Le courage de s’impliquer dans le monde
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Nasso

Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks

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Résumé du Covenant & Conversation

● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.

Un débat constant avait lieu entre les Sages pendant des générations : le nazir était-il digne d’éloges ou non ? Dans Nasso, nous lisons que le nazir était une personne qui adoptait une forme particulière de sainteté pour une durée déterminée. Cela signifiait qu’il lui était interdit de consommer du vin ou des produits issus de la vigne, de se couper les cheveux et de se rendre impur via le contact avec un mort, même s’il s’agissait d’un proche parent.

Pourquoi une personne choisissait-elle une telle façon de vivre ? Il se peut qu’il ou elle ait voulu se protéger de l’ivresse ou de la tentation, ou bien de se sentir proche de D.ieu. Certaines personnes le voyaient comme une manière de vivre comme un grand prêtre qui évite également tout contact avec les morts. Il se peut aussi que le fait d’adopter toutes ces restrictions ait rendu une personne plus sainte et plus spirituelle. Quoi qu’il en soit, les points de vue divergeaient sur le fait de savoir s’il était bon ou mauvais de devenir nazir.

D’un côté, la Torah qualifie le nazir de « saint pour D.ieu » dans notre paracha. De l’autre, à la fin de sa période d’abstinence, il lui est ordonné d’apporter un sacrifice expiatoire. Cet élément à lui seul semble impliquer qu’une personne qui est devenue nazir a péché, mais certains disent que le sacrifice expiatoire vient après être retourné à des activités normales, et peut-être que le péché est d’avoir renoncer au mode de vie nazir. Rabbi Eliezer Hakappar explique que cette offrande n’est pas pour avoir touché un mort, mais parce que le nazir s’est privé du plaisir du vin. Si celui qui se prive du plaisir du vin est appelé pécheur, à plus forte raison celui qui se prive des autres plaisirs de la vie. Son message constitue un argument robuste contre l’ascétisme - l’idée selon laquelle une personne se prive de plaisir. De nombreux premiers chrétiens, ainsi que les soufis musulmans et les Hassidé Ashkénazes pratiquèrent cela. Mais certains penseurs Juifs percevaient ces habitudes comme ayant pénétré le judaïsme de l’extérieur. Le judaïsme n’a jamais encouragé d’éviter les plaisirs de la vie juste pour être “saint”.

Il existe d'autres mouvements religieux qui enseignaient que le monde physique était mauvais.  La sainteté impliquait ainsi un retrait du monde. Le judaïsme n’est pas d’accord. Il perçoit le monde physique comme l'œuvre de D.ieu, rempli de bonté, pas quelque chose duquel s’échapper.

 La position la plus intéressante provient du Rambam (Maïmonide) qui était l’un des plus grands penseurs juifs. Il soutenait que les deux parties étaient valides. Dans une section de son livre, il dit que renoncer au vin, au mariage et à de beaux vêtements est mauvais, voire même interdit.  Mais dans une autre section, il loue le nazir comme étant l’égal d’un prophète. Comme les deux peuvent-ils être vrais?

Le Rambam croyait qu’il y avait deux modèles de vie vertueuse: la voie du ‘hassid (saint) et celle du ‘hakham (sage).

Le saint vit dans la bonté extrême, allant au-delà de ce qui est la norme. Il peut donner tout son argent, menant une vie extrêmement humble. 

Le sage cependant, suit la voie d’équilibre. Pas trop ni trop peu. Le sage sait pertinemment que nous vivons dans un monde avec d’autres personnes et des responsabilités. Vous ne pouvez pas construire une famille ou une société sur des extrêmes.

Un saint peut être très saint, mais s’il donne tout son argent aux pauvres, qu’en est-il de sa propre famille ? Il peut être si pacifiste qu’il ne combattra pas pour son pays, ou pour la justice. Un saint peut pardonner tous les crimes commis contre lui. Mais qu’en est-il de la justice ? Les saints aspirent à la perfection personnelle, souvent en s’isolant. Mais on ne peut pas bâtir une société uniquement avec des saints.

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Autour de la table de Chabbat

  1. Pensez-vous qu’il vaut mieux vivre une vie équilibrée ? Pourquoi ?
  2. Pourquoi pensez-vous que quelqu’un choisirait de renoncer aux plaisirs comme le nazir ?
  3. Comment pensez-vous que l’on puisse apporter de la sainteté dans la vie de tous les jours sans fuir le monde – ni s’y abandonner ?

