● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Au cœur de l’histoire de Kora’h se trouve l’idée d’égalité. Kora’h affirme que “toute la communauté est sainte” puis remet en question des hommes comme Moïse et Aaron, le Cohen Gadol, en tant que dirigeants. Cela est certainement une idée juive. Après tout, D.ieu a dit que les Bné Israël seraient “un royaume de prêtres et une nation sainte.”
Kora'h ne pense pas vraiment ce qu’il dit. Il prétend s’opposer à l’institution même de la gouvernance, tout en cherchant lui-même à devenir dirigeant. Mais si nous nous penchons vraiment sur l’argument de Kora’h, il y a une logique convaincante à ses propos: si nous sommes tous saints et proches de D.ieu, pourquoi devrait-il y avoir un groupe distinct de prêtres ou un dirigeant comme Moché ? Pourquoi pas comme lors de la période des Juges, lorsque les dirigeants géraient une crise puis reprenaient une vie normale par la suite ? Pourquoi donner tant de pouvoirs à Moché et Aaron? Si tout le monde est déjà saint, pourquoi avons-nous besoin d’une classe spéciale de dirigeants?
Mais voici ce que Kora’h a mal compris. Il concevait la gouvernance en termes de statut, être plus élevé que les autres, comme un patron. Il concevait les dirigeants comme “Un mâle alpha”, celui à qui les autres se soumettent. Mais dans la Torah, le leadership ne s’agit pas d’être plus puissant. Un dirigeant est là pour servir.
Moché est appelé “un homme très humble, plus qu’aucun autre homme sur terre”. Aaron et les prêtres bénissent le peuple, mais c’est D.ieu qui donne en fait la bénédiction: “Ils mettront Mon nom sur les enfants d’Israël, et Moi, Je les bénirai.” En d’autres termes, les dirigeants dans le judaïsme ne sont de simples vecteurs à travers lesquels la force divine circule. Aucun d’entre eux n’avait un pouvoir ou une autorité personnels - ils ne font que servir.
Cette idée est si importante que lorsque Moché et Aaron parlent durement au peuple et dirent, “Allons-nous faire sortir de l’eau de ce rocher ?”, ils ont été puni. Pourquoi? Parce qu’il semblait qu’ils prenaient le mérite au lieu de le donner à D.ieu.
Même un roi, dans la loi juive, a le devoir d’être humble. Il doit porter avec lui un rouleau de la Torah et le lire tous les jours de sa vie, « afin qu’il apprenne à craindre l’Éternel, son D.ieu, et à observer toutes les paroles de cette loi et de ces prescriptions, pour ne pas se croire supérieur à ses frères ». Le leadership s’agit de responsabilité et non pas de se penser supérieur aux autres.
Dans le judaïsme, un leader n’a pas besoin d’être un meilleur acteur ou un meilleur joueur e. Son rôle est différent. Il doit coordonner, structurer et façonner l’ensemble, veiller à ce que chacun suive le même script, avance dans la même direction, agisse comme un ensemble plutôt qu’en solistes désordonnés comme un orchestre. Le plus grand honneur de Moïse est qu’il est appelé eved Hachem, « serviteur de D.ieu », et ce, 18 fois dans le Tanakh. Le seul autre à recevoir ce titre est Josué, à deux reprises. Dans le judaïsme, un dirigeant est un serviteur, et diriger, c’est servir.Tout autre considération n’est pas du leadership dans la manière dont le judaïsme le caractérise.
Et puisque nous sommes tous des serviteurs de D.ieu, nous sommes tous appelés à servir D.ieu. Moïse était l’exemple suprême du principe de Rabbi Yoḥanan : « Là où tu trouves l’humilité, tu trouves la grandeur. »
L'une des caractéristiques les plus tristes du judaïsme est que nous avons tendance à oublier que de nombreuses grandes idées appropriées par d'autres sont en réalité les nôtres. Un vrai dirigeant juif ne cherche pas à se faire aimer. “Si un érudit est aimé de tous dans sa ville, c’est qu’il n’ose pas les reprendre sur les sujets du ciel.”
