Sainteté et Naissance
Édition Familiale

mother parenting newborn baby child holding close

Métsora

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

Télécharger le PDF

Lire en

Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Dans le judaïsme, nous sanctifions le physique. Nous utilisons nos corps pour servir D.ieu. La raison est simple: D.ieu nous a créés, ainsi que notre monde physique.

Les lois contenues dans Tazria et Metsora concernent des états d’« impureté » découlant du fait que nous sommes des êtres physiques, et elles engendrent de nombreuses questions sur leur logique. Par exemple, pourquoi le fait qu’une femme accouche la rend teme’a (souvent traduit par « rituellement impure », mais mieux compris comme « un état qui empêche ou exempte d’une rencontre directe avec le sacré ») ? Et pourquoi la période est-elle doublée pour une fille comparée à celle d’un garçon ? Plusieurs enseignements dans le judaïsme semblent suggérer que les êtres humains ne pourront jamais comprendre la logique de D.ieu dans ce domaine. Pourtant, le Rambam explique que bien nous ne pouvons jamais être sûrs de comprendre pleinement les lois, cela ne signifie pas que nous devons renoncer à chercher à comprendre.

Le premier principe fondamental à intégrer dans les lois de pureté et d’impureté rituelles est que D.ieu est vie. Le judaïsme n’est pas une culture qui glorifie la mort. Nous célébrons la vie. Ainsi, la kédoucha (sainteté) — un point dans le temps ou dans l’espace où nous nous tenons en présence directe de D.ieu — implique une conscience suprême de la vie. C’est pourquoi le cas classique de touma est le contact avec un cadavre. D’autres cas de touma incluant les maladies ou les pertes corporelles rappellent aussi notre mortalité. Le domaine de D.ieu est la vie. Ainsi, il ne peut absolument pas être associé avec des évocations liées à la mort.

Un second principe, tout aussi frappant, est l’extraordinaire sensibilité dont le judaïsme fait preuve envers la naissance d’un enfant. Rien n’est plus « naturel » que la procréation. Tout être vivant s’y adonne. La Torah prend grand soin de décrire comment nombre d’héroïnes bibliques — au rang desquelles Sarah, Rivka, Ra’hel, Hannah et la femme Chounamite — furent stériles et n’eurent des enfants que de façon miraculeuse. Quel est le message que la Torah veut transmettre ici ? Être juif, c’est savoir que chaque enfant juif est un don de D.ieu. Aucune autre foi n’a pris le sujet des enfants autant au sérieux ni consacré tant d’efforts à éduquer la prochaine génération. La naissance est une merveille.

 Nous pouvons maintenant réfléchir aux lois relatives à la naissance. Lorsqu'une mère donne naissance, elle court un grand danger, elle se sépare également de ce qui, jusqu'à présent, faisait partie intégrante de son propre corps et qui devient maintenant une personne indépendante. Si cela est vrai dans le cas d'un garçon, cela l'est encore davantage dans le cas d'une fille — qui, avec l'aide de D.ieu, ne se contentera pas de vivre mais pourra, à son tour, devenir une source de nouvelle vie. À un premier niveau, donc, les lois signalent le détachement de la vie d'une autre vie. À un autre niveau, elles suggèrent certainement quelque chose de plus profond. Il existe un principe halakhique : « Celui qui est engagé dans une mitsva est exempté d'autres mitsvot. »

C'est comme si D.ieu disait à la mère : pendant quarante jours dans le cas d'un garçon, et le double dans le cas d'une fille (le lien mère-fille étant ontologiquement plus fort que celui entre mère et fils) : Je t'exempte de venir devant Moi dans le lieu de sainteté, car tu es entièrement engagée dans l'un des actes les plus saints qui soit : nourrir et prendre soin de ton enfant. Contrairement aux autres, tu n'as pas besoin de visiter le Temple pour être liée à la vie dans toute sa splendeur sacrée. Tu en fais toi-même l'expérience, directement et avec chaque fibre de ton être. Dans quelques jours ou quelques semaines, tu viendras Me rendre grâce (accompagnée d'offrandes pour avoir traversé une période de danger). Mais pour l'instant, contemple ton enfant avec émerveillement. Car il t'a été donné d'entrevoir le grand secret, connu de D.ieu seul.

shumanite woman mother baby joy family baby child son mum parent child
icon shabbat table

Autour de la table de Chabbat

  1. Que signifie, selon vous, le principe : « Celui qui est engagé dans une mitsva est exempt des autres mitsvot »
  2. Pourquoi le judaïsme est-il considéré comme une « protestation contre les cultures centrées sur la mort » ?
  3. En quoi la vision juive du plaisir physique se distingue-t-elle de l’hédonisme et de l’ascétisme ?

head sara lamm 1

Écrit par Sara Lamm

icon nutshell 1


Tazria explique les lois de pureté rituelle. Après l’accouchement, les mères se purifient par une immersion au Mikvé et des offrandes au Temple. Les nouveaux-nés mâles reçoivent la brit mila (circoncision) le huitième jour. Quand une personne est atteinte de tsara’at (affliction surnaturelle) — qui se manifeste par des plaques sur la peau ou des taches sur les vêtements — un Cohen les examine et déclare la personne tahor (pure) ou tamé (impure). Ceux qui ont la tsara’at doivent s’isoler jusqu’à leur guérison.

