● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Pendant les trois semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av, nous rappelons la destruction des Temples. Durant cette période, nous lisons trois des passages les plus poignants de la littérature prophétique : les deux premiers sont tirés du début du livre de Jérémie, le troisième - la semaine prochaine - du premier chapitre d’Isaïe. Il n’y a pas d’autres moments dans l’année où nous avons autant conscience de la force continue des grands visionnaires d’Israël.
Les prophètes n’avaient aucun pouvoir. Ils n’étaient ni rois ni membres de la cour royale. Ils n’étaient (généralement) pas élus et souvent impopulaires. Jérémie, par exemple, fut arrêté, fouetté, maltraité, traduit en justice, et ne s’échappa que de justesse avec la vie sauve. Alors que les rois régnaient pendant une courte période, les paroles des prophètes furent conservées à la postérité et sont devenues une composante majeure de l’histoire et de la pensée juive.
Ce qui distinguait le prophète n’était pas seulement qu’il prédisait l’avenir. Le prophète parle de l’avenir qui se produira si nous n’écoutons pas l’avertissement et ne rectifions pas notre conduite. Ils ne bénissaient pas ou ne maudisaient pas comme ce que les autres faisaient. Ils mettaient plutôt en garde des conséquences de s’éloigner de D.ieu du comportement moral.
L’une des choses qui distinguaient les prophètes était leur sens de l’histoire. À la différence de ceux qui percevaient le temps comme des cercles mouvants, comme les saisons qui se répètent chaque année sans aucun changement au cycle, les prophètes voyaient le temps comme l’arène dans laquelle se jouait le grand drame entre D.ieu et l’humanité, en particulier dans l’histoire d’Israël. Les conséquences étaient claires. Si Israël restait fidèle à sa mission, à son alliance, il prospérerait. S’il trahissait sa mission, il échouerait. Il subirait défaites et exil. C’est ce que Jérémie ne cessa de répéter à ses contemporains.
La deuxième idée clé que nous pouvons apprendre des prophètes fut le lien fut le lien indissociable entre monothéisme et morale. D’une manière ou d’une autre, les prophètes comprirent – c’est implicite dans tous leurs discours, même s’ils ne le disent pas explicitement – que l’idolâtrie n’était pas seulement fausse : elle était aussi corruptrice.
Dans un monde où de nombreux dieux étaient en guerre les uns contre les autres, les gens pensaient que la puissance était plus importante que la bonté. Seuls les plus forts survivaient, et les faibles n’avaient aucune importance. Mais les prophètes s’y opposaient fermement. Pour eux, le plus important chez Dieu n’était pas Sa puissance, mais Sa justice. Puisque Dieu avait sauvé Israël, le peuple Lui devait fidélité. Et lorsqu’il se détournait de Dieu, il devenait aussi malhonnête et cruel envers les autres. Yirmiyahou a un jour déclaré qu’il était difficile de trouver ne serait-ce qu’une seule personne honnête à Jérusalem. La conséquence fut l’exil.
Les prophètes croyaient aussi que la force d’une nation ne venait ni de son armée ni de ses dirigeants. Elle provenait de la droiture morale de son peuple. Ils parlaient peu de politique ou de gouvernement. Ce qui comptait le plus pour eux, c’était la façon dont les gens se comportaient les uns envers les autres et leur fidélité envers Dieu. Sans cela, aucune puissance ne pouvait les sauver. Jérémie disait que les gens se tourneraient vers de faux dieux pour obtenir de l’aide, mais que ces dieux n’apporteraient qu’un faux réconfort.
Même si Jérémie est souvent appelé le prophète du malheur, il était aussi un prophète d’espoir. Alors que d’autres abandonnaient, lui croyait que le peuple juif retournerait sur sa terre et reconstruirait. En pleine guerre, il acheta même un champ pour montrer sa foi en l’avenir. Il ne perdit jamais confiance en Dieu, même s’il perdit foi en l’humanité.
La prophétie a pris fin à l’époque du Second Temple. Mais les vérités prophétiques, elles, vivent encore. En restant fidèles à Dieu, les hommes restent fidèles les uns aux autres. Ce n’est qu’en s’ouvrant à une force plus grande qu’eux qu’ils deviennent plus grands qu’eux-mêmes. Ce n’est qu’en comprenant les forces profondes qui façonnent l’histoire qu’un peuple peut triompher des ravages de l’histoire. Il nous a fallu beaucoup de temps pour apprendre ces vérités, revenir sur notre terre et réintégrer le cours de l’histoire. Il ne faut plus jamais les oublier.
