La Bible du Roi James
On the King James Bible
Cette idée de Thought for the Day (Pensée du Jour) a été diffusée sur l’émission Radio 4 de la BBC intitulée Today.
Cette semaine aura lieu le 400e anniversaire du livre qui a changé le monde, la Bible du roi James. Cela n’est pas tout à fait un scoop qui nécessite de tweeter. Mais j’aimerais avancer l’idée selon laquelle ce moment est extraordinairement semblable à ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient.
Ce qui s’était produit, des siècles auparavant, fut l’invention d’une nouvelle forme de technologie, l’imprimerie, inventée par Gutenberg en Allemagne et par Caxton en Angleterre. Cette invention fait en sorte que les livres deviennent moins chers, et permettent l’ouverture du savoir à toutes les populations, savoir qui était réservé jusqu’alors à l’élite exclusivement.
La Réforme est ensuite arrivée, ainsi que l’idée démocratique selon laquelle chaque individu, pas seulement le clergé, avait une relation personnelle avec D.ieu.
En combinant ces deux développements ensemble, les gens ont commencé à traduire la Bible de manière vernaculaire afin que tout le monde puisse la lire. En Angleterre, ce fut William Tyndale qui était derrière ce projet. Les autorités ont tenté d’y mettre un frein. Tyndale fut arrêté et mis à mort.
Mais il est difficile d’arrêter la marée d’information une fois qu’elle commence à se déverser. Les érudits anglais se sont enfuis à Genève et ont produit leur propre version qui s’est vendue par milliers, jusqu’à ce que le roi James réalise qu’il pouvait au moins contrôler ce qu’il ne pouvait arrêter. Il a donc rassemblé une équipe de savants qui ont produit leur propre version, un chef-d'œuvre de prose anglaise qui devait beaucoup à Tyndale.
Mais l’émoi s’est prolongé pour devenir une révolution en bonne et due forme. Le fils de James, Charles, fut exécuté, et ce ne fut qu’à la restauration dans les années 1660 et le Bill of Rights de 1689 que la tempête politique se calma. Le visage de la politique anglaise en fut à jamais transformé.
Les similitudes entre ce phénomène et le printemps arabe qui a mené aux soulèvements en Tunisie, Égypte, Libye, Syrie, Bahreïn et Yémen sont nombreuses. Encore une fois, l’élément déclencheur est la technologie, internet, les smartphones et les réseaux sociaux. Un retour vers la religion a eu lieu, ainsi qu’une remise en question des élites gouvernantes, qui se retrouvent incapables de contrôler le flux d’informations ou la démocratisation du pouvoir.
À présent, nous sommes au début du processus, et si les événements des quatre derniers siècles peuvent servir de guide, nous entamons une période de turbulence qui peut perdurer pendant plusieurs décennies. Au commencement, la parole fut, et qu’elle se soit répandue par le papier ou par internet, elle nous appelle toujours à créer la liberté qui honore chacun avec équité à l’image de D.ieu’.