La nécessité de poser des questions
Édition Familiale

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Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

La parachat Bo s’intéresse à trois reprises à la thématique des enfants et du devoir des parents de les éduquer. En tant que Juifs, nous croyons que pour défendre un pays, il faut une armée, mais pour défendre une civilisation, il faut l’éducation. La liberté est perdue lorsqu'elle est prise pour acquise. À moins que les parents ne transmettent leurs souvenirs et leurs idéaux à la génération suivante - l’histoire de leur conquête de la liberté et des batailles qu’ils ont dû mener -, la grande aventure s’effrite et nous perdons le nord.

Ce qui est fascinant est la manière dont la Torah met l’accent sur le fait que les enfants doivent poser des questions. Les quatre passages sur lesquels l’accent est mis sont devenus célèbres en raison de leur apparition des quatre fils dans la Haggada de Pessah.

En les lisant ensemble, les Sages sont arrivés à la conclusion selon laquelle les enfants doivent poser des questions, le récit de Pessa’h doit être construit en réponse aux questions posées par un enfant et commencer par celles-ci, il est du devoir d’un parent d’encourager son enfant à poser des questions. Il n’y a rien de naturel à cela. Au contraire, la plupart des cultures traditionnelles perçoivent comme étant la tâche d’un parent ou d’un enseignant d’instruire, de guider ou d’ordonner et le rôle d’un enfant est d'obéir. “Les enfants devraient être vus, pas entendus,” dit le vieux proverbe anglais. Socrate, qui passa sa vie à enseigner aux gens à poser des questions, fut condamné par les citoyens d'Athènes pour avoir corrompu la jeunesse. Dans le judaïsme, c’est le contraire. Il est un devoir religieux d’enseigner à nos enfants à poser des questions. C’est de cette façon qu’ils grandissent.

Le judaïsme est unique : une religion basée sur le fait de poser des questions, parfois des questions profondes et difficiles qui semblent ébranler les fondations de la foi elle-même. Par exemple, en Yéchiva, le plus haut compliment est de poser une bonne question. Notre plus grand devoir est de chercher à comprendre la volonté de D.ieu, et pas uniquement d'obéir aveuglément. Car nous croyons que l’intelligence est le plus grand cadeau de D.ieu envers l’humanité. Notre toute première requête de la ‘Amida des jours de semaine est celle de “la connaissance, de l’intelligence et du discernement.” L’une des institutions les plus audacieuses des rabbins fut de formuler une bénédiction à réciter à la vue d’un érudit non-juif.  Non seulement ils reconnaissaient la sagesse dans les cultures autres que la leur, mais ils remerciaient D.ieu pour cela. Cela démontre clairement à quel point le judaïsme valorise l’intelligence, les érudits et l’étude.

Mais bien des choses ont à voir avec la manière dont une personne étudie et enseigne à ses enfants. La Torah l’indique à l’un des moments les plus forts et poignants de l’histoire juive, tandis que les Israélites s’apprêtent à quitter l’Égypte et à commencer leur vie en tant que peuple libre. Transmettez la mémoire de ce moment à vos enfants dit la Torah. Mais ne vous y prenez pas de manière autoritaire. Encouragez vos enfants à poser des questions, à interroger, à enquêter, à analyser et à explorer. La liberté signifie la liberté d’esprit, pas uniquement du corps.  

Toutefois, l’essentiel est de savoir et d’enseigner à nos enfants que toutes les questions n’ont pas une réponse que nous pouvons immédiatement comprendre. Il y a des idées que nous ne comprendrons entièrement qu’avec l’âge et l’expérience, d’autres qui seront peut-être au-delà de notre compréhension collective à cette étape de la quête humaine.

Isaac Newton, fondateur de la science moderne, comprit à quel point il comprenait peu, et l’a dit de manière si éloquente : “Je ne sais pas comment le monde me perçoit, mais à mes yeux, il me semble que je n’ai été qu’un petit garçon jouant au bord de la mer, et se divertissant en trouvant un galet plus lisse ou un coquillage plus joli que l’ordinaire, alors que le grand océan de vérité s'étendait devant moi sans que je le découvre.” Plus on en sait, plus on réalise ce tout qu’il reste à apprendre si on continue à creuser.

