Quel genre d’homme était Yaakov ? Cette question apparaît tout au long de son histoire dans la Torah. Bien que décrit au départ comme ich tam, un homme simple, réservé, clair et direct, les actions de Yaakov semblent contredire cette lecture. C’est exactement ce qu’il paraît ne pas être. Non seulement il troque stratégiquement le droit d’aînesse d’Esaü, mais il reçoit en plus la bénédiction d’Isaac, profitant de sa cécité. Ces épisodes, troublants par nature, peuvent être compris à travers les midrachim qui décrivent Jacob comme étant parfait et Esaü mauvais. Cette interprétation simplifie notre perspective.
De manière alternative, on peut affirmer que les actions de Yaakov sont justifiées en raison de la prophétie que sa mère a reçue et qui l’a distingué comme le bekhor, le fils “choisi”.
Mais le texte n’en reste pas moins troublant. En effet, Isaac et Esaü accusent tous deux Yaakov de tromperie, une accusation unique parmi nos héros bibliques. Lorsque Lavan trompe Yaakov lors de sa nuit de noces, en substituant Léa à la place de Rachel, il semble qu’il s’agirait presque d’une juste rétribution de sa tromperie.
Mais les actions subséquentes de Yaakov dans la maison de Lavan compliquent encore plus son caractère. Il conclut un marché pour chaque animal tacheté ou rayé, faisant probablement usage de son expérience et de son savoir agricoles pour augmenter de manière significative sa richesse. Malgré leur propre réussite, Lavan et ses fils se sentent trompés. D.ieu conseille ensuite à Yaakov de s’enfuir, faisant écho à sa première fuite d’Esaü. Ce qui nous ramène à notre question initiale : Quel genre d’histoire la Torah nous raconte-t-elle dans la manière dont elle narre la vie de Yaakov ?
Nous devrions peut-être percevoir Yaakov comme un personnage qui répond à l’oppression et aux tentatives de le déshumaniser en employant sa vivacité d’esprit. Peut-être est-il comme “Bibi Lapin”, les contes populaires des peuples opprimés, qui font usage de leur intelligence pour saboter les hiérarchies injustes et qui saisissent des opportunités de corriger les injustices autour d’eux.
Tout au long de sa vie, même depuis la naissance, Yaakov semble vivre dans l’ombre d’Esaü. Esaü est le chasseur athlétique, la star sportive de l’ère biblique, qui capte l’amour et l’attention de son père alors que Yaakov se vautre dans les tentes.
Plus tard, Lavan tente d’exploiter Yaakov et de lui faire du chantage alors qu’il est dans le besoin, au moment où il est le plus vulnérable. Dans chacune de ces situations, lorsque Yaakov prend le dessus, il exploite sa vivacité d’esprit pour inverser la tendance face à ces gagnants habituels, transformant leurs forces en faiblesses, ne serait-ce que pour un court laps de temps.
C’est n’est que plus tard, après sa lutte avec l’ange, qu’il reçoit un nouveau nom, symbolisant sa lutte et sa victoire sur les épreuves divines et humaines, que Yaakov émerge réellement. En tant qu’Israël, il n’a pas peur d’affronter les gens de front, sans avoir recours à des petits subterfuges. Sa transformation de Yaakov à Israël reflète un fil conducteur tout au long de l’histoire juive : la détermination d’incarner non seulement la vivacité d’esprit et la capacité d’apprendre rapidement, mais également le courage moral et l’héroïsme.
Yaakov doit venir avant Israël. Car ce n’est pas le victorieux vif d’esprit mais le héros du courage moral qui se tient la tête haute, aux yeux de l’humanité et de D.ieu.
Questions à poser à la table de Chabbat
Pouvez-vous penser à un moment dans votre vie au cours duquel votre système de croyance a été mis au défi, et vous avez dû défendre vos valeurs ou vos principes ?
Quels autres moments dans le Sefer Berechit et le Tanakh comportent des changements de nom et l’importance de reconnaître un nom a-t-elle été évoquée ?
