● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Un Cohen doit faire tout ce qu’il peut pour éviter de devenir tamé (impur, ou rituellement souillé). Il ne peut pas toucher un cadavre ni se trouver sous le toit d’un mort. Il doit rester à l’écart de tout contact rapproché avec un défunt (à l’exception d’un parent proche, défini dans notre paracha comme sa femme, un parent, un enfant, un frère ou une sœur non mariée). La loi pour le Cohen Gadol est encore plus stricte. Il ne peut pas se rendre rituellement impur, même pour un proche parent, bien que lui comme un prêtre ordinaire puissent le faire pour un Met mitsva, c’est-à-dire une personne défunte n’ayant personne pour s’occuper de son enterrement. Dans un tel cas, l’exigence fondamentale de dignité humaine l’emporte sur l’impératif sacerdotal de pureté.
De nombreuses lois comme celle-ci, notamment le rituel de la vache rousse, utilisé pour purifier ceux qui ont été en contact avec un mort – sont difficiles à comprendre. C’est déconcertant. La mort souille. Mais la naissance également. Puis vient l’exclusion, dans notre paracha, du service dans le Sanctuaire d’un Cohen présentant un défaut physique – quelqu’un d’aveugle ou boiteux, ayant un nez difforme ou un membre souffrant d’une malformation, une bosse ou une forme de nanisme (Lév. 21:16-21). Pourquoi donc ? Une telle exclusion semble aller à l’encontre du principe “L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère : l’homme regarde à l’apparence extérieure, mais l’Éternel regarde au cœur.” Pourquoi l’apparence extérieure devrait-elle affecter la capacité de servir ou non comme prêtre dans la maison de D.ieu ?
D’abord, il faut appréhender le concept du sacré. D.ieu est au-delà de l’espace et du temps ; cependant, Il a créé l’espace et le temps ainsi que les entités physiques qui les occupent. Durant le processus de Création, D.ieu a limité Ses propres capacités infinies pour créer le monde physique, puis Il a ensuite établi le saint comme le point ou l’Éternité pénètrent le temps et l’Infini pénètre l’espace. Le temps sacré est le Chabbat. L’espace sacré était le Tabernacle, et plus tard, le Temple.
L’éternité de D.ieu contraste de manière absolue avec notre mortalité. Tout ce qui vit mourra un jour. Tout ce qui est physique finira par s’éroder et disparaître. Même le soleil, et l’univers lui-même, s’éteindront un jour. D’où la délicatesse et le danger extrêmes du Tabernacle ou du Temple, ce point où Ce-qui-est-au-delà-du-temps-et-de-l’espace entre dans le temps et l’espace. Comme la matière et l’antimatière, la combinaison du spirituel pur et du physique manifeste est explosive et doit être protégée. Tout comme une expérience scientifique hautement sensible doit être conduite sans la moindre contamination, l’espace sacré devait être préservé de toute condition évoquant la mortalité.
La mort évoque la mortalité, mais il en va de même pour la naissance, et la tsara’at nous fait prendre fortement conscience du corps. Il en va de même pour une caractéristique physique inhabituelle comme un membre difforme. Même une moisissure sur un vêtement ou un mur est un symptôme de décomposition physique. Il n’y a rien de moralement répréhensible dans ces choses, mais elles attirent notre attention sur le physique et sont donc incompatibles avec l’espace sacré du Tabernacle, consacré à la présence du non-physique, à l’Infini éternel qui ne meurt ni ne se décompose.
Touma ne signifie pas souillure, mais désigne plutôt ce qui détourne de l’éternité et de l’infini, en nous rendant douloureusement conscients de la mortalité, du fait que nous sommes des êtres physiques dans un monde physique. Ce que le Tabernacle représentait dans l’espace, et le Chabbat dans le temps, était profondément radical. Mais la sainteté doit être soigneusement isolée. D’où la rigueur des lois du Chabbat d’une part, du Temple et de sa prêtrise d’autre part. Le sacré est le point où le ciel et la terre se rencontrent ; où, par une concentration intense et une absence totale de préoccupations terrestres, nous ouvrons l’espace et le temps à la perception de la présence de D.ieu, qui est au-delà de l’espace et du temps. C’est une intuition d’éternité au cœur même de la vie, qui nous permet, dans nos moments les plus saints, de nous sentir faire pleinement partie de quelque chose qui ne meurt pas. Le sacré est l’espace dans lequel nous rachetons notre existence de la contingence pure et simple, et où nous savons que nous sommes portés dans les « bras éternels » de D.ieu.