Et un véritable leader ne cherche pas le poste. Il le refuse souvent. Rabban Gamliel l’a bien résumé quand il dit à deux Sages qu’il veut nommer à une fonction :« Croyez-vous que je vous offre le pouvoir ? Je vous offre l’avdout, l’opportunité de servir. »
Tel fut donc l’erreur de Korakh. Il pensait que les dirigeants étaient ceux qui se plaçaient au-dessus de l’assemblée. Il avait raison de dire que ce type de dirigeant n’a pas sa place dans le judaïsme. Nous sommes tous appelés à être des serviteurs de D.ieu. Le leadership n’est pas une question de statut mais de fonction. Sans leadership, le peuple juif n’est qu’un peuple, un groupe ethnique, et non une nation sainte. Sans rappels constants que nous sommes une nation sainte, qui deviendrons-nous — et pourquoi ?
Autour de la table de Chabbat
À vos yeux, qu’est-ce qui fait un bon leader ?
Pouvez-vous penser à un leader biblique qui a commencé fort mais qui s’est égaré ? Que s’est-il passé ?
Comment peut-on savoir si quelqu’un sert D.ieu ou se sert lui-même ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Kora’h conteste Moché et remet en question le statut d’Aharon en tant que Cohen Gadol. Il est soutenu par des adversaires de longue date de Moché – Datan et Aviram – ainsi que par 250 chefs de la communauté. Dans une tentative de prouver leur droit à la prêtrise, ils offrent de l’encens (un rite sacré réservé aux Cohanim), si bien que la terre s’ouvre et engloutit les rebelles, et qu’un feu céleste consume ceux qui ont offert l’encens.
Le peuple est ensuite frappé par une épidémie, mais Aharon offre de l’encens, cette fois comme expiation. Pour réaffirmer qu’Aharon a bien été choisi par D.ieu, son bâton fleurit miraculeusement et des amandes en jaillissent.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Un midrash raconte que Kora’h fit vêtir ses complices de tuniques entièrement faites de laine bleue. Ils se rassemblèrent devant Moché et lui demandèrent : « Une tunique entièrement faite de laine bleue nécessite-t-elle des franges bleues [tsitsit], ou en est-elle exemptée ? » Il répondit : « Elle nécessite des franges. » Ils se moquèrent de lui, ravis de l’avoir piégé. « Nous savons qu’un vêtement d’une autre couleur est exempté s’il possède seulement un fil de laine bleue, alors comment se fait-il que ces tuniques, entièrement bleues, aient encore besoin de franges ? Ne devraient-elles pas en être exemptées ? »
Ce commentaire est remarquable car il produit deux effets. D’une part, il établit un lien entre l’épisode de Kora’h et la loi sur les tsitsit à la fin de la paracha de la semaine précédente. Il s’agit là du point superficiel. Le point profond est qu’il montre habilement comment Kora’h remettait en question la légitimité même des leaderships de Moché et Aharon. Les Bné Israël sont « tous saints », disait-il. Ils sont comme une tunique, dont chaque fil est bleu azur. Ils ne devraient pas avoir besoin d’une frange supplémentaire pour la rendre encore plus bleue, tout comme un peuple saint ne devrait pas avoir besoin de gens saints comme Aharon pour le sanctifier. L’idée d’une hiérarchie de leadership dans un « royaume de prêtres et une nation sainte » est contradictoire. Chacun est saint. Chacun est égal devant D.ieu.
Ce que Kora’h ne comprenait pas, c’est que, dans la Torah, un dirigeant n’est pas un souverain, mais un serviteur de D.ieu et un guide pour le peuple. De la même façon qu’une tunique bleue a encore besoin de tsitsit pour devenir sainte, un peuple saint a encore besoin de leaders pour l’unifier et l’élever.
Activité sur la paracha
Chimon a dit
Cette version du jeu « Chimon a dit » a une touche originale ! Une personne est désignée pour jouer Chimon et donner des instructions comme « Shimon a dit ‘saute’ ». Tout le monde suit uniquement si « Chimon a dit » précède l’ordre. Si vous exécutez l’ordre sans que l’on ait dit « Shimon a dit », vous êtes éliminé.
Ajoutez maintenant un changement toutes les deux manches : jouez au ralenti, utilisez des voix amusantes, ou imitez des animaux en suivant les consignes. Changez souvent de chef pour que tout le monde soit inclus et s’amuse.
Qu’avez-vous préféré : être le chef ou un joueur ? Ce jeu fonctionnerait-il par équipes ?
Une histoire pour tous les âges
L’équipe de l’espace
Nous sommes en 1962, et le président John F. Kennedy visite le centre spatial de la NASA. Il avance dans ce bâtiment immense rempli de gens travaillant à un projet gigantesque : l’Amérique est déterminée à devenir le premier pays à marquer l’histoire en envoyant les premiers êtres humains dans une fusée sur la Lune.