Qu’est-ce qui peut vous guider lorsque vous êtes confronté à une décision moralement complexe ? De quelle manière votre expérience s’identifie-t-elle à l’histoire de Jacob ?
La paracha en bref
Yaakov voyage, fuyant son frère Esaü. Enfin, il s’arrête pour se reposer, et avec la tête posée sur un monceau de pierres, il ferme finalement ses yeux et rêve. Dans le rêve de Yaakov, il voit une échelle sur laquelle les anges montent et descendent. Dans son rêve, D.ieu parle à Yaakov, lui disant que cette terre sera donnée à ses descendants.
Yaakov sait qu’il est en effet le vrai bekhor, l’héritier de droit du droit d’aînesse. Lorsqu’il se réveille, Yaakov établit un autel de pierre pour marquer la promesse de D.ieu. Puis il reprend son chemin.
À ‘Haran, Yaakov rencontre Lavan. Il est d’accord de travailler pour lui pendant sept ans afin qu’il puisse épouser Rachel qu’il aime. Cependant, Lavan trompe Yaakov en remplaçant Rachel par Léa au mariage. Yaakov épouse finalement les deux sœurs, et Léa donne naissance à six fils et une fille, alors que Rachel demeure stérile. Rachel et Léa donnent leurs servantes, Bilhah et Zilpah en tant que femmes à Yaakov, et quatres autres fils sont nés. Finalement, Rachel donne naissance à Yossef.
Après avoir travaillé pour Lavan pendant vingt ans, Yaakov décide qu’il est temps de ramener sa famille à la maison. Mais il le fait discrètement, craignant la réaction de Lavan. Lavan, en colère après le départ de Yaakov, les poursuit, mais il reçoit une vision divine qui l’enjoint de ne pas blesser Yaakov. Ils aboutissent à un pacte de paix. La famille continue ensuite leur périple à Canaan et sur le chemin, des messagers de D.ieu rencontrent Yaakov. Nous en apprendrons davantage sur eux la semaine prochaine !
Les personnages de la paracha
Yaakov : Un petit frère avec un grand projet. Ce qui devait lui revenir de droit à la naissance devient finalement réalité.
Rachel : Le premier amour de la vie de Yaakov, Rachel devient sa deuxième femme.
Léa : Le premier choix dans le mariage, pour Lavan du moins. Son héritage vit à travers ses fils.
Lavan : Vicieux, calculateur, un escroc. Il veut plus que ce qu’il ne méritera jamais.
La philosophie de la paracha
Rabbi Sacks s’interroge sur la question du caractère de Yaakov. D’un côté, nous percevons Yaakov comme un homme simple, le plus jeune et celui qui n’est pas aimé.
D’un autre côté, nous voyons Yaakov comme quelqu’un d’intelligent, et capable de se montrer plus malin que les hommes les plus forts et sournois. Puis, finalement, le troisième élément de l’identité de Yaakov est d’être un dirigeant fort et conflictuel, après qu’il lutte avec le malakh (dans la parshat Vayechev). Comment pouvons-nous donc réconcilier les trois versions de Yaakov et son cheminement pour devenir Israël ? Quel genre d’homme était-il ?
Rabbi Sacks suggère qu’au sein du processus transformateur de Yaakov, même dès les premières années, nous percevons une force et une résilience qui reflète celle du peuple juif tout au long de l’histoire. Yaakov refuse d’accepter son statut de victime, réagit et change continuellement jusqu’à ce qu’il devienne Israël. À ce moment-là, il devient une lumière parmi les nations, un dirigeant fort, engagé envers la moralité, son peuple et envers D.ieu.
Comment pouvez-vous appliquer le concept de résilience dans votre propre vie ? Que signifie être résilient ?
Jouons avec la paracha
En guise de reconnaissance de toutes les tromperies et tribulations qui prolifèrent dans la parachat Vayetsé, jouons au “jeu du détective”.
D’abord, choisissez un joueur qui sera le détective. Ce joueur quitte la pièce. Un autre joueur change quelque chose de mineur dans son apparence.
Quand le détective revient, il doit essayer de remarquer ce qui a changé. Et ainsi de suite. Essayez d’être de plus en plus subtil avec vos changements, à tel point que même Yaakov ne serait pas capable de voir la différence !
