● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Il s’agit du point émotionnel le plus bas de la vie de Moïse. Après le drame du Sinaï, la Révélation, le Veau d’or, le pardon, la construction du Tabernacle, et les longs codes de pureté et de sainteté, le peuple ne pense qu’à une chose : la nourriture. Le peuple se plaint à nouveau. Et Moché n’en pouvait plus. Il dit à D.ieu que le fardeau du leadership est trop lourd et demande même à mourir plutôt que de continuer à souffrir. Il dit à D.ieu:
« Pourquoi as-Tu maltraité Ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à Tes yeux, pour que Tu mettes sur moi la charge de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que Tu me dises : ‘Porte-les dans ton sein, comme la nourrice porte un enfant’ ?… Je ne peux pas porter tout ce peuple seul ; c’est un fardeau trop lourd pour moi. Si c’est ainsi que Tu me traites, tue-moi donc — si j’ai trouvé grâce à Tes yeux — et que je ne voie plus mon malheur ! » (Bamidbar 11:11-15)
Examinons la manière dont Moché décrit le leadership dans son discours. Il dit : « Pourquoi me dis-Tu de les porter dans mes bras, comme une nourrice porte un enfant ? » Or D.ieu n’a jamais dit à Moché de diriger de cette manière. D.ieu lui a donné des instructions, mais il ne lui a jamais dit de porter le peuple comme un parent.
L’homme qui a donné à Moïse sa première leçon de leadership fut son beau-père Yitro, qui l’avait mis en garde contre le risque d’épuisement qu’il ressent précisément maintenant. Il lui conseilla alors de déléguer et de partager son fardeau avec une équipe de dirigeants. Juste après que Yitro ait quitté, Moché s’effondre, comme plus tard lorsque sa soeur Myriam meurt, et qu’il perd son sang-froid et frappe le rocher. Il semble que, chacun à sa manière, Yitro et Myriam aient constitué des soutiens émotionnels essentiels pour Moché, peut-être davantage qu’on ne le croyait. Les dirigeants ont besoin de soutien aussi. Nul ne peut diriger seul.
Le plus gros problème est la manière dont Moïse conçoit son rôle. Il croyait qu’il devait tout faire, comme un parent qui doit tout faire pour son jeune enfant. Mais s’ils traitent les gens comme des enfants, ils deviennent totalement dépendants de lui. Ils n’apprennent pas le sens des responsabilités. C’est ce qui s’est produit lorsque Moché était absent, au sommet du Har Sinaï. Le peuple panique et fabrique un veau d’or, il ne savait pas comment gérer les choses de lui-même.
D.ieu dit ensuite à Moïse de rassembler une équipe de soixante-dix anciens pour partager le fardeau avec lui. Cela fut un grand changement. Cela signifiait que le leadership ne reposerait pas sur une personne uniquement. L’une des leçons principales est que le vrai leadership repose sur le fait de créer plus de dirigeants, non pas plus d’adeptes.
La théorie du « Grand Homme » du leadership hante l’histoire juive comme un cauchemar récurrent, l’idée qu’une personne forte et charismatique puisse résoudre les problèmes de tout le monde. Les gens croyaient cela lorsqu’ils demandèrent au prophète Samuel de choisir un roi. Mais les rois ont souvent failli à la tâche: Saül manquait de force, David pèche, Chlomo sombre dans la folie, et le royaume se divisa. Plus tard,à l’époque du second Temple, le succès des Maccabées fut spectaculaire, mais leurs descendants devinrent corrompus. Même Rabbi Akiva fit cette erreur, identifiant Bar Kokhba comme un autre « grand homme », mais sa rébellion se termina par un désastre pour le peuple juif.
Le judaïsme enseigne quelque chose de différent: que le leadership doit être partagé. Chaque personne compte. Tout le monde doit être éduqué, responsable et faire partie de l’équipe.
Les bons dirigeants n’essaient pas de tout faire pour accumuler tout le pouvoir. Ils inspirent les autres par leur vision, C’est pour cela que D.ieu dit à Moché: « Je descendrai, et Je parlerai avec toi là, et Je prendrai de l’esprit qui est sur toi et Je le mettrai sur eux. » Les grands dirigeants donnent de leur esprit. Ils ne traitent pas le peuple comme des enfants, mais comme des adultes qui peuvent diriger également. Les gens deviennent ce que leur dirigeant leur laisse l’espace de devenir. Lorsque cet espace est vaste, ils évoluent vers la grandeur.
