● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
L’épisode des explorateurs a toujours intrigué les commentateurs. Après un périple si miraculeux de l’Égypte au Har Sinaï, comment auraient-ils pu dire: “Nous ne pouvons pas attaquer ce peuple, car il est plus fort que nous… Nous y avons vu des titans… Nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et c’est ainsi que nous paraissions à leurs yeux»
Ils étaient terrifiés et leur rapport a encore plus terrifié les Bné Israël. Mais en vérité, c’était exactement le contraire de ce que rapportaient les explorateurs. Les Cananéens craignaient les Bné Israël bien plus que les Bné Israël ne les craignaient. D.ieu sauva les Bné Israël de l’Égypte à l’aide de nombreux signes et miracles, et toutes les nations du monde ont entendu la nouvelle. Tel qu’ils l’avaient eux-mêmes chanté en traversant la Mer rouge: “Les habitants de Canaan fondent d’effroi ; la peur et la terreur s’abattent sur eux”.
On entend ce même écho au début du récit de Bilam: “Moav fut saisi de terreur devant les enfants d’Israël”. Et Rahav de Jéricho dira aux espions envoyés par Yéhochoua une génération plus tard: “Je sais que l’Éternel vous a donné ce pays ; la terreur que vous inspirez s’est emparée de nous, et tous les habitants du pays tremblent devant vous… nos cœurs se sont liquéfiés, et personne n’a eu le courage de vous résister, car l’Éternel, votre D.ieu, est D.ieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre »
Comment les explorateurs ont-ils pu se tromper à ce point ? Ont-ils mal interprété ce qu’ils ont vu ? Leur a-t-il manqué la foi en D.ieu ? Ou — plus vraisemblablement — la foi en eux-mêmes ? Le Rambam suggère que leur peur était inévitable au vu de leur passé ? Ils avaient vécu la plus grande partie de leur vie en esclavage. Leur liberté était toute récente. Ils n’étaient pas encore prêts à mener une série de batailles prolongées et à s’établir comme un peuple libre sur sa propre terre. Il fallait pour cela une nouvelle génération, née dans la liberté. L’être humain peut changer, mais pas si vite.
La plupart des commentateurs estiment que les explorateurs ont fauté par manque de courage, ou de foi. Et si, tel que le Rabbi de Loubavitch le suggère, ils avaient peur de la réussite ? Leur inquiétude n’était pas physique, mais spirituelle. Ils ne voulaient pas quitter le désert, non pas parce qu’ils craignaient la terre, mais parce qu’ils craignaient ce qu’elle représentait. Dans le désert qu’ils étaient proches de D.ieu avec la la manne qui tombait du ciel, l’eau du rocher, les Nuées de gloire le jour et le feu la nuit. D.ieu était proche, constamment, de manière évidente, et ils n’avaient pas besoin de labourer la terre, de défendre un pays ou de faire tourner une économie. Ils étaient libres des fardeaux et distractions de la vie ordinaire. Ce fut une existence de pureté spirituelle, intouchée par les complexités de la civilisation.
Cette interprétation ne reflète pas le sens littéral du texte, mais s’apparente plutôt à une lecture psychanalytique, une exploration de l’inconscient des explorateurs. Les explorateurs redoutaient peut-être de manière inconsciente le monde adulte. Ils ne voulaient pas quitter l’innocence et la sécurité de l’enfance spirituelle et faire face aux responsabilités de la liberté. Tout comme les enfants doivent grandir, les nations le doivent aussi. En fin de compte, les explorateurs redoutaient la liberté et ce qu’elle exigeait d’eux.
Mais la Torah n’est pas une retraite du monde. C’est une religion profondément engagée dans le monde. Le judaïsme est une religion de société, pas de séclusion, un guide de justice, de miséricorde et de responsabilité dans le vrai monde. D.ieu a choisi Israël pour rendre Sa présence visible dans le monde, ce qui signifie qu’Israël doit vivre dans le monde. Les explorateurs ne voulaient pas “souiller” le judaïsme en l’introduisant dans le réel. Mais notre appel en tant que juifs consiste à bâtir une société, sur la terre d’Israël, qui honore à ce point la dignité humaine et la liberté. Au lieu de se cacher, nous devrions être des exemples. La mission juive n’est pas de fuir le monde réel, mais de l’habiter et de le transformer. C’est ce que les explorateurs n’avaient pas compris. Mais nous — Juifs de foi — l’avons-nous compris aujourd’hui ?