Autour de la table de Chabbat
Comment créer des « espaces sacrés » dans nos foyers et nos vies, où nous pouvons nous concentrer sur ce qui compte le plus ?
Comment honorer à la fois les besoins physiques et les aspirations spirituelles dans la vie familiale ?
Quel lieu ou quel moment vous fait vous sentir le plus proche de D.ieu ? Qu’est-ce qui compte le plus ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Émor expose des lois particulières pour les Cohanim et le service du Temple. Les prêtres doivent maintenir une pureté rituelle, en évitant tout contact avec des cadavres sauf pour les proches parents, et ils ont aussi des restrictions liées au mariage. La paracha détaille ensuite les journées et dates sacrées : le Chabbat et les fêtes juives ; Pessa'h ; le compte du 'Omer, Chavouot ; Roch Hachana ; Yom Kippour ; Souccot ; et Chemini Atséret. Les instructions pour le Temple englobent l’allumage de la Ménora et la disposition des pains de proposition. La section se termine avec les conséquences des fautes graves – blasphème, peine de mort pour meurtre, et indemnisation financière pour blessures infligées à autrui ou dommages matériels.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Les lois de touma sont difficiles à comprendre de manière logique. Rabbi Yo'hanan ben Zakaï est connu pour avoir dit à ses élèves : « Ce n’est pas la mort qui rend impur, ni les eaux [de la vache rousse] qui purifient. D.ieu a dit : ‘J’ai promulgué une loi et émis un décret, et vous n’avez pas la permission de le transgresser’. » Il semble enseigner que ces règles n’ont pas de logique compréhensible. Ce sont simplement des commandements divins.
Mais ces lois ont une logique émotionnelle : nous sommes humains, et ce qui nous empêche de nous connecter à D.ieu n’est pas une faute morale, mais simplement la conscience de notre nature physique.
Face à la naissance, la mort, la maladie ou les différences corporelles, nous devenons extrêmement conscients de notre mortalité. Cette conscience interrompt naturellement notre concentration spirituelle. Le Temple et le Chabbat créaient des espaces spéciaux dans lesquels D.ieu pouvait entrer dans notre monde, soigneusement protégés de ces rappels de notre existence temporaire. À travers ces îlots sacrés dans le temps et l’espace, nous nous élevons brièvement au-dessus de nos limites physiques en créant des environnements protégés où notre esprit peut s’orienter vers l’Éternel, tout en vivant dans notre réalité mortelle.
Pouvons-nous créer nos propres « îlots sacrés » dans le monde trépidant d’aujourd’hui ?
Activité sur la paracha
Espace sacré
Ce jeu transforme des moments ordinaires en opportunités de connexion. Réglez un minuteur pendant trois minutes, au cours desquelles les membres de la famille se dispersent pour créer des sanctuaires personnels à l’aide de trois objets uniquement. En parcourant chaque espace en silence réfléchi, chacun tente d’interpréter ce qui rend chaque endroit distinct avant que les créateurs ne révèlent leurs intentions !
Comment pouvons-nous faire entrer D.ieu dans notre quotidien en un temps réduit ?
Une histoire pour tous les âges
Île et tempête
Il était une fois une navigatrice nommée Maya qui adorait explorer l’immensité de l’océan. Un matin, lors d’une terrible tempête, son petit bateau fut ballotté de vague en vague, risquant à tout moment de chavirer. Lorsque la tempête se calma, le bateau finit par s’écraser contre des rochers près d’une minuscule île inhabitée. Maya réussit à rassembler un petit sac d’affaires – et son courage – puis nagea jusqu’au rivage en toute sécurité.
