● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Pour la première fois depuis leur départ d’Égypte, les israélites font quelque chose ensemble. Ils chantent. Rachi dit que la Chékhina reposa sur eux et miraculeusement, les mêmes mots surgirent dans leurs esprits en même temps. C’est pour cela que cette semaine s’appelle Chabbat Chira, le Chabbat du cantique. Quelle est la place du chant dans le judaïsme ?
Il existe une connexion innée entre la musique et l’esprit. Lorsque le langage aspire à transcender et que l'âme cherche à se détacher de l’attraction gravitationnelle de la terre, elle se module en chanson. Par conséquent, lorsque nous cherchons à exprimer ou à évoquer l'émotion, nous nous tournons vers la mélodie. Devorah (voir notre section sur la haftara) chanta après la victoire d'Israël sur les forces de Siséra (Juges 5). Hannah chanta lorsqu’elle eut un enfant. Lorsque Saül était déprimé, David jouait de la musique pour lui et son humeur était revigorée. Elisha a appelé un harpiste à jouer pour que l’esprit prophétique demeure sur lui . Les Léviim chantaient dans le Temple. Chaque jour, dans le judaïsme, nous commençons nos prières du matin avec les Psuké Dézimra, les “versets de chant” avec leur magnifique crescendo, le Psaume 150, dans lequel les instruments et la voix humaine sont combinés pour chanter les louanges de D.ieu.
Les mystiques vont plus loin et parlent de la chanson de l’univers, ce que Pythagore a appelé “la musique des sphères”. C’est ce que le Psaume 19 signifie lorsqu’il dit, “Les cieux racontent la gloire de D.ieu…sur toute la terre [pourtant] s’étend leur harmonie, et leurs accents vont jusqu’aux confins du monde.”
En-dessous du silence, audible seulement par l’oreille interne, la création chante à son Créateur. Ainsi, lorsque nous prions, nous ne lisons pas : nous chantons. Lorsque nous nous engageons dans des textes sacrés, nous ne récitons pas : nous chantons. Chaque texte et chaque moment a sa propre mélodie dans le judaïsme. Il existe différents airs et différentes humeurs pour les prières de la semaine, le Chabbat, les chalom régalim - Pessa’h, Chavouot et Soukkot (qui ont beaucoup en commun mais qui ont également des airs distinctifs) - et pour les Yamim Noraim, Roch Hachana et Yom Kippour. Il existe différents airs pour les différents textes. Il existe un type de cantillation pour la Torah, un autre pour la Haftara des livres prophétiques, et un autre pour les Ketouvim, les écrits, en particulier pour les cinq Méguilot. Il existe une mélodie particulière pour l’étude des textes de la Torah orale, pour l’étude de la Michna et de la Guémara. Ainsi, à l’aide de la musique à elle seule, nous pouvons savoir de quel genre de jour il s’agit et quel genre de texte est utilisé. Il existe une carte des paroles saintes et elle est écrite dans les mélodies et les chansons.
La foi ressemble plus à la musique qu'à la science. La science analyse, la musique intègre. Et alors que la musique lie une note à l’autre, la foi lie un épisode à l’autre, la vie à la vie, l’âge à l’âge dans une mélodie intemporelle qui s’étend dans le temps. D.ieu est le compositeur et le librettiste. Nous sommes tous appelés à être des voix dans la chorale, des chanteurs dans le cantique de D.ieu. La foi nous apprend à écouter la musique en-dessous du bruit.
La musique est donc un signe de transcendance.
Le philosophe et musicien Roger Scruton écrit que c’est “une rencontre avec le sujet pur, libéré du monde matériel, et agissant uniquement en obéissant aux lois de la liberté.” Il cite Rilke: “Les mots se déplacent encore doucement vers l’indicible / et la musique, toujours nouvelles, à partir de pierres palpitantes / construit dans l’espace inutilisé son foyer divin.”