Autour de la table de Chabbat
Les prophètes ont dit que la force vient du bien, pas du pouvoir. Que veulent-ils dire ?
Comment quelqu’un peut-il se sentir à la fois sans espoir et plein d’espoir, comme Jérémie ?
Pourquoi pensez-vous que nous lisons ces prophéties pendant les Ben Hametsarim, les “trois semaines” ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Matot-Massei est souvent lue jumelée, comme une double paracha. Moché enseigne aux chefs de tribus les lois relatives à l’annulation des vœux. Les Bné Israël font la guerre contre Midian en réponse à leur tentative antérieure de corrompre moralement la nation ; après la victoire, le butin est réparti entre les soldats, le peuple, les Léviim et le Cohen Gadol. Les tribus de Réouven et Gad, rejointes plus tard par la moitié de celle de Menaché, demandent à s’installer à l’est du Jourdain. Moché accepte, à condition qu’ils participent d’abord aux batailles à l’ouest. La paracha énumère les 42 étapes depuis l’Égypte, délimite les frontières d’Israël, établit les villes de refuge, et précise les lois d’héritage.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks propose trois façons dont le temps est généralement compris. Avec le temps cyclique, il y a le cycle de la naissance, de la croissance, du déclin et de la mort, et l’éternel retour des saisons. Le temps cyclique est celui de la nature. Certains arbres vivent longtemps ; la plupart des insectes ont une vie très courte ; mais tout ce qui vit meurt. L’espèce perdure, mais pas son représentant.
Avec le temps linéaire, il y a une séquence inéluctable de cause à effet.
Enfin, il existe une manière de percevoir le temps comme une simple suite d’événements, sans trame ni thème sous-jacent.
Chacune de ces conceptions a sa place : la première en biologie, la deuxième en physique, la troisième dans l’histoire séculière. Mais aucune ne correspond à la manière dont les prophètes comprenaient le temps. Les prophètes voyaient le temps comme la scène sur laquelle se jouait le grand drame entre D.ieu et l’humanité, en particulier dans l’histoire d’Israël. Dans le temps de l’alliance, si Israël restait fidèle à sa mission et à son alliance, il prospérait. Sinon, il échouait. Il subissait défaites et exil. C’est ce que Yirmiyahou répétait sans cesse à ses contemporains.
Les prophètes comprenaient le temps non pas comme un cycle ou une fatalité, mais comme une histoire façonnée par des choix. Leur message reste vrai aujourd’hui : lorsque nous restons ancrés dans la foi et l’éthique, nous devenons plus forts que l’histoire elle-même.
Activité sur la paracha
Guide du Temps
Une personne prend le rôle de « Guide du Temps » et annonce une année future – réelle ou fantaisiste (comme 2095 ou « quand les gens vivront sur la lune »). Tous les participants imaginent à quoi ressemblera la vie à cette époque future : comment voyagerons-nous, mangerons-nous, étudierons-nous ou jouerons-nous ? Le Guide du Temps pose des questions de suivi pour aider à imaginer les détails et à enrichir la scène. Ensuite, un nouveau Guide prend le relais avec une nouvelle époque à annoncer.
Cette activité doit rester créative, ouverte, et parfaite pour susciter des échanges futuristes amusants !
Une histoire pour tous les âges
Des étrangers virtuels
Personne, pas même un prophète, n’aurait pu prédire ce que 2020 allait apporter. Alors que le Covid-19 se propageait dans le monde entier, bureaux, écoles et synagogues fermaient, et les gens devaient trouver des moyens créatifs de rester connectés.
Dans la ville de Baltimore, aux États-Unis, au cœur de cette tourmente, Avi et Sora sont devenus parents d’une petite fille. Ils auraient aimé annoncer son prénom à la synagogue, mais bien sûr, ce n’était pas possible. Leur synagogue – comme toutes les autres – était fermée.
Désespérés à trouver un minyan, ils cherchèrent partout et finirent par en trouver un à 20 000 km de là, à Perth, en Australie, où les confinements avaient été levés. Un lycée juif y organisait des prières quotidiennes et accepta d’accueillir la cérémonie de nomination pendant Cha’harit.