Ce premier jour sur l’île, Maya avait peur et se sentait très seule. Bien que l’île regorgeât d’arbres et d’eau douce, ce n’était pas chez elle. Sa famille et les conforts familiers de sa vie lui manquaient.
« Je vais devoir peut-être rester ici un moment », pensa Maya, et cette idée l'effrayait. Mais elle prit alors une profonde inspiration et pensa : « Quel que soit l’endroit où je me trouve, je peux toujours tirer le meilleur parti de la situation. »
Jour après jour, Maya transforma sa situation. Elle explora l’île, trouva des fruits frais et de grandes feuilles douces pouvant servir de couvertures. Elle utilisa des branches et d’autres feuilles pour construire un abri confortable. Puis elle ramassa des coquillages colorés pour décorer son nouveau foyer. Elle créa des outils avec ce qu’elle trouvait et planta même un petit potager où elle fit pousser des légumes à partir des graines de son sac.
Chaque soir, Maya s’asseyait sur un rocher spécial surplombant l’océan. Elle l’appelait son « point de réflexion » – un endroit où elle pouvait observer le coucher du soleil, réfléchir à sa journée, et se sentir connectée à quelque chose de plus grand qu’elle.
Lorsque l’équipe de secours retrouva enfin Maya plusieurs mois plus tard, elle fut émerveillée par le bel espace qu’elle avait créé. Durant la période la plus difficile de sa vie, Maya avait sculpté un lieu spécial qui lui appartenait vraiment – un rappel que nous avons toujours le pouvoir de créer du sens et de la beauté, quelles que soient les circonstances. Et lorsqu’elle rentra chez elle, elle se sentit plus forte, plus courageuse et plus connectée que jamais elle ne le fut.
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Ézéchiel 44:15-31
Dans la haftara de cette semaine, D.ieu distingue les Cohanim (prêtres) issus des fils de Tsadok pour servir dans le Michkan (Sanctuaire), car ils sont restés fidèles alors que d’autres se sont égarés.
Ces prêtres reçoivent des fonctions spécifiques : entrer dans le sanctuaire intérieur, s’approcher de la table de D.ieu et offrir les sacrifices. Des règlements stricts sont énoncés concernant leur comportement et leur apparence – ils doivent porter des vêtements de lin, garder les cheveux taillés, éviter le vin lorsqu’ils sont en service, et maintenir une pureté rituelle. De plus, seuls les hommes sans défaut physique peuvent servir dans le Michkan.
Leur style de vie et leur rôle dans la communauté sont également précisés. Ils doivent enseigner au peuple la différence entre le sacré et le profane, et servir de juges en cas de litiges. Les prêtres ne peuvent épouser que des vierges ou des veuves de Cohanim, et ils ne reçoivent pas de terre en héritage – D.ieu Lui-même est leur héritage. Ils ont droit à des offrandes spécifiques et aux prémices, afin d’être soutenus dans l’accomplissement de leur rôle sacré.
Ce passage met l’accent sur la pureté, la justice, et la responsabilité particulière des prêtres devant D.ieu.
Points de réflexion
Pourquoi pensez-vous que les Cohanim reçoivent des instructions aussi détaillées concernant leur apparence ?
Les Cohanim n’ont pas droit à une portion de terre en Israël. Dans quelle mesure D.ieu Lui-même peut-il être un héritage en remplacement d’une terre ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Les liens entre la paracha et la haftara sont évidents cette semaine. La paracha Émor commence par les lois relatives aux Cohanim (les prêtres) dans le Michkan (Sanctuaire), et notre haftara expose les lois qui s’appliqueront aux Cohanim dans le Temple définitif à Jérusalem dans le futur, à l’époque messianique.
En réalité, la paracha et la haftara contiennent une liste (presque) identique de proches parents pour lesquels un Cohen doit se rendre rituellement impur en étant en présence d’un corps.
Cependant, certaines différences existent concernant les lois du Cohen. Examinons-les :
Dans la paracha, seuls les Cohanim avec un défaut physique sont disqualifiés pour servir dans le Michkan. Dans la haftara, cela s’étend à tous les prêtres sauf ceux issus de Tsadok.