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Écrit par Sara Lamm

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Moché termine le recensement des Bné Israël, comptant 8 580 Lévites âgés de 30 à 50 ans qui auront la tâche de porter et d’entretenir le Michkan. Hachem ordonne à Moché d’enseigner les lois de la Sota – lorsqu’un mari soupçonne son épouse d’infidélité – et du nazir, qui fait un vœu de sainteté. Hachem ordonne aussi à Aharon et à ses fils de bénir Am Israël avec la Birkat Cohanim. Les nessi’im (chefs de tribus) apportent chacun des offrandes pour l’inauguration du mizbéa’h (autel). Leurs offrandes sont identiques, mais la Torah décrit chacune en détail, honorant l’intention unique et le jour spécifique de la contribution de chaque tribu.

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Philosophie de Rabbi Sacks

Le judaïsme reconnaît deux chemins vers l’élévation spirituelle : la voie du ‘hassid (saint) et celle du ‘hakham (sage).

Le nazir, qui se sépare des plaisirs du monde pour rechercher la sainteté, suit la voie du saint. Une telle personne peut être décrite comme noble et personnellement élevée, mais sensiblement détachée de la vie communautaire. Elle contraste avec la personnalité du sage qui recherche une vie équilibrée. Il embrasse le monde et ses responsabilités tout en aspirant à une clarté morale. Bien que le nazir soit qualifié de « saint », il faut aussi noter qu’il doit apporter un sacrifice expiatoire à son retour à la « vie normale », reflétant le prix du retrait.

Le Rambam enseigne que la véritable vertu ne se trouve généralement pas dans les extrêmes, mais dans une relation mesurée et réfléchie avec les autres. En tant que Juifs, nous valorisons l’idéal du saint, mais nous sommes finalement encouragés à être davantage comme les sages – à construire des familles, diriger des communautés et façonner des sociétés justes.

Rav Sacks a écrit un livre intitulé Un judaïsme engagé dans le monde, où il développe ces idées davantage. C’était l’une des philosophies majeures de son enseignement. La sainteté n’exige pas la fuite ; elle nous appelle à faire transiter de la lumière dans la vie quotidienne.

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Chacun son tour propose un scénario. Si c’est un scénario impliquant un saint, tout le monde se lève. Si c’est un sage, restez assis. Après chaque tour, discutez de vos choix. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses, juste une conversation réfléchie.

Exemples :

  1. Vous donnez tout votre argent d’anniversaire à la tsédaka.
  2. Vous donnez une partie de votre argent et gardez le reste pour quelque chose de significatif.
  3. Vous jeûnez pendant deux jours pour vous rapprocher spirituellement de D.ieu.
  4. Vous mangez un repas et récitez les bénédictions avec une attention particulière.
  5. Vous pardonnez immédiatement à quelqu’un qui vous a profondément blessé.
  6. Vous parlez à cette personne, exprimez votre ressenti, puis choisissez de pardonner.
  7. Vous arrêtez de pratiquer votre sport favori pour consacrer tout votre temps à aider les autres.
  8. Vous faites du bénévolat deux fois par semaine et vous prenez aussi du temps pour vos loisirs.
  9. Vous restez éveillé toute la nuit pour étudier la Torah chaque nuit pendant une semaine.
  10. Vous étudiez un peu de Torah chaque jour, même quand vous êtes fatigué.
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Une histoire pour tous les âges

Voici l’histoire de Né’hama Leibowitz. Né’hama était une enseignante. Elle ne vivait pas dans un palais et n’a jamais cherché la reconnaissance. Elle vivait dans un modeste appartement à Jérusalem, prenait le bus et le taxi, et a silencieusement révolutionné notre manière d’apprendre la Torah.

Née en 1905 à Riga, en Lettonie, elle a grandi dans une maison remplie de livres juifs et non-juifs, dans une famille qui valorisait à la fois la culture juive et la culture générale. Né’hama et son frère, Yeshayahou, aimaient se défier au cours des questions hebdomadaires de ‘Houmach de leur père.

Né’hama a obtenu son doctorat à Berlin et a fait sa ‘Alya en 1930. En s’installant en Israël, elle a rapidement commencé à enseigner dans de grandes universités. En 1942, certaines de ses étudiantes, un groupe d’immigrantes dans la vingtaine et la trentaine, ont voulu continuer à étudier avec elle après la fin des cours. En réponse, Né’hama a commencé à leur envoyer des fiches d’étude – appelées guilyonot – dans leurs kibboutzim. Les étudiantes répondaient du mieux qu’elles pouvaient à ses questions exigeantes sur les versets et commentaires de la Torah, puis renvoyaient leurs réponses. Né’hama joignait ses commentaires dans la fiche suivante, créant un dialogue continu.

Elle a bientôt commencé à envoyer ses feuillets manuscrits à des kibboutzniks, des enseignants, voire des chauffeurs de taxi, répondant personnellement à chaque réponse. Né’hama a poursuivi ce gigantesque travail pendant plusieurs décennies, sans jamais être rémunérée.