Autour de la table de Chabbat
Que ressentez-vous lorsqu’on vous donne de l’espace pour prendre des responsabilités ?
Quelles sont vos “âmes sœurs” dans votre propre leadership ?
Comparez et opposez d’autres leaders du Tanakh à Moché : qui lui ressemblait dans son style ? Qui portait son leadership d’une façon différente ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Aharon reçoit l’ordre d’allumer la Ménora, et les Léviim commencent leur service dans le Michkan. Lorsqu’un groupe devient rituellement impur et ne peut pas apporter le Korban Pessa’h à temps pour le Séder, il demande : « Pourquoi serions-nous privés d’apporter le Korban ? » D.ieu institue alors un « Pessa’h Chéni » pour ceux qui n’ont pas pu célébrer Pessa’h à temps. Après pratiquement un an au Har Sinaï, les Bné Israël commencent leur traversée du désert. Le peuple se plaint de la manne et réclame de la viande, ce qui pousse Moché à nommer 70 anciens pour partager le fardeau du leadership. Myriam parle contre Moché et est frappée de lèpre ; Moché prie pour elle, et le peuple attend sa guérison avant de reprendre la route.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Cette semaine, les Bné Israël se plaignent bruyamment, mais ce n’est pas la première fois. Lorsque Moché s’effondre sous le poids de la direction du peuple, ce n’est pas seulement de l’épuisement – c’est une incompréhension de ce que signifie réellement le leadership.
Comme le montre la métaphore qu’il utilise, Moché se voit en parent qui doit porter le peuple comme des enfants incapables. Mais ce type de leadership rend les suiveurs dépendants et limités. D.ieu lui montre doucement une meilleure voie : partager le fardeau, faire confiance aux autres et former de nouveaux leaders. Soixante-dix nouveaux dirigeants sont nommés, et la charge de Moché s’allège.
Rav Jonathan Sacks ajoute : « Le judaïsme repose sur une responsabilité partagée, sur la valorisation de chaque individu, sur la construction d’équipes cohérentes fondées sur une vision commune, sur l’éducation des personnes à leur plein potentiel... C’est ainsi... que les pionniers ont bâti la terre et l’État d’Israël à l’époque moderne. »
Le vrai leadership ne consiste pas à tout faire soi-même – il consiste à aider les autres à grandir, à leur donner confiance, et à créer une équipe capable de porter ensemble la mission qui lui est dévolue.
Comment savoir quand il est temps de marquer une pause et de laisser quelqu’un d’autre prendre les rênes ?
Activité sur la paracha
Léger comme une plume
Moché ne pouvait pas porter seul le peuple, et vous non plus ! Dans ce défi de coopération, choisissez un objet léger de la maison et essayez ensemble de le déplacer dans la pièce. La variante : chaque personne ne peut utiliser qu’une seule partie du corps (comme un doigt, un genou ou un coude). Pas de mains ! Essayez avec différents objets ou ajoutez de nouvelles contraintes, comme le fait de ne pas parler !
Qu’est-ce qui a facilité l’exercice : la force, la créativité ou le travail d’équipe ? Qui a le plus aidé, et comment s’y est-il pris ?
Une histoire pour tous les âges
La porte-parole d’Aviva
Aviva n’avait pas prévu de devenir enseignante. Élève discrète à Netanya, elle était brillante et observatrice, mais rarement remarquée par les autres. Elle n’était pas totalement ignorée, mais on peut dire qu’elle était sous-estimée, voire oubliée.
Puis, en CM2, sa classe a eu comme professeur Morah Myriam, une enseignante qui ne dirigeait pas en élevant la voix ou en exigeant de l’attention. Morah Myriam encourageait discrètement, écoutait attentivement, et attribuait les responsabilités selon le potentiel de chacun. Elle remarquait chaque élève, voyait ses points forts et ses difficultés, et montrait qu’elle se souciait de chacun d’eux.