Autour de la table de Chabbat
Pourquoi pensez-vous que les explorateurs ont eu si peur en voyant la beauté et l’abondance de la terre ?
Les explorateurs veulent rester dans le désert, voire retourner en Égypte. Avez-vous déjà vécu un moment où rester dans votre zone de confort vous a paru plus sûr que de grandir ?
À quoi ressemble, selon vous, un judaïsme engagé dans le monde ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Moïse reçoit l’ordre d’envoyer 12 hommes explorer le pays de Canaan. Ils reviennent après 40 jours avec des fruits d’une taille impressionnante — du raisin, une grenade et une figue — mais 10 espions sèment la peur en décrivant de puissants géants qui y habitent. Seuls Yéhochoua et Calev affirment que, avec l’aide de D.ieu, la conquête est possible. Les Bné Israël paniquent et veulent retourner en Égypte. En conséquence, D.ieu décrète qu’ils erreront dans le désert pendant 40 ans jusqu’à la disparition de cette génération. Plusieurs lois sont données, notamment la mitsva de prélever la ‘halla lors de la cuisson. Un homme est puni pour avoir ramassé du bois le Chabbat, et la mitsva des tsitsit est introduite.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
L’histoire des espions révèle une lutte humaine plus profonde : non seulement la peur de l’échec, mais aussi celle du succès et des responsabilités qu’impose le passage à l’âge adulte.
Tandis que la plupart des commentateurs voient dans l’attitude des espions un manque de foi ou de courage, certains suggèrent qu’ils redoutaient de quitter l’intimité spirituelle du désert pour affronter les réalités désordonnées de la construction d’une société. Dans le désert, la vie était simple, sacrée et miraculeuse.
Des prophètes comme Hochéa et Yirmiyahou ont comparé les années dans le désert à une lune de miel entre Hachem et le peuple. Hochéa rapporte que D.ieu dit : « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » Yirmiyahou se souvient : « Je me souviens… comment, jeune épouse, tu m’aimais et me suivais dans le désert. » Le désert était un lieu d’amour originel et d’intimité spirituelle. Et, comme beaucoup de jeunes mariés qui profitent de leur lune de miel idyllique, peut-être que les espions ne voulaient pas en sortir.
Mais le judaïsme n’est pas destiné à rester un sanctuaire isolé ; il appelle à s’engager dans le monde réel, à semer, gouverner et construire la justice. Les espions aspiraient à une enfance éternelle sous la protection divine, mais la Torah exige la maturité : bâtir une nation sainte dans une terre concrète. Leur faute n’était pas la lâcheté ; elle consistait en un refus de grandir. Voilà leur véritable échec. La vraie sainteté ne se trouve pas dans le retrait, mais dans la capacité à faire résider la Présence divine dans la vie quotidienne.
Quand avez-vous ressenti l’envie de rester un “enfant” alors que vos responsabilités vous appelaient à “grandir” ?
Activité sur la paracha
Fuir, Combattre ou Rester figé ?
Tout le monde se tient en ligne. Une personne énonce différents scénarios : « Tu dois vivre dehors pendant un mois » ou « Tu dois manger du chou sur scène ! » Les joueurs réagissent en bougeant : deux pas en avant (oui, je le fais !), un pas en arrière (non !), ou en restant figés (je ne sais pas). Après chaque tour, échangez sur les raisons des mouvements (ou non-mouvements) de chacun.
Ensuite, essayez des exemples liés au courage, à la croissance ou au leadership, comme : « Tu as peur, mais tu dois guider un groupe vers un endroit inconnu. »
Quels sont les risques que vous prenez facilement ? Et lesquels sont plus difficiles ?
Une histoire pour tous les âges
Le talentueux Mr. Thaabet
Au début des années 1960, un homme bien habillé et charismatique nommé Kamel Amin Thaabet apparaît dans les cercles sociaux de Damas, en Syrie. Il organise de somptueux dîners, se lie d’amitié avec des figures puissantes du gouvernement syrien, et semble être une étoile montante. Mais Kamel a un secret — il n’est pas Syrien du tout. Son vrai nom est Eli Cohen, c’est un espion israélien en mission pour changer l’histoire.
Eli vit à Damas pendant des années, récoltant des informations militaires cruciales et les transmettant secrètement à Israël. Ses rapports aident Tsahal à se préparer à de futures attaques, y compris la victoire miraculeuse de la guerre des Six Jours.
