​​ L’offrande de remerciement
Édition Familiale

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Tsav

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Tsav nous parle du le korban toda, l’offrande de remerciement. Bien que n’ayons plus la possibilité de présenter de sacrifices depuis presque deux mille ans, un indice de l’offrande de remerciement survit jusqu’à ce jour, sous la forme de la bénédiction connue sous le nom de Hagomel : « Qui accorde de bonnes choses à ceux qui ne les méritent pas », dite à la synagogue, au moment de la lecture de la Torah, par celui qui a survécu à une situation dangereuse.

Qu’est-ce qu’une situation dangereuse ? Les Sages (Brakhot 54b) ont trouvé la réponse dans le Psaume 107, un chant sur le thème de la reconnaissance, commençant par les mots les plus connus de la gratitude religieuse dans le judaïsme : Hodou Lachem ki tov, ki léolam ‘hasdo, « Rendez grâce au Seigneur, car Sa bonté est pour l’éternité » (Psaume 107).

Qu’est-ce qu’une situation dangereuse ? La traversée de la mer ou du désert, se rétablir après une maladie grave, être libéré de captivité, et certaines personnes incluent aujourd’hui les voyages en avion. Lorsque nous passons à travers ces choses en sécurité, nous récitons la bénédiction du Hagomel en guise de gratitude.

 Il n’y a rien dans la nature qui explique notre capacité à reformuler les situations douloureuses de telle manière que nous puissions en rire; il n’y a rien qui explique la capacité humaine à trouver du sens même dans les profondeurs de la souffrance. Dans le sens classique, ce ne sont pas des preuves de l’existence de D.ieu, mais ce sont des témoignages d’expérience. Ils nous disent que nos corps peuvent être des produits de la nature, mais nos esprits, nos pensées, nos émotions - tout ce qui est désigné par le mot « âme » - ne le sont pas. Il y a quelque chose en nous qui tend vers quelque chose au-delà de nous : l’âme de l’univers, le divin « Toi » auquel nous parlons dans la prière, et auquel nos ancêtres, lorsque le Temple existait, présentaient leurs offrandes.

 Le désir de rendre grâce est un instinct humain. Lorsque quelqu’un nous a fait une faveur, nous a donné un cadeau, nous a réconforté au milieu du deuil, ou nous a sauvés du danger, nous sentons que nous lui devons quelque chose. Ce « quelque chose » est le toda, le mot hébreu qui signifie à la fois « reconnaissance » et « remerciements ». Mais souvent, nous ressentons quelque chose d’autre. Ce n’est pas uniquement le pilote que nous voulons remercier lorsque nous atterrissons sainement après un vol dangereux ; pas seulement le chirurgien, lorsque nous survivons à une opération ; pas seulement le juge ou la personnalité politique lorsque nous sommes libérés de prison ou de captivité. C’est comme si une force plus grande était en action, comme si la main qui déplace les pièces sur l’échiquier humain pensait à nous ; comme si le ciel lui-même était descendu et venu à notre aide. Les compagnies d’assurance ont tendance à décrire les catastrophes naturelles comme des « actes de D.ieu ». L’émotion humaine fait l’inverse. D.ieu est dans la bonne nouvelle, la survie miraculeuse, l’évasion de la catastrophe. Cet instinct - offrir des remerciements à une force, une présence, au-delà des circonstances naturelles et de l’intervention humaine - est lui-même un signal de transcendance. C’est ce qui était autrefois exprimé dans l’offrande de remerciement, et l’est encore dans la prière de Hagomel. Mais ce n’est pas seulement en disant Hagomel que nous exprimons notre gratitude.

