La responsabilité individuelle et collective
Family Edition

Noa'h5785
Tower of bavel POST

Noa'h

Inspired by the teachings of Rabbi Lord Jonathan Sacks

Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en  2011, disponible ici.

La paracha débute et se termine par deux grands événements : le Déluge d'une part, Babel et sa tour d’autre part. A priori, ils n’avaient rien en commun. Les échecs de la génération du Déluge sont évidents. “Le monde était corrompu devant D.ieu, la terre s'était remplie d'iniquité. Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre” (Gen. 6:11-12). Par contraste, Babel semblait presque idyllique. “Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables.” (Gen. 11:1). Les bâtisseurs s’orientent vers la construction, pas la destruction. Comprendre en quoi leur péché consistait ne va pas de soi. Mais du point de vue de la Torah, Babel représente un autre mauvais tournant, car D.ieu disperse tous les constructeurs, et immédiatement après, Il convoque Abraham pour commencer un tout nouveau chapitre dans l’histoire religieuse de l’humanité. Il est clair qu’après Babel, D.ieu arrive à la conclusion qu’il doit y avoir un autre chemin de vie pour les êtres humains.

Le Déluge nous raconte ce qui arrive à la civilisation lorsque les individus dirigent et qu’il n’y a pas de collectif. Babel nous raconte ce qui se passe lorsque le collectif dirige et que les individus sont sacrifiés.

D’un point de vue historique, l’extrême, tel que représentée par Babel, semble être reflétée par la pratique impériale des néo-assyriens, qui ont imposé leur propre langue aux peuples qu’ils ont conquis.  Les néo-assyriens ont affirmé leur suprématie en insistant sur le fait que leur langue était la seule à être utilisée par les nations et les populations vaincues. Sur cette lecture, Babel est une critique de l’impérialisme.

Le parallélisme de langue entre les bâtisseurs de Babel et le Pharaon; tous deux emploient les termes “allons, usons”, représente leur désir de subjuguer des populations entières, écrasant identités et libertés. En gardant cela en tête, Béréchit 10 décrit la division de l’humanité en soixante-dix langues et en soixante-dix nations. Béréchit 11 décrit la façon dont un pouvoir impérial a conquis des petites nations et leur a imposé sa langue et sa culture, contrevenant directement au souhait de D.ieu que les êtres humains devraient respecter l’intégrité de chaque nation et de chaque individu. Lorsque, à la fin de l’histoire de Babel, D.ieu “confond le langage” des bâtisseurs, Il ne crée pas une nouvelle situation. Il restaure en fait l’ancienne.

Interprétée de cette façon, l’histoire de Babel est une critique du pouvoir du collectif lorsqu’il détruit l’individualité – l’individualité des soixante-dix cultures décrit dans Genèse 10. Lorsque l’état de droit est utilisé pour opprimer des individus, leurs langues et leurs traditions distinctives, cela est également mauvais. Le miracle du monothéisme est que l’unité dans le Ciel crée une diversité sur terre, et D.ieu nous demande (avec des conditions évidentes) de respecter cette diversité. 

Par conséquent, le Déluge et la tour de Babel, bien qu’ils soient radicalement opposés, sont liés, et toute la paracha de Noa’h est une étude brillante de la condition humaine. Il existe des cultures individualistes et des cultures collectivistes ; toutes deux échouent, les premières parce qu'elles mènent à l’anarchie et à la violence, les secondes parce qu’elles mènent à l’oppression et à la tyrannie.

Après les deux grands échecs du Déluge et Babel, Abraham fut appelé à créer une nouvelle forme d’ordre social qui donnerait un honneur équivalent à l’individu et au collectif, la responsabilité personnelle et le bien commun. Cela demeure le don spécial que les Juifs et le judaïsme offrent au monde.

drop of water splash peace harmony whirlpool puddle chukat
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Autour de la table de Chabbat

  1. Pourquoi est-il important de trouver un équilibre entre la liberté individuelle et la responsabilité collective ?
  2. Est-ce possible aujourd’hui d’avoir une société qui valorise en même temps des individus forts et des communautés fortes ? Pourquoi ?
  3. Pouvez-vous réfléchir à d’autres histoires du Tanakh qui soulignent respectivement les échecs des mentalités du “Déluge” et de “Babel” ?

