Nous percevons généralement le mot “enthousiasme” comme quelque chose de positif. Les gens qui ont de l’enthousiasme ont de la passion, de l’entrain et de l’excitation, et cela peut être contagieux. L’enthousiasme d’un individu peut inspirer autrui à avoir plus d’excitation également. Il s’agit d’un des cadeaux d’un grand enseignant ou d’un grand dirigeant. Les gens suivent ceux qui ont de la passion. Si vous voulez influencer les autres, cultivez l’enthousiasme.
Mais le mot n’a pas toujours eu une bonne connotation. Il faisait originellement référence à quelqu’un qui était possédé par un esprit ou un démon. Au dix-septième siècle en Angleterre, il faisait référence à des sectes protestantes extrémistes et révolutionnaires, et à des puritains qui ont combattu pendant la guerre civile. Il était employé pour décrire des fanatiques religieux qui étaient perçus comme irrationnels et dangereux.
L’enthousiasme peut être le résultat d’une confiance en soi démesurée. Les enthousiastes, dans un état d’extase religieux élevée, croient qu’ils sont inspirés par D.ieu Lui-même, et ils en viennent à oublier les règles. L’enthousiasme pense que les règles et les réglementations sont faites pour les gens ordinaires, alors que ceux qui sont inspirés par D.ieu sont meilleurs.
Nous avons maintenant une description précise du péché qui fit mourir les deux fils d’Aaron, Nadav et Avihou. Ce fut une tragédie choquante, qui s’est produite le jour de l’inauguration du service du Michkan, un moment qui aurait dû être l’une des plus grandes célébrations de l’Histoire juive. Les Sages eux-mêmes furent déconcertés par l’épisode. Le texte lui-même dit:
“Ils apportèrent devant le Seigneur un feu profane [ech zara] sans qu'Il le leur eût commandé. Et un feu s'élança de devant le Seigneur et les dévora, et ils moururent devant le Seigneur ”.
Lév. 10:1–2
Les Sages ont évidemment senti qu’il devait y avoir autre chose, un autre péché ou un mauvais trait de caractère justifiant un châtiment si terrible et drastique. Mais dans le texte lui-même, pour chaque occasion à laquelle leur mort est mentionnée, la Torah dit uniquement qu’ils ont offert un “feu profane”- ech zara. Le péché est qu’ils ont fait quelque chose dont ils n'ont pas reçu l’ordre. Bien qu’ils avaient les meilleures intentions, ils étaient des prêtres qui ont fait quelque chose d’interdit.
L’histoire du mot “enthousiasme” nous aide cependant à comprendre l’épisode de Nadav et Avihou. Ils étaient enthousiastes, pas au sens contemporain du terme mais au sens originel du terme. C’était des gens qui, remplis de passion religieuse, croyaient que D.ieu les inspirait à faire des actions défiant la loi et la convention. Ils étaient très saints mais aussi potentiellement très dangereux. Amener un feu profane au Tabernacle peut être vu comme une petite offense, mais un seul acte non autorisé dans le domaine du sacré engendre une brèche des lois entourant le sacré qui peuvent, avec le temps, devenir un trou béant.
L’enthousiasme, aussi inoffensif qu’il puisse être, peut parfois rapidement se muer en extrémisme, en fanatisme et en violence motivée par la religion. C’est ce qui s’est produit en Europe durant les guerres de religion aux seizième et dix-septième siècles, et cela se produit dans certaines religions aujourd’hui.
Précisément parce qu’elle engendre des passions si intenses, la vie religieuse requiert les contraintes de la loi et du rituel afin que le feu de la religion soit contenu, donnant de la lumière et une lueur de la gloire divine. Sinon, elle peut devenir un brasier déchaîné, répandant la destruction et causant des victimes. Après plusieurs siècles, nous avons domestiqué l’enthousiasme à un niveau où nous pouvons le percevoir en tant que force positive. Nous ne devrions jamais oublier cependant que ce ne fut pas toujours le cas. C’est la raison pour laquelle le judaïsme comporte autant de lois et une attention si approfondie au détail ; et plus on se rapproche de D.ieu, plus on en a besoin.
Questions à poser à la table de Chabbath
Avez-vous déjà vu l’enthousiasme aller trop loin ?
Comment les lois du judaïsme retiennent-elles et régulent-elles l’enthousiasme ?