Alors que le Président marche dans un long couloir, il remarque un homme aux cheveux gris et aux yeux bienveillants, qui balaie le sol avec minutie. Le Président interrompt sa visite et s’adresse à l’homme. Souriant, il s’approche de lui, comme il l’a fait avec tant de scientifiques, astronautes et employés rencontrés ce jour-là : « Bonjour, je suis Jack Kennedy. Que faites-vous pour la NASA, monsieur ? »
L’homme leva les yeux, sourit, et répondit : « Eh bien, Monsieur le Président, j’aide à envoyer un homme sur la Lune. »
Il ne portait ni costume ni cravate. Il ne construisait pas de fusée. Mais il était convaincu que son travail – maintenir l’endroit propre et fonctionnel – faisait partie intégrante de quelque chose de grand.
C’est aussi cela, le leadership. Il n’est pas nécessaire d’avoir un titre ou une scène. Il suffit de se soucier profondément de la mission et de servir avec fidélité.
Kora’h voulait de l’attention. Mais Moché, comme ce concierge, savait mieux que quiconque que les vrais leaders et les membres d’une équipe servent la mission, pas eux-mêmes.
Sept ans plus tard, Apollo 11 fut lancé. Seuls deux hommes ont marché sur la Lune, mais il a fallu des centaines d’hommes et de femmes pour les y envoyer en toute sécurité. Et chacun a joué un rôle clé dans la mission.
Dans ce cas, est-ce la NASA qui a donné à cet homme le sentiment de faire partie de l’équipe ? Était-ce le Président ? Était-ce sa propre conviction intérieure ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
I Samuel 11:14 – 12:22
La haftara de cette semaine décrit la confirmation de Chaoul comme roi, et le discours d’adieu du prophète Chmouel au peuple d’Israël.
Après la victoire de Chaoul contre les Ammonites, Chmouel rassemble le peuple à Guilgal pour renouveler la monarchie et affirmer publiquement la direction de Chaoul. Chmouel s’adresse alors à la nation, déclarant qu’il les a toujours servis fidèlement, et demande si quelqu’un a une plainte contre lui – personne n’en a. Il retrace l’histoire d’Israël, soulignant comment D.ieu les a maintes fois délivrés malgré leur infidélité. Chmouel leur rappelle que leur demande d’un roi équivalait à un rejet de la royauté divine, bien que D.ieu ait accepté leur requête.
Comme signe visible et audible, il appelle le tonnerre et la pluie pendant la saison des moissons, causant la crainte parmi le peuple. Malgré cela, Chmouel les rassure : si le roi et le peuple restent fidèles à D.ieu, Il restera à leurs côtés. Chmouel promet de continuer à prier pour eux et à leur enseigner les voies de D.ieu.
Pourquoi pensez-vous que des conditions météorologiques miraculeuses jouent un rôle dans de si nombreuses histoires du Tanakh ?
Points de réflexion
Rahav est décrite comme une prostituée.
Pourquoi la demande d’un roi est-elle perçue comme un rejet de la souveraineté de Dieu ?
Pourquoi pensez-vous que cette demande (d’un roi pour Israël) a finalement été accordée par Hachem ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La paracha de cette semaine nous raconte la seule rébellion qui a eu lieu durant les quarante années d’errance du peuple juif dans le désert. Celle de Kora’h et de ses complices, contre Aharon en tant que Cohen Gadol, et contre le leadership de Moché. La haftara associée raconte la révolte du peuple contre le prophète Chmouel et sa demande d’un roi. Ce roi devait remplacer Chmouel comme dirigeant.
Fait fascinant, Moché et Chmouel affirment tous deux qu’ils ne cherchent pas à être dirigeants. Moché déclare : « Je ne leur ai pas pris un seul âne, et je n’ai fait de mal à aucun d’eux. » (Bamidbar 16,15) Chmouel, en des termes très similaires, dit : « De qui ai-je pris le bœuf ? Ou de qui ai-je pris l’âne ? Ou qui ai-je trompé ? Ou qui ai-je opprimé ? » (Chmouel I, 12, 3)
Dans aucune des deux rébellions, l’intégrité du dirigeant n’a été directement mise en cause ; cependant, Moché et Chmouel comprennent tous deux la plainte sous-jacente. Dans la paracha, Moché se tourne vers Hachem pour confirmer son intégrité. Dans la haftara, Chmouel se tourne vers le peuple.