Sa célèbre question, « Ma kashe léRachi ? » n’était pas seulement sur le texte – elle visait à former les étudiants à penser avec rigueur et à se soucier profondément du sens. Elle insistait sur la précision et la sincérité. Sans jamais rechercher la grandeur, elle a construit un large public, une question réfléchie à la fois.

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Écrit par Rabbi Barry Kleinberg

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Résumé de la Haftara

Le livre des Juges (Choftim) 13:2–25 raconte l’histoire de la naissance miraculeuse de Chimchon (Samson).

Un homme nommé Manoa’h, de Tsor’a, de la tribu de Dan, et sa femme n’arrivent pas à avoir des enfants. Mais un ange de D.ieu rend visite à son femme. À sa grande surprise, l’ange lui annonce qu’elle aura un fils qui devra être consacré à D.ieu comme nazir dès la naissance. Cela signifie qu’il ne devra pas boire de vin, manger de raisins ou quoi que ce soit d’impur, ni jamais se couper les cheveux. S’il suit toutes ces lois, il recevra une force surhumaine, grâce à laquelle il sauvera Israël des Philistins. De plus, la femme devra elle-même respecter ces lois pendant toute sa grossesse.

La femme raconte à son mari Manoa’h ces événements, mais elle n’est pas sûre que le visiteur soit d’origine divine. Manoa’h prie pour avoir confirmation ainsi que des directives. L’ange revient alors auprès de la femme, elle appelle Manoa’h, et l’ange répète les instructions au couple stupéfait. Ensuite, lorsque Manoa’h offre un sacrifice à D.ieu, l’ange monte dans les flammes de l’autel, révélant ainsi sa nature divine.

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Le fait d’être nazir était-il considéré comme une bonne ou une mauvaise chose ? 

(Rappel : Le nazir est « saint pour D.ieu » mais il doit aussi offrir un sacrifice expiatoire à la fin de sa période de nézirat.)

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Connexions du Tanakh

Un thème clair relie la Paracha à la Haftara : le nazir.

Dans la Paracha, nous apprenons les lois du nézirat. La Paracha et la Haftara soulignent les interdictions concernant le vin et les produits issus de la vigne. La Haftara raconte les événements menant à la naissance de Chimchon, qui grandira en tant que nazir, juge (shofet) et défenseur du peuple.

Rav Sacks a écrit sur l’exigence du sacrifice expiatoire à la fin de la période de nézirat. Il souligne l’opinion du Ramban selon laquelle « l’offrande expiatoire est apportée pour expier le fait que l’individu mette fin à son nézirat, pas parce qu’il l’a entrepris ». Le Ramban ne doute pas que devenir nazir constitue un acte positif.

D’un autre côté, comme il le fait savoir, pour beaucoup d’autres commentateurs, la vie de nazir revient à rejeter, ou du moins à ne pas célébrer, le monde que D.ieu a créé et qualifié de bon...

Du point de vue du perfectionnement personnel, le nazir est bon et saint. Mais du point de vue de la foi juive prise dans son ensemble, une telle vie n’est pas l’idéal. Le judaïsme veut que nous célébrions la vie, pas que nous nous en retirions.

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Contexte pour les Prophètes

L’histoire de Samson a inspiré de nombreux artistes, musiciens et conteurs au fil des siècles. Samson (Chimchon), juge d’Israël, est resté célèbre pour sa force extraordinaire et sa vie complexe, comme racontée dans Juges 13–16. Né de Manoa’h et de sa femme stérile après une annonce divine, Chimchon est consacré comme nazir dès avant sa naissance, interdit de couper ses cheveux ou de boire du vin. Sa force était un don de D.ieu, liée à ses cheveux non coupés. Il combattit les Philistins, oppresseurs d’Israël, souvent seul et avec une grande puissance.

Malgré son lien avec le divin, Samson était un personnage impulsif, impliqué dans des relations avec des femmes philistines. L’une d’elles, Dalila, finit par le trahir en découvrant le secret de sa force et en travaillant avec les Philistins pour lui couper les cheveux pendant qu’il dormait. Les Philistins le capturèrent alors, le rendirent aveugle et l’emprisonnèrent. Dans son acte final, Samson pria D.ieu de lui rendre sa force. En renversant les piliers auxquels il était enchaîné, il fit s’écrouler un temple philistin, provoquant sa propre mort et celle de nombreux Philistins.

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icon quote

« Il est saint de se retirer du monde et de ses défis – mais il est encore plus saint de s’y engager. »

Le nazir, Naso, Covenant & Conversation

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Si vous étiez le « ministre de la spiritualité », quelles lois instaureriez-vous pour démontrer la sainteté ?

Covenant & Conversation Family Edition

Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.

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