L’histoire de l’esprit juif est écrite dans ses chansons. Les paroles ne changent pas, mais chaque génération a besoin de ses propres mélodies. Notre génération a besoin de nouvelles chansons que nous pouvons également chanter joyeusement à D.ieu tels que nos ancêtres l’ont fait à ce moment de transfiguration, lorsqu’ils traversèrent la mer Rouge et en ont émergé, de l’autre côté, enfin libres. Lorsque l’âme chante, l’esprit s’envole.
Autour de la table de Chabbat
Y a-t-il une chanson pour laquelle vous ressentez une connexion spirituelle et émotionnelle profonde ?
Quelles autres expériences sensorielles dans le judaïsme aident-elles aussi à nous lier à D.ieu ?
Si vous pouviez écrire une chanson sur un autre moment dans la Torah (un moment qui n’a pas encore de chanson), quel moment choisiriez-vous, et quelle serait sa mélodie ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Les Bné Israël quittent l’Égypte mais Paro change d’avis et les pourchasse. Coincés entre l’armée de Paro et la mer Rouge, les Bné Israël crient de peur. La mer se sépare miraculeusement, créant un chemin sec pour que les israélites puissent traverser. Une fois qu’ils ont traversé en sécurité, la mer se referme, noyant les armées égyptiennes. En guise de réponse, Moché et les israélites entonnent un cantique de louange et de gratitude envers D.ieu.
Leur périple dans le midbar est difficile. Amalek attaque les Bné Israël, et les Bné Israël en sortent vainqueurs. Puis le peuple souffre de faim et de soif. D.ieu envoie donc la manne pour manger et de l’eau pour boire.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks écrit : “La musique a un pouvoir extraordinaire d’évocation d’émotion. La prière du Kol Nidré avec laquelle Yom Kippour commence n’est en réalité pas tellement une prière. Il s’agit d’une formule légale, sèche, pour l’annulation des vœux. Il ne fait aucun doute que sa mélodie ancienne et envoûtante lui a conféré son emprise sur l’imaginaire juif. Il est difficile d’entendre ces notes et de ne pas sentir que vous êtes en présence de D.ieu au jour du jugement, vous tenant en compagnie de Juifs de tous lieux et de toutes époques, tandis qu’ils implorent le Ciel pour le pardon.”
“Nous ne pouvons pas non plus nous asseoir à Ticha Béav en lisant Eikha, le livre des Lamentations, avec sa cantillation unique, et de ne pas sentir les larmes des Juifs couler à travers les époques, alors qu’ils souffraient et pleuraient en se remémorant ce qu’ils avaient perdu, la douleur aussi vive que le jour où le Temple fut détruit. Des mots sans musique sont comme un corps sans âme.”
La musique peut briser l’isolation, le traumatisme voire même une perte de mémoire sévère, reliant les gens à travers le temps et les circonstances. Les mélodies intègrent des moments et des expériences individuels en un tout cohérent, tout comme la foi offre une continuité et un sens à travers les générations. Lorsque les paroles engagent l’esprit, la musique ouvre la voie à la compréhension spirituelle.
Considérez une prière ou une chanson de nos téfillot qui éveillent des émotions fortes en vous. Qu’est-ce qui vous fait ressentir cela ?
Activité sur la paracha
Mélange de mélodies
Prenez une prière familière comme Adon Olam ou Shir Hama’alot. Ensuite, les joueurs essaient de la chanter avec des mélodies différentes. Commencez par la mélodie traditionnelle, puis soyez créatifs : essayez des chansons populaires, des thèmes de films, des jingles ou des airs familiaux. L’amusement est de découvrir combien de chansons inattendues concordent avec les mots en hébreu. Allez-y à tour de rôle et rappelez-vous : vous devez chanter pour prouver que ça marche !
Une mélodie peut-elle changer le sens de la téfilla ?
Une histoire pour tous les âges
Regarder et apprendre
La guitare de Sarah se tenait au coin d’un appartement de Tel Aviv, ramassant de la poussière sous un petit rayon de soleil de l’après-midi. Il s’y tint ainsi pendant 6 ans, ses cordes intouchées, attendant “un jour peut-être”, qui n’est jamais arrivé. Elle ne pouvait pas la donner, bien que personne n’y ait touché.
