pour la liberté humaine en tant que telle. L’écrivain catholique Paul Johnson écrit que les juifs sont “les exemples et les incarnations de la condition humaine… Il semblerait que le rôle des juifs soit de mettre la lumière et de dramatiser ces expériences communes de l’humanité, et de transformer leur destin particulier en une morale universelle.”

Être différent ne signifie pas nécessairement être seul. En effet, c’est uniquement en étant qui nous sommes de manière unique que nous contribuons à l’humanité en ce que nous seuls pouvons donner.Singulier, distinctif, contre-culturel, oui, ces adjectifs font partie de la condition juive. Mais seul ? Non. Ce n’est pas une bénédiction.

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Questions à poser à la table de Chabbat

  1. Quelle est la différence entre être séparé et être seul, selon Rabbi Sacks ? 
  2. Selon vous, que pouvons-nous apprendre sur notre isolement, et le fait d’être confronté à des défis, de cet article ? 
  3. Selon vous, qu’est-ce qui rend le peuple juif unique ?
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La paracha en bref

Le roi Balak de Moav demande au prophète Bilam de maudire les Bné Israël dans l’espoir que cela va affaiblir ce peuple. Au départ, Bilam est réticent, conscient que cela n’est pas la volonté de D.ieu. Il accepte en fin de compte la tâche. Cependant, durant son périple, l’ânesse de Bilam ne suit pas exactement le chemin, car elle voit un ange envoyé par D.ieu qui bloque leur chemin. L’ânesse parle même à Bilam, puis il voit l’ange également. Bilam est mis en garde de dire uniquement les paroles que D.ieu lui indique. Trois fois, de ces trois endroits distincts, Bilam tente de prononcer les malédictions, mais chaque fois, des bénédictions en ressortent. Bilam prédit également la fin des temps et l’arrivée du Machia’h. 

Les Bné Israël succombent au charme des femmes de Moav et sont séduits par leur idole Péor. Lorsqu’un officier célèbre amène une princesse midianite dans sa tente, Pin’has intervient et les tue tous les deux, mettant fin à une plaie punitive affligeant le peuple.

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Les personnages de la paracha

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Bilam : Les malédictions de Bilam se transforment en proses ; de ses ténèbres, des bénédictions en sont jaillies. 

Balak : Le roi dont le plan a pris toute une tournure, éternellement déjoué par la force divine.

L’ânesse de Bilam : L’ânesse a vu ce que les autres ont raté : l’intervention divine en leur sein.

Bné Israël : Le peuple juif n’était pas conscient des desseins de malédictions dans l’air.

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La paracha en pratique

La parachat Balak offre des idées profondes sur la nature des bénédictions et des malédictions. Ce qui a pour but de nous faire du mal aide plutôt - et ce qui a pour but de nous aider est en fait une malédiction.

À la fin de la paracha, certains israélites font la grave erreur de tomber dans le panneau de l’idolâtrie. Et en ce qui concerne le culte des idoles, il n’y a pas de zone grise. Mais dans notre monde moderne, ce n’est pas si simple ! Nous devons examiner de manière critique des aspects de nos vies qui semblent être une bénédiction mais qui peuvent être néfastes à notre bien-être spirituel et émotionnel - la avoda zara moderne. Les téléphones, la télévision et les réseaux sociaux, par exemple, assurent connectivité et divertissement mais peuvent mener à de l’addiction et de l'isolement.

Le succès dans la carrière et la promesse de richesse peuvent sembler être des chemins vers l’épanouissement, mais ils mènent souvent à une négligence de la famille et à la croissance spirituelle. En croyant être productif, la culture de confort et le fait d’être constamment occupé peuvent miner notre résilience et notre capacité à mener une réflexion remplie de sens.

Tout comme les malédictions intentionnées de Bilam sont devenues des bénédictions, et vice versa, nous devons voir au-delà de nos apparences dans nos propres vies.

  • Comment pouvons-nous approcher les idoles des temps modernes avec discernement ?
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Jouons avec la paracha

Jouons aux “lois opposées”. Les joueurs sont divisés en deux groupes : les instructeurs et les exécutants. Les instructeurs donnent de simples ordres en utilisant des mots de tous les jours, mais les exécutants doivent réaliser l’action opposée. Par exemple, “oui” signifie “non”, “vas-y” signifie “arrête”, “en haut” signifie “en bas”, “gauche” signifie “droite”, “assis” signifie “debout”, “ouvert” veut dire “fermé”, “rire” signifie “pleure,” et “rapide” signifie “lent”. Les instructeurs créent des séquences de 3 à 5 ordres, que les exécutants doivent suivre correctement… en faisant tout le contraire ! Les joueurs changent de rôles à la fin de chaque tour.