Ainsi, les élèves australiens furent les premiers à entendre les parents américains annoncer, via Zoom, le prénom de leur bébé. Lorsque le père, Avi, déclara : « Que son nom soit appelé en Israël… Liba ! », les élèves chantèrent Siman Tov ouMazal Tov et se mirent spontanément à danser en l’honneur de la petite Liba.
Puis M. Lawrence, l’enseignant qui dirigeait les prières, se tourna vers les parents émus qui avaient suivi toute la scène à travers l’écran. Il leur souhaita un mazal tov et leur dit : « Nous sommes avec vous de tout cœur et de toute âme. Am Israël ‘Haï ! »
Ce fut une année marquée par la distance, mais ce jour-là, une école juive de Perth accueillit des inconnus, célébra une nouvelle vie et incarna les valeurs d’unité et de bienveillance. À peine deux semaines plus tard, M. Lawrence apprit que le bébé était en réalité de sa famille — une cousine éloignée par alliance ! Mais il le savait déjà au fond de lui : ils n’étaient pas vraiment des étrangers, car en vérité, nous formons tous une seule et grande famille juive.
Pourquoi l’unité a-t-elle été si essentielle pour traverser le Covid (ou d’autres périodes difficiles) ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Matot – Jérémie 1:1–2:3
Jérémie 1:1–2:3 présente le prophète Jérémie, fils de Hilkiyahou, originaire de la ville sacerdotale d’Anatot. Son ministère prophétique commence sous le règne du roi Yoshiyahou et se poursuit jusqu’à la chute de Jérusalem. D.ieu appelle Jérémie à être prophète pour les nations, même avant sa naissance, mais Jérémie proteste, arguant qu’il est trop jeune et inexpérimenté. D.ieu le rassure : « N’aie pas peur, car Je suis avec toi », et touche sa bouche pour lui transmettre Ses paroles. Jérémie est chargé de déraciner et de planter, de détruire et de bâtir.
D.ieu lui montre alors deux visions : une branche d’amandier (symbole de vigilance) et une marmite bouillonnante tournée vers le nord (annonçant une invasion). Dans 2:1–3, D.ieu se remémore l’amour de jeunesse d’Israël, le décrivant comme Ses « prémices » – saint et bien-aimé – bien que cette fidélité sera vite trahie. Ce passage donne le ton à la mission de Jérémie, faite d’avertissements et d’espoir.
Massei – Jérémie 2:4–28
Les Ashkénazes terminent à 3:4, les Sépharades ajoutent 4:1-2, et le Minhag Anglia lit tout le passage. Les Yéménites lisent Isaïe 1:21–20.
Jérémie 2:4–28 est une réprimande prophétique dans laquelle D.ieu, par l’entremise de Jérémie, reproche à Israël de L’avoir abandonné malgré tout ce qu’Il a fait pour eux. D.ieu rappelle comment Il les a fait sortir d’Égypte et la traversée du désert, mais ils se sont détournés de Lui et ont souillé la terre qu’Il leur avait donnée. Les prêtres, dirigeants et prophètes sont accusés d’avoir failli spirituellement – ils ne cherchent plus D.ieu, mais suivent des idoles vaines, devenant eux-mêmes vains.
D.ieu s’interroge : quelle faute ont-ils trouvée en Lui pour justifier une telle trahison ? Israël est comparé à une vigne sauvage devenue corrompue. Malgré l’oppression étrangère, Israël refuse de revenir vers D.ieu. Il cherche l’aide auprès de l’Égypte et de l’Assyrie, preuve d’une confiance mal placée. D.ieu condamne leur idolâtrie en disant que leurs idoles ne les sauveront pas au moment du danger. Ce passage est un puissant appel à reconnaître et à réparer leur infidélité et ingratitude spirituelles.
Points de réflexion
Pourquoi lit-on la Haftara de Massei plutôt que la Haftara habituelle pour un Chabbat Roch 'Hodech ?
Indice : de quel Roch 'Hodech s’agit-il ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Cette semaine étant Chabbat Roch 'Hodech, nous lirions normalement la Haftara d’Isaïe 66:1–24. (Voir l’édition famille sur la parachat Noa’h pour un aperçu de cette Haftara.) Cependant, lors du Chabbat Roch 'Hodech Av, nous lisons la Haftara de la parachat Massei.