Ma femme Elaine et moi étions en lune de miel. J’allai me baigner dans des eaux très peu profondes mais je me trouvai rapidement dans des eaux dangereuses. Il n’y avait personne dans les environs. Après plusieurs minutes, je savais que je me noyais. Heureusement, quelqu’un me sauva. Depuis, les mots que nous disons au réveil chaque jour ont pris un sens profond pour moi : « Je Te remercie, D.ieu vivant et éternel, car Tu as restauré ma vie : grande est Ta fidélité. » Quiconque a survécu à un grand danger connaît la signification de sentir - pas seulement d’être abstraitement conscient - que la vie est un cadeau de D.ieu, renouvelé chaque jour.

Le premier mot de cette prière, Modé, vient de la même racine hébraïque que Toda, « remerciement ». De même, le mot Yéhoudi, « Juif ». Nous avons acquis ce nom du quatrième fils de Jacob, Juda. Celui-ci a à son tour reçu son nom de Léa qui, à sa naissance, dit : « Cette fois je rendrai grâce à D.ieu » .

Être Juif, c’est rendre grâce. Voilà ce que signifie notre nom et la gestuelle constitutive de notre foi. Être Juif, c’est ressentir un sens de la gratitude ; voir la vie elle-même comme un cadeau ; pouvoir vivre à travers la souffrance sans qu’elle nous définisse ; donner à l’espoir la victoire sur la peur. Être Juif, c’est rendre grâce.

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Autour de la table de Chabbat

  1. Quand avez-vous ressenti la dernière fois un véritable sentiment de gratitude, et qu'est-ce qui l’a déclenché ?
  2. Comment l’expression régulière de remerciements pourrait-elle changer votre perception des défis quotidiens ?
  3. Que signifie « choisir l’espoir plutôt que la peur » dans votre vie quotidienne ?

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Écrit par Sara Lamm

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Aharon et ses fils en apprennent davantage sur leurs responsabilités et privilèges en tant que Cohanim responsables des korbanot (offrandes d'animaux et de repas) dans le Mishkan. Le feu de l'Autel doit brûler en permanence, et les offrandes y être placées. Ceux qui apportent des offrandes de paix en mangent, sauf celles qui sont données aux Cohanim, qui mangent également de la viande des offrandes pour le péché et la culpabilité. Seules les personnes pures peuvent manger la viande sacrée des offrandes, et elles doivent le faire dans la zone sanctifiée désignée, dans le délai spécifié. Aharon et ses fils restent dans le Michkan pendant une semaine entière, et Moïse les consacre officiellement à leurs rôles sacerdotaux.

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Philosophie de Rabbi Sacks

La gratitude est l'essence fondamentale de l'identité juive. En fait, le korban toda (mentionné dans Tsav cette semaine) a évolué pour devenir la prière moderne de Hagomel, récitée après avoir survécu à des situations dangereuses telles que voyages en mer, traversées du désert, maladies graves et captivité.

Dans son livre A Rumour of Angels, le sociologue américain Peter Berger décrit ce qu'il appelle les « signaux de transcendance » – des phénomènes dans la situation humaine qui pointent vers quelque chose au-delà. Parmi eux, il inclut l'humour et l'espoir. Il n'y a rien dans la nature qui explique notre capacité à reconfigurer des situations douloureuses de manière à pouvoir en rire, ou la capacité humaine à trouver du sens même dans les profondeurs de la souffrance. L'instinct humain de rendre grâce est également un « signal de transcendance » – montrant que nous sommes autre chose que des entités biologiques, possédant des âmes qui tendent vers quelque chose au-delà de nous-mêmes.

Finalement, le judaïsme est fondamentalement défini par la gratitude plutôt que par la souffrance. Même le mot « Yéhoudi » (Juif) partage des racines linguistiques avec « toda » (remerciement). Être juif, c'est voir la vie comme un don, transcender la souffrance sans qu’elle ne nous définisse, et choisir l'espoir plutôt que la peur en offrant des remerciements.