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Écrit par Sara Lamm

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La parachat Noa’h raconte l’histoire du grand Déluge. D.ieu dit à Noa’h, l’homme le plus vertueux du monde, de construire une arche pour survivre. Après 40 jours de pluie et 150 jours d’eaux turbulentes, l’arche s’établit sur le mont Ararat. Noa’h envoya des oiseaux chercher de la terre sèche. Il offra des sacrifices à D.ieu, et D.ieu promit de ne plus jamais détruire l’humanité avec un déluge. Noa’h planta un vignoble, devint saoul et un incident survint, impliquant ses fils. Plus tard, l’humanité tenta de construire une tour à Babel pour défier D.ieu, ce qui Le conduit à confondre leurs langages et à les disperser. La paracha se termine par une généalogie de Noa’h à Avram et le périple d’Avram en terre de Canaan.

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Philosophie de Rabbi Sacks

C’est un thème profond qui, de bien des manières, prépare le terrain de la naissance du monothéisme et de la façon dont nous devons obtenir un équilibre délicat entre l’individualisme et le collectivisme. Nous voyons cela de manière prépondérante dans les histoires du Déluge et la tour de Babel. Rabbi Sacks affirme que la génération du Déluge représente les dangers de l’individualisme incontrôlé, la société qui dégénère en chaos et en violence lorsque les désirs personnels ont priorité sur le bien-être collectif. Il souligne le contraste avec la tour de Babel qui met en relief les périls du collectivisme extrême, ou l’identité individuelle et la liberté sont sacrifiés pour le bien de l’unité et du contrôle. Les deux extrêmes mènent à l’échec de la société. D.ieu a donc besoin d’introduire un nouveau modèle de civilisation à travers Avraham.

Cet équilibre est résumé dans le célèbre enseignement de Rabbi Hillel : “Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, que suis-je ?” Le succès durable du judaïsme repose sur le fait d’harmoniser la responsabilité personnelle avec le bien commun. La question est : comment pouvons-nous appliquer cet équilibre dans nos propres vies et communautés aujourd’hui ?

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Le noeud humain!

Ce jeu lie tout le monde de manière très significative. Les joueurs se tiennent debout dans un cercle, proches les uns des autres. Chaque personne donne sa main droite au joueur à côté de lui pour attraper la main de quelqu’un dans le cercle, puis fait la même chose avec sa main gauche à une autre personne. Une fois que les mains de tout le monde sont liées, le but est de défaire “le nœud humain” sans lâcher les mains en usant de communication et de travail d’équipe !

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Une histoire pour tous les âges

Notre histoire commence par des villages rivaux, construits côte à côte. Un matin, un événement étrange se produisit. Dans le premier village, chaque personne se leva et réalisa que ses coudes n’étaient plus là ! Cela causa beaucoup de difficultés. Par exemple, ils ne pouvaient pas plier leurs bras pour amener de la nourriture jusqu’à leur bouche. Peu importe combien de nourriture il y avait, les villageois avaient faim car ils ne pouvaient pas se nourrir.

Dans le village avoisinant, un autre phénomène se produisit. Les gens avaient des coudes mais pas de mains. Ils pouvaient plier leurs bras autant qu’ils voulaient, mais sans mains, ils ne pouvaient pas utiliser leurs couverts, ou même prendre ce qu’ils voulaient. Comme le premier village, ils avaient plein de nourriture mais avaient de la difficulté à la manger.

Les choses s’aggravaient jusqu’à ce qu’une voyageuse sage passa par là. “Réunissez les villages”, dit-elle. “Vous pouvez régler les problèmes des autres.”

Tout le monde était confus. “Comment pouvons-nous aider les autres lorsque nous ne pouvons même pas nous aider nous-mêmes ?”, répondirent-ils.