Dans la paracha de cette semaine, il est question d’unité au sein du peuple – un thème central de notre Haftara également. Les tribus qui souhaitent s’établir loin des autres acceptent d’abord de soutenir le reste de Bné Israël dans la conquête de la terre.
Cependant, cette Haftara n’a pas été choisie comme le pendant de notre paracha, mais comme un message pour cette période de deuil. Nous sommes entrés dans les trois semaines (Ben Hametsarim), et notre Haftara reflète l’ambiance et le message de cette période. Comme l’explique Rabbi Sacks : « Massei tombe toujours au cœur des trois semaines. C’est le moment où nous nous livrons à un devoir de mémoire collectif de nos deux plus grandes défaites nationales. »
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Isaïe
Beaucoup pensent que la prophétie est une prédiction du futur qui se réalisera quoi qu’il arrive. C’est ainsi que la prophétie est perçue dans les mythes grecs ou d’autres récits antiques, mais ce n’est pas la vision juive.
Rabbi Sacks a écrit cette phrase célèbre à propos des prophètes : « Ce qui distingue le prophète, ce n’est pas qu’il prédit l’avenir. Le monde antique était rempli de tels personnages : devins, oracles, lecteurs de runes, chamans et autres. Chacun prétendait connaître les forces du destin.
Le judaïsme ne reconnaît pas de telles figures. La Torah interdit “quiconque pratique la divination ou la sorcellerie, interprète les présages, fait de la magie, lance des sorts, consulte les esprits ou interroge les morts” (Dévarim 18:10–11). Elle rejette ces pratiques car elle croit en la liberté humaine.
L’avenir n’est pas écrit d’avance. Il dépend de nous et de nos choix. Si une prédiction se réalise, elle a réussi ; si une prophétie se réalise, elle a échoué. Le prophète annonce l’avenir qui se produira si nous ne faisons pas attention et ne corrigeons pas notre conduite. Il (ou elle – il y avait sept prophétesses dans la Bible) ne prédit pas ; il ou elle avertit. »
Citation de la semaine
« Ce n’est qu’en restant fidèles à D.ieu que les hommes peuvent rester fidèles les uns aux autres. Ce n’est qu’en s’ouvrant à une puissance supérieure à eux-mêmes qu’ils peuvent devenir plus grands qu’eux-mêmes. »
Réflexions supplémentaires
Que feriez-vous si vous saviez qu’un terrible destin attend vos amis s’ils ne changent pas ? Auriez-vous le courage de les avertir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
La voix prophétique
Édition Familiale
Mass'é
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Matote, Mass'é
La voix prophétique
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Pendant les trois semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av, nous rappelons la destruction des Temples. Durant cette période, nous lisons trois des passages les plus poignants de la littérature prophétique : les deux premiers sont tirés du début du livre de Jérémie, le troisième - la semaine prochaine - du premier chapitre d’Isaïe. Il n’y a pas d’autres moments dans l’année où nous avons autant conscience de la force continue des grands visionnaires d’Israël.
Les prophètes n’avaient aucun pouvoir. Ils n’étaient ni rois ni membres de la cour royale. Ils n’étaient (généralement) pas élus et souvent impopulaires. Jérémie, par exemple, fut arrêté, fouetté, maltraité, traduit en justice, et ne s’échappa que de justesse avec la vie sauve. Alors que les rois régnaient pendant une courte période, les paroles des prophètes furent conservées à la postérité et sont devenues une composante majeure de l’histoire et de la pensée juive.
Ce qui distinguait le prophète n’était pas seulement qu’il prédisait l’avenir. Le prophète parle de l’avenir qui se produira si nous n’écoutons pas l’avertissement et ne rectifions pas notre conduite. Ils ne bénissaient pas ou ne maudisaient pas comme ce que les autres faisaient. Ils mettaient plutôt en garde des conséquences de s’éloigner de D.ieu du comportement moral.
L’une des choses qui distinguaient les prophètes était leur sens de l’histoire. À la différence de ceux qui percevaient le temps comme des cercles mouvants, comme les saisons qui se répètent chaque année sans aucun changement au cycle, les prophètes voyaient le temps comme l’arène dans laquelle se jouait le grand drame entre D.ieu et l’humanité, en particulier dans l’histoire d’Israël. Les conséquences étaient claires. Si Israël restait fidèle à sa mission, à son alliance, il prospérerait. S’il trahissait sa mission, il échouerait. Il subirait défaites et exil. C’est ce que Jérémie ne cessa de répéter à ses contemporains.