Un jour, Aviva fut appelée au bureau de l’enseignante. « J’ai le sentiment que tu es quelqu’un vers qui les autres se tourneront – peut-être pas maintenant, mais bientôt. Tu veux essayer d’être responsable de quelque chose ? Et si tu annonçais les messages du matin ? » lui demanda-t-elle.
Aviva fut surprise par cette opportunité, mais elle accepta de relever le défi. C’était la première fois que quelqu’un la voyait comme une dirigeants. Pas comme une aide. Une dirigeante. Et ce ne serait pas la dernière fois.
Des années plus tard, Aviva est devenue enseignante à son tour. Elle gardait un post-it sur son bureau, qui disait : « Si vos actions inspirent les autres à rêver plus, apprendre plus, faire plus et devenir plus, alors vous êtes un leader. » Cela lui rappelait que le leadership se transmettait par le ton, la chaleur, et la manière de répondre aux interruptions ou à l’incertitude.
Finalement, Aviva est devenue la directrice d’une école en pleine croissance dans le Néguev. Les parents la louaient. Les enseignants lui faisaient confiance. Les élèves – surtout les plus timides – se sentaient remarqués. Quarante ans passèrent. Lors de sa cérémonie de départ en retraite, on lui demanda quelle formation en leadership ou en gestion l’avait le plus marquée. Elle sourit.
« En fait, c’était en CM2... Un jour, mon enseignante m’a tendu un micro et s’est reculée pour me laisser diriger. »
En quoi l’histoire d’Aviva reflète-t-elle le style de leadership de Moché ?
Quel personnage est un vrai leader ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Zacharie 2:14–4:7 (Ashkénazes et Sépharades) Zacharie 2:14–4:9 (Yéménites)
La Haftara présente des visions prophétiques d’espoir, de restauration et de soutien divin pour Israël après l’exil. D.ieu appelle Sion à se réjouir car Il habitera parmi Son peuple, et de nombreuses nations se joindront à l’Éternel. Le prophète voit alors Josué, le grand prêtre, accusé par Satan, mais D.ieu réprimande Satan et purifie Josué, ce qui symbolise l’effacement de la faute d’Israël. Josué reçoit des vêtements propres et se voit promettre un rôle dans l’avenir messianique s’il reste fidèle.
Zacharie perçoit une vision de la Ménora entourée de deux oliviers, symbolisant la présence et le soutien constants de D.ieu. Le message est clair : Zorobabel, gouverneur chargé de rebâtir le Temple, réussira « non par la vaillance ni par la force, mais par Mon esprit », dit l’Éternel. Le passage met l’accent sur la grâce divine, la purification et la restauration du leadership d’Israël.
Racontant l’histoire de ‘Hanouka, Rav Sacks cite un verset de la Haftara de cette semaine : « Ce fut l’un des exploits militaires les plus étonnants du monde antique. Comme nous le disons dans nos prières, c’était la victoire des faibles sur les forts, des rares sur les nombreux. Elle est résumée dans cette magnifique phrase du prophète Zacharie : “Non par la force, ni par la puissance, mais par Mon esprit, dit l’Éternel.” Les Maccabim n’avaient ni la puissance, ni la force, ni les armes, ni le nombre. Mais ils avaient une double part de l’esprit juif qui aspire à la liberté et est prêt à se battre pour elle. »
Points de réflexion
Pouvez-vous penser à d’autres batailles juives miraculeuses dans le Tanakh ou dans l’histoire juive ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Notre Paracha contient de nombreux thèmes, ce qui rend difficile, voire impossible, d’établir un lien entre un passage des livres de Nakh (les prophètes) et tous les sujets abordés. C’est pourquoi la Haftara de cette semaine se concentre sur le premier thème de la Paracha, à savoir la Ménora.
La Paracha commence avec les exigences liées à l’allumage de la Ménora. La Haftara détaille la vision de Zacharie centrée sur la Ménora et l’interprétation qu’un ange lui donne.
Rav Moché Lichtenstein remarque que si ce lien est le seul entre la Paracha et la Haftara, alors il ne concerne qu’une petite partie de chaque texte. Il affirme qu’un lien bien plus profond existe :
« Le monde du péché et de l’exil, qui suit la révélation au mont Sinaï et l’attente d’entrer en terre d’Israël, menace le peuple d’un danger similaire à celui qu’il affrontera après la destruction du Temple.
