● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
C’est une scène qui a encore aujourd’hui le pouvoir de choquer. Le peuple se plaint. Il n’y a pas d’eau. Mais cette fois-ci Moché perd le contrôle : “Écoutez donc, rebelles !” leur dit-il. “Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l’eau ?’ Moïse leva la main et frappa le rocher deux fois avec son bâton.
On nous révèle après cela que Moché se fait refuser de diriger le peuple à entrer en terre d’Israël. Plusieurs perçoivent cela comme une punition d’avoir perdu le contrôle. Ou peut-être n’a-t-il pas péché. Peut-être était-il le dirigeant adéquat pour la génération sortie d’Égypte, mais pas pour leurs enfants, qui avaient besoin d’inspiration plus que d’intervention. Le leadership de Moïse, comme le soleil, était envahissant. Josué, comme la lune, donnait de la force à autrui.
Mais la question demeure : Pourquoi Moïse a-t-il momentanément perdu le contrôle ? Le peuple était dans le désert, et se préoccupait donc souvent du manque d’eau. Il avait déjà affronté ce défi auparavant, à la fois à Mara et à Réfidim. À Réfidim, il avait même peur de se faire lapider, mais garda tout de même son sang froid. Pourquoi l’a-t-il perdu maintenant ?
Le texte nous donne un indice subtile. Le chapitre commence ainsi : « Le premier mois, toute la communauté des enfants d’Israël arriva au désert de Tsin, et le peuple s’établit à Kadech. C’est là que mourut Myriam, et elle y fut enterrée. Il n’y avait plus d’eau pour la communauté… ». La tradition parle d’un puits miraculeux qui accompagnait les Israélites du vivant de Myriam, grâce à son mérite. À sa mort, le puits disparut. Mais il y en a plus. Moïse venait de perdre sa sœur. Il ne s’agissait pas d’eau. Il s’agissait de deuil.
La perte d’un frère ou d’une sœur est très personnelle. À la différence d’un parent, un frère ou une sœur fait partie de votre génération. Vous êtes confronté à votre propre mortalité. Myriam était bien plus qu’une sœur pour Moïse, elle lui avait sauvé la vie. Encore enfant, c’est elle qui suivit la corbeille d’osier contenant son petit frère alors qu’elle descendait le Nil. Elle eut le courage et l’ingéniosité d’approcher la fille de Pharaon et de lui suggérer de prendre une nourrice hébreue pour l’enfant, assurant ainsi que Moïse grandirait en connaissant sa famille, son peuple et son identité. Tout au long de sa vie, Myriam avait été une présence importante. Elle avait conduit les femmes en chantant au bord de la mer Rouge. Elle soutenait son leadership et sa mission, le critiquant seulement une fois, par souci pour sa femme. (Bien qu’elle ait été punie, les Sages affirment que ces motivations sont sincères.)
La mort de Miriam a donc laissé Moché dans un état vulnérable. Ainsi, ce ne fut pas simplement la demande d’eau du peuple qui fit perdre à Moïse le contrôle de ses émotions, mais son propre chagrin profond. Les Israélites avaient peut-être perdu leur eau, mais Moïse avait perdu sa sœur qui l’avait toujours soutenu et guidé.
Le deuil nous rend profondément vulnérables. Au cœur de la perte, il devient difficile de contrôler ses émotions. On commet des erreurs. On agit de manière impulsive. On perd notre jugement. Même les prophètes ne sont pas immunisés. Maïmonide explique que Jacob, aussi un prophète, ne sut pas que son fils Joseph était encore en vie. Il donne la réponse la plus simple : le chagrin bannit la prophétie.
Ainsi, D.ieu dit à Moché de « parler au rocher », peut-être que le message ne pénétra pas pleinement sa conscience. Telle fut l’influence du deuil. Il frappa le rocher, dit « nous » au lieu de « D.ieu », et se mit en colère contre le peuple. Mais l’histoire réelle est plus humaine que théologique. La réaction de Moïse était une expression de perte personnelle profonde. La sœur qui l’avait sauvée, qui avait chanté avec lui, et qui l’avait soutenu à travers des décennies de leadership n’était plus là.
