Les miroirs de l’amour
Édition Familiale

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Vayakhel

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Cette semaine, la Torah met l’accent sur le rôle que les femmes ont joué dans la construction du Michkan. Le verset 22 “Vayavo-u ha-anashim al hanashim”, implique que les femmes sont venues faire leur don en premier, et les hommes ont immédiatement suivi. Mais nos commentateurs nous enseignent que les femmes ont refusé de contribuer au Veau d’or. Puisque le Michkan était une expiation du Veau d’or, les femmes n’avaient pas besoin d’y contribuer du tout. Ce furent les hommes qui avaient besoin d’expiation. Malgré cela, les femmes donnèrent, et elles le firent avant les hommes.

Puis il y a le verset énigmatique selon lequel Betsalel fabriqua la cuve en cuivre et son support de même au moyen des miroirs des femmes qui s'étaient attroupées [ha-tzove’ot] à l'entrée de la Tente d'assignation.

Rachi raconte l’histoire derrière ces miroirs. Lorsque les Égyptiens ont cherché à asservir, et également à mettre fin au peuple d’Israël, les hommes et les femmes, labouraient toute la journée. Ils dormirent là où ils travaillaient. L’intention était de détruire à la femme l’intimité et le désir sexuel pour que les Israélites n’aient plus d’enfants.

Les femmes prirent conscience de cela, et elles décidèrent de frustrer le plan de Pharaon. Elles utilisèrent des miroirs pour se faire belles devant leurs maris. Le résultat fut que les relations intimes recommencèrent. Ce n’est que grâce à cela qu’il y avait une nouvelle génération d’enfants juifs. Grâce à leur foi, courage et ingéniosité, les femmes ont assuré la survie du peuple juif.

Le Midrach continue en disant que lorsque Moïse a ordonné aux Israélites d’apporter des offrandes pour faire le Tabernacle, certains ont apporté de l’or, d’autres de l’argent, certains du bronze et d’autres des bijoux. Mais de nombreuses femmes n’avaient rien de valeur, excepté des miroirs, elles les amenèrent donc à Moché, mais ils les refusa. Qu’est-ce que ces objets quelconques, utilisés par les femmes pour se faire belles, ont à voir avec le Tabernacle et le domaine du sacré ? D.ieu réprimanda Moïse pour oser penser de la sorte, et lui ordonna de les accepter.

L’histoire est puissante en elle-même. Comme c’est le cas dans d’autres midrachim, elle nous raconte que, sans la foi des femmes, les Juifs et les judaïsme n’auraient jamais survécu. Mais elle nous raconte également quelque chose d’absolument fondamental sur la perception juive de l’amour dans la vie religieuse.

 Le judaïsme considère l’amour comme quelque chose de physique et spirituel par excellence. Tel est le sens de “Tu aimeras l'Éternel, ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir”. Tel n’est pas le langage de méditation ou de contemplation, philosophique ou mystique. Il s’agit du langage de la passion.

C’est parce que les Sages ont conçu l’amour de cette façon qu’ils ont pris pour acquis le Cantique des cantiques, une série de poèmes extrêmement sensuelle, portrait sur l’amour entre D.ieu et Israël. Rabbi Akiva l’a appelé “le Saint des saints” de la poésie religieuse.

Même le Rambam écrit: Quel est l’amour de D.ieu qui est approprié ? “C’est d’aimer D.ieu avec un amour excessif…” Moché croyait que la proximité à D.ieu implique le célibat et la pureté. Dans notre histoire, D.ieu lui enseigne que l’amour passionné, lorsqu’il est offert en tant que cadeau à D.ieu, est l’amour le plus précieux de tous. C’est l’amour que nous lisons dans Chir haChirim. C’est l’amour que nous lisons dans Yedid Nefech, la chanson audacieuse que nous chantons au début et vers la fin du Chabbat.

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Autour de la table de Chabbat

  1. Comment montrez-vous votre amour pour les gens et les choses qui comptent le plus pour vous ? Est-ce à travers des paroles, des actions ou autre chose ? 
  2. Comment ce détail sur les miroirs est-il lié à ce que nous avons appris sur l’esthétique juive ? 
  3. À quel autre endroit dans le Tanakh avons-nous vu les aspects physiques comme une manière d’exprimer D.ieu ?