La Torah n’aborde pas ce problème de manière explicite, mais les midrashim y font allusion, et il est possible de le lire entre les lignes. La lecture de la Haftara de Zacharie, avec son message de reconstruction après une chute terrible, et la réhabilitation du peuple à travers le leadership spirituel d’un prêtre et d’un dirigeant politique, répond aux besoins qui bouillonnent sous la surface de notre Paracha. »
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Zacharie
Le prophète Zacharie était un prophète post-exil, actif à la fin du VIe siècle avant notre ère, durant la période perse. Il était contemporain du prophète ‘Haggaï et joua un rôle clé en encourageant le peuple juif à reconstruire le second Temple à Jérusalem après le retour de l’exil babylonien. Zacharie était probablement issu d’une famille sacerdotale. Il est désigné comme le fils de Bérékhia, fils d’Iddo.
Son parcours prophétique commença vers 520 avant notre ère, sous le règne du roi Darius de Perse. (À ne pas confondre avec le fils de la reine Esther et du roi A’hachvéroch – il s’agit d’un autre Darius, dit « le Mède » !) Le livre de Zacharie fait partie des douze “petits” Prophètes et contient des visions, des images symboliques et des prophéties messianiques. Zacharie met l’accent sur la Téchouva, la justice et l’espoir, illustrant l’engagement éternel de D.ieu envers le renouveau et le salut ultime d’Israël.
Rav Sacks faisait souvent référence aux « deux prophéties liées : celle d’Ouria – qui a vu la destruction de Jérusalem – et celle de Zacharie – qui a vu sa reconstruction. »
« Pendant près de 2 000 ans, écrivait-il, les Juifs ont attendu ce moment, et notre génération a eu le mérite de voir Jérusalem réunifiée et reconstruite. Nous avons vu la réalisation de la prophétie de Zacharie, 24 siècles plus tard. »
Citation de la semaine
« Ne doute jamais qu’un petit groupe de personnes déterminées puissent changer le monde. Inspirées par la foi, elles le peuvent. Les Maccabim l’ont fait à leur époque. Et nous aussi, aujourd’hui. »
Si tu avais une idée géniale pour améliorer le monde, comment t’y prendrais-tu pour diffuser ton message ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Un dirigeant est-il un père qui allaite ?
Édition Familiale
Béhaalotékha
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Béhaalotékha
Un dirigeant est-il un père qui allaite ?
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Il s’agit du point émotionnel le plus bas de la vie de Moïse. Après le drame du Sinaï, la Révélation, le Veau d’or, le pardon, la construction du Tabernacle, et les longs codes de pureté et de sainteté, le peuple ne pense qu’à une chose : la nourriture. Le peuple se plaint à nouveau. Et Moché n’en pouvait plus. Il dit à D.ieu que le fardeau du leadership est trop lourd et demande même à mourir plutôt que de continuer à souffrir. Il dit à D.ieu:
« Pourquoi as-Tu maltraité Ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à Tes yeux, pour que Tu mettes sur moi la charge de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que Tu me dises : ‘Porte-les dans ton sein, comme la nourrice porte un enfant’ ?… Je ne peux pas porter tout ce peuple seul ; c’est un fardeau trop lourd pour moi. Si c’est ainsi que Tu me traites, tue-moi donc — si j’ai trouvé grâce à Tes yeux — et que je ne voie plus mon malheur ! » (Bamidbar 11:11-15)
Examinons la manière dont Moché décrit le leadership dans son discours. Il dit : « Pourquoi me dis-Tu de les porter dans mes bras, comme une nourrice porte un enfant ? » Or D.ieu n’a jamais dit à Moché de diriger de cette manière. D.ieu lui a donné des instructions, mais il ne lui a jamais dit de porter le peuple comme un parent.