La paracha en pratique
En pratique, comment pouvons-nous appliquer le concept de la transformation de Yaakov à nos propres vies ?
Rabbi Sacks met en exergue ce périple comme une preuve de courage moral. La vie de Yaakov, marquée par des luttes l’opposant à des adversaires plus forts, et plus tard par une rencontre majeure avec le Malakh, constitue autant d’exemples d'introspection et de croissance personnelle.
Cette transformation est analogue à la téchouva, le processus de repli sur soi, de réfléchir et de faire émerger une meilleure version de soi-même.
L’histoire de Yaakov illustre cette confrontation avec son propre passé, apprendre de lui, et exploiter sa force intérieure pour un développement moral. Cela nous enseigne la valeur de toujours réévaluer ses actions et ses intentions, et nous encourage à grandir et à se parfaire quotidiennement.
Il s’agit d’une mitsva pratique et profonde que nous pouvons appliquer à nos vies, incarnant l’esprit de l’amélioration de soi et d’un raffinement éthique continu.
Comment pouvez-vous être comme Yaakov en vous engageant dans un processus de changement continu ? Réservez quelques minutes par jour de réflexion sur vous-même est une parfaite manière de commencer. Ensuite, demandez-vous :
Qu’avez-vous fait aujourd’hui qui vous rende fier ?
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez faire différemment demain ?
Parabole sur la paracha
Un héros transformé
Partons à la rencontre de Mike Flanagan. Né en Irlande en 1926, Mike grandit dans une famille catholique. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale commença, Mike n’était âgé que de 16 ans, mais il était impatient de se joindre au combat, et il s’enrôla dans l’armée britannique.
À la fois soldat du débarquement en Normandie en France en 1944, puis ayant ensuite participé à la libération des Juifs du camp de concentration de Bergen-Belsen en 1945, il va sans dire que Mike était un jeune homme rempli d’expérience de vie. Lorsque la guerre termina, il fut envoyé dans un site en Palestine sous mandat britannique en tant que technicien.
Rempli d’empathie face à leur détresse, et inspiré par la résilience et la force des juifs, Mike ne pouvait pas simplement rester indifférent. Il sollicita de l’aide et soutint ce groupe de gens à établir l'État d’Israël.
Son heure est arrivée en 1948 lors de la guerre d’indépendance. Mike, aux côtés d’un autre soldat britannique (Harry McDonald), volèrent deux tanks blindés de l’armée britannique et les conduisirent jusqu’à Tel Aviv, où la Hagana les attendaient. Ces tanks étaient bien plus importants que vous ne le pensez. Ils sont très vite devenus la fondation des forces blindées israéliennes.
Vous pourriez penser que Mike aurait été “blindé” après avoir fait défection pour l’armée israélienne. Ou peut-être retournerait-il en Irlande. Cependant, il décida de rester et de se battre aux côtés du peuple juif pour l’établissement de l'État d’Israël.
Comment l’histoire de Mike s’est-elle terminée ? Après la guerre d’indépendance, Mike décida de se transformer et se convertit au judaïsme. Il adopta le nom hébraïque de Michael Peleg et se maria avec Ruth Levy, une soldate qu’il rencontra dans l’armée. Les deux se marièrent dans un café de Tel Aviv et Harry McDonald fut leur homme d’honneur.
En tant que juifs, nous ne croyons pas que nous devons convaincre les non-juifs de se convertir au judaïsme. Personne n’a demandé à Mike de changer sa religion. Toutefois, faire partie d’une nation avec une morale et des valeurs, et voir la détermination et la résolution se dérouler devant ses yeux, a conduit Mike à accomplir cette transformation.
Voici un autre fait sympa dans l’histoire de Mike. Vous pouvez voir le tank qu’il a volé, il se trouve dans le Musée des forces blindées à Latrun, Israël.