Dans la paracha comme dans la haftara, D.ieu est sollicité pour accomplir un miracle afin de confirmer l’autorité des dirigeants. Dans la paracha, la terre s’ouvre et engloutit Kora’h et ses agitateurs. Dans la haftara, Hachem envoie l’orage.
De quelle façon l’issue de la révolte est-elle différente dans la haftara ? Pourquoi ?
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Chmouël
Influencé par les nations environnantes, le peuple exige un roi d’Israël pour le gouverner. Le prophète Chmouël s’y oppose d’abord, affirmant que D.ieu est le seul Roi nécessaire, mais D.ieu lui dit d’accéder à leur demande, et le guide dans le choix de l’homme adéquat.
Le roi Chaoul, premier roi d’Israël dans la Bible hébraïque, est introduit dans Chmouël I comme un homme grand et beau de la tribu de Binyamin. Il est choisi par Chmouël sous la direction divine pour unir les tribus et diriger Israël, notamment contre ses ennemis comme les Ammonites et les Philistins. Initialement humble et victorieux, Chaoul gagne en popularité après plusieurs succès militaires. Cependant, son règne est marqué par une désobéissance croissante à D.ieu. Il offre des sacrifices sans Chmouël, épargne le roi Agag et le bétail des Amalécites contrairement à l’ordre divin, et perd peu à peu la faveur de D.ieu. En conséquence, D.ieu choisit David pour le remplacer, et ses descendants perdent le droit à la royauté. Plus tard, Chaoul devient jaloux et paranoïaque, surtout vis-à-vis de David, et passe les dernières années de son règne à le pourchasser. Sa vie se termine tragiquement lors d’une bataille contre les Philistins, où il est blessé et se donne la mort. Son histoire reflète la tension entre l’autorité humaine et la volonté divine.
Citation de la semaine
« Le leadership à son plus haut niveau transforme à la fois ceux qui l’exercent et ceux qui en sont influencés. Les grands leaders rendent les gens meilleurs, plus généreux et plus nobles qu’ils ne l’auraient été autrement. »
Contre la haine, Ki Tetsé, Lessons in Leadership series, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Quelles qualités rechercheriez-vous chez une personne à qui vous proposeriez un poste de dirigeant ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Résumé Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks. Lorsque nous lisons l’histoire de Kora’h, notre attention a tendance à…
Le dirigeant serviteur
Édition Familiale
Kora'h
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Kora'h
Le dirigeant serviteur
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
Au cœur de l’histoire de Kora’h se trouve l’idée d’égalité. Kora’h affirme que “toute la communauté est sainte” puis remet en question des hommes comme Moïse et Aaron, le Cohen Gadol, en tant que dirigeants. Cela est certainement une idée juive. Après tout, D.ieu a dit que les Bné Israël seraient “un royaume de prêtres et une nation sainte.”
Kora'h ne pense pas vraiment ce qu’il dit. Il prétend s’opposer à l’institution même de la gouvernance, tout en cherchant lui-même à devenir dirigeant. Mais si nous nous penchons vraiment sur l’argument de Kora’h, il y a une logique convaincante à ses propos: si nous sommes tous saints et proches de D.ieu, pourquoi devrait-il y avoir un groupe distinct de prêtres ou un dirigeant comme Moché ? Pourquoi pas comme lors de la période des Juges, lorsque les dirigeants géraient une crise puis reprenaient une vie normale par la suite ? Pourquoi donner tant de pouvoirs à Moché et Aaron? Si tout le monde est déjà saint, pourquoi avons-nous besoin d’une classe spéciale de dirigeants?
Mais voici ce que Kora’h a mal compris. Il concevait la gouvernance en termes de statut, être plus élevé que les autres, comme un patron. Il concevait les dirigeants comme “Un mâle alpha”, celui à qui les autres se soumettent. Mais dans la Torah, le leadership ne s’agit pas d’être plus puissant. Un dirigeant est là pour servir.
Moché est appelé “un homme très humble, plus qu’aucun autre homme sur terre”. Aaron et les prêtres bénissent le peuple, mais c’est D.ieu qui donne en fait la bénédiction: “Ils mettront Mon nom sur les enfants d’Israël, et Moi, Je les bénirai.” En d’autres termes, les dirigeants dans le judaïsme ne sont de simples vecteurs à travers lesquels la force divine circule. Aucun d’entre eux n’avait un pouvoir ou une autorité personnels - ils ne font que servir.