La paracha interdit aux Cohanim de se raser le crâne. Dans la haftara, les Cohanim doivent avoir une coiffure particulière.
La paracha autorise un prêtre ordinaire à épouser une veuve ; ce qui est interdit dans la haftara.
Pourquoi ces listes de règles et de restrictions sont-elles si abondantes dans la paracha et la haftara ? Peut-être que l’hypothèse du Rav Sacks offre un éclairage. Il écrit : « Elles concernent toutes l’ordre, les limites, les frontières. Elles nous enseignent que la réalité a une structure dont l’intégrité doit être respectée. »
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Ézékiel
Il est utile de réfléchir à Tsadok, car il joue un rôle important dans notre haftara. Tsadok et ses descendants sont présentés comme la lignée sacerdotale fidèle choisie par D.ieu pour servir dans le Temple idéalisé. Ils reçoivent un statut spécial, en contraste avec les autres Lévites qui se sont égarés. Mais qui était Tsadok ?
Tsadok était un prêtre descendant d’Éléazar, fils d’Aaron. Il est resté loyal au roi David lors de la révolte d’Absalon, et a soutenu l’accession au trône du roi Salomon. En récompense de sa fidélité, il fut nommé Cohen Gadol, remplaçant la lignée d’Éli (issue d’Itamar). Dans Ézéchiel 40–48, en particulier 44:15–31, les « fils de Tsadok » sont :
loués pour leur loyauté, car ils sont restés fidèles lorsque d’autres Lévites se sont tournés vers l’idolâtrie ;
dotés de privilèges sacerdotaux : eux seuls peuvent servir à l’autel, entrer dans le sanctuaire intérieur et offrir les sacrifices ;
tenus à des normes strictes : ils doivent suivre des règlements spécifiques en matière de pureté, de tenue, de mariage et d’enseignement.
Dans la vision d’Ézéchiel du Temple restauré, les fils de Tsadok représentent :
la fidélité à D.ieu ;
un sacerdoce purifié ;
une direction spirituelle ancrée dans l’alliance de loyauté.
Les rôles de Tsadok et de ses fils marquent une séparation nette entre la véritable et la fausse autorité religieuse, reflétant la préoccupation plus large d’Ézéchiel pour la sainteté et la restauration.
Citation de la semaine
« Le but de l’accent mis sur les éléments visuels du Michkan, et sur les habits somptueux de ceux qui y officiaient, était de créer une atmosphère de révérence car ils renvoyaient à une beauté et une splendeur au-delà d’eux-mêmes, à savoir D.ieu Lui-même. »
S’habiller pour impressioner, Tetzavé, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Si vous lanciez une nouvelle entreprise, trouveriez-vous normal d’exiger de vos employés un certain type d’habillement ou de coiffure ? Pourquoi ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
L’éternité et la mortalité
Édition Familiale
Émor
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Émor
L’éternité et la mortalité
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Un Cohen doit faire tout ce qu’il peut pour éviter de devenir tamé (impur, ou rituellement souillé). Il ne peut pas toucher un cadavre ni se trouver sous le toit d’un mort. Il doit rester à l’écart de tout contact rapproché avec un défunt (à l’exception d’un parent proche, défini dans notre paracha comme sa femme, un parent, un enfant, un frère ou une sœur non mariée). La loi pour le Cohen Gadol est encore plus stricte. Il ne peut pas se rendre rituellement impur, même pour un proche parent, bien que lui comme un prêtre ordinaire puissent le faire pour un Met mitsva, c’est-à-dire une personne défunte n’ayant personne pour s’occuper de son enterrement. Dans un tel cas, l’exigence fondamentale de dignité humaine l’emporte sur l’impératif sacerdotal de pureté.