Un matin, alors qu’elle était sur son téléphone, elle vit un post qui l’interpella : “À la recherche de guitares pour les soldats dans le nord.” Il y avait une photo de soldats de l’armée israélienne en pause, l’un faisant semblant de jouer avec une guitare invisible alors que les autres riaient. Le post mentionna Tal, qui avait l’habitude de diriger son unité avec des chansons mais avait laissé sa guitare à Beer Sheva, lorsqu’il fut appelé de manière urgente pour son service militaire de réserve.
Sarah regarda sa guitare dans le coin, voyant toutes ses séances futures imaginées se dissoudre en quelque chose plus riche de sens : un groupe de soldats fatigués qui trouvaient des moments de paix et de mélodie.
Cette soirée-là, elle accorda les cordes de sa guitare pour qu’elle sonne bien. Puis elle nettoya le boîtier poussiéreux et ajouta une note : “Ma guitare a été mise de côté pendant trop longtemps. Jouez-en bien, et que sa musique apporte de la lumière dans les moments sombres.”
Deux semaines plus tard, elle reçut une photo : Tal, entouré de son unité, sa guitare dans ses bras et chantant. Dans la photo, vous ne pouviez pas voir la guerre, uniquement des sourires. Le message disait : “Votre guitare a retrouvé sa voix. Merci.”
La guitare qui était restée silencieuse pendant si longtemps chantait maintenant chaque nuit, sa musique traversait le Golan et s'unissait aux voix des soldats alors qu’ils chantaient des chansons de remerciements, et de foi en D.ieu et Israël.
Quel rôle la musique peut-elle jouer lors des moments heureux, des moments tristes ou même en temps de guerre ?
Comment la musique a-t-elle un impact différent en fonction de l’occasion à laquelle elle est jouée ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Choftim 4:4-5:31 (Achkénazim)
Choftim 5:1-31 (Séfardim)
Choftim 4:23-5:31 (Yéménites)
Le livre des juges (Choftim) raconte l’histoire de Dévora, une prophétesse et juge d’Israël, et Barak, un dirigeant militaire.
Dévora ordonne à Barak de lever une armée contre Yavin, le roi cananéen, et son commandant Sisera, qui a opprimé Israël avec 900 chariots de fer. Barak est d’accord mais insiste pour que Dévora l’accompagne. Ensemble, ils ont vaincu les forces de Sisera au mont Tavor, avec l’intervention divine lorsque la pluie tombe, rendant les chariots de Sisera inutiles, leurs roues prises dans la boue.
Sisera s’enfuit à pied et cherche refuge dans la tente de Yaël. Lorsqu’il s’endormit, Yaël tue Sisera en enfonçant un piquet de tente dans sa tempe, accomplissant la prophétie de Dévora selon laquelle la victoire d’Israël serait donnée par une femme.
Dévora et Barak chantent une chanson triomphante (Choftim 5) louant D.ieu pour la victoire, la bravoure de Yaël et la délivrance d’Israël après 20 ans d’oppression. Israël jouit ensuite de 40 ans de paix.
Points de réflexion
Quelles autres histoires bibliques comprennent des femmes endossant le rôle de personnages principaux qui amène des victoires ?
Pouvez-vous nommer d’autres femmes qui étaient prophètes ?
Connaissez-vous d’autres sections du Tanakh dans lesquelles le texte est disposé différemment de sa présentation classique ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La haftara de cette semaine est remplie de grandes histoires. En effet, il s’agit de la plus longue Haftara de l’année.
Le lien entre la paracha et la haftara est probablement l’un des plus évidents que l’on trouvera. Dans les deux textes, Israël souffre d’un dirigeant oppressif, et cela est devenu presque impossible à supporter. À ce point bas, Hachem envoie un sauveur qui défait le régime oppressif. Après la défaite respective des égyptiens (et Paro), et la défaite de Yavin (et Sisera), Moché et Dévora chantent tous les deux des chansons de louange.
Rabbi Sacks a écrit : “Notre génération a besoin de nouvelles chansons afin que nous puissions également chanter joyeusement à D.ieu comme nos ancêtres l’ont fait à ce moment de transfiguration lorsqu’ils ont traversé la mer Rouge et émergé de l’autre côté enfin libres. Lorsque l’âme chante, l’esprit s’élève.”