Cette idée est si importante que lorsque Moché et Aaron parlent durement au peuple et dirent, “Allons-nous faire sortir de l’eau de ce rocher ?”, ils ont été puni. Pourquoi? Parce qu’il semblait qu’ils prenaient le mérite au lieu de le donner à D.ieu.
Même un roi, dans la loi juive, a le devoir d’être humble. Il doit porter avec lui un rouleau de la Torah et le lire tous les jours de sa vie, « afin qu’il apprenne à craindre l’Éternel, son D.ieu, et à observer toutes les paroles de cette loi et de ces prescriptions, pour ne pas se croire supérieur à ses frères ». Le leadership s’agit de responsabilité et non pas de se penser supérieur aux autres.
Dans le judaïsme, un leader n’a pas besoin d’être un meilleur acteur ou un meilleur joueur e. Son rôle est différent. Il doit coordonner, structurer et façonner l’ensemble, veiller à ce que chacun suive le même script, avance dans la même direction, agisse comme un ensemble plutôt qu’en solistes désordonnés comme un orchestre. Le plus grand honneur de Moïse est qu’il est appelé eved Hachem, « serviteur de D.ieu », et ce, 18 fois dans le Tanakh. Le seul autre à recevoir ce titre est Josué, à deux reprises. Dans le judaïsme, un dirigeant est un serviteur, et diriger, c’est servir.Tout autre considération n’est pas du leadership dans la manière dont le judaïsme le caractérise.
Et puisque nous sommes tous des serviteurs de D.ieu, nous sommes tous appelés à servir D.ieu. Moïse était l’exemple suprême du principe de Rabbi Yoḥanan : « Là où tu trouves l’humilité, tu trouves la grandeur. »
L'une des caractéristiques les plus tristes du judaïsme est que nous avons tendance à oublier que de nombreuses grandes idées appropriées par d'autres sont en réalité les nôtres. Un vrai dirigeant juif ne cherche pas à se faire aimer. “Si un érudit est aimé de tous dans sa ville, c’est qu’il n’ose pas les reprendre sur les sujets du ciel.”
Et un véritable leader ne cherche pas le poste. Il le refuse souvent. Rabban Gamliel l’a bien résumé quand il dit à deux Sages qu’il veut nommer à une fonction :« Croyez-vous que je vous offre le pouvoir ? Je vous offre l’avdout, l’opportunité de servir. »
Tel fut donc l’erreur de Korakh. Il pensait que les dirigeants étaient ceux qui se plaçaient au-dessus de l’assemblée. Il avait raison de dire que ce type de dirigeant n’a pas sa place dans le judaïsme. Nous sommes tous appelés à être des serviteurs de D.ieu. Le leadership n’est pas une question de statut mais de fonction. Sans leadership, le peuple juif n’est qu’un peuple, un groupe ethnique, et non une nation sainte. Sans rappels constants que nous sommes une nation sainte, qui deviendrons-nous — et pourquoi ?
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Kora’h conteste Moché et remet en question le statut d’Aharon en tant que Cohen Gadol. Il est soutenu par des adversaires de longue date de Moché – Datan et Aviram – ainsi que par 250 chefs de la communauté. Dans une tentative de prouver leur droit à la prêtrise, ils offrent de l’encens (un rite sacré réservé aux Cohanim), si bien que la terre s’ouvre et engloutit les rebelles, et qu’un feu céleste consume ceux qui ont offert l’encens.