La deuxième idée clé que nous pouvons apprendre des prophètes fut le lien fut le lien indissociable entre monothéisme et morale. D’une manière ou d’une autre, les prophètes comprirent – c’est implicite dans tous leurs discours, même s’ils ne le disent pas explicitement – que l’idolâtrie n’était pas seulement fausse : elle était aussi corruptrice.
Dans un monde où de nombreux dieux étaient en guerre les uns contre les autres, les gens pensaient que la puissance était plus importante que la bonté. Seuls les plus forts survivaient, et les faibles n’avaient aucune importance. Mais les prophètes s’y opposaient fermement. Pour eux, le plus important chez Dieu n’était pas Sa puissance, mais Sa justice. Puisque Dieu avait sauvé Israël, le peuple Lui devait fidélité. Et lorsqu’il se détournait de Dieu, il devenait aussi malhonnête et cruel envers les autres. Yirmiyahou a un jour déclaré qu’il était difficile de trouver ne serait-ce qu’une seule personne honnête à Jérusalem. La conséquence fut l’exil.
Les prophètes croyaient aussi que la force d’une nation ne venait ni de son armée ni de ses dirigeants. Elle provenait de la droiture morale de son peuple. Ils parlaient peu de politique ou de gouvernement. Ce qui comptait le plus pour eux, c’était la façon dont les gens se comportaient les uns envers les autres et leur fidélité envers Dieu. Sans cela, aucune puissance ne pouvait les sauver. Jérémie disait que les gens se tourneraient vers de faux dieux pour obtenir de l’aide, mais que ces dieux n’apporteraient qu’un faux réconfort.
Même si Jérémie est souvent appelé le prophète du malheur, il était aussi un prophète d’espoir. Alors que d’autres abandonnaient, lui croyait que le peuple juif retournerait sur sa terre et reconstruirait. En pleine guerre, il acheta même un champ pour montrer sa foi en l’avenir. Il ne perdit jamais confiance en Dieu, même s’il perdit foi en l’humanité.
La prophétie a pris fin à l’époque du Second Temple. Mais les vérités prophétiques, elles, vivent encore. En restant fidèles à Dieu, les hommes restent fidèles les uns aux autres. Ce n’est qu’en s’ouvrant à une force plus grande qu’eux qu’ils deviennent plus grands qu’eux-mêmes. Ce n’est qu’en comprenant les forces profondes qui façonnent l’histoire qu’un peuple peut triompher des ravages de l’histoire. Il nous a fallu beaucoup de temps pour apprendre ces vérités, revenir sur notre terre et réintégrer le cours de l’histoire. Il ne faut plus jamais les oublier.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Matot-Massei est souvent lue jumelée, comme une double paracha. Moché enseigne aux chefs de tribus les lois relatives à l’annulation des vœux. Les Bné Israël font la guerre contre Midian en réponse à leur tentative antérieure de corrompre moralement la nation ; après la victoire, le butin est réparti entre les soldats, le peuple, les Léviim et le Cohen Gadol. Les tribus de Réouven et Gad, rejointes plus tard par la moitié de celle de Menaché, demandent à s’installer à l’est du Jourdain. Moché accepte, à condition qu’ils participent d’abord aux batailles à l’ouest. La paracha énumère les 42 étapes depuis l’Égypte, délimite les frontières d’Israël, établit les villes de refuge, et précise les lois d’héritage.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks propose trois façons dont le temps est généralement compris. Avec le temps cyclique, il y a le cycle de la naissance, de la croissance, du déclin et de la mort, et l’éternel retour des saisons. Le temps cyclique est celui de la nature. Certains arbres vivent longtemps ; la plupart des insectes ont une vie très courte ; mais tout ce qui vit meurt. L’espèce perdure, mais pas son représentant.
Avec le temps linéaire, il y a une séquence inéluctable de cause à effet.
Enfin, il existe une manière de percevoir le temps comme une simple suite d’événements, sans trame ni thème sous-jacent.