Il y a cependant une différence importante entre les deux chansons ici. La chanson de Moché repose principalement sur l’avenir, alors que Dévora regarda en arrière. Moché chante avant le don de la Torah, alors que Dévora se rappelle de ce moment, le plus important de l'histoire juive. En tant que juifs, nous nous tournons vers le passé pour l’inspiration et vers l’avenir pour l’espoir.
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Juges
Le livre des juges (Choftim) relate une période turbulente entre la conquête de Canaan par Yéhochoua et l’établissement de la monarchie en Israël. Il décrit un schéma cyclique du comportement d’Israël : le peuple abandonne D.ieu pour l’idolâtrie, puis souffre de l’oppression par des nations environnantes, ce qui les poussent à crier pour la délivrance, entraînant un sauvetage par des dirigeants appelés “juges”, que D.ieu élève pour les délivrer.
Les juges dont on parle incluent des dirigeants militaires et des prophètes comme Dévora, Gidéon et Chimchon. Chaque juge aide Israël pendant une période (bien que Dévora soit la seule à être juge en plus d’être dirigeante) mais après chaque interlude de paix, le peuple retourne constamment au péché après la mort du dirigeant.
Ce cycle souligne les conséquences de la désobéissance de l'alliance de D.ieu et le chaos d’une société sans dirigeant, résumée par le refrain souvent répété : “En ces jours, il n’y avait pas de roi qui régnait sur Israël ; chacun faisait ce qui lui semblait bon à ses yeux.” À travers ces histoires, le livre de Choftim souligne le besoin d’un dirigeant et d’une dépendance fidèle à D.ieu, prédisant le retour éventuel d’Israël à la monarchie.
Citation de la semaine
“Yokheved, Myriam, Chifra, Pouah, Tsipora et Batia étaient des dirigeantes non pas en raison d’un quelconque poste qu’elles occupaient (dans le cas de Batia, elle était une dirigeante malgré son titre officiel de princesse d’Égypte). Elles étaient des dirigeantes car elles possédaient courage et conscience.”
Réflexions supplémentaires
Comment démontrez-vous des qualités de leadership même si vous êtes vous-même dans un poste de pouvoir ou de leadership ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
La musique, le langage de l’âme
Édition Familiale
Béchala'h
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Béchala'h
La musique, le langage de l’âme
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Pour la première fois depuis leur départ d’Égypte, les israélites font quelque chose ensemble. Ils chantent. Rachi dit que la Chékhina reposa sur eux et miraculeusement, les mêmes mots surgirent dans leurs esprits en même temps. C’est pour cela que cette semaine s’appelle Chabbat Chira, le Chabbat du cantique. Quelle est la place du chant dans le judaïsme ?
Il existe une connexion innée entre la musique et l’esprit. Lorsque le langage aspire à transcender et que l'âme cherche à se détacher de l’attraction gravitationnelle de la terre, elle se module en chanson. Par conséquent, lorsque nous cherchons à exprimer ou à évoquer l'émotion, nous nous tournons vers la mélodie. Devorah (voir notre section sur la haftara) chanta après la victoire d'Israël sur les forces de Siséra (Juges 5). Hannah chanta lorsqu’elle eut un enfant. Lorsque Saül était déprimé, David jouait de la musique pour lui et son humeur était revigorée. Elisha a appelé un harpiste à jouer pour que l’esprit prophétique demeure sur lui . Les Léviim chantaient dans le Temple. Chaque jour, dans le judaïsme, nous commençons nos prières du matin avec les Psuké Dézimra, les “versets de chant” avec leur magnifique crescendo, le Psaume 150, dans lequel les instruments et la voix humaine sont combinés pour chanter les louanges de D.ieu.
Les mystiques vont plus loin et parlent de la chanson de l’univers, ce que Pythagore a appelé “la musique des sphères”. C’est ce que le Psaume 19 signifie lorsqu’il dit, “Les cieux racontent la gloire de D.ieu…sur toute la terre [pourtant] s’étend leur harmonie, et leurs accents vont jusqu’aux confins du monde.”
