L’amour ne suffit pas
Édition Familiale

The Rules list halachah chalkboard structure laws

A’haré Mot

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Le premier chapitre de Kédochim contient deux des plus puissants commandements : aimer son prochain et aimer l’étranger. « Je suis l’Éternel » conclut le premier. « Quand un étranger viendra séjourner dans votre pays, ne l’opprimez pas, » dit le second, et il continue : « Vous l’aimerez comme vous-même, car vous avez été étrangers en Égypte. Je suis l’Éternel, votre D.ieu ».

Ce qui est important de noter ici, c’est que la Torah ne dit pas : « Sois gentil ou aimable avec ton prochain, parce que tu voudrais qu’il soit gentil ou aimable avec toi. » Elle dit : « Aime ton prochain. » Il s’agit de quelque chose de différent et bien plus fort.

Le second commandement est encore plus radical. La plupart des gens, dans la majorité des sociétés et tout au long de l’histoire, ont craint, haï et souvent blessé l’étranger.  Il existe un mot pour cela : xénophobie. Combien de fois avez-vous entendu le mot opposé : xénophilie ? Je prends le pari : jamais. Généralement, les gens n’aiment pas les étrangers. C’est pourquoi, quand la Torah énonce ce commandement, elle ajoute une explication : « car vous avez été étrangers en Égypte. »

 Notre nation est née dans l’esclavage et l’exil. Nous savons ce que l’on ressent en tant que minorité vulnérable. C’est pourquoi l’amour de l’étranger est tellement central dans le judaïsme, et tellement marginal dans la plupart des autres systèmes éthiques. Mais là aussi, la Torah n’utilise pas le mot « justice ». Il y a un commandement de justice envers l’étranger, mais c’est une autre loi : « Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point » (Ex. 22:20). Ici, la Torah ne parle pas de justice mais d’amour. Ces deux commandements définissent le judaïsme comme une religion de l’amour – pas seulement de D.ieu (« de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force »), mais aussi de l’humanité. Cette idée juive est révolutionnaire.

Les Beatles ont une chanson qui s’appelle « All You Need is Love », encore populaire aujourd’hui. Avaient-ils raison ? L’amour est-elle la seule chose dont une société a besoin ?

 Selon Jordan Peterson, le psychologue canadien, sans un code moral partagé, il n’y a que le chaos. L’amour appartient à un univers ordonné. Nous avons besoin de « règles, de normes, de valeurs – seuls et ensemble.  Nous avons besoin de routine et de tradition. C’est cela, l’ordre. » Trop d’ordre peut être néfaste, mais trop peu peut être bien pire. Il explique que la vie se vit mieux sur la ligne de partage entre les deux. Peut-être que si nous vivions correctement, « nous pourrions supporter la connaissance de notre propre fragilité et mortalité, sans ce sentiment d’être des victimes lésées qui produit, d’abord, le ressentiment, puis l’envie, puis le désir de vengeance et de destruction ».

Peterson applique cette idée à l’éducation des enfants également. Il affirme que des règles claires rendent les enfants plus sûrs d’eux-mêmes et les parents plus calmes et rationnels. Des principes clairs de discipline et de punition équilibrent la miséricorde et la justice de sorte que le développement social et la maturité psychologique puissent être promus de manière optimale. Des règles claires et une discipline appropriée aident l’enfant, la famille et la société à établir, maintenir et développer l’ordre. C’est ce qui nous protège du chaos.

Notez maintenant l’endroit où nos deux puissantes mitsvot apparaissent. Elles nous sont données dans Vayikra 19, qui est rempli de lois qui semblent ne rien à voir les unes avec les autres. Clairement, la Torah nous dit qu’ils ont bien un dénominateur commun. Elles parlent toutes d’ordre, de limites, de frontières. Elles nous enseignent que la réalité possède une structure sous-jacente dont l’intégrité doit être respectée. 

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Autour de la table de Chabbat

  1. Qu’est-ce qui est inhabituel dans le fait que la Torah place l’amour et les lois dans le même chapitre ?
  2. Que signifie pour vous « aimez votre prochain » au quotidien ?
  3. Quelles sont les règles les plus importantes selon vous dans une famille ou un groupe d’amis ?