L’homme qui a donné à Moïse sa première leçon de leadership fut son beau-père Yitro, qui l’avait mis en garde contre le risque d’épuisement qu’il ressent précisément maintenant. Il lui conseilla alors de déléguer et de partager son fardeau avec une équipe de dirigeants. Juste après que Yitro ait quitté, Moché s’effondre, comme plus tard lorsque sa soeur Myriam meurt, et qu’il perd son sang-froid et frappe le rocher. Il semble que, chacun à sa manière, Yitro et Myriam aient constitué des soutiens émotionnels essentiels pour Moché, peut-être davantage qu’on ne le croyait. Les dirigeants ont besoin de soutien aussi. Nul ne peut diriger seul.
Le plus gros problème est la manière dont Moïse conçoit son rôle. Il croyait qu’il devait tout faire, comme un parent qui doit tout faire pour son jeune enfant. Mais s’ils traitent les gens comme des enfants, ils deviennent totalement dépendants de lui. Ils n’apprennent pas le sens des responsabilités. C’est ce qui s’est produit lorsque Moché était absent, au sommet du Har Sinaï. Le peuple panique et fabrique un veau d’or, il ne savait pas comment gérer les choses de lui-même.
D.ieu dit ensuite à Moïse de rassembler une équipe de soixante-dix anciens pour partager le fardeau avec lui. Cela fut un grand changement. Cela signifiait que le leadership ne reposerait pas sur une personne uniquement. L’une des leçons principales est que le vrai leadership repose sur le fait de créer plus de dirigeants, non pas plus d’adeptes.
La théorie du « Grand Homme » du leadership hante l’histoire juive comme un cauchemar récurrent, l’idée qu’une personne forte et charismatique puisse résoudre les problèmes de tout le monde. Les gens croyaient cela lorsqu’ils demandèrent au prophète Samuel de choisir un roi. Mais les rois ont souvent failli à la tâche: Saül manquait de force, David pèche, Chlomo sombre dans la folie, et le royaume se divisa. Plus tard,à l’époque du second Temple, le succès des Maccabées fut spectaculaire, mais leurs descendants devinrent corrompus. Même Rabbi Akiva fit cette erreur, identifiant Bar Kokhba comme un autre « grand homme », mais sa rébellion se termina par un désastre pour le peuple juif.
Le judaïsme enseigne quelque chose de différent: que le leadership doit être partagé. Chaque personne compte. Tout le monde doit être éduqué, responsable et faire partie de l’équipe.
Les bons dirigeants n’essaient pas de tout faire pour accumuler tout le pouvoir. Ils inspirent les autres par leur vision, C’est pour cela que D.ieu dit à Moché: « Je descendrai, et Je parlerai avec toi là, et Je prendrai de l’esprit qui est sur toi et Je le mettrai sur eux. » Les grands dirigeants donnent de leur esprit. Ils ne traitent pas le peuple comme des enfants, mais comme des adultes qui peuvent diriger également. Les gens deviennent ce que leur dirigeant leur laisse l’espace de devenir. Lorsque cet espace est vaste, ils évoluent vers la grandeur.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Aharon reçoit l’ordre d’allumer la Ménora, et les Léviim commencent leur service dans le Michkan. Lorsqu’un groupe devient rituellement impur et ne peut pas apporter le Korban Pessa’h à temps pour le Séder, il demande : « Pourquoi serions-nous privés d’apporter le Korban ? » D.ieu institue alors un « Pessa’h Chéni » pour ceux qui n’ont pas pu célébrer Pessa’h à temps. Après pratiquement un an au Har Sinaï, les Bné Israël commencent leur traversée du désert. Le peuple se plaint de la manne et réclame de la viande, ce qui pousse Moché à nommer 70 anciens pour partager le fardeau du leadership. Myriam parle contre Moché et est frappée de lèpre ; Moché prie pour elle, et le peuple attend sa guérison avant de reprendre la route.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Cette semaine, les Bné Israël se plaignent bruyamment, mais ce n’est pas la première fois. Lorsque Moché s’effondre sous le poids de la direction du peuple, ce n’est pas seulement de l’épuisement – c’est une incompréhension de ce que signifie réellement le leadership.
Comme le montre la métaphore qu’il utilise, Moché se voit en parent qui doit porter le peuple comme des enfants incapables. Mais ce type de leadership rend les suiveurs dépendants et limités. D.ieu lui montre doucement une meilleure voie : partager le fardeau, faire confiance aux autres et former de nouveaux leaders. Soixante-dix nouveaux dirigeants sont nommés, et la charge de Moché s’allège.