En-dessous du silence, audible seulement par l’oreille interne, la création chante à son Créateur. Ainsi, lorsque nous prions, nous ne lisons pas : nous chantons. Lorsque nous nous engageons dans des textes sacrés, nous ne récitons pas : nous chantons. Chaque texte et chaque moment a sa propre mélodie dans le judaïsme. Il existe différents airs et différentes humeurs pour les prières de la semaine, le Chabbat, les chalom régalim - Pessa’h, Chavouot et Soukkot (qui ont beaucoup en commun mais qui ont également des airs distinctifs) - et pour les Yamim Noraim, Roch Hachana et Yom Kippour. Il existe différents airs pour les différents textes. Il existe un type de cantillation pour la Torah, un autre pour la Haftara des livres prophétiques, et un autre pour les Ketouvim, les écrits, en particulier pour les cinq Méguilot. Il existe une mélodie particulière pour l’étude des textes de la Torah orale, pour l’étude de la Michna et de la Guémara. Ainsi, à l’aide de la musique à elle seule, nous pouvons savoir de quel genre de jour il s’agit et quel genre de texte est utilisé. Il existe une carte des paroles saintes et elle est écrite dans les mélodies et les chansons.
La foi ressemble plus à la musique qu'à la science. La science analyse, la musique intègre. Et alors que la musique lie une note à l’autre, la foi lie un épisode à l’autre, la vie à la vie, l’âge à l’âge dans une mélodie intemporelle qui s’étend dans le temps. D.ieu est le compositeur et le librettiste. Nous sommes tous appelés à être des voix dans la chorale, des chanteurs dans le cantique de D.ieu. La foi nous apprend à écouter la musique en-dessous du bruit.
La musique est donc un signe de transcendance.
Le philosophe et musicien Roger Scruton écrit que c’est “une rencontre avec le sujet pur, libéré du monde matériel, et agissant uniquement en obéissant aux lois de la liberté.” Il cite Rilke: “Les mots se déplacent encore doucement vers l’indicible / et la musique, toujours nouvelles, à partir de pierres palpitantes / construit dans l’espace inutilisé son foyer divin.”
L’histoire de l’esprit juif est écrite dans ses chansons. Les paroles ne changent pas, mais chaque génération a besoin de ses propres mélodies. Notre génération a besoin de nouvelles chansons que nous pouvons également chanter joyeusement à D.ieu tels que nos ancêtres l’ont fait à ce moment de transfiguration, lorsqu’ils traversèrent la mer Rouge et en ont émergé, de l’autre côté, enfin libres. Lorsque l’âme chante, l’esprit s’envole.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Les Bné Israël quittent l’Égypte mais Paro change d’avis et les pourchasse. Coincés entre l’armée de Paro et la mer Rouge, les Bné Israël crient de peur. La mer se sépare miraculeusement, créant un chemin sec pour que les israélites puissent traverser. Une fois qu’ils ont traversé en sécurité, la mer se referme, noyant les armées égyptiennes. En guise de réponse, Moché et les israélites entonnent un cantique de louange et de gratitude envers D.ieu.
Leur périple dans le midbar est difficile. Amalek attaque les Bné Israël, et les Bné Israël en sortent vainqueurs. Puis le peuple souffre de faim et de soif. D.ieu envoie donc la manne pour manger et de l’eau pour boire.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks écrit : “La musique a un pouvoir extraordinaire d’évocation d’émotion. La prière du Kol Nidré avec laquelle Yom Kippour commence n’est en réalité pas tellement une prière. Il s’agit d’une formule légale, sèche, pour l’annulation des vœux. Il ne fait aucun doute que sa mélodie ancienne et envoûtante lui a conféré son emprise sur l’imaginaire juif. Il est difficile d’entendre ces notes et de ne pas sentir que vous êtes en présence de D.ieu au jour du jugement, vous tenant en compagnie de Juifs de tous lieux et de toutes époques, tandis qu’ils implorent le Ciel pour le pardon.”