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Écrit par Sara Lamm

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Après la mort de Nadav et Avihou, D.ieu met en garde contre toute entrée non autorisée dans le Saint des Saints. Seul le Cohen Gadol peut y entrer, une fois par an, à Yom Kippour, pour y apporter la ketoret devant Hachem. Un autre rituel de Yom Kippour implique deux sé’irim (boucs) : l’un est offert à D.ieu et l’autre est envoyé porter les fautes de Bné Israël dans le désert. A’haré-Mot interdit aussi d’offrir des korbanot en dehors du Michkan, interdit de manger du dam (sang), et énumère les arayot (relations) interdites. Le thème de Kedochim est « Ve’ahavta lere’akha kamokha ». Nous recevons les mitsvot de Chabbat, de la tsédaka, de l’éthique des affaires, du kavod envers les parents, et de la valeur de la vie.

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Philosophie de Rabbi Sacks

L’amour, dans sa forme la plus profonde et la plus puissante, produit ses meilleurs résultats en étant adossé à des règles claires et une structure morale. Dans la Paracha Kédochim, la Torah nous ordonne à la fois ve’ahavta lere’akha kamokha (tu aimeras ton prochain comme toi-même) et d’aimer le guer (l’étranger). Ces mitsvot ne concernent pas seulement l’équité ou la bonté en retour — elles parlent d’un amour réel, actif.

Jordan Peterson suggère que beaucoup de parents aujourd’hui évitent d’imposer ou de faire respecter des règles, parce qu’ils ne savent pas comment faire, ou qu’ils n’en ont pas le temps, ou qu’ils craignent que leurs enfants les détestent. D.ieu, Lui, ne rencontre aucun de ces obstacles. En un seul chapitre, Il nous donne des commandements sur la justice, les affaires, la famille, l’agriculture et la sainteté, montrant que l’amour fait partie d’un système d’ordre plus vaste. Les limites soutiennent un amour fort et porteur de sens.

Sans discipline, l’amour devient de l’indulgence. Avec la discipline, il devient durable et bon. La Torah nous enseigne que la véritable sainteté naît de la combinaison de l’amour et de la structure — apporter de la bonté dans le monde d’une manière qui construit les familles, les communautés et une société meilleure.

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Assis en cercle, une personne commence par faire un geste de bonté envers la personne à sa droite (un compliment, un sourire, ou le partage d’un souvenir). Ensuite, cette personne transmet une nouvelle action de bonté à la suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que le cercle soit complet.

Maintenant, réfléchissez : qu’avez-vous ressenti en recevant et en donnant de la bonté ? Que pouvez-vous faire aujourd’hui, en dehors du jeu, pour faire preuve de bonté envers quelqu’un d’autre ?

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Une histoire pour tous les âges

Un secouriste aide les personnes malades ou blessées en situation d'urgence. Il prodigue les premiers soins et transfère les gens à l’hôpital. Ce sont un peu des héros qui arrivent quand on appelle à l’aide !

Un drame s’était produit. Ari était secouriste bénévole, mais sur le chemin d’une urgence médicale, il fut gravement blessé dans un accident de voiture. Ses blessures l’empêchaient de travailler, et en tant que propriétaire d’un petit snack de falafels, c’était ainsi qu’il faisait vivre sa famille. Son angoisse pour l’avenir financier de sa famille s’ajoutait douloureusement à ses souffrances physiques.

Pendant ce temps, la nouvelle de sa situation se propagea parmi les secouristes de tout Israël. Émus par son dévouement envers les autres, ses collègues bénévoles se posèrent deux questions simples. Premièrement : « Comment pouvons-nous aider ? » et deuxièmement : « Pourrions-nous faire tourner un snack de falafels ? » Cela déclencha un élan extraordinaire, né du terrain.

Sans hésiter, des secouristes de tout le pays établirent un plan pour aider Ari. Ils s’organisèrent en rotations. Ils apprirent l’art de faire le falafel parfait, de tenir la caisse et de maintenir l’ambiance chaleureuse qui faisait du restaurant d’Ari un pilier du quartier. Les secouristes, habitués à sauver des vies dans des situations critiques, se retrouvèrent à manier les pains pita et houmous, servant des clients “affamés”.

La solidarité démontrée fut remarquable, attirant des bénévoles de nombreuses régions d’Israël. Ils voyagèrent de loin, sacrifiant souvent leur rare temps libre entre deux gardes exigeantes, afin que l’établissement de leur collègue puisse continuer à fonctionner durant sa convalescence. Et heureusement, le dur travail d’Ari en rééducation porta ses fruits, et avec le temps, il put retrouver la santé, reprenant sa double vie de vendeur de falafels le jour et de héros secouriste la nuit.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

Dans Ézéchiel 22:1–16, D.ieu ordonne au prophète Yehezkel de confronter Jérusalem à ses nombreuses fautes. La ville est décrite comme un lieu de sang versé et d’idolâtrie, devenue coupable et impure. Ses dirigeants sont accusés d’avoir tué des civils, pratiqué l’oppression, déshonoré les parents, méprisé le Chabbat et les autres choses sacrées.