Devinette sur la paracha
Q. La sidra de cette semaine comporte les deux seuls mots araméens de la Torah. Pouvez-vous les trouver ?
R. Les deux seuls mots araméens dans la Torah sont Yegar Sahaduta. C’est le nom donné au pilier érigé sur le site de l’alliance entre Yaakov et Lavan. (Voir Béréchit 31:47)
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Le caractère de Jacob
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Vayétsé
Le caractère de Jacob
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Résumé
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici www.rabbisacks.org/covenant-conversation/vayetse/le-caractere-de-jacob.
Quel genre d’homme était Yaakov ? Cette question apparaît tout au long de son histoire dans la Torah. Bien que décrit au départ comme ich tam, un homme simple, réservé, clair et direct, les actions de Yaakov semblent contredire cette lecture. C’est exactement ce qu’il paraît ne pas être. Non seulement il troque stratégiquement le droit d’aînesse d’Esaü, mais il reçoit en plus la bénédiction d’Isaac, profitant de sa cécité. Ces épisodes, troublants par nature, peuvent être compris à travers les midrachim qui décrivent Jacob comme étant parfait et Esaü mauvais. Cette interprétation simplifie notre perspective.
De manière alternative, on peut affirmer que les actions de Yaakov sont justifiées en raison de la prophétie que sa mère a reçue et qui l’a distingué comme le bekhor, le fils “choisi”.
Mais le texte n’en reste pas moins troublant. En effet, Isaac et Esaü accusent tous deux Yaakov de tromperie, une accusation unique parmi nos héros bibliques. Lorsque Lavan trompe Yaakov lors de sa nuit de noces, en substituant Léa à la place de Rachel, il semble qu’il s’agirait presque d’une juste rétribution de sa tromperie.
Mais les actions subséquentes de Yaakov dans la maison de Lavan compliquent encore plus son caractère. Il conclut un marché pour chaque animal tacheté ou rayé, faisant probablement usage de son expérience et de son savoir agricoles pour augmenter de manière significative sa richesse. Malgré leur propre réussite, Lavan et ses fils se sentent trompés. D.ieu conseille ensuite à Yaakov de s’enfuir, faisant écho à sa première fuite d’Esaü. Ce qui nous ramène à notre question initiale : Quel genre d’histoire la Torah nous raconte-t-elle dans la manière dont elle narre la vie de Yaakov ?
Nous devrions peut-être percevoir Yaakov comme un personnage qui répond à l’oppression et aux tentatives de le déshumaniser en employant sa vivacité d’esprit. Peut-être est-il comme “Bibi Lapin”, les contes populaires des peuples opprimés, qui font usage de leur intelligence pour saboter les hiérarchies injustes et qui saisissent des opportunités de corriger les injustices autour d’eux.
Tout au long de sa vie, même depuis la naissance, Yaakov semble vivre dans l’ombre d’Esaü. Esaü est le chasseur athlétique, la star sportive de l’ère biblique, qui capte l’amour et l’attention de son père alors que Yaakov se vautre dans les tentes.
Plus tard, Lavan tente d’exploiter Yaakov et de lui faire du chantage alors qu’il est dans le besoin, au moment où il est le plus vulnérable. Dans chacune de ces situations, lorsque Yaakov prend le dessus, il exploite sa vivacité d’esprit pour inverser la tendance face à ces gagnants habituels, transformant leurs forces en faiblesses, ne serait-ce que pour un court laps de temps.
C’est n’est que plus tard, après sa lutte avec l’ange, qu’il reçoit un nouveau nom, symbolisant sa lutte et sa victoire sur les épreuves divines et humaines, que Yaakov émerge réellement. En tant qu’Israël, il n’a pas peur d’affronter les gens de front, sans avoir recours à des petits subterfuges. Sa transformation de Yaakov à Israël reflète un fil conducteur tout au long de l’histoire juive : la détermination d’incarner non seulement la vivacité d’esprit et la capacité d’apprendre rapidement, mais également le courage moral et l’héroïsme.
Yaakov doit venir avant Israël. Car ce n’est pas le victorieux vif d’esprit mais le héros du courage moral qui se tient la tête haute, aux yeux de l’humanité et de D.ieu.