De nombreuses lois comme celle-ci, notamment le rituel de la vache rousse, utilisé pour purifier ceux qui ont été en contact avec un mort – sont difficiles à comprendre. C’est déconcertant. La mort souille. Mais la naissance également. Puis vient l’exclusion, dans notre paracha, du service dans le Sanctuaire d’un Cohen présentant un défaut physique – quelqu’un d’aveugle ou boiteux, ayant un nez difforme ou un membre souffrant d’une malformation, une bosse ou une forme de nanisme (Lév. 21:16-21). Pourquoi donc ? Une telle exclusion semble aller à l’encontre du principe “L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère : l’homme regarde à l’apparence extérieure, mais l’Éternel regarde au cœur.” Pourquoi l’apparence extérieure devrait-elle affecter la capacité de servir ou non comme prêtre dans la maison de D.ieu ?
D’abord, il faut appréhender le concept du sacré. D.ieu est au-delà de l’espace et du temps ; cependant, Il a créé l’espace et le temps ainsi que les entités physiques qui les occupent. Durant le processus de Création, D.ieu a limité Ses propres capacités infinies pour créer le monde physique, puis Il a ensuite établi le saint comme le point ou l’Éternité pénètrent le temps et l’Infini pénètre l’espace. Le temps sacré est le Chabbat. L’espace sacré était le Tabernacle, et plus tard, le Temple.
L’éternité de D.ieu contraste de manière absolue avec notre mortalité. Tout ce qui vit mourra un jour. Tout ce qui est physique finira par s’éroder et disparaître. Même le soleil, et l’univers lui-même, s’éteindront un jour. D’où la délicatesse et le danger extrêmes du Tabernacle ou du Temple, ce point où Ce-qui-est-au-delà-du-temps-et-de-l’espace entre dans le temps et l’espace. Comme la matière et l’antimatière, la combinaison du spirituel pur et du physique manifeste est explosive et doit être protégée. Tout comme une expérience scientifique hautement sensible doit être conduite sans la moindre contamination, l’espace sacré devait être préservé de toute condition évoquant la mortalité.
La mort évoque la mortalité, mais il en va de même pour la naissance, et la tsara’at nous fait prendre fortement conscience du corps. Il en va de même pour une caractéristique physique inhabituelle comme un membre difforme. Même une moisissure sur un vêtement ou un mur est un symptôme de décomposition physique. Il n’y a rien de moralement répréhensible dans ces choses, mais elles attirent notre attention sur le physique et sont donc incompatibles avec l’espace sacré du Tabernacle, consacré à la présence du non-physique, à l’Infini éternel qui ne meurt ni ne se décompose.
Touma ne signifie pas souillure, mais désigne plutôt ce qui détourne de l’éternité et de l’infini, en nous rendant douloureusement conscients de la mortalité, du fait que nous sommes des êtres physiques dans un monde physique. Ce que le Tabernacle représentait dans l’espace, et le Chabbat dans le temps, était profondément radical. Mais la sainteté doit être soigneusement isolée. D’où la rigueur des lois du Chabbat d’une part, du Temple et de sa prêtrise d’autre part. Le sacré est le point où le ciel et la terre se rencontrent ; où, par une concentration intense et une absence totale de préoccupations terrestres, nous ouvrons l’espace et le temps à la perception de la présence de D.ieu, qui est au-delà de l’espace et du temps. C’est une intuition d’éternité au cœur même de la vie, qui nous permet, dans nos moments les plus saints, de nous sentir faire pleinement partie de quelque chose qui ne meurt pas. Le sacré est l’espace dans lequel nous rachetons notre existence de la contingence pure et simple, et où nous savons que nous sommes portés dans les « bras éternels » de D.ieu.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Émor expose des lois particulières pour les Cohanim et le service du Temple. Les prêtres doivent maintenir une pureté rituelle, en évitant tout contact avec des cadavres sauf pour les proches parents, et ils ont aussi des restrictions liées au mariage. La paracha détaille ensuite les journées et dates sacrées : le Chabbat et les fêtes juives ; Pessa'h ; le compte du 'Omer, Chavouot ; Roch Hachana ; Yom Kippour ; Souccot ; et Chemini Atséret. Les instructions pour le Temple englobent l’allumage de la Ménora et la disposition des pains de proposition. La section se termine avec les conséquences des fautes graves – blasphème, peine de mort pour meurtre, et indemnisation financière pour blessures infligées à autrui ou dommages matériels.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Les lois de touma sont difficiles à comprendre de manière logique. Rabbi Yo'hanan ben Zakaï est connu pour avoir dit à ses élèves : « Ce n’est pas la mort qui rend impur, ni les eaux [de la vache rousse] qui purifient. D.ieu a dit : ‘J’ai promulgué une loi et émis un décret, et vous n’avez pas la permission de le transgresser’. » Il semble enseigner que ces règles n’ont pas de logique compréhensible. Ce sont simplement des commandements divins.