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Autour de la table de Chabbat

  1. Pourquoi pensez-vous qu’autant de cultures croyaient de manière traditionnelle que les enfants “devraient être vus et pas entendus” alors que le judaïsme encourage les enfants à poser des questions ? 
  2. Rabbi Sacks note que toutes les questions n’ont pas une réponse immédiate que nous pouvons comprendre. Que ressentez-vous lorsque l’on vous donne ce genre de réponse à vos questions ? Comment gérez-vous cela ?
  3. Il y a une idée selon laquelle les personnes confiantes dans leurs croyances n’ont pas peur des questions. Comment le fait de questionner peut renforcer les croyances plutôt que de les affaiblir ?

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Écrit par Sara Lamm

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Les trois dernières plaies ont dévasté l’Égypte : les sauterelles, les ténèbres intenses et la mort des premiers-nés égyptiens. D.ieu donne aux Bné Israël leur première mitsva : créer un calendrier lunaire et célébrer Roch ‘Hodech. Il leur est demandé d’offrir un agneau et de répandre son sang sur les linteaux de leurs portes afin que D.ieu passe par-dessus leur maison et les protège. Pharaon leur dit finalement de partir, et les Bné Israël quittent de manière précipitée, si rapidement que leur pâte n’a pas le temps de monter, et devient à la place de la matsa.

D.ieu ordonne ensuite au peuple de commémorer l’Exode annuellement avec la matsa et de raconter l’histoire, et de porter les téfillin en guise de rappel de leur fuite miraculeuse.

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Philosophie de Rabbi Sacks

Alors que de nombreuses autres cultures et religions mettent l’accent sur l'obéissance aveugle, le judaïsme considère le fait de poser des questions comme un devoir religieux et un chemin vers une compréhension plus profonde. En fait, dans une religion de 613 commandements, il n’y a pas de mot hébraïque qui signifie “obéir”.

La Torah emploie plutôt le verbe chéma, intraduisible en anglais car il signifie tant de choses : écouter, entendre, comprendre, internaliser et répondre.

C’est une religion qui valorise de manière unique des valeurs et encourage le questionnement comme partie fondamentale de la foi et de l’éducation, en particulier lorsqu’il s’agit d’enseigner aux enfants.

 Le questionnement ne discrédite pas la foi mais la renforce, même si toutes les questions n’ont pas forcément de réponses immédiates ou simples à comprendre. Ceux qui ont une liberté d’esprit et qui ont la liberté de poser des questions, sont véritablement libres.

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Les joueurs s’assoient en cercle, avec la première personne qui pose une question sur n’importe quel sujet. Chaque joueur doit ensuite répondre à la question précédente puis pose une nouvelle question qui est liée d’une quelconque manière soit à la réponse soit à la question originale. Aucune question dont la réponse est oui/ou non, ou répéter une question, n’est permis !

À quel point pouvez-vous vous éloigner de la question d’origine tout en maintenant une chaîne de questions qui sont liées ?

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Une histoire pour tous les âges

Dans les heures paisibles des matinées de week-ends, un jeune garçon et son père allaient régulièrement marcher dans la nature. Le jeune Richard Feynman et son père exploraient les paysages ensemble, s’arrêtant souvent pour observer le monde, en particulier les oiseaux.

À la différence des autres parents qui se concentraient à enseigner à leurs enfants à identifier et à nommer les choses, le père de Feynman avait une toute autre approche. Il apprenait à Richard à observer attentivement et à réfléchir à ce qu’il voyait. Lorsqu’ils voyaient des oiseaux, ils observaient leur comportement : comment ils bougeaient, ce qu’ils mangeaient et comment ils interragissaient avec leur environnement. Richard Feynman a écrit plus tard de quelle façon son père lui enseignait que l’observation et le questionnement avaient une plus grande valeur que la mémorisation des noms. Il écrit : “Vous pouvez connaître le nom de cet oiseau dans toutes les langues du monde, mais lorsque vous terminez, vous ne saurez absolument rien sur l’oiseau. Vous saurez uniquement comment les humains à différents endroits l’appellent.”