Rav Jonathan Sacks ajoute : « Le judaïsme repose sur une responsabilité partagée, sur la valorisation de chaque individu, sur la construction d’équipes cohérentes fondées sur une vision commune, sur l’éducation des personnes à leur plein potentiel... C’est ainsi... que les pionniers ont bâti la terre et l’État d’Israël à l’époque moderne. »
Le vrai leadership ne consiste pas à tout faire soi-même – il consiste à aider les autres à grandir, à leur donner confiance, et à créer une équipe capable de porter ensemble la mission qui lui est dévolue.
Comment savoir quand il est temps de marquer une pause et de laisser quelqu’un d’autre prendre les rênes ?
Activité sur la paracha
Léger comme une plume
Moché ne pouvait pas porter seul le peuple, et vous non plus ! Dans ce défi de coopération, choisissez un objet léger de la maison et essayez ensemble de le déplacer dans la pièce. La variante : chaque personne ne peut utiliser qu’une seule partie du corps (comme un doigt, un genou ou un coude). Pas de mains ! Essayez avec différents objets ou ajoutez de nouvelles contraintes, comme le fait de ne pas parler !
Qu’est-ce qui a facilité l’exercice : la force, la créativité ou le travail d’équipe ? Qui a le plus aidé, et comment s’y est-il pris ?
Une histoire pour tous les âges
La porte-parole d’Aviva
Aviva n’avait pas prévu de devenir enseignante. Élève discrète à Netanya, elle était brillante et observatrice, mais rarement remarquée par les autres. Elle n’était pas totalement ignorée, mais on peut dire qu’elle était sous-estimée, voire oubliée.
Puis, en CM2, sa classe a eu comme professeur Morah Myriam, une enseignante qui ne dirigeait pas en élevant la voix ou en exigeant de l’attention. Morah Myriam encourageait discrètement, écoutait attentivement, et attribuait les responsabilités selon le potentiel de chacun. Elle remarquait chaque élève, voyait ses points forts et ses difficultés, et montrait qu’elle se souciait de chacun d’eux.
Un jour, Aviva fut appelée au bureau de l’enseignante. « J’ai le sentiment que tu es quelqu’un vers qui les autres se tourneront – peut-être pas maintenant, mais bientôt. Tu veux essayer d’être responsable de quelque chose ? Et si tu annonçais les messages du matin ? » lui demanda-t-elle.
Aviva fut surprise par cette opportunité, mais elle accepta de relever le défi. C’était la première fois que quelqu’un la voyait comme une dirigeants. Pas comme une aide. Une dirigeante. Et ce ne serait pas la dernière fois.
Des années plus tard, Aviva est devenue enseignante à son tour. Elle gardait un post-it sur son bureau, qui disait : « Si vos actions inspirent les autres à rêver plus, apprendre plus, faire plus et devenir plus, alors vous êtes un leader. » Cela lui rappelait que le leadership se transmettait par le ton, la chaleur, et la manière de répondre aux interruptions ou à l’incertitude.
Finalement, Aviva est devenue la directrice d’une école en pleine croissance dans le Néguev. Les parents la louaient. Les enseignants lui faisaient confiance. Les élèves – surtout les plus timides – se sentaient remarqués. Quarante ans passèrent. Lors de sa cérémonie de départ en retraite, on lui demanda quelle formation en leadership ou en gestion l’avait le plus marquée. Elle sourit.
« En fait, c’était en CM2... Un jour, mon enseignante m’a tendu un micro et s’est reculée pour me laisser diriger. »
En quoi l’histoire d’Aviva reflète-t-elle le style de leadership de Moché ?
Quel personnage est un vrai leader ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Zacharie 2:14–4:7 (Ashkénazes et Sépharades)
Zacharie 2:14–4:9 (Yéménites)
La Haftara présente des visions prophétiques d’espoir, de restauration et de soutien divin pour Israël après l’exil. D.ieu appelle Sion à se réjouir car Il habitera parmi Son peuple, et de nombreuses nations se joindront à l’Éternel. Le prophète voit alors Josué, le grand prêtre, accusé par Satan, mais D.ieu réprimande Satan et purifie Josué, ce qui symbolise l’effacement de la faute d’Israël. Josué reçoit des vêtements propres et se voit promettre un rôle dans l’avenir messianique s’il reste fidèle.