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Écrit par Sara Lamm

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Moché rappelle aux Israélites de sanctifier le Chabbat. Il partage ensuite les instructions détaillées de D.ieu pour construire le Mishkan. Les Bné Israël répondent avec une grande générosité, apportant des matériaux comme de l’or, de l’argent et des pierres précieuses. Leur enthousiasme est tel que Moché doit finalement leur demander d’arrêter de faire des dons.


Des artisans qualifiés créent ensuite le Mishkan et ses ustensiles : les couvertures de toit en trois couches, le rideau séparant les chambres, l'écran de l'entrée, l'Arche avec son couvercle et les chérubins, l'Autel, la Ménora à sept branches et le bassin construit avec les miroirs en cuivre des femmes.

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Philosophie de Rabbi Sacks

Les femmes ont joué un rôle essentiel dans la construction du Michkan, et ce sont elles qui ont été les premières à offrir des contributions. Les femmes ont donné leurs miroirs, que Moché a d'abord rejetés en les jugeant inappropriés. Mais D.ieu a insisté pour que ces miroirs soient considérés comme particulièrement précieux en raison de la manière et du moment où les femmes les avaient utilisés en Égypte.

Le judaïsme considère l’amour religieux comme profondément physique et passionné, et non seulement contemplatif. En revanche, c’est le christianisme, sous l’influence de la Grèce antique, qui a fait la distinction entre eros (l’amour comme désir physique intense) et agapè (un amour calme et détaché de l’humanité et des choses en général) et a déclaré que seul l’amour détaché était religieux. Contrairement à la séparation opérée par le christianisme entre le désir physique et l’amour spirituel détaché, le judaïsme embrasse la passion physique comme une expression remarquable de la dévotion envers D.ieu.

Les femmes juives comprenaient qu’aimer D.ieu signifie s’engager « de tout votre cœur, de toute votre âme et de toute votre force » - un amour caractérisé par une dévotion intense, la confiance et l’absorption dans la volonté de D.ieu.

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Deux personnes se font face, l'une étant désignée comme le « leader » et l'autre comme le « suiveur ». Le leader effectue des mouvements lents et délibérés avec ses mains, ses bras, son visage ou son corps, tandis que le suiveur tente de reproduire simultanément ces actions, créant ainsi l’illusion qu'ils sont des reflets l’un de l’autre !


Les partenaires peuvent ensuite échanger leurs rôles pour essayer dans l’autre sens.

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Une histoire pour tous les âges

Le Kintsugi, qui signifie « jointure en or », est une forme d’art japonais qui consiste à réparer la poterie cassée et à la transformer en un objet plus beau que l’original. Plutôt que de cacher les dommages, les artistes rassemblent les fragments à l’aide de la laque mélangée à de l’or en poudre, de l’argent ou du platine, créant ainsi des veines scintillantes là où des fissures existaient autrefois.

Ce processus rend hommage à l’histoire de chaque morceau brisé, les fragments étant soigneusement nettoyés et assemblés avec de la laque urushi, puis saupoudrés de métal précieux et polis pour révéler des coutures brillantes qui deviennent le point focal de l’œuvre restaurée.

Au cœur du kintsugi, on célèbre l’imperfection et le renouveau. Cet art suggère que la cassure n’est pas la fin de l’histoire d’un objet, mais un chapitre significatif qui ajoute du caractère et une beauté unique. La réparation en or ne fait pas disparaître la rupture, mais la transforme en quelque chose de précieux. Une théorie veut que le kintsugi serait né lorsque le shōgun japonais Ashikaga Yoshimasa a renvoyé un bol à thé chinois endommagé en Chine pour le faire réparer à la fin du 15e siècle.