Chacune de ces conceptions a sa place : la première en biologie, la deuxième en physique, la troisième dans l’histoire séculière. Mais aucune ne correspond à la manière dont les prophètes comprenaient le temps. Les prophètes voyaient le temps comme la scène sur laquelle se jouait le grand drame entre D.ieu et l’humanité, en particulier dans l’histoire d’Israël. Dans le temps de l’alliance, si Israël restait fidèle à sa mission et à son alliance, il prospérait. Sinon, il échouait. Il subissait défaites et exil. C’est ce que Yirmiyahou répétait sans cesse à ses contemporains.
Les prophètes comprenaient le temps non pas comme un cycle ou une fatalité, mais comme une histoire façonnée par des choix. Leur message reste vrai aujourd’hui : lorsque nous restons ancrés dans la foi et l’éthique, nous devenons plus forts que l’histoire elle-même.
Activité sur la paracha
Guide du Temps
Une personne prend le rôle de « Guide du Temps » et annonce une année future – réelle ou fantaisiste (comme 2095 ou « quand les gens vivront sur la lune »). Tous les participants imaginent à quoi ressemblera la vie à cette époque future : comment voyagerons-nous, mangerons-nous, étudierons-nous ou jouerons-nous ? Le Guide du Temps pose des questions de suivi pour aider à imaginer les détails et à enrichir la scène. Ensuite, un nouveau Guide prend le relais avec une nouvelle époque à annoncer.
Cette activité doit rester créative, ouverte, et parfaite pour susciter des échanges futuristes amusants !
Une histoire pour tous les âges
Des étrangers virtuels
Dans la ville de Baltimore, aux États-Unis, au cœur de cette tourmente, Avi et Sora sont devenus parents d’une petite fille. Ils auraient aimé annoncer son prénom à la synagogue, mais bien sûr, ce n’était pas possible. Leur synagogue – comme toutes les autres – était fermée.
Désespérés à trouver un minyan, ils cherchèrent partout et finirent par en trouver un à 20 000 km de là, à Perth, en Australie, où les confinements avaient été levés. Un lycée juif y organisait des prières quotidiennes et accepta d’accueillir la cérémonie de nomination pendant Cha’harit.
Ainsi, les élèves australiens furent les premiers à entendre les parents américains annoncer, via Zoom, le prénom de leur bébé. Lorsque le père, Avi, déclara : « Que son nom soit appelé en Israël… Liba ! », les élèves chantèrent Siman Tov ouMazal Tov et se mirent spontanément à danser en l’honneur de la petite Liba.
Puis M. Lawrence, l’enseignant qui dirigeait les prières, se tourna vers les parents émus qui avaient suivi toute la scène à travers l’écran. Il leur souhaita un mazal tov et leur dit : « Nous sommes avec vous de tout cœur et de toute âme. Am Israël ‘Haï ! »
Ce fut une année marquée par la distance, mais ce jour-là, une école juive de Perth accueillit des inconnus, célébra une nouvelle vie et incarna les valeurs d’unité et de bienveillance. À peine deux semaines plus tard, M. Lawrence apprit que le bébé était en réalité de sa famille — une cousine éloignée par alliance ! Mais il le savait déjà au fond de lui : ils n’étaient pas vraiment des étrangers, car en vérité, nous formons tous une seule et grande famille juive.
Pourquoi l’unité a-t-elle été si essentielle pour traverser le Covid (ou d’autres périodes difficiles) ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Matot – Jérémie 1:1–2:3
Jérémie 1:1–2:3 présente le prophète Jérémie, fils de Hilkiyahou, originaire de la ville sacerdotale d’Anatot. Son ministère prophétique commence sous le règne du roi Yoshiyahou et se poursuit jusqu’à la chute de Jérusalem. D.ieu appelle Jérémie à être prophète pour les nations, même avant sa naissance, mais Jérémie proteste, arguant qu’il est trop jeune et inexpérimenté. D.ieu le rassure : « N’aie pas peur, car Je suis avec toi », et touche sa bouche pour lui transmettre Ses paroles. Jérémie est chargé de déraciner et de planter, de détruire et de bâtir.
D.ieu lui montre alors deux visions : une branche d’amandier (symbole de vigilance) et une marmite bouillonnante tournée vers le nord (annonçant une invasion). Dans 2:1–3, D.ieu se remémore l’amour de jeunesse d’Israël, le décrivant comme Ses « prémices » – saint et bien-aimé – bien que cette fidélité sera vite trahie. Ce passage donne le ton à la mission de Jérémie, faite d’avertissements et d’espoir.