“Nous ne pouvons pas non plus nous asseoir à Ticha Béav en lisant Eikha, le livre des Lamentations, avec sa cantillation unique, et de ne pas sentir les larmes des Juifs couler à travers les époques, alors qu’ils souffraient et pleuraient en se remémorant ce qu’ils avaient perdu, la douleur aussi vive que le jour où le Temple fut détruit. Des mots sans musique sont comme un corps sans âme.”
La musique peut briser l’isolation, le traumatisme voire même une perte de mémoire sévère, reliant les gens à travers le temps et les circonstances. Les mélodies intègrent des moments et des expériences individuels en un tout cohérent, tout comme la foi offre une continuité et un sens à travers les générations. Lorsque les paroles engagent l’esprit, la musique ouvre la voie à la compréhension spirituelle.
Considérez une prière ou une chanson de nos téfillot qui éveillent des émotions fortes en vous. Qu’est-ce qui vous fait ressentir cela ?
Activité sur la paracha
Mélange de mélodies
Prenez une prière familière comme Adon Olam ou Shir Hama’alot. Ensuite, les joueurs essaient de la chanter avec des mélodies différentes. Commencez par la mélodie traditionnelle, puis soyez créatifs : essayez des chansons populaires, des thèmes de films, des jingles ou des airs familiaux. L’amusement est de découvrir combien de chansons inattendues concordent avec les mots en hébreu. Allez-y à tour de rôle et rappelez-vous : vous devez chanter pour prouver que ça marche !
Une mélodie peut-elle changer le sens de la téfilla ?
Une histoire pour tous les âges
Regarder et apprendre
La guitare de Sarah se tenait au coin d’un appartement de Tel Aviv, ramassant de la poussière sous un petit rayon de soleil de l’après-midi. Il s’y tint ainsi pendant 6 ans, ses cordes intouchées, attendant “un jour peut-être”, qui n’est jamais arrivé. Elle ne pouvait pas la donner, bien que personne n’y ait touché.
Un matin, alors qu’elle était sur son téléphone, elle vit un post qui l’interpella : “À la recherche de guitares pour les soldats dans le nord.” Il y avait une photo de soldats de l’armée israélienne en pause, l’un faisant semblant de jouer avec une guitare invisible alors que les autres riaient. Le post mentionna Tal, qui avait l’habitude de diriger son unité avec des chansons mais avait laissé sa guitare à Beer Sheva, lorsqu’il fut appelé de manière urgente pour son service militaire de réserve.
Sarah regarda sa guitare dans le coin, voyant toutes ses séances futures imaginées se dissoudre en quelque chose plus riche de sens : un groupe de soldats fatigués qui trouvaient des moments de paix et de mélodie.
Cette soirée-là, elle accorda les cordes de sa guitare pour qu’elle sonne bien. Puis elle nettoya le boîtier poussiéreux et ajouta une note : “Ma guitare a été mise de côté pendant trop longtemps. Jouez-en bien, et que sa musique apporte de la lumière dans les moments sombres.”
Deux semaines plus tard, elle reçut une photo : Tal, entouré de son unité, sa guitare dans ses bras et chantant. Dans la photo, vous ne pouviez pas voir la guerre, uniquement des sourires. Le message disait : “Votre guitare a retrouvé sa voix. Merci.”
La guitare qui était restée silencieuse pendant si longtemps chantait maintenant chaque nuit, sa musique traversait le Golan et s'unissait aux voix des soldats alors qu’ils chantaient des chansons de remerciements, et de foi en D.ieu et Israël.
Quel rôle la musique peut-elle jouer lors des moments heureux, des moments tristes ou même en temps de guerre ?
Comment la musique a-t-elle un impact différent en fonction de l’occasion à laquelle elle est jouée ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Choftim 4:4-5:31 (Achkénazim)
Choftim 5:1-31 (Séfardim)
Choftim 4:23-5:31 (Yéménites)
Le livre des juges (Choftim) raconte l’histoire de Dévora, une prophétesse et juge d’Israël, et Barak, un dirigeant militaire.