Le peuple exploite les plus vulnérables — étrangers, orphelins, veuves — et se livre à la calomnie, à la débauche, à l’inceste, à la corruption et à l’injustice économique. Prêtres et officiels sont également corrompus, incapables d’enseigner ou de faire respecter les lois de D.ieu. En raison de ces graves péchés, D.ieu déclare que Jérusalem s’est attirée Son propre jugement. Il annonce qu’Il dispersera Son peuple parmi les nations et qu’Il les profanera aux yeux des autres. Par cette punition, Jérusalem comprendra les conséquences d’avoir souillé le nom de D.ieu et violé Son alliance. Ce passage est une dénonciation forte de la corruption morale et religieuse.

Dans Amos 9:7–15, D.ieu rappelle à Israël qu’il n’est pas intrinsèquement supérieur aux autres nations — tout comme Il a guidé d’autres peuples (comme les Éthiopiens, Philistins et Araméens), Il a également guidé Israël. Il déclare qu’Il secouera la maison d’Israël parmi toutes les nations, comme le grain dans un tamis, séparant et punissant les méchants, surtout ceux qui nient toute justice à venir.

Cependant, le passage se termine sur un message d’espoir et de restauration. D.ieu promet de relever la « Soucca de David » effondrée, de réparer et de reconstituer les fortunes d’Israël. La terre prospérera, le peuple reviendra de l’exil, reconstruira les villes en ruines, vivra en paix et prospérité. D.ieu s’engage à les implanter solidement sur leur terre, pour qu’ils ne soient plus jamais déracinés.

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  1. Quelle est la relation de D.ieu avec les nations du monde ?
  2. Lors de quelle fête les nations sont-elles invitées au Temple pour y apporter des sacrifices à D.ieu ?
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Connexions du Tanakh

Le lien entre la Paracha Kédochim et sa Haftara (Amos pour les Ashkénazes) est celui de thèmes contrastés. La Paracha contient des lois spécifiquement destinées au peuple juif. Ces mitsvot sont conçues pour que le peuple juif soit une nation distincte et sainte : « Je vous ai séparés des peuples pour que vous soyez à Moi » (Vayikra 20:26). En revanche, la Haftara nous dit qu’il n’y a en réalité aucune différence entre le peuple juif et les autres nations : les enfants d’Israël sont pour D.ieu comme les enfants des Éthiopiens ; de même qu’Il a fait sortir Israël d’Égypte, Il a aussi fait sortir les Philistins de Caphtor et les Syriens de Kir.

Bien que cela semble être un message universel, certains commentateurs bibliques y ont vu une remarque dépréciative du prophète. Rachi comprend qu’il suggère que le peuple juif n’est en réalité pas plus spécial que les méprisés descendants de Ham ! Mais le Radak propose une autre lecture : tout comme les Éthiopiens étaient des esclaves éternels auprès de leurs maîtres, le peuple juif est éternellement redevable à D.ieu de l’avoir fait sortir d’Égypte.hui !

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Contexte pour les Prophètes

Le Livre d’Amos fait partie des douze prophètes mineurs inclus dans les Neviim. Amos était un prophète ayant vécu au 8e siècle avant notre ère, sous les règnes d’Ozias de Juda et de Jéroboam II d’Israël. À cette époque de l’histoire juive, Israël était déjà divisé en deux royaumes. Bien qu’Amos vint du royaume sud de Juda, il fut envoyé par D.ieu pour prophétiser dans le royaume nord d’Israël.

Amos n’était pas un prophète professionnel ni un prêtre. Il se décrivait comme un simple berger et cueilleur de sycomores. Son message était audacieux et sans compromis, dénonçant la décadence morale, l’injustice sociale et l’hypocrisie religieuse des élites d’Israël. Il avertissait que malgré une prospérité apparente, Israël subirait le jugement divin en raison de son incapacité à incarner la justice et l’équité. Ses prophéties soulignaient la priorité de D.ieu pour le comportement éthique plutôt que l’observance rituelle.

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icon quote

« La sainteté appartient à chacun de nous lorsque nous mettons nos vies au service de D.ieu, et la société au service de la Présence divine. C’est la vie morale vécue par le royaume de prêtres : un monde où nous aspirons à nous rapprocher de D.ieu en nous rapprochant, avec justice et amour, de nos semblables. »

De prêtres à peuple, Kédochim Covenant & Conversation

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Comment décririez-vous le judaïsme à un(e) ami(e) ou collègue non juif(ve) ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.