Mais ces lois ont une logique émotionnelle : nous sommes humains, et ce qui nous empêche de nous connecter à D.ieu n’est pas une faute morale, mais simplement la conscience de notre nature physique.
Face à la naissance, la mort, la maladie ou les différences corporelles, nous devenons extrêmement conscients de notre mortalité. Cette conscience interrompt naturellement notre concentration spirituelle. Le Temple et le Chabbat créaient des espaces spéciaux dans lesquels D.ieu pouvait entrer dans notre monde, soigneusement protégés de ces rappels de notre existence temporaire. À travers ces îlots sacrés dans le temps et l’espace, nous nous élevons brièvement au-dessus de nos limites physiques en créant des environnements protégés où notre esprit peut s’orienter vers l’Éternel, tout en vivant dans notre réalité mortelle.
Pouvons-nous créer nos propres « îlots sacrés » dans le monde trépidant d’aujourd’hui ?
Activité sur la paracha
Espace sacré
Ce jeu transforme des moments ordinaires en opportunités de connexion. Réglez un minuteur pendant trois minutes, au cours desquelles les membres de la famille se dispersent pour créer des sanctuaires personnels à l’aide de trois objets uniquement.
En parcourant chaque espace en silence réfléchi, chacun tente d’interpréter ce qui rend chaque endroit distinct avant que les créateurs ne révèlent leurs intentions !
Comment pouvons-nous faire entrer D.ieu dans notre quotidien en un temps réduit ?
Une histoire pour tous les âges
Île et tempête
Il était une fois une navigatrice nommée Maya qui adorait explorer l’immensité de l’océan. Un matin, lors d’une terrible tempête, son petit bateau fut ballotté de vague en vague, risquant à tout moment de chavirer. Lorsque la tempête se calma, le bateau finit par s’écraser contre des rochers près d’une minuscule île inhabitée. Maya réussit à rassembler un petit sac d’affaires – et son courage – puis nagea jusqu’au rivage en toute sécurité.
Ce premier jour sur l’île, Maya avait peur et se sentait très seule. Bien que l’île regorgeât d’arbres et d’eau douce, ce n’était pas chez elle. Sa famille et les conforts familiers de sa vie lui manquaient.
« Je vais devoir peut-être rester ici un moment », pensa Maya, et cette idée l'effrayait. Mais elle prit alors une profonde inspiration et pensa : « Quel que soit l’endroit où je me trouve, je peux toujours tirer le meilleur parti de la situation. »
Jour après jour, Maya transforma sa situation. Elle explora l’île, trouva des fruits frais et de grandes feuilles douces pouvant servir de couvertures. Elle utilisa des branches et d’autres feuilles pour construire un abri confortable. Puis elle ramassa des coquillages colorés pour décorer son nouveau foyer. Elle créa des outils avec ce qu’elle trouvait et planta même un petit potager où elle fit pousser des légumes à partir des graines de son sac.
Chaque soir, Maya s’asseyait sur un rocher spécial surplombant l’océan. Elle l’appelait son « point de réflexion » – un endroit où elle pouvait observer le coucher du soleil, réfléchir à sa journée, et se sentir connectée à quelque chose de plus grand qu’elle.
Lorsque l’équipe de secours retrouva enfin Maya plusieurs mois plus tard, elle fut émerveillée par le bel espace qu’elle avait créé. Durant la période la plus difficile de sa vie, Maya avait sculpté un lieu spécial qui lui appartenait vraiment – un rappel que nous avons toujours le pouvoir de créer du sens et de la beauté, quelles que soient les circonstances. Et lorsqu’elle rentra chez elle, elle se sentit plus forte, plus courageuse et plus connectée que jamais elle ne le fut.