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La philosophie de la paracha

Qu’est-ce que la phrase “un peuple qui réside seul” (am levadad yichkon) signifie réellement ? Est-ce une malédiction ? Rabbi Sacks dit que cette phrase, souvent perçue comme définissant l’identité juive, peut être dangereusement mal comprise comme un appel à l’action. Voici : les juifs ont pour but d’être distincts et différents, mais cela ne signifie pas qu’ils sont seuls ou isolés. La singularité juive devrait plutôt servir un objectif plus large de contribuer à l’humanité et à combattre pour la liberté universelle. Que l’isolement soit véritablement une bénédiction ou peut-être une malédiction potentielle nous amène à la conclusion de l’essai.

Rabbi Sacks affirme que le peuple juif doit s’engager dans le monde global tout en maintenant sa singularité. Nous devons véhiculer notre propre identité et nos traditions et y tenir fermement, tout en étant des champions de la liberté humaine et de la dignité dans le monde global.

  • Qu’est-ce que cela signifie pour vous de “s’impliquer” dans le monde tout en gardant votre identité juive ?
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Parabole sur la paracha

Le cadeau de Malkie

Dans le royaume d’Etisoppo, Malkie reçut un cadeau étrange le jour de sa naissance : un sort lui fut lancé, et elle devait obéir à n'importe quel ordre qu’on lui donnait. En grandissant, cela lui rendit la vie excessivement difficile.

Elle ne savait jamais lorsqu’elle s’apprêtait à être “par magie” obligée d’agir contre sa volonté. Un jour, un garçon malicieux cria “Sautons dans la flaque d’eau la plus boueuse !” et elle n’avait pas de choix que de sauter, salissant sa robe favorite et en s’attirant des ennuis.

Déterminée à briser le sort, Malkie s’engagea à trouver la fée qui l’avait maudite, en devenant amie avec un âne parlant sur le chemin. L’âne pouvait voir des choses qu’elle ne pouvait pas voir, et ne lui donna jamais d’ordres, elle fut donc libre d’être elle-même avec lui, s’encourageant et se soutenant comme de véritables amis.

Ils réussirent finalement à trouver la fée. Ce fut une créature peu commune, qui semblait vivre sa vie à l’envers. Elle insista sur le fait que ce sort était un cadeau. L’âne fut déçu qu’après toutes leurs aventures pour la trouver, la fée ne voulut pas désactiver le sort, mais Malkie était pensive. Elle réalisa que la seule manière de briser son emprise sur elle était de voir la malédiction comme une bénédiction. Puis Malkie eut une idée : à chaque fois qu’elle devrait obéir à un ordre, elle trouverait une manière d’inclure quelque chose de gentil envers quelqu’un d’autre.

De manière tout à fait remarquable, cette approche fonctionna. Une fois qu’elle transforma sa malédiction en une opportunité de bonté, Malkie brisa le sort.

Bien que libre de faire ses propres choix, elle continue sa nouvelle habitude d’encourager les autres, s’assurant que ses paroles inspiraient toujours ceux autour d’elle pour faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes.

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Réflexions sur la paracha

Que feriez-vous…

...si vous entendiez un de vos collègues répandre une rumeur qui pourrait être néfaste envers un autre membre de l’équipe ?  

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Devinette sur la paracha

Q. Qui était la seule personne dans la Torah à taper des mains ? 


R : Le roi Balak frappa ses mains, frustré lorsque Bilam bénit les Bné Israël au lieu de les maudire. (Bamidbar 24:10).

Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.

L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.

With thanks to the Schimmel Family for their generous sponsorship of Covenant & Conversation, dedicated in loving memory of Harry (Chaim) Schimmel.

“I have loved the Torah of R’ Chaim Schimmel ever since I first encountered it. It strives to be not just about truth on the surface but also its connection to a deeper truth beneath. Together with Anna, his remarkable wife of 60 years, they built a life dedicated to love of family, community, and Torah. An extraordinary couple who have moved me beyond measure by the example of their lives.” — Rabbi Sacks