Y a-t-il de l’espace pour l’enthousiasme religieux dans le judaïsme, au-delà de la Halakha ?
UNE HISTOIRE POUR CHABBATH
Un acte d’équilibrage
par Rabbi Dr. Stuart Halpern
L’enthousiasme est une valeur, et l’équilibre l’est également. Rabbi Sacks me l’a enseigné alors qu’il vacillait sur une chaise en plastique.
J’étais terrifié. Ayant arrangé sa venue en tant qu’intervenant de marque dans notre synagogue d’Englewood au New Jersey, il dirigeait avec enthousiasme des centaines de membres de la congrégation lors de la Séouda Chlichit. Il s’éleva de son perchoir en “chantant si fort qu’ils vous entendront à Teaneck !” (la ville voisine, amicale rivale de notre quartier).
La visite de Rabbi Sacks en tant qu’intervenant de marque dans notre synagogue a laissé une empreinte légendaire sur la mémoire collective de notre communauté, remémorée jusqu’à ce jour par de nombreux fidèles, bien qu’elle ait eu lieu il y a plus de neuf ans. Son discours de vendredi soir avait attiré une grande foule malgré l’heure tardive, si bien qu’un ami avait plaisanté, avant que le chiour ne commence, que nous devrions sortir les sifré Torah et commencer à réciter le Kol Nidré. Après tout, la foule présente cette nuit-là était aussi importante en nombre que celle du jour le plus saint de l’année. L’enthousiasme de son chant, comme si il était un animateur de colonie de vacances, s’associait à l’enthousiasme de la foule venue pour apprendre de ses enseignements.
Ne vous inquiétez pas, il n’est pas tombé de sa chaise. Et ce ne pas exactement la manière dont il se tenait debout sur une chaise qui m’a enseigné l’équilibre ce Chabbat-là. Ce fut l'équilibre entre l’émotion et l’intellect, l’enthousiasme et la régularité, au sein desquelles, pour reprendre les paroles de Rabbi Sacks, “le feu de la foi se loge”.
Un Regard Plus Profond
Rabbi Dr. Stuart Halpern réfléchit à présent sur certaines des idées profondes qu’il a apprises de Rabbi Sacks.
Quelle est votre citation favorite de l’essai de Rabbi Sacks de cette semaine, et pourquoi?
Rabbi Dr. Stuart Halpern est conseiller en chef du Provost et directeur du Straus Center for Torah & Western Thought à la Yeshiva University.
“L’enthousiasme peut être issu d’une confiance en soi démesurée” est une leçon centrale pour notre époque des réseaux sociaux. Il est facile d’être convaincu que la star la plus confiante et la plus enthousiaste sur TikTok ou Youtube détient la clé vers la sagesse et la spiritualité. “Ils sont tellement sûrs de leur opinion,” pensons-nous. “Ils doivent savoir comment le monde fonctionne.” Mais comme Rabbi Sacks nous le rappelle, la foi se trouve non pas dans le fanatisme fougueux, mais dans l’équilibre et la retenue. Après tout, une communauté de l’alliance est prospère grâce à la conversation et à la dynamique collaborative, pas par la domination bruyante de prophètes autoproclamés.
Quel impact Rabbi Sacks a-t-il eu sur votre propre croissance spirituelle ?
En voyageant de New York à Philadelphie avec Rabbi Sacks à l’occasion de l’un de ses discours, j’ai eu l’opportunité unique de partager avec lui quelques notes que je préparais pour un cours.
Alors qu’il aurait très bien pu utiliser ce temps pour préparer son propre discours, coordonner plusieurs projets sur lesquels il travaillait avec son équipe, ou même prendre une pause de son emploi du temps frénétique, il a pris le temps de me conseiller et de travailler sur les idées que je développais.
L’une des nombreuses manières par lesquelles Rabbi Sacks était un modèle de leadership était son engagement pour la prochaine génération. Un dirigeant incomparable qui appréciait valoriser autrui en l’aidant à réfléchir à ce qu’il avait à l’esprit. Il ressentait qu’une partie de sa mission, et je m’en souviendrai toujours, était une conversation intime, entre les arrêts du train et les moments publics, qui laissait une empreinte incroyablement inspirante.