Metsora décrit le rituel de purification utilisant des oiseaux, de l’eau de source, du bois de cèdre, un fil écarlate et de l’hysope. Pour les maisons touchées, une évaluation de dix-neuf jours détermine s’il faut la purifier ou la détruire. Pour les personnes, une immersion dans le Mikvé permet d’atteindre la pureté.

icon delving deeper

Philosophie de Rabbi Sacks

Tazria et Metsora comprennent des lois parmi les plus difficiles à comprendre. Toutes sont liées au fait que nos âmes sont incarnées dans la matérialité.

Au fil de l’histoire, deux approches opposées se sont développées face à cette réalité : l’hédonisme (vivre pour le plaisir physique) et l’ascétisme (renoncer aux plaisirs physiques). Le premier adore le corps tout en niant l’âme ; le second valorise l’âme au détriment du corps.

La voie juive est différente : sanctifier le physique, utiliser le corps pour servir D.ieu. La raison est simple : nous croyons avec une foi parfaite que D.ieu nous a créés, ainsi que le monde physique. Être hédoniste revient à nier D.ieu. Être ascète revient à nier la bonté de la création divine. Être juif, c’est célébrer à la fois le Créateur et la Création.

Ce principe éclaire de nombreuses lois juives qui paraissent illogiques au premier abord.

Le judaïsme sanctifie le corps, en équilibrant spiritualité et bonté terrestre. Les lois rituelles sur la pureté post-partum en sont un exemple : elles reconnaissent la mortalité tout en célébrant la naissance. Avec cette perspective, l’exemption temporaire de la nouvelle mère du service au Temple est une reconnaissance, pas une punition : elle est déjà plongée dans la sainteté.

icon puzzle pieces star

Deux équipes s’assoient en cercle pour s’exercer à l’attention consciente — la voie médiane entre indulgence et renoncement. Une équipe choisit un objet dans la pièce sans le nommer. Ensuite, ses membres décrivent l’objet en donnant un détail sensoriel à la fois (“C’est lisse”, “Ça reflète la lumière”). Donnez jusqu’à six indices. Si l’autre équipe devine l’objet, elle gagne. Sinon, on change de rôle.

Que découvrons-nous lorsque nous ralentissons pour observer les choses ordinaires avec une pleine présence ?

icon story book

Une histoire pour tous les âges

Les Levinson vivaient à toute vitesse. David et Maya poursuivaient leurs objectifs professionnels le jour, et leurs objectifs sportifs le soir. Leurs enfants, Eitan et Becky, avaient des activités sportives enchaînées et passaient leurs repas devant leurs écrans, accumulant les records dans leurs jeux.

À l’opposé vivait Madame Chen, leur voisine âgée, qui prenait soin de son jardin avec calme et dévouement.

Un hiver, Eitan se cassa la jambe en jouant au basket. Il annonça à Madame Chen qu’il arrêtait le sport pour des semaines, l’air triste. Le lendemain, elle frappa à leur porte avec une soupe chaude, du pain frais, et une nouvelle perspective.

“J’ai longtemps cru que la vie était une question de tout ou rien,” leur dit-elle autour du repas. “Mais ni l’un ni l’autre ne fonctionne. Avec le temps, j’ai compris que la réponse n’est ni dans l’excès ni dans l’abandon : elle est dans la présence, dans l’équilibre.”

Inspirée, la famille Levinson changea petit à petit son rythme de vie. Ils commencèrent à manger sans écrans, David reprit la pâtisserie, Maya et les enfants mirent en place un potager ensemble. Tout en respectant leurs responsabilités, ils redécouvrirent la chaleur du pain frais, les rires partagés, le lien familial, et la terre sous leurs ongles.

balance eitan kid basketball spinning broken leg cast

head rabbi barry kleinberg

Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

icon haftara nutshell

Résumé de la Haftara

Le prophète Élisha accomplit deux miracles qui révèlent la puissance et la bienveillance de D.ieu.