Un de ses coups de génie ? Convaincre l’armée syrienne de planter des arbres près de leurs bunkers secrets sur le Golan — donnant sans le savoir des indices qui permettront à Israël de les localiser et de les détruire plus tard.
Eli n’a pas seulement risqué sa vie — il a tout sacrifié : son nom, sa maison, et même son avenir. Il a vécu une double vie pour protéger son peuple. Contrairement aux espions bibliques qui ont cédé à la peur, Eli est resté fidèle à sa mission, même au péril de sa vie. Démasqué, il est capturé et exécuté en 1965. Mais sa mémoire perdure.
Eli Cohen reste l’un des plus grands héros d’Israël — un homme dont le courage continue d’inspirer des générations.
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Josué 2:1-24
La Haftara de cette semaine raconte la façon dont Josué (Yéhochoua) envoie deux espions reconnaître secrètement la ville de Jéricho avant l’invasion d’Israël. Le roi apprend que des espions sont entrés dans la ville. Pendant ce temps, les deux hommes logent chez Rahav, une femme locale qui les cache.
Lorsque les autorités s’apprêtent à les trouver, Rahav les trompe, disant qu’ils sont déjà partis. Elle révèle ensuite sa foi en le D.ieu d’Israël, expliquant que les habitants de Jéricho craignent Sa puissance.
Rahav demande aux espions d’épargner sa famille lors de l’attaque, ce qu’ils acceptent, lui demandant d’attacher un cordon écarlate à sa fenêtre en guise de signe de reconnaissance.
Après avoir caché les espions sur son toit, Rahav les aide à fuir par une fenêtre percée dans la muraille. Les espions retournent sains et saufs auprès de Josué et rapportent que D.ieu leur a livré la terre, car les habitants sont terrifiés.
Quelle est la signification du cordon écarlate suspendu à la fenêtre de Rahav ? La couleur rouge vous rappelle-t-elle autre chose ?
Points de réflexion
Rahav est décrite comme une prostituée.
Que nous enseigne le Tanakh en mentionnant ce détail ?
Cela change-t-il votre perception d’elle ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La Paracha et la Haftara racontent deux histoires parallèles d’espions envoyés explorer la terre : le pays de Canaan (dans la Paracha) et la ville de Jéricho (dans la Haftara). Pourtant, au-delà de cette similarité générale, les récits diffèrent largement.
Dans la Paracha, Moïse envoie douze espions. Dans la Haftara, Josué n’en envoie que deux. Les douze espions sont nommés et représentent chaque tribu. Dans la Haftara, les espions sont anonymes (le Midrach dit qu’il s’agit de Pin’has et Calev).
Plus important encore, la majorité des espions dans la Paracha rapportent un message négatif. Dans la Haftara, Pin’has et Calev affirment que la victoire est certaine, car les habitants sont terrifiés.
La conséquence du rapport négatif ? Quarante ans d’errance. Quant à Jéricho, elle tombe facilement grâce au courage inspiré par ce second rapport positif.
Une leçon de ces récits : une mission discrète et humble a plus de chance de réussir qu’une entreprise menée avec bruit et fanfare.
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Yéhochoua
Josué, successeur de Moïse, est d’abord présenté dans la Torah comme l’un des deux espions qui s’opposent au rapport des dix autres. Son nom est alors changé de Hochéa à Yéhochoua. Plus tard, il conduit le peuple en Israël, alors que Moïse ne fait qu’apercevoir la terre de loin avant de mourir à 120 ans.
Dans le livre de Josué, il est dépeint comme un leader fort et fidèle, guidant Israël dans la conquête de la Terre promise avec courage et loyauté envers la Torah. Rabbi Sacks disait : « Un leader doit avoir le courage de diriger, la patience de consulter, et la sagesse de savoir quand faire l’un ou l’autre. » Josué incarne parfaitement cela.