Infos Torah
Q: Pouvez-vous trouver quatre “paires” de frères qui apparaissent dans la parachat Chémini ?
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
Les quatres “paires” de frères sont les suivantes :
Moché et Aharon (Vayikra 9:1)
Nadav et Avihou (Vayikra 10:1)
Michael et Eltzafon (Vayikra 10:4)
Elazar et Itamar (Vayikra 10:6)
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Les dangers de l’enthousiasme
Family Edition
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Chemini
Les dangers de l'enthousiasme
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La paracha en bref
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici: www.rabbisacks.org/covenant-conversation/shemini/les-dangers-de-lenthousiasme.
Nous percevons généralement le mot “enthousiasme” comme quelque chose de positif. Les gens qui ont de l’enthousiasme ont de la passion, de l’entrain et de l’excitation, et cela peut être contagieux. L’enthousiasme d’un individu peut inspirer autrui à avoir plus d’excitation également. Il s’agit d’un des cadeaux d’un grand enseignant ou d’un grand dirigeant. Les gens suivent ceux qui ont de la passion. Si vous voulez influencer les autres, cultivez l’enthousiasme.
Mais le mot n’a pas toujours eu une bonne connotation. Il faisait originellement référence à quelqu’un qui était possédé par un esprit ou un démon. Au dix-septième siècle en Angleterre, il faisait référence à des sectes protestantes extrémistes et révolutionnaires, et à des puritains qui ont combattu pendant la guerre civile. Il était employé pour décrire des fanatiques religieux qui étaient perçus comme irrationnels et dangereux.
L’enthousiasme peut être le résultat d’une confiance en soi démesurée. Les enthousiastes, dans un état d’extase religieux élevée, croient qu’ils sont inspirés par D.ieu Lui-même, et ils en viennent à oublier les règles. L’enthousiasme pense que les règles et les réglementations sont faites pour les gens ordinaires, alors que ceux qui sont inspirés par D.ieu sont meilleurs.
Nous avons maintenant une description précise du péché qui fit mourir les deux fils d’Aaron, Nadav et Avihou. Ce fut une tragédie choquante, qui s’est produite le jour de l’inauguration du service du Michkan, un moment qui aurait dû être l’une des plus grandes célébrations de l’Histoire juive. Les Sages eux-mêmes furent déconcertés par l’épisode. Le texte lui-même dit:
Les Sages ont évidemment senti qu’il devait y avoir autre chose, un autre péché ou un mauvais trait de caractère justifiant un châtiment si terrible et drastique. Mais dans le texte lui-même, pour chaque occasion à laquelle leur mort est mentionnée, la Torah dit uniquement qu’ils ont offert un “feu profane”- ech zara. Le péché est qu’ils ont fait quelque chose dont ils n'ont pas reçu l’ordre. Bien qu’ils avaient les meilleures intentions, ils étaient des prêtres qui ont fait quelque chose d’interdit.
L’histoire du mot “enthousiasme” nous aide cependant à comprendre l’épisode de Nadav et Avihou. Ils étaient enthousiastes, pas au sens contemporain du terme mais au sens originel du terme. C’était des gens qui, remplis de passion religieuse, croyaient que D.ieu les inspirait à faire des actions défiant la loi et la convention. Ils étaient très saints mais aussi potentiellement très dangereux. Amener un feu profane au Tabernacle peut être vu comme une petite offense, mais un seul acte non autorisé dans le domaine du sacré engendre une brèche des lois entourant le sacré qui peuvent, avec le temps, devenir un trou béant.
L’enthousiasme, aussi inoffensif qu’il puisse être, peut parfois rapidement se muer en extrémisme, en fanatisme et en violence motivée par la religion. C’est ce qui s’est produit en Europe durant les guerres de religion aux seizième et dix-septième siècles, et cela se produit dans certaines religions aujourd’hui.
Précisément parce qu’elle engendre des passions si intenses, la vie religieuse requiert les contraintes de la loi et du rituel afin que le feu de la religion soit contenu, donnant de la lumière et une lueur de la gloire divine. Sinon, elle peut devenir un brasier déchaîné, répandant la destruction et causant des victimes. Après plusieurs siècles, nous avons domestiqué l’enthousiasme à un niveau où nous pouvons le percevoir en tant que force positive. Nous ne devrions jamais oublier cependant que ce ne fut pas toujours le cas. C’est la raison pour laquelle le judaïsme comporte autant de lois et une attention si approfondie au détail ; et plus on se rapproche de D.ieu, plus on en a besoin.