Tout comme les femmes ont contribué à la construction du Michkan en apportant leurs miroirs, transformant des objets ordinaires du passé en un article de beauté sacrée, les artistes du kintsugi prennent ce qui est brisé et le rendent non seulement entier à nouveau, mais plus beau encore, en embrassant les imperfections et la résilience. La beauté du kintsugi ne réside pas dans la perfection, mais dans la manière dont la rupture elle-même devient la source de quelque chose de sacré et d’extraordinaire.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

Dans ce passage, D.ieu parle à Ézéchiel des péchés d'Israël et de leur exil. Les Israélites ont profané leur terre par leur impiété, raison pour laquelle D.ieu les a dispersés parmi les nations. Cependant, cet exil a entraîné la profanation du nom de D.ieu lorsque les autres nations ont vu la chute d'Israël et douté du pouvoir de D.ieu. Ainsi, D.ieu déclare qu'Il restaurera Son saint nom. Il promet de rassembler Israël des nations, de les purifier de leur impureté (c'est la raison pour laquelle cette Haftara est lue lors de ce Chabbat spécial), et de leur donner un nouveau cœur et un nouvel esprit, remplaçant leur cœur de pierre par un cœur de chair.

Ce renouvellement entraînera l'obéissance et la prospérité, rendant à nouveau la terre fertile. Les nations environnantes reconnaîtront la puissance de D.ieu lorsqu'elles verront Israël restauré, prouvant que D.ieu peut transformer la désolation en abondance.

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Connexions du Tanakh

La Haftara et la Paracha régulières décrivent toutes deux la construction des lieux de résidence de D.ieu sur terre. Le Michkan est construit par Betsalel et Aholiav, tandis que le Temple à Jérusalem est construit par Hiram pour le compte de Chlomo Hamelekh (le roi Salomon).

Rabbi Sacks a souligné la beauté des constructions et a écrit : l'intrusion la plus significative de la dimension esthétique se trouve dans le Tabernacle lui-même, son cadre et ses tentures, ses ustensiles, les chérubins au-dessus de l'Arche, la Ménora, et les vêtements des prêtres et du grand prêtre, lekavod ouletifaret « pour la dignité et la beauté » (Ex. 28:2).

Le Rambam dit que la plupart des gens sont influencés par des considérations esthétiques, c'est pourquoi le Tabernacle a été conçu pour inspirer l’admiration et la crainte ; pourquoi une lumière continue y brûlait ; pourquoi les robes sacerdotales étaient tellement impressionnantes ; pourquoi il y avait de la musique sous forme de chœur lévitique ; et pourquoi de l’encens était brûlé pour couvrir l’odeur des sacrifices.

Le Rambam lui-même, dans son introduction à son commentaire sur la Michna Avot, parle du pouvoir thérapeutique de la beauté et de son importance pour lutter contre la dépression : « Une personne affligée de mélancolie peut la dissiper en écoutant de la musique et divers types de chansons, en se promenant dans des jardins, en découvrant de beaux bâtiments, en s’associant à de belles images, et d'autres sortes de choses qui élargissent l’âme... » (Traité des huit chapitres, ch. 5)

L’art, en résumé, est un baume pour l’âme.

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  1. La mitsva de la Para Adouma (la vache rousse) est un exemple classique de ‘hok, une mitsva dont la raison nous échappe. Quel est le but de cette catégorie de mitsvot (commandements) ?
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Contexte pour les Prophètes

Il existe diverses coutumes concernant la lecture du chapitre 7 de Rois I pour la Haftara de cette semaine, et nous avons donc pensé qu'il serait utile de résumer l'intégralité de ce chapitre dans cette section.

Le chapitre décrit la construction du complexe du palais du roi Salomon et des meubles du Temple. Salomon construit son palais royal pendant 13 ans, comprenant la Maison de la Forêt du Liban, la Salle des Colonnes, la Salle du Jugement et une maison séparée pour la fille du Pharaon, sa femme.

Le chapitre met également en lumière le savoir-faire de Hiram de Tyr, un habile travailleur du bronze. Il forge deux énormes colonnes en bronze, appelées Yakhin et Boaz, pour l’entrée du Temple. D’autres objets qu’il fabrique comprennent la mer d’airain (un grand bassin en bronze pour la purification des prêtres), dix supports en bronze avec des bassins et de nombreux autres vases sacrés. Des décorations en or et en bronze ornent le Temple.

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“Les ‘houkim font partie du judaïsme afin de nous faire pratiquer l’intelligence émotionnelle, qui est par-dessus tout un conditionnement associant la sainteté à la vie, et la profanation à la mort.”

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Si vous vous sentez dépassé ou stressé, quelles méthodes employez-vous pour relaxer ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.