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Le premier joueur simule dramatiquement son évasion de l'une des quatre situations dangereuses traditionnelles (voyage, traversée du désert, maladie ou captivité). Après son « évasion », il doit immédiatement exprimer un geste exagéré de remerciement – plus il est théâtral, mieux c'est ! Le joueur suivant doit identifier quel danger a été évité, puis exécuter sa propre évasion et sa gestuelle de remerciement. Si quelqu'un devine mal ou ne trouve pas une expression unique de remerciement, il est « éliminé » pour ce tour. Le jeu occasionnera des rires et de la gratitude !

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Une histoire pour tous les âges

Keith Segal a redécouvert l'ancrage de son âme pendant 484 jours terrifiants de captivité à Gaza. Il y a des décennies, il avait fondé un foyer en Israël, et cet américano-israélien de 65 ans s'était progressivement éloigné des traditions de son éducation juive conservatrice. Mais au milieu de la terreur et de l'incertitude de la captivité, Keith se retrouva instinctivement à murmurer le Chéma, des brins de mémoire le reliant directement à D.ieu quand il en avait le plus besoin.

Malgré sa survie avec à peine plus que des pitas moisis, il insista obstinément pour réciter le Motsi avant chaque maigre repas. Lorsqu'il entrevit une émission de cuisine israélienne que ses ravisseurs avaient involontairement révélée, il absorba avidement une autre bénédiction à ajouter à son arsenal spirituel.

Keith créa également un rituel de gratitude pendant ces heures sombres, demandant aux autres otages de partager ce pour quoi ils étaient reconnaissants à la fin de chaque journée.

De retour en Israël, la fille de Keith transforma cette pratique en un lien numérique vital. Après avoir entendu comment son père utilisait la gratitude comme un élément de foi en captivité, elle invita des partisans du monde entier à publier quotidiennement des remerciements sur les réseaux sociaux. Nombreux furent ceux qui adoptèrent l'idée.

Lorsque Keith fut enfin libéré, sa famille s'attendait à ce que sa première demande soit de la nourriture réconfortante. Mais Keith demanda simplement une kippa et un verre de kiddouch pour Chabbat – des récipients sacrés pour une âme renaissante à travers la souffrance.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

Dans 7:21-8:3, D.ieu rejette les sacrifices du peuple, affirmant qu'il est passé à côté de l'essentiel du culte. Le peuple continue d'offrir des holocaustes et de l'encens, mais son cœur demeure corrompu et rempli de péchés. D.ieu lui ordonne de changer de voie, soulignant qu'il désire l'obéissance plus que le sacrifice. L'idolâtrie et la désobéissance du peuple mènent à sa chute.

Dans 9:22-23, D.ieu déplore l'orgueil et la folie du peuple. Il condamne ceux qui se vantent de leur richesse, de leur pouvoir ou de leur sagesse, car aucun de ces éléments n'a de valeur. La véritable compréhension consiste à connaître D.ieu, qui exerce l'amour fidèle, la justice et la droiture. Ces qualités devraient être l'objectif de la vie du peuple, pas les réalisations mondaines.

Dans la section de Shabbat Hagadol, Malachie prophétise que les offrandes de Juda et de Jérusalem seront à nouveau agréables à D.ieu après qu'Il enverra un messager pour purifier le peuple. D.ieu agira en tant que raffineur et juge, purifiant les prêtres et condamnant ceux qui pratiquent la sorcellerie, l'adultère, la malhonnêteté et l'oppression.

D.ieu appelle le peuple à revenir vers Lui. Il assure que les justes seront récompensés et les méchants punis lors du Jour du Seigneur. Les fidèles seront guéris et se réjouiront, tandis que les arrogants et les malfaiteurs seront anéantis. Le chapitre se termine par une promesse d'envoyer Élie avant ce grand jour, encourageant le peuple à suivre la loi de D.ieu.

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Nous avons vu à maintes reprises dans ces essais que D.ieu ne veut pas de notre culte (sacrifices) lorsque celui-ci est basé sur de mauvaises intentions. Comment la Haftara de cette semaine cherche-t-elle à nous orienter vers un culte approprié pour D.ieu ?

