La coutume qui refusa de mourir
Édition Familiale

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Yitro

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Il est peu connu que le Chéma comportait quatre paragraphes. À l’époque, le premier paragraphe lu était les Asseret Hadibrot. Puis les Sages s’y opposèrent systématiquement. Pourquoi s’y opposaient-ils ? Le Talmud de Babylone et de Jérusalem expliquent tous deux que c’était à cause “des sectaires juifs” qui affirmaient que seuls les dix Commandements étaient contraignants, car seuls eux furent reçus par les israélites directement de D.ieu au mont Sinaï. Les autres lois furent reçues à travers Moché ; et cette secte dit qu’elles n’étaient donc pas contraignantes. Nos rabbins s’opposèrent à octroyer une importance spéciale aux dix Commandements. Ils les ont donc retirés du Sidour. Mais l’histoire ne se termine pas ici. 

Les dix Commandements étaient si spéciaux pour les Juifs qu’ils retrouvaient leur chemin. Rabbi Yosef Karo affirme que l’interdiction ne s’applique qu’à la récitation publique des dix Commandements au cours de l’office, et peuvent être donc récités de manière privée après la prière. C’est là où vous les trouvez dans la plupart des sidourim, immédiatement après Cha’harit.

Puisqu’on ne dit pas les dix Commandements durant la prière publique, ne devrions-nous pas leur donner d’honneur spécial lorsque nous les lisons de la Torah, que ce soit à Chavouot ou dans les semaines de la Parachat Yitro et Vaet’hanan ? Devrions-nous être debout lorsqu’ils sont lus ?

Le Rambam s’est retrouvé impliqué dans une controverse sur cette question. Quelqu’un lui écrit une lettre lui racontant l’histoire suivante. Il était membre d’une synagogue dans laquelle la coutume d’origine était de se lever durant la lecture des dix Commandements. Puis un rabbin arriva et trancha autrement, et la communauté obéit. Des années plus tard, un autre rabbin arriva, cette fois-ci d’une communauté dans laquelle il était coutume de se lever pour les dix Commandements. Le nouveau rabbin se leva et dit à la communauté de faire de même. Certains le firent, d’autres non, puisque leur rabbin précédent s’y opposait. Qui avait raison? Le Rambam n’avait aucun doute. C’est exactement la logique qui l’a rayé des prières quotidiennes qui devrait être appliquée à la lecture de la Torah. On ne devrait pas lui donner une importance trop spéciale. La communauté devrait demeurer assise. Telle fut la décision du Rambam. Cependant, parfois, même les grands rabbins éprouvent des difficultés à persuader les communautés de changer. Aujourd’hui comme à l’époque, la plupart des communautés, même celles du Rambam en Égypte, se tenaient debout lors de la lecture des dix Commandements.

Ainsi, les Juifs trouvaient des moyens d’octroyer une importance spéciale aux dix Commandements malgré les tentatives fortes des Sages, et même du Rambam, de bannir toute coutume allant dans ce sens. Ils l’ont rapportée dans la prière divine en la récitant de manière privée et en dehors du service obligatoire, et ils continuèrent de se tenir debout alors qu’elle était lue dans la Torah malgré le décret du Rambam qu’ils ne fallaient pas faire ainsi.

Les juifs ordinaires avaient une passion pour les dix Commandements. Ils représentaient l’essence distillée du judaïsme. Ils ont été entendus directement par le peuple de la bouche de D.ieu Lui-même. Ils représentaient la base de l’alliance contractée avec D.ieu au mont Sinaï, les appelant à être un royaume de prêtres et une nation sainte. C’est pour cela qu’ils étaient récités à l’origine juste avant le Chéma et pourquoi, malgré le fait qu’ils aient été retirés des prières, les Juifs continuaient à les réciter, car leur récitation constituait un renouvellement quotidien de l’alliance avec D.ieu. C’est pour cela que les Juifs insistèrent sur le fait d’être debout lorsqu’ils étaient lus dans la Torah, car lorsqu’ils furent donnés, les israélites “s'arrêtèrent au pied de la montagne”. 

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Autour de la table de Chabbat

  1. Comment l’expérience de recevoir ces lois en tant que groupe a-t-elle affecté les Bné Israël ?  
  2. Qu’a ressenti le peuple lorsqu’il entendit la voix de D.ieu ? Pourquoi cela a-t-il eu une impression si durable ?
  3. Qu’est-ce que le débat sur le Chéma nous révèle-t-il sur la relation entre la Torah écrite et la tradition orale ?