Mais la voyageuse sage leur montra une solution simple. Les gens du premier village, qui avaient des mains mais pas de coudes, pouvaient cueillir de la nourriture du second village. En retour, les gens du second village pouvaient utiliser leurs coudes pour aider les gens du premier village. Maintenant qu’ils coopéraient et utilisaient leurs capacités pour s’entraider, ils découvraient maintenant une force qu’ils considéraient autrefois comme une faiblesse. En travaillant ensemble, les deux villages construisirent de nouveaux outils pour s’aider, et réalisèrent qu’ils préféraient manger ensemble plutôt que seuls. Dès lors, ils partageaient des repas et se soutenaient. Ils comprirent que parfois, nous avons besoin des autres pour compléter ce que nous ne pouvons pas faire seul.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Introduction

Roch ‘Hodech commence toujours lors du nouveau cycle lunaire. Cette Haftara fut choisie pour être lue le Chabbat de Roch ‘Hodech en raison de son avant-dernier verset, référence à la fois à la nouvelle lune et à Chabbat : “Et il arrivera constamment, à chaque néoménie, à chaque Chabbat, que toute chair viendra se prosterner devant moi, dit l'Eternel.” (Isaïe 66:23).  

Cette semaine, Roch ‘Hodech ‘Hechvan tombe Chabbat, et nous prendrons par conséquent un moment à explorer cette Haftara spéciale de Roch ‘Hodech, ainsi que la Haftara qui est habituellement lue avec la paracha de Noa’h.

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Résumé de la Haftara

Isaïe 66:1-66:2

Le chapitre 66 d’Isaïe est le dernier chapitre du livre d’Isaïe. Il compare le destin des gens vertueux et des gens impies tout en mettant l’accent sur la force et le jugement de D.ieu. 

Le chapitre commence par une déclaration de la transcendance de D.ieu, rejetant les sacrifices vides et le culte superficiel, soulignant que D.ieu désire l’humilité et la sincérité. Il prophétise l’arrivée du jugement de D.ieu où rebelles et idolâtres seront punis. À l’inverse, il affirme que les fidèles témoigneront de la gloire de la nouvelle création de D.ieu.

À la fin du chapitre, nous lisons une vision de paix pour Jérusalem, un jugement final des ennemis de D.ieu, et la mise en place d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre dans lesquels le peuple de D.ieu vivra à jamais.

future peace in jerusalem old city yerushalayim shel zahav golden claymation shalom sunset kotel wide
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  • Rabbi Sacks écrit, “Selon la Torah, le premier mois de l’année est Nissan. Ce fut le jour où la terre devint sèche après le Déluge.”. Cela vous semble-t-il important que cette semaine, la paracha de Noa’h tombe le premier Roch ‘Hodech Chabbat de l’année?
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Résumé de la Haftara

Isaïe 54:1 – 55:5 (Ashkénaze)
Isaïe 54:1 – 54:10 (Séfarade)

Comme ce fut le cas dans la Haftara de la semaine dernière, la Haftara de cette semaine est issue de la dernière partie du livre d’Isaïe.

Ce passage inclut des paroles de soutien et d’encouragement au peuple juif exilé en Babylonie. Il prévoit également le retour éternel du peuple juif en terre d’Israël.

Telle que la vision le fit, l’alliance du roi David sera renouvelée et aucun des ennemis d’Israël ne sera capable de le vaincre.

  • Dans la Haftara de cette semaine, l’une des prophéties d’Israël nous dit que les enfants juifs seront érudits en Torah. Pourquoi pensez-vous que cela est important ? 
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  1. Noa’h n’a pas discuté avec D.ieu pour protéger l’humanité. Le Zohar nous raconte que Moché, lui, le fit. Pouvez-vous penser à un autre personnage biblique qui a débattu avec D.ieu ?
  2. Quelle est la différence entre les promesses (alliances) que D.ieu a faites dans la paracha et dans la Haftara ? (Indice : explorez la différence entre l’universalisme et le particularisme, un thème que Rabbi Sacks a exploré dans ses livres et ses articles.)  
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Connexions du Tanakh

Il existe deux liens principaux entre la Paracha de cette semaine et la Haftara. Le premier est d'ordre linguistique.