Questions à poser à la table de Chabbat
La paracha en bref
Yaakov voyage, fuyant son frère Esaü. Enfin, il s’arrête pour se reposer, et avec la tête posée sur un monceau de pierres, il ferme finalement ses yeux et rêve. Dans le rêve de Yaakov, il voit une échelle sur laquelle les anges montent et descendent. Dans son rêve, D.ieu parle à Yaakov, lui disant que cette terre sera donnée à ses descendants.
Yaakov sait qu’il est en effet le vrai bekhor, l’héritier de droit du droit d’aînesse. Lorsqu’il se réveille, Yaakov établit un autel de pierre pour marquer la promesse de D.ieu. Puis il reprend son chemin.
À ‘Haran, Yaakov rencontre Lavan. Il est d’accord de travailler pour lui pendant sept ans afin qu’il puisse épouser Rachel qu’il aime. Cependant, Lavan trompe Yaakov en remplaçant Rachel par Léa au mariage. Yaakov épouse finalement les deux sœurs, et Léa donne naissance à six fils et une fille, alors que Rachel demeure stérile. Rachel et Léa donnent leurs servantes, Bilhah et Zilpah en tant que femmes à Yaakov, et quatres autres fils sont nés. Finalement, Rachel donne naissance à Yossef.
Après avoir travaillé pour Lavan pendant vingt ans, Yaakov décide qu’il est temps de ramener sa famille à la maison. Mais il le fait discrètement, craignant la réaction de Lavan. Lavan, en colère après le départ de Yaakov, les poursuit, mais il reçoit une vision divine qui l’enjoint de ne pas blesser Yaakov. Ils aboutissent à un pacte de paix. La famille continue ensuite leur périple à Canaan et sur le chemin, des messagers de D.ieu rencontrent Yaakov. Nous en apprendrons davantage sur eux la semaine prochaine !
Les personnages de la paracha
Yaakov : Un petit frère avec un grand projet. Ce qui devait lui revenir de droit à la naissance devient finalement réalité.
Rachel : Le premier amour de la vie de Yaakov, Rachel devient sa deuxième femme.
Léa : Le premier choix dans le mariage, pour Lavan du moins. Son héritage vit à travers ses fils.
Lavan : Vicieux, calculateur, un escroc. Il veut plus que ce qu’il ne méritera jamais.
La philosophie de la paracha
Rabbi Sacks s’interroge sur la question du caractère de Yaakov. D’un côté, nous percevons Yaakov comme un homme simple, le plus jeune et celui qui n’est pas aimé.
D’un autre côté, nous voyons Yaakov comme quelqu’un d’intelligent, et capable de se montrer plus malin que les hommes les plus forts et sournois. Puis, finalement, le troisième élément de l’identité de Yaakov est d’être un dirigeant fort et conflictuel, après qu’il lutte avec le malakh (dans la parshat Vayechev). Comment pouvons-nous donc réconcilier les trois versions de Yaakov et son cheminement pour devenir Israël ? Quel genre d’homme était-il ?
Rabbi Sacks suggère qu’au sein du processus transformateur de Yaakov, même dès les premières années, nous percevons une force et une résilience qui reflète celle du peuple juif tout au long de l’histoire. Yaakov refuse d’accepter son statut de victime, réagit et change continuellement jusqu’à ce qu’il devienne Israël. À ce moment-là, il devient une lumière parmi les nations, un dirigeant fort, engagé envers la moralité, son peuple et envers D.ieu.
Comment pouvez-vous appliquer le concept de résilience dans votre propre vie ? Que signifie être résilient ?
Jouons avec la paracha
En guise de reconnaissance de toutes les tromperies et tribulations qui prolifèrent dans la parachat Vayetsé, jouons au “jeu du détective”.
D’abord, choisissez un joueur qui sera le détective. Ce joueur quitte la pièce. Un autre joueur change quelque chose de mineur dans son apparence.
Quand le détective revient, il doit essayer de remarquer ce qui a changé. Et ainsi de suite. Essayez d’être de plus en plus subtil avec vos changements, à tel point que même Yaakov ne serait pas capable de voir la différence !
La paracha en pratique
En pratique, comment pouvons-nous appliquer le concept de la transformation de Yaakov à nos propres vies ?