Massei – Jérémie 2:4–28
Les Ashkénazes terminent à 3:4, les Sépharades ajoutent 4:1-2, et le Minhag Anglia lit tout le passage. Les Yéménites lisent Isaïe 1:21–20.
Jérémie 2:4–28 est une réprimande prophétique dans laquelle D.ieu, par l’entremise de Jérémie, reproche à Israël de L’avoir abandonné malgré tout ce qu’Il a fait pour eux. D.ieu rappelle comment Il les a fait sortir d’Égypte et la traversée du désert, mais ils se sont détournés de Lui et ont souillé la terre qu’Il leur avait donnée. Les prêtres, dirigeants et prophètes sont accusés d’avoir failli spirituellement – ils ne cherchent plus D.ieu, mais suivent des idoles vaines, devenant eux-mêmes vains.
D.ieu s’interroge : quelle faute ont-ils trouvée en Lui pour justifier une telle trahison ? Israël est comparé à une vigne sauvage devenue corrompue. Malgré l’oppression étrangère, Israël refuse de revenir vers D.ieu. Il cherche l’aide auprès de l’Égypte et de l’Assyrie, preuve d’une confiance mal placée. D.ieu condamne leur idolâtrie en disant que leurs idoles ne les sauveront pas au moment du danger. Ce passage est un puissant appel à reconnaître et à réparer leur infidélité et ingratitude spirituelles.
Points de réflexion
Pourquoi lit-on la Haftara de Massei plutôt que la Haftara habituelle pour un Chabbat Roch 'Hodech ?
Indice : de quel Roch 'Hodech s’agit-il ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Cette semaine étant Chabbat Roch 'Hodech, nous lirions normalement la Haftara d’Isaïe 66:1–24. (Voir l’édition famille sur la parachat Noa’h pour un aperçu de cette Haftara.) Cependant, lors du Chabbat Roch 'Hodech Av, nous lisons la Haftara de la parachat Massei.
Dans la paracha de cette semaine, il est question d’unité au sein du peuple – un thème central de notre Haftara également. Les tribus qui souhaitent s’établir loin des autres acceptent d’abord de soutenir le reste de Bné Israël dans la conquête de la terre.
Cependant, cette Haftara n’a pas été choisie comme le pendant de notre paracha, mais comme un message pour cette période de deuil. Nous sommes entrés dans les trois semaines (Ben Hametsarim), et notre Haftara reflète l’ambiance et le message de cette période. Comme l’explique Rabbi Sacks : « Massei tombe toujours au cœur des trois semaines. C’est le moment où nous nous livrons à un devoir de mémoire collectif de nos deux plus grandes défaites nationales. »
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Isaïe
Beaucoup pensent que la prophétie est une prédiction du futur qui se réalisera quoi qu’il arrive. C’est ainsi que la prophétie est perçue dans les mythes grecs ou d’autres récits antiques, mais ce n’est pas la vision juive.
Rabbi Sacks a écrit cette phrase célèbre à propos des prophètes :
« Ce qui distingue le prophète, ce n’est pas qu’il prédit l’avenir. Le monde antique était rempli de tels personnages : devins, oracles, lecteurs de runes, chamans et autres. Chacun prétendait connaître les forces du destin.
Le judaïsme ne reconnaît pas de telles figures. La Torah interdit “quiconque pratique la divination ou la sorcellerie, interprète les présages, fait de la magie, lance des sorts, consulte les esprits ou interroge les morts” (Dévarim 18:10–11). Elle rejette ces pratiques car elle croit en la liberté humaine.
L’avenir n’est pas écrit d’avance. Il dépend de nous et de nos choix. Si une prédiction se réalise, elle a réussi ; si une prophétie se réalise, elle a échoué. Le prophète annonce l’avenir qui se produira si nous ne faisons pas attention et ne corrigeons pas notre conduite. Il (ou elle – il y avait sept prophétesses dans la Bible) ne prédit pas ; il ou elle avertit. »
Citation de la semaine
« Ce n’est qu’en restant fidèles à D.ieu que les hommes peuvent rester fidèles les uns aux autres. Ce n’est qu’en s’ouvrant à une puissance supérieure à eux-mêmes qu’ils peuvent devenir plus grands qu’eux-mêmes. »
Réflexions supplémentaires
Que feriez-vous si vous saviez qu’un terrible destin attend vos amis s’ils ne changent pas ? Auriez-vous le courage de les avertir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Le zélote
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