“Certes, Je ferai en cela comme pour les eaux de Noé : de même que J'ai juré que le Déluge de Noé ne désolerait plus la terre, ainsi je jure de ne plus m'irriter ni diriger des menaces contre toi…” (Is. 54:9). Le Zohar (Vayikra 14b) souligne qu’il s’agit d’une phrase étrange comme dans la paracha elle-même, la phrase utilisée est “les eaux du Déluge”. Puis le Zohar compare les actions de Noa’h à celles de Moché. Dans la parachat Noa’h, le décret contre le monde semble être finalisé, au-delà de la capacité de Noa’h à changer l’avis de D.ieu. Cependant, Moché réussit à plaider en faveur du peuple juif même après que D.ieu lui avait dit qu’il serait détruit. En effet, si les actions de Noa’h après le Déluge pouvaient mener à une alliance avec D.ieu de ne jamais détruire le monde à nouveau, imaginez le succès qu’il aurait pu avoir avant le Déluge. Tel est le message de la Haftara. La référence aux “eaux de Noa’h” nous indique ici que Noa’h aurait pu éviter le Déluge s’il avait eu le courage d’essayer. Tel que Rabbi Sacks l’a écrit, “La foi est le courage de prendre un risque pour le bien de D.ieu ou du peuple juif, de commencer un périple… sachant qu’il y a aura des dangers en chemin, mais sachant aussi que D.ieu est avec nous, nous donnant de la force, si nous alignons notre volonté à la Sienne.”

Notre deuxième lien est d’ordre thématique. Il s’agit de la promesse d’une alliance éternelle. Tout comme la paracha contient une promesse de ne plus jamais détruire le monde, tout comme la Haftara promet qu’après le repentir d’Israël, il n’y aura plus jamais d’exil. “De même que j'ai juré que le Déluge de Noé ne désolerait plus la terre, ainsi je jure de ne plus m'irriter ni de diriger des menaces contre toi…

Tout comme Noa’h fut réprimandé de ne pas avoir éviter le Déluge, le peuple juif fut réprimandé d’avoir amené l’exile. L’élément positif conjoint de la paracha et de la haftara est la promesse que ces désastres (la destruction du monde et l’exil du peuple juif) n’arriveront plus jamais.  

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Contexte pour les Prophètes

La semaine dernière, nous avons introduit le livre d’Isaïe en termes généraux. Pour comprendre les livres des prophètes, il est important de les replacer dans leur contexte historique.

Isaïe est le premier livre des prophètes antérieurs (Neviim A’haronim). Alors que les livres des premiers prophètes (Neviim Richonim), se concentrent grandement sur l’histoire du peuple juif de l’époque de Josué jusqu’à l’exil babylonien, les prophètes ultérieurs se concentrent sur les prophéties d’Isaïe, de Jérémie, d'Ezéchiel et des douze prophètes “mineurs”. Ainsi, les prophètes ultérieurs sont plus ésotériques, remplis de symbolisme et d’allégorie, beaucoup plus difficiles à comprendre !

La plupart des livres des Néviim comportent les propres prophéties des prophètes, écrits une fois qu’ils avaient complété la partie active de leur carrière. Isaïe, cependant, fut assassiné. Puisqu’il mourut subitement, il fut incapable d’écrire ses propres prophéties. Elles furent donc enregistrées par différents étudiants, il existe donc certaines différences stylistiques dans le livre.

isaiah written by authors of the bible book tanach scholars sofer
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“J’appelle Isaïe le poète lauréat de l’espoir. Et ces 26 derniers chapitres du livre d’Isaïe comptent parmis les plus merveilleux de toute la littérature.”


Discours de Rabbi Sacks du mois d’Elloul

à la LSJS (the London School of Jewish Studies), 2011

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L’alliance octroie une dignité inégalée aux humains. Le judaïsme reconnaît, comme la plupart des religions, que D.ieu est infini et que nous sommes infinitésimaux, que D.ieu est éternel et que nous sommes éphémères, que D.ieu est tout et que nous ne sommes presque rien. Mais le judaïsme émet la déclaration capitale dans la direction opposée, que nous sommes les “partenaires de D.ieu dans l'œuvre de la Création”... Le Tanakh raconte une histoire d’amour époustouflante: l’amour de D.ieu pour un peuple avec lequel Il se lie par une alliance, une alliance qu’Il ne brise jamais, n’abroge ou ne change pas, peu importe combien de fois on la trahit et qu’on Le trahit. L’alliance est la loi tout comme l’amour et la fidélité.”

Ceremony and Celebration, p. 70

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.