Questions à poser à la table de Chabbath
Un acte d’équilibrage
par Rabbi Dr. Stuart Halpern
L’enthousiasme est une valeur, et l’équilibre l’est également. Rabbi Sacks me l’a enseigné alors qu’il vacillait sur une chaise en plastique.
J’étais terrifié. Ayant arrangé sa venue en tant qu’intervenant de marque dans notre synagogue d’Englewood au New Jersey, il dirigeait avec enthousiasme des centaines de membres de la congrégation lors de la Séouda Chlichit. Il s’éleva de son perchoir en “chantant si fort qu’ils vous entendront à Teaneck !” (la ville voisine, amicale rivale de notre quartier).
La visite de Rabbi Sacks en tant qu’intervenant de marque dans notre synagogue a laissé une empreinte légendaire sur la mémoire collective de notre communauté, remémorée jusqu’à ce jour par de nombreux fidèles, bien qu’elle ait eu lieu il y a plus de neuf ans. Son discours de vendredi soir avait attiré une grande foule malgré l’heure tardive, si bien qu’un ami avait plaisanté, avant que le chiour ne commence, que nous devrions sortir les sifré Torah et commencer à réciter le Kol Nidré. Après tout, la foule présente cette nuit-là était aussi importante en nombre que celle du jour le plus saint de l’année. L’enthousiasme de son chant, comme si il était un animateur de colonie de vacances, s’associait à l’enthousiasme de la foule venue pour apprendre de ses enseignements.
Ne vous inquiétez pas, il n’est pas tombé de sa chaise. Et ce ne pas exactement la manière dont il se tenait debout sur une chaise qui m’a enseigné l’équilibre ce Chabbat-là. Ce fut l'équilibre entre l’émotion et l’intellect, l’enthousiasme et la régularité, au sein desquelles, pour reprendre les paroles de Rabbi Sacks, “le feu de la foi se loge”.
Un Regard Plus Profond
Rabbi Dr. Stuart Halpern réfléchit à présent sur certaines des idées profondes qu’il a apprises de Rabbi Sacks.
Quelle est votre citation favorite de l’essai de Rabbi Sacks de cette semaine, et pourquoi?
“L’enthousiasme peut être issu d’une confiance en soi démesurée” est une leçon centrale pour notre époque des réseaux sociaux. Il est facile d’être convaincu que la star la plus confiante et la plus enthousiaste sur TikTok ou Youtube détient la clé vers la sagesse et la spiritualité. “Ils sont tellement sûrs de leur opinion,” pensons-nous. “Ils doivent savoir comment le monde fonctionne.” Mais comme Rabbi Sacks nous le rappelle, la foi se trouve non pas dans le fanatisme fougueux, mais dans l’équilibre et la retenue. Après tout, une communauté de l’alliance est prospère grâce à la conversation et à la dynamique collaborative, pas par la domination bruyante de prophètes autoproclamés.
Quel impact Rabbi Sacks a-t-il eu sur votre propre croissance spirituelle ?
En voyageant de New York à Philadelphie avec Rabbi Sacks à l’occasion de l’un de ses discours, j’ai eu l’opportunité unique de partager avec lui quelques notes que je préparais pour un cours.
Alors qu’il aurait très bien pu utiliser ce temps pour préparer son propre discours, coordonner plusieurs projets sur lesquels il travaillait avec son équipe, ou même prendre une pause de son emploi du temps frénétique, il a pris le temps de me conseiller et de travailler sur les idées que je développais.
L’une des nombreuses manières par lesquelles Rabbi Sacks était un modèle de leadership était son engagement pour la prochaine génération. Un dirigeant incomparable qui appréciait valoriser autrui en l’aidant à réfléchir à ce qu’il avait à l’esprit. Il ressentait qu’une partie de sa mission, et je m’en souviendrai toujours, était une conversation intime, entre les arrêts du train et les moments publics, qui laissait une empreinte incroyablement inspirante.
Infos Torah
Q: Pouvez-vous trouver quatre “paires” de frères qui apparaissent dans la parachat Chémini ?
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Les quatres “paires” de frères sont les suivantes :
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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