Finalement, il ne s’agit pas uniquement d’échec ou de désobéissance. Il s’agit d’un portrait de l’humanité de Moïse. L’histoire du moment où Moïse perdit sa confiance et son calme parle finalement moins de leadership et de crise, ou d’un bâton et d’un rocher, que d’une grande femme juive, Myriam, pleinement appréciée seulement quand elle n’était plus là.
Autour de la table de Chabbat
En quoi le deuil peut-il parfois affecter notre capacité à prendre de bonnes décisions ?
Pourquoi pensez-vous que Moïse a réagi si fortement à Mei Meriva, alors qu’il avait déjà affronté des défis similaires ?
Quels autres liens fraternels dans le Tanakh pouvez-vous citer ? En quoi ces relations étaient-elles similaires ou différentes de celles de Moïse et de Myriam ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Nous apprenons les lois de la vache rousse, dont les cendres purifient ceux qui sont devenus tamei par contact avec un mort. Les Bné Israël atteignent le désert de Tsin. Myriam meurt et le peuple réclame de l’eau. D.ieu ordonne à Moché de parler à un rocher, mais Moché, dans sa colère, le frappe au lieu de lui parler. Bien que l’eau jaillisse, D.ieu décrète que Moché et Aharon n’entreront pas en Terre promise. Aharon meurt sur le mont Hor, et son fils Elazar lui succède. Lorsque des serpents attaquent après de nouvelles plaintes, D.ieu ordonne à Moché d’ériger un serpent d’airain, apportant la guérison à ceux qui le regardent. Les Bné Israël battent également Si’hon et Og, s’assurant un territoire à l’est du Jourdain.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Dans un passage vraiment remarquable, les Sages enseignent qu’à l’époque où le peuple était esclave en Égypte, Myriam persuada son père Amram, le grand érudit de sa génération, d’annuler son décret selon lequel les maris hébreux devaient divorcer de leurs femmes et ne plus avoir d’enfants. Son raisonnement : il y avait 50 % de chances que tout nouveau-né soit mis à mort. « Ton décret, dit Myriam, est pire que celui de Pharaon. Son décret ne va qu’à l’encontre des garçons, le tien concerne aussi les filles. Il veut priver les enfants de la vie dans ce monde ; toi, tu leur refuses même la vie dans le Monde à venir. »
Amram suivit la logique supérieure de sa fille. Maris et femmes furent réunis. Yokheved tomba enceinte, et Moché vit le jour. Ce Midrach, rapporté par les Sages, implique donc clairement qu’une fillette de six ans avait plus de foi et de sagesse que le plus grand rabbin de la génération !
Moché savait assurément ce qu’il devait à sa sœur aînée. À la lumière de cela, l’épisode de Tsin porte moins sur le fait de frapper un rocher que sur la violence brute et déstabilisante du deuil, même pour le plus grand des prophètes, face à l’absence d’une sœur bien-aimée.
Qu’il s’agisse de vos frères et sœurs, cousins ou amis proches, qu’est-ce qui rend ces personnes spéciales dans votre vie ?
Activité sur la paracha
Appuie-toi sur moi
Tout le monde se tient par paires, dos à dos ou côte à côte, en s’appuyant doucement l’un contre l’autre pour rester en équilibre. Quelqu’un dit « Commencez », et à partir de ce moment, vous devez essayer de faire de petits pas ensemble tout en vous appuyant, en déplaçant votre poids, ou en ajoutant une troisième personne pour former une chaîne. Le but est de rester debout ensemble, sans tomber.
Quels sont les défis d’apprendre à «s’appuyer» sur quelqu’un ?
Quels en sont les bénéfices ?