Il supervise la traversée du Jourdain, la conquête de Jéricho, et de nombreuses campagnes militaires. Il partage équitablement la terre entre les tribus et renouvelle l’alliance avec D.ieu. À la fin de sa vie, Josué déclare : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. »
Citation de la semaine
« L’histoire des espions nous enseigne que nos peurs sont parfois exagérées. Le judaïsme est assez fort pour surmonter n’importe quel type de défis. La question demeure, aujourd’hui comme hier : avons-nous confiance dans notre foi ? »
Réflexions supplémentaires
Si vous deviez envoyer quelqu’un accomplir une tâche nouvelle et difficile, comment l’aideriez-vous à gagner la confiance nécessaire pour réussir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Résumé Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks. Lorsque douze hommes furent envoyés des Bné Israël pour explorer la…
Le monde réel
Édition Familiale
Chélah Lékha
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Chélah Lékha
Le monde réel
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
L’épisode des explorateurs a toujours intrigué les commentateurs. Après un périple si miraculeux de l’Égypte au Har Sinaï, comment auraient-ils pu dire: “Nous ne pouvons pas attaquer ce peuple, car il est plus fort que nous… Nous y avons vu des titans… Nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et c’est ainsi que nous paraissions à leurs yeux»
Ils étaient terrifiés et leur rapport a encore plus terrifié les Bné Israël. Mais en vérité, c’était exactement le contraire de ce que rapportaient les explorateurs. Les Cananéens craignaient les Bné Israël bien plus que les Bné Israël ne les craignaient. D.ieu sauva les Bné Israël de l’Égypte à l’aide de nombreux signes et miracles, et toutes les nations du monde ont entendu la nouvelle. Tel qu’ils l’avaient eux-mêmes chanté en traversant la Mer rouge: “Les habitants de Canaan fondent d’effroi ; la peur et la terreur s’abattent sur eux”.
On entend ce même écho au début du récit de Bilam: “Moav fut saisi de terreur devant les enfants d’Israël”. Et Rahav de Jéricho dira aux espions envoyés par Yéhochoua une génération plus tard: “Je sais que l’Éternel vous a donné ce pays ; la terreur que vous inspirez s’est emparée de nous, et tous les habitants du pays tremblent devant vous… nos cœurs se sont liquéfiés, et personne n’a eu le courage de vous résister, car l’Éternel, votre D.ieu, est D.ieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre »
Comment les explorateurs ont-ils pu se tromper à ce point ? Ont-ils mal interprété ce qu’ils ont vu ? Leur a-t-il manqué la foi en D.ieu ? Ou — plus vraisemblablement — la foi en eux-mêmes ? Le Rambam suggère que leur peur était inévitable au vu de leur passé ? Ils avaient vécu la plus grande partie de leur vie en esclavage. Leur liberté était toute récente. Ils n’étaient pas encore prêts à mener une série de batailles prolongées et à s’établir comme un peuple libre sur sa propre terre. Il fallait pour cela une nouvelle génération, née dans la liberté. L’être humain peut changer, mais pas si vite.
La plupart des commentateurs estiment que les explorateurs ont fauté par manque de courage, ou de foi. Et si, tel que le Rabbi de Loubavitch le suggère, ils avaient peur de la réussite ? Leur inquiétude n’était pas physique, mais spirituelle. Ils ne voulaient pas quitter le désert, non pas parce qu’ils craignaient la terre, mais parce qu’ils craignaient ce qu’elle représentait. Dans le désert qu’ils étaient proches de D.ieu avec la la manne qui tombait du ciel, l’eau du rocher, les Nuées de gloire le jour et le feu la nuit. D.ieu était proche, constamment, de manière évidente, et ils n’avaient pas besoin de labourer la terre, de défendre un pays ou de faire tourner une économie. Ils étaient libres des fardeaux et distractions de la vie ordinaire. Ce fut une existence de pureté spirituelle, intouchée par les complexités de la civilisation.
Cette interprétation ne reflète pas le sens littéral du texte, mais s’apparente plutôt à une lecture psychanalytique, une exploration de l’inconscient des explorateurs. Les explorateurs redoutaient peut-être de manière inconsciente le monde adulte. Ils ne voulaient pas quitter l’innocence et la sécurité de l’enfance spirituelle et faire face aux responsabilités de la liberté. Tout comme les enfants doivent grandir, les nations le doivent aussi. En fin de compte, les explorateurs redoutaient la liberté et ce qu’elle exigeait d’eux.
Mais la Torah n’est pas une retraite du monde. C’est une religion profondément engagée dans le monde. Le judaïsme est une religion de société, pas de séclusion, un guide de justice, de miséricorde et de responsabilité dans le vrai monde. D.ieu a choisi Israël pour rendre Sa présence visible dans le monde, ce qui signifie qu’Israël doit vivre dans le monde. Les explorateurs ne voulaient pas “souiller” le judaïsme en l’introduisant dans le réel. Mais notre appel en tant que juifs consiste à bâtir une société, sur la terre d’Israël, qui honore à ce point la dignité humaine et la liberté. Au lieu de se cacher, nous devrions être des exemples. La mission juive n’est pas de fuir le monde réel, mais de l’habiter et de le transformer. C’est ce que les explorateurs n’avaient pas compris. Mais nous — Juifs de foi — l’avons-nous compris aujourd’hui ?