D’abord, un homme apporte à Élisha vingt pains d’orge et du grain frais comme offrande. Élisha dit à son serviteur de nourrir cent personnes avec ce peu de nourriture. Par miracle, c’est plus que suffisant, accomplissant la promesse divine de nourrir le peuple. Puis Naaman, un commandant syrien respecté, souffre de tsara’at. Une jeune fille israélite captive lui apprend qu’Élisha peut le guérir. Naaman rencontre Élisha, qui lui dit de se baigner sept fois dans le Jourdain. D’abord sceptique, Naaman obéit et guérit. Il retourne chez Élisha, reconnaît le seul vrai D.ieu et offre un cadeau à Élicha, que ce dernier refuse d’accepter. Naaman demande ensuite de prendre un peu de terre d’Israël chez lui et promet de vénérer le D.ieu d’Israël.

Dans le livre des Rois II 7:3–20, quatre lépreux affamés, à l’entrée de la ville de Samarie assiégée, décident d’aller au camp araméen pour se rendre. À leur grande surprise, ils le trouvent totalement abandonné. D.ieu a fait entendre un bruit d’armée fantôme, et les Araméens ont fui paniqués. Ils laissèrent derrière eux de la nourriture, des biens et des objets de valeurs. Les lépreux annoncent la bonne nouvelle aux habitants de la ville et le roi, peu convaincu du miracle, envoie des sentinelles pour confirmer le miracle.

Les habitants affluent, trouvent de la nourriture en abondance, et la prophétie d’Élisha s’accomplit : le lendemain, les vivres seraient bon marché. L’officier royal qui s’était moqué du prophète voit la vérité… mais est piétiné à la porte, accomplissant la prophétie dans son intégralité.

a table of food including bread pomegranates grapes cake dates figs cookies wine
icon points to ponder

Comme indiqué, les deux Haftarot racontent des histoires de gens qui souffrent de tsara’at. Les punitions sont souvent directement liées à un péché (un principe qui s’appelle midda k’neged midda). Selon vous, quel est le lien entre la tsara’at et le lachon hara ?

lashon hara secrets in the schoolyard edb3f
icon torah connections

Connexions du Tanakh

Comme indiqué, les Parachiot Tazria et Metzora ainsi que les deux Haftarot ont pour point commun la tsara’at, punition divine du lachon hara (médisance).

Les mots de Rabbi Sacks sur le lachon hara font même plus écho aujourd’hui qu’à l’époque ou il les a écrits:

“Je crois que nous avons besoin des lois du lachon hara plus que jamais. Les réseaux sociaux débordent de haine. Le discours politique est devenu injurieux et violent. Il semblerait que nous ayons oublié les messages de Tazria et Metzora : la parole malveillante est une plaie. Elle détruit les liens, piétine les émotions, déshonore l’espace public, transforme la politique en lutte d'égos, et profane ce qu’il y a de sacré dans notre vie collective. Ce n’est pas une fatalité.”

Rabbi Sacks citait également le Psaume 34:13–14 :

“Qui donc aime la vie, désire des jours où il verra le bonheur ? Préserve ta langue du mal, et tes lèvres des paroles trompeuses.”

Quelle meilleure sagesse pourrions-nous demander, elle est aussi vraie à l’époque qu’elle l’est aujourd’hui !

icon prophets

Contexte pour les Prophètes

Élicha le prophète était le disciple et successeur d’Élie (aussi connu sous le nom d’Eliahou HaNavi). Ses prophéties sont principalement rapportées dans le deuxième livre des Rois, chapitres 2 à 13. Après qu’Élie soit emporté au ciel dans un tourbillon, Élicha reçoit une « double portion » de son esprit, et commence à accomplir des miracles qui démontrent la puissance et la miséricorde de D.ieu. Très tôt, il accomplit des miracles ouverts, comme fendre le Jourdain et purifier les eaux de Jéricho.

Durant son temps comme prophète en Israël, Élicha accomplit de nombreux miracles : il multiplie l’huile pour une veuve, ramène à la vie le fils d’une femme shounamite après sa mort, purifie un repas empoisonné, et nourrit cent hommes avec une petite quantité de nourriture. Il guérit également le général syrien Naaman de la lèpre, et prédit avec précision des victoires et des changements politiques en Israël.

Screenshot
icon quote

« Les mots blessent. Les insultes font mal. Le langage malveillant détruit les communautés. Le langage est le plus grand don de D.ieu à l’humanité, et il doit être protégé pour pouvoir soigner, pas blesser. »

icon ponderings

Comment pouvez-vous vous protéger de la tentation de dire du lachon hara ?

 Vous sentez-vous à l’aise de reprendre quelqu’un s’il dit du lachon hara en votre présence ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.


La Semaine Prochaine

Bientôt Disponible