Ces promenades, remplies d'observations minutieuses et de questionnements, ont façonné toute l’approche du monde du jeune Richard. Le jeune garçon curieux qui avait appris à regarder les oiseaux devint un jour l’un des plus grands physiciens du monde. En 1965, il remporta le prix Nobel de physique pour ses recherches sur l’électrodynamique quantique. Tout au long de ses années de recherche et de découverte, il garda avec lui cette leçon que la vraie compréhension des choses ne vient pas de la mémorisation des faits, mais d’une observation attentive et du questionnement sur ce que l’on voit.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

C’est la première fois que les Achkénazes lisent une section du livre de Jérémie pour l’une des Haftarot. Cependant, le thème de la Haftara de cette semaine coïncide de façon notable avec celui de la semaine dernière. Dans notre Haftara, le prophète livre un message de jugement contre l’Égypte et d'espoir pour Israël. Jérémie prédit la défaite de l’Égypte aux mains des Babyloniens menées par le Roi Névoukhadnetsar. L’Égypte, autrefois une nation puissante, fera face à l’humiliation et à la dévastation alors que ses alliés ne parviennent pas à la soutenir. La destruction est dépeinte comme étant inévitable et ordonnée par D.ieu.

Au sein de cette prophétie de la chute de l’Égypte, Jérémie offre une réassurance à Israël et à Yéhouda.

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D’abord, lisez la citation de la semaine (au verso de la page).

  1. Pourquoi nous est-il demandé de prier pour la ville dans laquelle nous sommes exilés ?  
  2. Pour les juifs qui vivent en-dehors d’Israël, que demandons-nous lorsque nous prions pour les dirigeants de notre pays de résidence ? 
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Connexions du Tanakh

Cette semaine, notre paracha et notre Haftara font référence aux sauterelles. Dans Chémot 10:14-15, la paracha commence par la plaie des sauterelles lancée sur les Égyptiens, et note leur grand nombre. Dans la Haftara, Jérémie 46:23, les armées babyloniennes qui envahiront l’Égypte sont décrites comme suit: “Ils sont plus nombreux que des sauterelles, et on ne peut les compter.”

La paracha continue avec le récit des deux plaies finales lancées contre l’Égypte. La Haftara traite également de la punition contre l’Égypte (comme ce fut le cas la semaine dernière).

Lorsque l’on considère le leadership de Pharaon, et comment il souffra de conséquences, Rabbi Sacks écrit “Nous voyons Pharaon à la fois comme une personne impie et imprudente, car nous avons lu le livre. Ses conseillers pouvaient voir clairement qu’il menait son peuple au désastre, mais il aurait pu penser qu’il était fort alors qu’il n’était que craintif. Le leadership n’est que facile, et ses erreurs ne sont que visibles en rétrospective…

“Savoir comment écouter un conseil, comment répondre à un changement et comment admettre que vous avez tort, demeurent trois des tâches les plus difficiles du leadership. Rejeter un conseil, refuser de changer et refuser d’admettre que vous avez tort peut sembler comme de la force pour certains. Mais il s’agit du début d’une autre marche de folie.”

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Contexte pour les Prophètes

Le livre de Jérémie, écrit par le prophète Jérémie à la fin du 7e siècle et au début du 6e siècle avant notre ère, s'étend sur une période critique menant à la destruction de Jérusalem et à l’exil babylonien. Jérémie, souvent appelé “le prophète qui pleure” eut pour tâche de livrer les messages de jugement de D.ieu, mettant Yéhouda en garde des conséquences de son idolâtrie, de son injustice et de son manque de fidélité à l’alliance. Rabbi Sacks note également que Jérémie “le prophète qui prédit la destruction et dont les paroles composent la littérature des Haftarot lue pendant les trois semaines.”

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“Jérémie fut le dirigeant qui définit le rôle des Juifs de tous les temps en diaspora : ‘Travaillez enfin à la prospérité de la ville où je vous ai relégués et implorez D.ieu en sa faveur ; car sa prospérité est le gage de votre prospérité.’(Jérémie 29:7) - la première affirmation de l’histoire de ce que signifie être une minorité créatrice.”

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Que ressentiriez-vous de prier pour des dirigeants qui semblent se comporter de manière immorale ou antisémite ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.


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