Une histoire pour tous les âges
Perdre Hannah
Hannah Szenes n’avait que 23 ans lorsqu’elle fut parachutée d’un avion britannique en 1944, en Europe occupée par les nazis.
Dix ans plus tôt, alors que l’antisémitisme en Hongrie montait dangereusement, la jeune Hannah prit conscience de la précarité de la condition juive. Son frère aîné György et elle rejoignirent le mouvement de jeunesse sioniste Maccabée et commencèrent à apprendre l’hébreu.
Le danger allait en grandissant alors que la Seconde Guerre mondiale s’intensifiait. Des milliers de Juifs hongrois étaient envoyés à Auschwitz, et Hannah – poétesse, rêveuse et soldate – s’enrôla dans la Haganah, l’armée juive pré-étatique, pour défendre un avenir juif.
Hannah s’entraîna à être parachutée en Yougoslavie. Sa mission était d’aider à sauver des Juifs hongrois sur le point d’être déportés. Consciente qu’elle ne reviendrait peut-être jamais, Hannah écrivit une lettre d’adieu à György, l’appelant « mon cher Giora ». Tous deux avaient toujours été très proches. Ils avaient fait leur alya ensemble. Lorsque Hannah partit en mission, il portait le poids silencieux de leur séparation : deux idéaux élevés à Budapest, désormais divisés par la guerre.
Capturée puis exécutée, la mission – et la vie – d’Hannah se terminèrent tragiquement. Mais György survécut. Après la guerre, il se consacra à préserver ses poèmes, lettres et héritage, afin de s’assurer que le monde n’oublierait jamais le courage de sa sœur. Ensemble, même séparés, leur amour fraternel a perduré.
Aujourd’hui en Israël, grâce en partie aux efforts de son frère, Hannah Szenes est un nom connu et son poème Eli Eli a été chanté par des millions de personnes.
Que pouvez-vous faire pour montrer à quelqu’un qu’il est important et précieux pour vous ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Juges 11:1 – 33 (Achkénazes et Sépharades)
Juges 11:1 – 40 (Yéménites)
La section des Juges (Choftim) 11:1–33 raconte l’histoire de Yiftakh, un puissant guerrier de Guilad, fils d’une prostituée. Rejeté par sa famille, il vit en exil, mais acquiert une réputation de grand chef militaire.
Lorsque les Ammonites menacent Israël, les anciens de Guilad demandent à Yiftakh de les mener au combat. Il accepte à condition d’être nommé dirigeant s’il est victorieux.
Avant de combattre, Yiftakh tente de résoudre le conflit diplomatiquement, expliquant le droit d’Israël sur la terre et son passé pacifique avec les nations voisines. Le roi ammonite rejette l’argument. Yiftakh fait alors un vœu : il offrira en holocauste ce qui sortira en premier de sa maison à son retour victorieux. Fort de l’esprit divin, il bat les Ammonites. Le passage s’achève sur sa victoire, annonçant la conséquence tragique de son vœu dans les versets suivants…
Qu’est-ce qui est inhabituel dans l’histoire de Yiftakh ?
Points de réflexion
Lisez Juges 11:34-40 (inclus cette semaine selon la tradition yéménite).
Que ressentez-vous face à la fin de l’histoire de Yiftakh ?
Pouvez-vous relier cette conclusion au thème exploré par le Rav Sacks dans la paracha ‘Houkat ?
Pouvez-vous la relier à un épisode de la vie d’Avraham ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Le Rav Yaakov Medan note que dans la Haftara, Yiftakh relate le parcours d’Israël depuis Kadech, dans le désert de Tsin, jusqu’à la conquête de la rive est du Jourdain sur Si’hon. La paracha relate ce parcours en détail, créant un lien évident entre les deux.
Cependant, le récit de Yiftakh introduit trois éléments importants :
Israël demanda de passer non seulement par le pays d’Édom, mais aussi par celui du roi de Moav, qui refusa également.