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Moïse reçoit l’ordre d’envoyer 12 hommes explorer le pays de Canaan. Ils reviennent après 40 jours avec des fruits d’une taille impressionnante — du raisin, une grenade et une figue — mais 10 espions sèment la peur en décrivant de puissants géants qui y habitent. Seuls Yéhochoua et Calev affirment que, avec l’aide de D.ieu, la conquête est possible. Les Bné Israël paniquent et veulent retourner en Égypte. En conséquence, D.ieu décrète qu’ils erreront dans le désert pendant 40 ans jusqu’à la disparition de cette génération. Plusieurs lois sont données, notamment la mitsva de prélever la ‘halla lors de la cuisson. Un homme est puni pour avoir ramassé du bois le Chabbat, et la mitsva des tsitsit est introduite.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
L’histoire des espions révèle une lutte humaine plus profonde : non seulement la peur de l’échec, mais aussi celle du succès et des responsabilités qu’impose le passage à l’âge adulte.
Tandis que la plupart des commentateurs voient dans l’attitude des espions un manque de foi ou de courage, certains suggèrent qu’ils redoutaient de quitter l’intimité spirituelle du désert pour affronter les réalités désordonnées de la construction d’une société. Dans le désert, la vie était simple, sacrée et miraculeuse.
Des prophètes comme Hochéa et Yirmiyahou ont comparé les années dans le désert à une lune de miel entre Hachem et le peuple. Hochéa rapporte que D.ieu dit : « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » Yirmiyahou se souvient : « Je me souviens… comment, jeune épouse, tu m’aimais et me suivais dans le désert. » Le désert était un lieu d’amour originel et d’intimité spirituelle. Et, comme beaucoup de jeunes mariés qui profitent de leur lune de miel idyllique, peut-être que les espions ne voulaient pas en sortir.
Mais le judaïsme n’est pas destiné à rester un sanctuaire isolé ; il appelle à s’engager dans le monde réel, à semer, gouverner et construire la justice. Les espions aspiraient à une enfance éternelle sous la protection divine, mais la Torah exige la maturité : bâtir une nation sainte dans une terre concrète. Leur faute n’était pas la lâcheté ; elle consistait en un refus de grandir. Voilà leur véritable échec. La vraie sainteté ne se trouve pas dans le retrait, mais dans la capacité à faire résider la Présence divine dans la vie quotidienne.
Quand avez-vous ressenti l’envie de rester un “enfant” alors que vos responsabilités vous appelaient à “grandir” ?
Activité sur la paracha
Fuir, Combattre ou Rester figé ?
Tout le monde se tient en ligne. Une personne énonce différents scénarios : « Tu dois vivre dehors pendant un mois » ou « Tu dois manger du chou sur scène ! » Les joueurs réagissent en bougeant : deux pas en avant (oui, je le fais !), un pas en arrière (non !), ou en restant figés (je ne sais pas). Après chaque tour, échangez sur les raisons des mouvements (ou non-mouvements) de chacun.
Ensuite, essayez des exemples liés au courage, à la croissance ou au leadership, comme : « Tu as peur, mais tu dois guider un groupe vers un endroit inconnu. »
Quels sont les risques que vous prenez facilement ? Et lesquels sont plus difficiles ?
Une histoire pour tous les âges
Le talentueux Mr. Thaabet
Au début des années 1960, un homme bien habillé et charismatique nommé Kamel Amin Thaabet apparaît dans les cercles sociaux de Damas, en Syrie. Il organise de somptueux dîners, se lie d’amitié avec des figures puissantes du gouvernement syrien, et semble être une étoile montante. Mais Kamel a un secret — il n’est pas Syrien du tout. Son vrai nom est Eli Cohen, c’est un espion israélien en mission pour changer l’histoire.
Eli vit à Damas pendant des années, récoltant des informations militaires cruciales et les transmettant secrètement à Israël. Ses rapports aident Tsahal à se préparer à de futures attaques, y compris la victoire miraculeuse de la guerre des Six Jours.