Dévora ordonne à Barak de lever une armée contre Yavin, le roi cananéen, et son commandant Sisera, qui a opprimé Israël avec 900 chariots de fer. Barak est d’accord mais insiste pour que Dévora l’accompagne. Ensemble, ils ont vaincu les forces de Sisera au mont Tavor, avec l’intervention divine lorsque la pluie tombe, rendant les chariots de Sisera inutiles, leurs roues prises dans la boue.
Sisera s’enfuit à pied et cherche refuge dans la tente de Yaël. Lorsqu’il s’endormit, Yaël tue Sisera en enfonçant un piquet de tente dans sa tempe, accomplissant la prophétie de Dévora selon laquelle la victoire d’Israël serait donnée par une femme.
Dévora et Barak chantent une chanson triomphante (Choftim 5) louant D.ieu pour la victoire, la bravoure de Yaël et la délivrance d’Israël après 20 ans d’oppression. Israël jouit ensuite de 40 ans de paix.
Points de réflexion
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La haftara de cette semaine est remplie de grandes histoires. En effet, il s’agit de la plus longue Haftara de l’année.
Le lien entre la paracha et la haftara est probablement l’un des plus évidents que l’on trouvera. Dans les deux textes, Israël souffre d’un dirigeant oppressif, et cela est devenu presque impossible à supporter. À ce point bas, Hachem envoie un sauveur qui défait le régime oppressif. Après la défaite respective des égyptiens (et Paro), et la défaite de Yavin (et Sisera), Moché et Dévora chantent tous les deux des chansons de louange.
Rabbi Sacks a écrit : “Notre génération a besoin de nouvelles chansons afin que nous puissions également chanter joyeusement à D.ieu comme nos ancêtres l’ont fait à ce moment de transfiguration lorsqu’ils ont traversé la mer Rouge et émergé de l’autre côté enfin libres. Lorsque l’âme chante, l’esprit s’élève.”
Il y a cependant une différence importante entre les deux chansons ici. La chanson de Moché repose principalement sur l’avenir, alors que Dévora regarda en arrière. Moché chante avant le don de la Torah, alors que Dévora se rappelle de ce moment, le plus important de l'histoire juive. En tant que juifs, nous nous tournons vers le passé pour l’inspiration et vers l’avenir pour l’espoir.
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Juges
Le livre des juges (Choftim) relate une période turbulente entre la conquête de Canaan par Yéhochoua et l’établissement de la monarchie en Israël. Il décrit un schéma cyclique du comportement d’Israël : le peuple abandonne D.ieu pour l’idolâtrie, puis souffre de l’oppression par des nations environnantes, ce qui les poussent à crier pour la délivrance, entraînant un sauvetage par des dirigeants appelés “juges”, que D.ieu élève pour les délivrer.
Les juges dont on parle incluent des dirigeants militaires et des prophètes comme Dévora, Gidéon et Chimchon. Chaque juge aide Israël pendant une période (bien que Dévora soit la seule à être juge en plus d’être dirigeante) mais après chaque interlude de paix, le peuple retourne constamment au péché après la mort du dirigeant.
Ce cycle souligne les conséquences de la désobéissance de l'alliance de D.ieu et le chaos d’une société sans dirigeant, résumée par le refrain souvent répété : “En ces jours, il n’y avait pas de roi qui régnait sur Israël ; chacun faisait ce qui lui semblait bon à ses yeux.” À travers ces histoires, le livre de Choftim souligne le besoin d’un dirigeant et d’une dépendance fidèle à D.ieu, prédisant le retour éventuel d’Israël à la monarchie.
Citation de la semaine
“Yokheved, Myriam, Chifra, Pouah, Tsipora et Batia étaient des dirigeantes non pas en raison d’un quelconque poste qu’elles occupaient (dans le cas de Batia, elle était une dirigeante malgré son titre officiel de princesse d’Égypte). Elles étaient des dirigeantes car elles possédaient courage et conscience.”
Réflexions supplémentaires
Comment démontrez-vous des qualités de leadership même si vous êtes vous-même dans un poste de pouvoir ou de leadership ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
La nécessité de poser des questions
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