Rabbi Sacks met en exergue ce périple comme une preuve de courage moral. La vie de Yaakov, marquée par des luttes l’opposant à des adversaires plus forts, et plus tard par une rencontre majeure avec le Malakh, constitue autant d’exemples d'introspection et de croissance personnelle.
Cette transformation est analogue à la téchouva, le processus de repli sur soi, de réfléchir et de faire émerger une meilleure version de soi-même.
L’histoire de Yaakov illustre cette confrontation avec son propre passé, apprendre de lui, et exploiter sa force intérieure pour un développement moral. Cela nous enseigne la valeur de toujours réévaluer ses actions et ses intentions, et nous encourage à grandir et à se parfaire quotidiennement.
Il s’agit d’une mitsva pratique et profonde que nous pouvons appliquer à nos vies, incarnant l’esprit de l’amélioration de soi et d’un raffinement éthique continu.
Comment pouvez-vous être comme Yaakov en vous engageant dans un processus de changement continu ? Réservez quelques minutes par jour de réflexion sur vous-même est une parfaite manière de commencer. Ensuite, demandez-vous :
Qu’avez-vous fait aujourd’hui qui vous rende fier ?
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez faire différemment demain ?
Parabole sur la paracha
Un héros transformé
Partons à la rencontre de Mike Flanagan. Né en Irlande en 1926, Mike grandit dans une famille catholique. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale commença, Mike n’était âgé que de 16 ans, mais il était impatient de se joindre au combat, et il s’enrôla dans l’armée britannique.
À la fois soldat du débarquement en Normandie en France en 1944, puis ayant ensuite participé à la libération des Juifs du camp de concentration de Bergen-Belsen en 1945, il va sans dire que Mike était un jeune homme rempli d’expérience de vie. Lorsque la guerre termina, il fut envoyé dans un site en Palestine sous mandat britannique en tant que technicien.
Rempli d’empathie face à leur détresse, et inspiré par la résilience et la force des juifs, Mike ne pouvait pas simplement rester indifférent. Il sollicita de l’aide et soutint ce groupe de gens à établir l'État d’Israël.
Son heure est arrivée en 1948 lors de la guerre d’indépendance. Mike, aux côtés d’un autre soldat britannique (Harry McDonald), volèrent deux tanks blindés de l’armée britannique et les conduisirent jusqu’à Tel Aviv, où la Hagana les attendaient. Ces tanks étaient bien plus importants que vous ne le pensez. Ils sont très vite devenus la fondation des forces blindées israéliennes.
Vous pourriez penser que Mike aurait été “blindé” après avoir fait défection pour l’armée israélienne. Ou peut-être retournerait-il en Irlande. Cependant, il décida de rester et de se battre aux côtés du peuple juif pour l’établissement de l'État d’Israël.
Comment l’histoire de Mike s’est-elle terminée ? Après la guerre d’indépendance, Mike décida de se transformer et se convertit au judaïsme. Il adopta le nom hébraïque de Michael Peleg et se maria avec Ruth Levy, une soldate qu’il rencontra dans l’armée. Les deux se marièrent dans un café de Tel Aviv et Harry McDonald fut leur homme d’honneur.
En tant que juifs, nous ne croyons pas que nous devons convaincre les non-juifs de se convertir au judaïsme. Personne n’a demandé à Mike de changer sa religion. Toutefois, faire partie d’une nation avec une morale et des valeurs, et voir la détermination et la résolution se dérouler devant ses yeux, a conduit Mike à accomplir cette transformation.
Voici un autre fait sympa dans l’histoire de Mike. Vous pouvez voir le tank qu’il a volé, il se trouve dans le Musée des forces blindées à Latrun, Israël.
Devinette sur la paracha
Q. La sidra de cette semaine comporte les deux seuls mots araméens de la Torah. Pouvez-vous les trouver ?
R. Les deux seuls mots araméens dans la Torah sont Yegar Sahaduta. C’est le nom donné au pilier érigé sur le site de l’alliance entre Yaakov et Lavan. (Voir Béréchit 31:47)
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.