300 ans se sont écoulés depuis la conquête des terres des Amorrites jusqu’au temps de Yifta’h. Ce détail, absent ailleurs, est crucial pour établir la chronologie de l’époque des Juges.
Yiftakh est le premier à établir le principe juridique selon lequel « Ammon et Moav ont purifié Si’hon ». Cela signifie que, bien qu’Israël n’ait pas le droit de conquérir les terres d’Ammon et de Moav (données aux descendants de Loth), il pouvait les conquérir de Si’hon, car celui-ci les avait déjà prises à Ammon et Moav.
Il y a allusion à cela dans la paracha, mais c’est Yiftach qui le dit explicitement.
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Juges
Yiftakh dirige le peuple pendant six ans, entre Déborah, Gédéon et Samson.
Son vœu à D.ieu semble étrange. Bien que les guerriers annoncent souvent un sacrifice à leur retour victorieux, Yiftakh reste (intentionnellement ?) vague sur l’objet du sacrifice.
Yiftakh fit un vœu à D.ieu et dit : « Si Tu livres les Bné Ammon entre mes mains, alors celui (ou ce) qui sortira de la porte de ma maison pour m’accueillir à mon retour de paix sera pour Hachem, et je l’offrirai en holocauste. »
Les rabbins (Talmud de Babylone, Ta’anit 4a), commentant cet épisode, enseignent :
Rabbi Chmouel bar Nahmani au nom de Rabbi Yo’hanan : Quatre figures bibliques ont fait des vœux. Trois ont mal formulé leur demande, mais D.ieu a répondu avec bonté. Le quatrième a mal formulé et D.ieu a répondu de manière équivalente.
Les rabbins expliquent que « le quatrième » est Yiftakh. (Voir Juges 11:1 – 40) Comment comprenez-vous ce passage ?
Citation de la semaine
« Les mots créent des obligations morales, et ces obligations, honorées fidèlement, permettent l’émergence d’une société libre. Faites toujours ce que vous dites. Si nous ne tenons pas parole, nous finirons par perdre notre liberté. »
Perdre Myriam, Matot, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Quand vous faites des promesses aux autres, à quel point êtes-vous sûr(e) de pouvoir les tenir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Résumé Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks. Le cerveau humain est un organe extrêmement complexe. Timothy Wilson de…
Perdre Myriam
Édition Familiale
Houkat
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
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Essai Principal
Houkat
Perdre Myriam
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2012, disponible ici.
C’est une scène qui a encore aujourd’hui le pouvoir de choquer. Le peuple se plaint. Il n’y a pas d’eau. Mais cette fois-ci Moché perd le contrôle : “Écoutez donc, rebelles !” leur dit-il. “Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l’eau ?’ Moïse leva la main et frappa le rocher deux fois avec son bâton.
On nous révèle après cela que Moché se fait refuser de diriger le peuple à entrer en terre d’Israël. Plusieurs perçoivent cela comme une punition d’avoir perdu le contrôle. Ou peut-être n’a-t-il pas péché. Peut-être était-il le dirigeant adéquat pour la génération sortie d’Égypte, mais pas pour leurs enfants, qui avaient besoin d’inspiration plus que d’intervention. Le leadership de Moïse, comme le soleil, était envahissant. Josué, comme la lune, donnait de la force à autrui.
Mais la question demeure : Pourquoi Moïse a-t-il momentanément perdu le contrôle ? Le peuple était dans le désert, et se préoccupait donc souvent du manque d’eau. Il avait déjà affronté ce défi auparavant, à la fois à Mara et à Réfidim. À Réfidim, il avait même peur de se faire lapider, mais garda tout de même son sang froid. Pourquoi l’a-t-il perdu maintenant ?