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Écrit par Sara Lamm

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Deux moments essentiels dans l’histoire juive ont lieu dans la parachat Yitro. D’abord, le beau-père de Moché, Yitro, lui recommande de nommer une équipe de dirigeants pour l’aider à partager le fardeau de travail. Deuxièmement, les Bné Israël se tiennent devant le Har Sinaï et deviennent une nation sainte. Cela se produit le 6 Sivan, sept semaines après Yetsiat Mitzraim lorsqu’ils reçoivent les dix Commandements. Tout le peuple est là pour entendre la voix de D.ieu, bien que la nature intense de cette révélation divine directe mène le peuple à demander que tout enseignement supplémentaire soit transmis par l’entremise de Moché.

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Philosophie de Rabbi Sacks

Au cœur de la tradition juive se trouve l’amour des dix Commandements, révélant de quelle façon les juifs ordinaires ont à maintes reprises trouvé des moyens d’honorer ces paroles divines malgré les restrictions rabbiniques. Faisant initialement partie des prières quotidiennes, ils furent retirés par les rabbins qui craignaient que les sectaires utiliseraient leur statut spécial pour affirmer qu’il s’agissait des seules lois contraignantes. Mais la connexion profonde du peuple juif envers ces commandements, les seules lois entendues directement de D.ieu au mont Sinaï, se révéla être plus forte que les décrets officiels. Ils continuaient à trouver des moyens créatifs de préserver leur place spéciale dans la téfila en les récitant de manière privée après les offices ou en se levant durant leur lecture dans la Torah.

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Les membres de la famille choisissent à tour de rôle un objet, cela peut être quelque chose de significatif comme un verre de Kiddouch ou quelque chose de très ordinaire comme un élastique. Chaque personne doit ensuite soit partager la vraie histoire familiale ou inventer une histoire familiale élaborée ou drôle sur cet objet. D’autres personnes peuvent ajouter des éléments au récit, le rendant encore plus divertissant.

Quelle tradition ou quel objet de votre vie aimeriez-vous le plus transmettre aux générations futures ?

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Une histoire pour tous les âges

Il y a de nombreuses années, en Roumanie, vivait un gentil homme du nom de Yaakov qui avait de beaux vergers et vignobles. Il éprouvait tant de gratitude pour ces bénédictions qu’il décida d’utiliser une partie de sa richesse pour écrire un rouleau de la Torah spécial. Il invita un scribe saint à vivre dans sa ferme pendant une année entière pour l’écrire parfaitement, lettre par lettre.

Mais des temps obscurs arrivèrent avec la Seconde Guerre mondiale. Le fils de Yaakov, Shaul, comprit qu’il devait protéger son précieux rouleau de Torah. Il l’enveloppa avec soin et l’enterra profondément dans le sol pour le préserver de ceux qui voulaient le détruire.

 Malheureusement, lorsque la guerre se termina, Shaul fut la seule personne de sa famille à avoir survécu. Mais il y avait un autre survivant, le rouleau de la Torah qu’il avait enterré. Shaul retourna à la maison et récupéra la Torah. Il fut consterné de constater que certaines de ses lettres s’étaient effacées suite à ce passage sous terre, mais il savait qu’il était toujours saint et spécial. Il l’enveloppa à nouveau et l’embrassa.

 Des années plus tard, Shaul et sa nouvelle famille eurent l’opportunité de fuir en Israël, mais ils ne pouvaient prendre que 7 kilos d’objets personnels. Comment pouvaient-ils décider quoi prendre ? Shaul et sa femme se séparèrent de la plupart de leurs biens ; ils n’emmenèrent que quelques vêtements et ce rouleau spécial de la Torah. En sécurité en Israël, ils recommencèrent leur vie à nouveau, presque de rien, et bien que pauvres, Shaul travailla dur pour que la Torah soit restaurée pour la Bar Mitsva de son fils.

 Aujourd’hui, ce rouleau de la Torah se trouve à un endroit d’honneur dans la maison de son petit-fils Rabbi Yaakov. Pourquoi ont-ils choisi d’investir autant dans ce rouleau ? Car cela nous enseigne quelque chose de magnifique : la Torah met l’accent sur la vie, pas uniquement sur le parchemin mais dans nos cœurs et nos actions, transmis de génération en génération.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

Dans Isaïe 6:1–7:6, nous lisons la description de la vision du prophète Isaïe (Yéchayahou) de D.ieu sur son trône saint, entouré de sérafim (des anges, décrits avec des détails) proclamant Sa sainteté. Isaïe se sent indigne, mais ensuite un séraf touche ses lèvres avec un charbon de l’autel, un symbole de purification. D.ieu appelle un messager, et Isaïe se porte volontaire, recevant une commission pour mettre Israël en garde du jugement à venir en raison de leur entêtement.