Un de ses coups de génie ? Convaincre l’armée syrienne de planter des arbres près de leurs bunkers secrets sur le Golan — donnant sans le savoir des indices qui permettront à Israël de les localiser et de les détruire plus tard.
Eli n’a pas seulement risqué sa vie — il a tout sacrifié : son nom, sa maison, et même son avenir. Il a vécu une double vie pour protéger son peuple. Contrairement aux espions bibliques qui ont cédé à la peur, Eli est resté fidèle à sa mission, même au péril de sa vie.
Démasqué, il est capturé et exécuté en 1965. Mais sa mémoire perdure.
Eli Cohen reste l’un des plus grands héros d’Israël — un homme dont le courage continue d’inspirer des générations.
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Josué 2:1-24
La Haftara de cette semaine raconte la façon dont Josué (Yéhochoua) envoie deux espions reconnaître secrètement la ville de Jéricho avant l’invasion d’Israël. Le roi apprend que des espions sont entrés dans la ville. Pendant ce temps, les deux hommes logent chez Rahav, une femme locale qui les cache.
Lorsque les autorités s’apprêtent à les trouver, Rahav les trompe, disant qu’ils sont déjà partis. Elle révèle ensuite sa foi en le D.ieu d’Israël, expliquant que les habitants de Jéricho craignent Sa puissance.
Rahav demande aux espions d’épargner sa famille lors de l’attaque, ce qu’ils acceptent, lui demandant d’attacher un cordon écarlate à sa fenêtre en guise de signe de reconnaissance.
Après avoir caché les espions sur son toit, Rahav les aide à fuir par une fenêtre percée dans la muraille. Les espions retournent sains et saufs auprès de Josué et rapportent que D.ieu leur a livré la terre, car les habitants sont terrifiés.
Quelle est la signification du cordon écarlate suspendu à la fenêtre de Rahav ? La couleur rouge vous rappelle-t-elle autre chose ?
Points de réflexion
Rahav est décrite comme une prostituée.
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La Paracha et la Haftara racontent deux histoires parallèles d’espions envoyés explorer la terre : le pays de Canaan (dans la Paracha) et la ville de Jéricho (dans la Haftara). Pourtant, au-delà de cette similarité générale, les récits diffèrent largement.
Dans la Paracha, Moïse envoie douze espions. Dans la Haftara, Josué n’en envoie que deux. Les douze espions sont nommés et représentent chaque tribu. Dans la Haftara, les espions sont anonymes (le Midrach dit qu’il s’agit de Pin’has et Calev).
Plus important encore, la majorité des espions dans la Paracha rapportent un message négatif. Dans la Haftara, Pin’has et Calev affirment que la victoire est certaine, car les habitants sont terrifiés.
La conséquence du rapport négatif ? Quarante ans d’errance. Quant à Jéricho, elle tombe facilement grâce au courage inspiré par ce second rapport positif.
Une leçon de ces récits : une mission discrète et humble a plus de chance de réussir qu’une entreprise menée avec bruit et fanfare.
Contexte pour les Prophètes
Le livre de Yéhochoua
Josué, successeur de Moïse, est d’abord présenté dans la Torah comme l’un des deux espions qui s’opposent au rapport des dix autres. Son nom est alors changé de Hochéa à Yéhochoua. Plus tard, il conduit le peuple en Israël, alors que Moïse ne fait qu’apercevoir la terre de loin avant de mourir à 120 ans.
Dans le livre de Josué, il est dépeint comme un leader fort et fidèle, guidant Israël dans la conquête de la Terre promise avec courage et loyauté envers la Torah. Rabbi Sacks disait : « Un leader doit avoir le courage de diriger, la patience de consulter, et la sagesse de savoir quand faire l’un ou l’autre. » Josué incarne parfaitement cela.
Il supervise la traversée du Jourdain, la conquête de Jéricho, et de nombreuses campagnes militaires. Il partage équitablement la terre entre les tribus et renouvelle l’alliance avec D.ieu. À la fin de sa vie, Josué déclare : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. »
Citation de la semaine
« L’histoire des espions nous enseigne que nos peurs sont parfois exagérées. Le judaïsme est assez fort pour surmonter n’importe quel type de défis. La question demeure, aujourd’hui comme hier : avons-nous confiance dans notre foi ? »
Réflexions supplémentaires
Si vous deviez envoyer quelqu’un accomplir une tâche nouvelle et difficile, comment l’aideriez-vous à gagner la confiance nécessaire pour réussir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Un dirigeant est-il un père qui allaite ?
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