Zacharie perçoit une vision de la Ménora entourée de deux oliviers, symbolisant la présence et le soutien constants de D.ieu. Le message est clair : Zorobabel, gouverneur chargé de rebâtir le Temple, réussira « non par la vaillance ni par la force, mais par Mon esprit », dit l’Éternel. Le passage met l’accent sur la grâce divine, la purification et la restauration du leadership d’Israël.
Racontant l’histoire de ‘Hanouka, Rav Sacks cite un verset de la Haftara de cette semaine : « Ce fut l’un des exploits militaires les plus étonnants du monde antique. Comme nous le disons dans nos prières, c’était la victoire des faibles sur les forts, des rares sur les nombreux. Elle est résumée dans cette magnifique phrase du prophète Zacharie : “Non par la force, ni par la puissance, mais par Mon esprit, dit l’Éternel.” Les Maccabim n’avaient ni la puissance, ni la force, ni les armes, ni le nombre. Mais ils avaient une double part de l’esprit juif qui aspire à la liberté et est prêt à se battre pour elle. »
Points de réflexion
Pouvez-vous penser à d’autres batailles juives miraculeuses dans le Tanakh ou dans l’histoire juive ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Notre Paracha contient de nombreux thèmes, ce qui rend difficile, voire impossible, d’établir un lien entre un passage des livres de Nakh (les prophètes) et tous les sujets abordés. C’est pourquoi la Haftara de cette semaine se concentre sur le premier thème de la Paracha, à savoir la Ménora.
La Paracha commence avec les exigences liées à l’allumage de la Ménora. La Haftara détaille la vision de Zacharie centrée sur la Ménora et l’interprétation qu’un ange lui donne.
Rav Moché Lichtenstein remarque que si ce lien est le seul entre la Paracha et la Haftara, alors il ne concerne qu’une petite partie de chaque texte. Il affirme qu’un lien bien plus profond existe :
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Zacharie
Le prophète Zacharie était un prophète post-exil, actif à la fin du VIe siècle avant notre ère, durant la période perse. Il était contemporain du prophète ‘Haggaï et joua un rôle clé en encourageant le peuple juif à reconstruire le second Temple à Jérusalem après le retour de l’exil babylonien. Zacharie était probablement issu d’une famille sacerdotale. Il est désigné comme le fils de Bérékhia, fils d’Iddo.
Son parcours prophétique commença vers 520 avant notre ère, sous le règne du roi Darius de Perse. (À ne pas confondre avec le fils de la reine Esther et du roi A’hachvéroch – il s’agit d’un autre Darius, dit « le Mède » !) Le livre de Zacharie fait partie des douze “petits” Prophètes et contient des visions, des images symboliques et des prophéties messianiques. Zacharie met l’accent sur la Téchouva, la justice et l’espoir, illustrant l’engagement éternel de D.ieu envers le renouveau et le salut ultime d’Israël.
Rav Sacks faisait souvent référence aux « deux prophéties liées : celle d’Ouria – qui a vu la destruction de Jérusalem – et celle de Zacharie – qui a vu sa reconstruction. »
« Pendant près de 2 000 ans, écrivait-il, les Juifs ont attendu ce moment, et notre génération a eu le mérite de voir Jérusalem réunifiée et reconstruite. Nous avons vu la réalisation de la prophétie de Zacharie, 24 siècles plus tard. »
Citation de la semaine
« Ne doute jamais qu’un petit groupe de personnes déterminées puissent changer le monde. Inspirées par la foi, elles le peuvent. Les Maccabim l’ont fait à leur époque. Et nous aussi, aujourd’hui. »
www.rabbisacks.org/videos/chanukah-inspired-by-faith-we-can-change-the-world/
Réflexions supplémentaires
Si tu avais une idée géniale pour améliorer le monde, comment t’y prendrais-tu pour diffuser ton message ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Le courage de s’impliquer dans le monde
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