Dans Isaïe 7, le Roi Ahaz est confronté à des menaces de Retzin, roi d’Aram et Pekah, roi d’Israël. Isaïe lui assure que ces ennemis ne gagneront pas et implore d’avoir confiance en D.ieu.

Isaïe 9:5–6 prédit la naissance d’un enfant (probablement le fils d’Ahaz, Hizkiyahou) qui amènera la paix et établira un royaume éternel et juste. Cet enfant est décrit avec des titres comme “D.ieu puissant prévoit des merveilles”, Père éternel” et “Prince de la paix” indiquant une intervention divine et un espoir pour l’avenir d’Israël.

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  1. Comment la pratique juive permet des moments où nous devons être spirituels et d’autres où nous devons être plus profanes ?  
  2. Comment pouvons-nous voir l’objectif de D.ieu dans nos vies quotidiennes ? 
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Connexions du Tanakh

Au premier abord, il n’est pas évident de voir pourquoi la Haftara est composée de ce qui semble être 3 sections distinctes du livre d’Isaïe. La première section (chapitre 6) laisse Isaïe avec la tâche de faire le travail de D.ieu dans le monde.

La deuxième section (chapitre 7), il accomplit ce travail avec son conseil à Ahaz de rester ferme à l’égard de ses ennemis. Dans la section finale (chapitre 9), l’apogée est atteinte lorsque le message de D.ieu est transmis à tous, lorsque la justice sera atteinte dans le royaume du fils d’Achaz, Hizkiyahou.

 Suivant cette structure, les parties distinctes de la Haftara sont rassemblées en tant que vision miniature du plan de D.ieu, combinant les visions avec les éléments matériels.

 Nous pouvons voir une vision similaire dans la paracha de cette semaine. Dans la première section (Chémot 18), Yitro donne un conseil terre à terre à Moché sur la façon d’administrer la justice. La deuxième section (Chémot 19) comprend la préparation de la révélation au mont Sinaï et le don des dix Commandements. La dernière section (Chémot 20:21-23) revient au principe profane de la construction de l’autel.

  La paracha et la haftara nous disent toutes deux que ni un prophète individuel ni le peuple juif en tant qu’entité ne peut vivre à un niveau visionnaire élevé. À un certain point, ils doivent redescendre sur terre et s’impliquer dans le monde pour accomplir la mission de D.ieu.

Rabbi Sacks a encouragé cela lorsqu’il dit, “Pour la première fois dans l’histoire, nous pouvons accomplir le grand défi de D.ieu à Avraham, le grand défi de D.ieu à Isaïe.”

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Contexte pour les Prophètes

Rabbi Sacks établit des parallèles entre trois grands dirigeants que l’on retrouve dans le Tanakh, Moché, Yéchayahou et Yirmiyahou. Il écrit qu’il y avait trois caractéristiques qui en firent tous de grands dirigeants.

Le premier élément est qu’ils étaient tous des prophètes d’espoir. Même dans les moments les plus obscurs, ils furent capables de voir outre les nuages de désastre vers le ciel dégagé, et plus encore. Ils n’étaient pas optimistes. Il existe une différence entre l’optimisme et l’espoir. “L’optimiste est la croyance que les choses s’amélioreront. L’espoir est la croyance que si nous travaillons assez dur, nous pouvons améliorer les choses ensemble.”

La deuxième caractéristique qui différencia Moché, Yéchayahou, et Yirmiyahou est qu’ils ont transmis leur critique avec amour. Isaïe dit au nom de D.ieu probablement les paroles les plus aimantes jamais dites au peuple juif:

 “Bien que les montagnes soient secouées et les collines retirées, Mon amour indéfectible pour toi ne sera pas secoué, ni Mon alliance de paix retirée.”

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“Les grands dirigeants sont grands non seulement parce qu’ils se soucient de leur peuple - tout le monde le fait, sauf quelqu’un qui se déteste -, mais parce qu’ils se soucient de l’humanité.”

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Comment pouvons-nous élever les activités de tous les jours à un niveau spirituel ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.