Le peuple est ensuite frappé par une épidémie, mais Aharon offre de l’encens, cette fois comme expiation. Pour réaffirmer qu’Aharon a bien été choisi par D.ieu, son bâton fleurit miraculeusement et des amandes en jaillissent.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Un midrash raconte que Kora’h fit vêtir ses complices de tuniques entièrement faites de laine bleue. Ils se rassemblèrent devant Moché et lui demandèrent : « Une tunique entièrement faite de laine bleue nécessite-t-elle des franges bleues [tsitsit], ou en est-elle exemptée ? » Il répondit : « Elle nécessite des franges. » Ils se moquèrent de lui, ravis de l’avoir piégé. « Nous savons qu’un vêtement d’une autre couleur est exempté s’il possède seulement un fil de laine bleue, alors comment se fait-il que ces tuniques, entièrement bleues, aient encore besoin de franges ? Ne devraient-elles pas en être exemptées ? »
Ce commentaire est remarquable car il produit deux effets. D’une part, il établit un lien entre l’épisode de Kora’h et la loi sur les tsitsit à la fin de la paracha de la semaine précédente. Il s’agit là du point superficiel. Le point profond est qu’il montre habilement comment Kora’h remettait en question la légitimité même des leaderships de Moché et Aharon. Les Bné Israël sont « tous saints », disait-il. Ils sont comme une tunique, dont chaque fil est bleu azur. Ils ne devraient pas avoir besoin d’une frange supplémentaire pour la rendre encore plus bleue, tout comme un peuple saint ne devrait pas avoir besoin de gens saints comme Aharon pour le sanctifier. L’idée d’une hiérarchie de leadership dans un « royaume de prêtres et une nation sainte » est contradictoire. Chacun est saint. Chacun est égal devant D.ieu.
Ce que Kora’h ne comprenait pas, c’est que, dans la Torah, un dirigeant n’est pas un souverain, mais un serviteur de D.ieu et un guide pour le peuple. De la même façon qu’une tunique bleue a encore besoin de tsitsit pour devenir sainte, un peuple saint a encore besoin de leaders pour l’unifier et l’élever.
Activité sur la paracha
Chimon a dit
Cette version du jeu « Chimon a dit » a une touche originale ! Une personne est désignée pour jouer Chimon et donner des instructions comme « Shimon a dit ‘saute’ ». Tout le monde suit uniquement si « Chimon a dit » précède l’ordre. Si vous exécutez l’ordre sans que l’on ait dit « Shimon a dit », vous êtes éliminé.
Ajoutez maintenant un changement toutes les deux manches : jouez au ralenti, utilisez des voix amusantes, ou imitez des animaux en suivant les consignes. Changez souvent de chef pour que tout le monde soit inclus et s’amuse.
Qu’avez-vous préféré : être le chef ou un joueur ? Ce jeu fonctionnerait-il par équipes ?
Une histoire pour tous les âges
L’équipe de l’espace
Nous sommes en 1962, et le président John F. Kennedy visite le centre spatial de la NASA. Il avance dans ce bâtiment immense rempli de gens travaillant à un projet gigantesque : l’Amérique est déterminée à devenir le premier pays à marquer l’histoire en envoyant les premiers êtres humains dans une fusée sur la Lune.
Alors que le Président marche dans un long couloir, il remarque un homme aux cheveux gris et aux yeux bienveillants, qui balaie le sol avec minutie. Le Président interrompt sa visite et s’adresse à l’homme. Souriant, il s’approche de lui, comme il l’a fait avec tant de scientifiques, astronautes et employés rencontrés ce jour-là : « Bonjour, je suis Jack Kennedy. Que faites-vous pour la NASA, monsieur ? »
L’homme leva les yeux, sourit, et répondit : « Eh bien, Monsieur le Président, j’aide à envoyer un homme sur la Lune. »
Il ne portait ni costume ni cravate. Il ne construisait pas de fusée. Mais il était convaincu que son travail – maintenir l’endroit propre et fonctionnel – faisait partie intégrante de quelque chose de grand.
C’est aussi cela, le leadership. Il n’est pas nécessaire d’avoir un titre ou une scène. Il suffit de se soucier profondément de la mission et de servir avec fidélité.
Kora’h voulait de l’attention. Mais Moché, comme ce concierge, savait mieux que quiconque que les vrais leaders et les membres d’une équipe servent la mission, pas eux-mêmes.
Sept ans plus tard, Apollo 11 fut lancé. Seuls deux hommes ont marché sur la Lune, mais il a fallu des centaines d’hommes et de femmes pour les y envoyer en toute sécurité. Et chacun a joué un rôle clé dans la mission.
Dans ce cas, est-ce la NASA qui a donné à cet homme le sentiment de faire partie de l’équipe ? Était-ce le Président ? Était-ce sa propre conviction intérieure ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
I Samuel 11:14 – 12:22
La haftara de cette semaine décrit la confirmation de Chaoul comme roi, et le discours d’adieu du prophète Chmouel au peuple d’Israël.