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Ézéchiel 44:15-31
Dans la haftara de cette semaine, D.ieu distingue les Cohanim (prêtres) issus des fils de Tsadok pour servir dans le Michkan (Sanctuaire), car ils sont restés fidèles alors que d’autres se sont égarés.
Ces prêtres reçoivent des fonctions spécifiques : entrer dans le sanctuaire intérieur, s’approcher de la table de D.ieu et offrir les sacrifices. Des règlements stricts sont énoncés concernant leur comportement et leur apparence – ils doivent porter des vêtements de lin, garder les cheveux taillés, éviter le vin lorsqu’ils sont en service, et maintenir une pureté rituelle. De plus, seuls les hommes sans défaut physique peuvent servir dans le Michkan.
Leur style de vie et leur rôle dans la communauté sont également précisés. Ils doivent enseigner au peuple la différence entre le sacré et le profane, et servir de juges en cas de litiges. Les prêtres ne peuvent épouser que des vierges ou des veuves de Cohanim, et ils ne reçoivent pas de terre en héritage – D.ieu Lui-même est leur héritage. Ils ont droit à des offrandes spécifiques et aux prémices, afin d’être soutenus dans l’accomplissement de leur rôle sacré.
Ce passage met l’accent sur la pureté, la justice, et la responsabilité particulière des prêtres devant D.ieu.
Points de réflexion
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Les liens entre la paracha et la haftara sont évidents cette semaine. La paracha Émor commence par les lois relatives aux Cohanim (les prêtres) dans le Michkan (Sanctuaire), et notre haftara expose les lois qui s’appliqueront aux Cohanim dans le Temple définitif à Jérusalem dans le futur, à l’époque messianique.
En réalité, la paracha et la haftara contiennent une liste (presque) identique de proches parents pour lesquels un Cohen doit se rendre rituellement impur en étant en présence d’un corps.
Cependant, certaines différences existent concernant les lois du Cohen. Examinons-les :
Pourquoi ces listes de règles et de restrictions sont-elles si abondantes dans la paracha et la haftara ? Peut-être que l’hypothèse du Rav Sacks offre un éclairage. Il écrit : « Elles concernent toutes l’ordre, les limites, les frontières. Elles nous enseignent que la réalité a une structure dont l’intégrité doit être respectée. »
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Ézékiel
Il est utile de réfléchir à Tsadok, car il joue un rôle important dans notre haftara. Tsadok et ses descendants sont présentés comme la lignée sacerdotale fidèle choisie par D.ieu pour servir dans le Temple idéalisé. Ils reçoivent un statut spécial, en contraste avec les autres Lévites qui se sont égarés. Mais qui était Tsadok ?
Tsadok était un prêtre descendant d’Éléazar, fils d’Aaron. Il est resté loyal au roi David lors de la révolte d’Absalon, et a soutenu l’accession au trône du roi Salomon. En récompense de sa fidélité, il fut nommé Cohen Gadol, remplaçant la lignée d’Éli (issue d’Itamar). Dans Ézéchiel 40–48, en particulier 44:15–31, les « fils de Tsadok » sont :
Dans la vision d’Ézéchiel du Temple restauré, les fils de Tsadok représentent :
Les rôles de Tsadok et de ses fils marquent une séparation nette entre la véritable et la fausse autorité religieuse, reflétant la préoccupation plus large d’Ézéchiel pour la sainteté et la restauration.
Citation de la semaine
« Le but de l’accent mis sur les éléments visuels du Michkan, et sur les habits somptueux de ceux qui y officiaient, était de créer une atmosphère de révérence car ils renvoyaient à une beauté et une splendeur au-delà d’eux-mêmes, à savoir D.ieu Lui-même. »
S’habiller pour impressioner, Tetzavé, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Si vous lanciez une nouvelle entreprise, trouveriez-vous normal d’exiger de vos employés un certain type d’habillement ou de coiffure ? Pourquoi ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
L’amour ne suffit pas
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