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Connexions du Tanakh

Le Chabbat précédant Pessa’h est connu sous le nom de Chabbat HaGadol (« Le Grand Shabbat »). Plusieurs explications ont été proposées pour cette désignation.

• Le peuple juif est sorti d'Égypte le 15 Nissan. Les préparatifs pour cet événement ont commencé le 10 Nissan, qui était un Chabbat, lorsque les gens ont commencé à préparer l'offrande de Pessa’h (Korban Pessah). Ainsi, chaque année, lors du Chabbat immédiatement avant Pessa’h, nous nous préparons spirituellement, comme le peuple l'a fait, et nous nous souvenons également du grand miracle de l'Exode.

• Au lieu de se concentrer sur les miracles entourant l'Exode, certains rabbins considèrent le Chabbat HaGadol comme la célébration du peuple juif qui a accompli sa première mitsva communautaire.

• Ce Chabbat était considéré comme spécial dans de nombreuses communautés, car il est devenu traditionnel que le rabbin de la synagogue prononce un discours spécial concernant les lois de Pessa’h.

Il convient de noter que l'une des raisons pour lesquelles nous lisons la Haftara spéciale ce jour-là est que Michée annonce la rédemption finale d'une manière similaire à celle dont Moché annonçait la rédemption d'Égypte.

Vous vous demandez peut-être encore pourquoi le nom de Chabbat HaGadol est utilisé ici. Personne n'en est entièrement sûr, mais ce nom remonte au Moyen Âge. Voici les raisons les plus probables :

  1. La Haftara parle du « grand jour » de D.ieu, au cours duquel le Machia’h apparaîtra.
  2. Le sermon particulièrement long traditionnellement prononcé ce jour-là faisait que les gens rentraient généralement chez eux tard.
  3. La fin de la Haftara évoque un jour futur qui sera « gadol » – grand ou impressionnant – « Voici, j'enverrai le prophète Élie avant l'arrivée du jour redoutable et terrible de l'Éternel. »
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Contexte pour les Prophètes

Le rabbin Sacks déclare que l'une des choses les plus difficiles à comprendre dans la Torah sont les sacrifices d'animaux. Dans un essai de Covenant & Conversation sur Tsav (‘Comprendre le sacrifice’), il souligne que Jérémie critique les sacrifices, comme nous pouvons clairement le voir dans la Haftara. Cela n'était pas spécifique à Jérémie, comme vous l'avez peut-être remarqué dans de nombreux autres prophètes déjà abordés dans cette série. Cependant, comme le note le rabbin Sacks, malgré leurs doutes, aucun des prophètes n’a cherché à abolir la pratique des sacrifices d'animaux. Pourquoi ? Il doit y avoir une valeur dans ces rituels difficiles à comprendre, bien qu'ils aient été souvent critiqués par les prophètes et mal utilisés par le peuple. Après tout, ils étaient ordonnés dans la Torah.

Le rabbin Sacks poursuit pour reformuler notre compréhension de l'objectif des sacrifices, dans la section suivante :

« … à l'époque biblique, les sacrifices étaient si importants – non comme dans d'autres religions, mais précisément parce qu’au cœur du judaïsme se trouve l'amour : « Tu aimeras le Seigneur ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Dans d'autres religions, le motif principal du sacrifice était la peur : la peur de la colère et de la puissance des dieux. Dans le judaïsme, c'était l'amour. » Une fois que nous comprenons véritablement que l'on nous a demandé d'offrir des korbanot comme un moyen de servir D.ieu par amour, toute notre perspective change.

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« L’existence même du sacrifice d'animaux dans la Torah pourrait avoir été un moyen d'empêcher les gens d'offrir des sacrifices humains sous forme de violence et de guerre. Mais le principe du sacrifice reste. C'est le don que nous apportons à ce que nous aimons et à qui nous aimons. »

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Si un ami faisait quelque chose pour la mauvaise raison (même si c'était une bonne chose), comment l'aideriez-vous à reformuler ce qu'il fait ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.


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