Après la victoire de Chaoul contre les Ammonites, Chmouel rassemble le peuple à Guilgal pour renouveler la monarchie et affirmer publiquement la direction de Chaoul. Chmouel s’adresse alors à la nation, déclarant qu’il les a toujours servis fidèlement, et demande si quelqu’un a une plainte contre lui – personne n’en a. Il retrace l’histoire d’Israël, soulignant comment D.ieu les a maintes fois délivrés malgré leur infidélité. Chmouel leur rappelle que leur demande d’un roi équivalait à un rejet de la royauté divine, bien que D.ieu ait accepté leur requête.
Comme signe visible et audible, il appelle le tonnerre et la pluie pendant la saison des moissons, causant la crainte parmi le peuple. Malgré cela, Chmouel les rassure : si le roi et le peuple restent fidèles à D.ieu, Il restera à leurs côtés. Chmouel promet de continuer à prier pour eux et à leur enseigner les voies de D.ieu.
Pourquoi pensez-vous que des conditions météorologiques miraculeuses jouent un rôle dans de si nombreuses histoires du Tanakh ?
Points de réflexion
Rahav est décrite comme une prostituée.
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La paracha de cette semaine nous raconte la seule rébellion qui a eu lieu durant les quarante années d’errance du peuple juif dans le désert. Celle de Kora’h et de ses complices, contre Aharon en tant que Cohen Gadol, et contre le leadership de Moché. La haftara associée raconte la révolte du peuple contre le prophète Chmouel et sa demande d’un roi. Ce roi devait remplacer Chmouel comme dirigeant.
Fait fascinant, Moché et Chmouel affirment tous deux qu’ils ne cherchent pas à être dirigeants. Moché déclare : « Je ne leur ai pas pris un seul âne, et je n’ai fait de mal à aucun d’eux. » (Bamidbar 16,15) Chmouel, en des termes très similaires, dit : « De qui ai-je pris le bœuf ? Ou de qui ai-je pris l’âne ? Ou qui ai-je trompé ? Ou qui ai-je opprimé ? » (Chmouel I, 12, 3)
Dans aucune des deux rébellions, l’intégrité du dirigeant n’a été directement mise en cause ; cependant, Moché et Chmouel comprennent tous deux la plainte sous-jacente. Dans la paracha, Moché se tourne vers Hachem pour confirmer son intégrité. Dans la haftara, Chmouel se tourne vers le peuple.
Dans la paracha comme dans la haftara, D.ieu est sollicité pour accomplir un miracle afin de confirmer l’autorité des dirigeants. Dans la paracha, la terre s’ouvre et engloutit Kora’h et ses agitateurs. Dans la haftara, Hachem envoie l’orage.
De quelle façon l’issue de la révolte est-elle différente dans la haftara ? Pourquoi ?
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Chmouël
Influencé par les nations environnantes, le peuple exige un roi d’Israël pour le gouverner. Le prophète Chmouël s’y oppose d’abord, affirmant que D.ieu est le seul Roi nécessaire, mais D.ieu lui dit d’accéder à leur demande, et le guide dans le choix de l’homme adéquat.
Le roi Chaoul, premier roi d’Israël dans la Bible hébraïque, est introduit dans Chmouël I comme un homme grand et beau de la tribu de Binyamin. Il est choisi par Chmouël sous la direction divine pour unir les tribus et diriger Israël, notamment contre ses ennemis comme les Ammonites et les Philistins. Initialement humble et victorieux, Chaoul gagne en popularité après plusieurs succès militaires. Cependant, son règne est marqué par une désobéissance croissante à D.ieu. Il offre des sacrifices sans Chmouël, épargne le roi Agag et le bétail des Amalécites contrairement à l’ordre divin, et perd peu à peu la faveur de D.ieu. En conséquence, D.ieu choisit David pour le remplacer, et ses descendants perdent le droit à la royauté. Plus tard, Chaoul devient jaloux et paranoïaque, surtout vis-à-vis de David, et passe les dernières années de son règne à le pourchasser. Sa vie se termine tragiquement lors d’une bataille contre les Philistins, où il est blessé et se donne la mort. Son histoire reflète la tension entre l’autorité humaine et la volonté divine.
Citation de la semaine
« Le leadership à son plus haut niveau transforme à la fois ceux qui l’exercent et ceux qui en sont influencés. Les grands leaders rendent les gens meilleurs, plus généreux et plus nobles qu’ils ne l’auraient été autrement. »
Contre la haine, Ki Tetsé, Lessons in Leadership series, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Quelles qualités rechercheriez-vous chez une personne à qui vous proposeriez un poste de dirigeant ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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