Le texte nous donne un indice subtile. Le chapitre commence ainsi : « Le premier mois, toute la communauté des enfants d’Israël arriva au désert de Tsin, et le peuple s’établit à Kadech. C’est là que mourut Myriam, et elle y fut enterrée. Il n’y avait plus d’eau pour la communauté… ». La tradition parle d’un puits miraculeux qui accompagnait les Israélites du vivant de Myriam, grâce à son mérite. À sa mort, le puits disparut. Mais il y en a plus. Moïse venait de perdre sa sœur. Il ne s’agissait pas d’eau. Il s’agissait de deuil.
La perte d’un frère ou d’une sœur est très personnelle. À la différence d’un parent, un frère ou une sœur fait partie de votre génération. Vous êtes confronté à votre propre mortalité. Myriam était bien plus qu’une sœur pour Moïse, elle lui avait sauvé la vie. Encore enfant, c’est elle qui suivit la corbeille d’osier contenant son petit frère alors qu’elle descendait le Nil. Elle eut le courage et l’ingéniosité d’approcher la fille de Pharaon et de lui suggérer de prendre une nourrice hébreue pour l’enfant, assurant ainsi que Moïse grandirait en connaissant sa famille, son peuple et son identité. Tout au long de sa vie, Myriam avait été une présence importante. Elle avait conduit les femmes en chantant au bord de la mer Rouge. Elle soutenait son leadership et sa mission, le critiquant seulement une fois, par souci pour sa femme. (Bien qu’elle ait été punie, les Sages affirment que ces motivations sont sincères.)
La mort de Miriam a donc laissé Moché dans un état vulnérable. Ainsi, ce ne fut pas simplement la demande d’eau du peuple qui fit perdre à Moïse le contrôle de ses émotions, mais son propre chagrin profond. Les Israélites avaient peut-être perdu leur eau, mais Moïse avait perdu sa sœur qui l’avait toujours soutenu et guidé.
Le deuil nous rend profondément vulnérables. Au cœur de la perte, il devient difficile de contrôler ses émotions. On commet des erreurs. On agit de manière impulsive. On perd notre jugement. Même les prophètes ne sont pas immunisés. Maïmonide explique que Jacob, aussi un prophète, ne sut pas que son fils Joseph était encore en vie. Il donne la réponse la plus simple : le chagrin bannit la prophétie.
Ainsi, D.ieu dit à Moché de « parler au rocher », peut-être que le message ne pénétra pas pleinement sa conscience. Telle fut l’influence du deuil. Il frappa le rocher, dit « nous » au lieu de « D.ieu », et se mit en colère contre le peuple. Mais l’histoire réelle est plus humaine que théologique. La réaction de Moïse était une expression de perte personnelle profonde. La sœur qui l’avait sauvée, qui avait chanté avec lui, et qui l’avait soutenu à travers des décennies de leadership n’était plus là.
Finalement, il ne s’agit pas uniquement d’échec ou de désobéissance. Il s’agit d’un portrait de l’humanité de Moïse. L’histoire du moment où Moïse perdit sa confiance et son calme parle finalement moins de leadership et de crise, ou d’un bâton et d’un rocher, que d’une grande femme juive, Myriam, pleinement appréciée seulement quand elle n’était plus là.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Nous apprenons les lois de la vache rousse, dont les cendres purifient ceux qui sont devenus tamei par contact avec un mort. Les Bné Israël atteignent le désert de Tsin. Myriam meurt et le peuple réclame de l’eau. D.ieu ordonne à Moché de parler à un rocher, mais Moché, dans sa colère, le frappe au lieu de lui parler. Bien que l’eau jaillisse, D.ieu décrète que Moché et Aharon n’entreront pas en Terre promise. Aharon meurt sur le mont Hor, et son fils Elazar lui succède. Lorsque des serpents attaquent après de nouvelles plaintes, D.ieu ordonne à Moché d’ériger un serpent d’airain, apportant la guérison à ceux qui le regardent. Les Bné Israël battent également Si’hon et Og, s’assurant un territoire à l’est du Jourdain.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Dans un passage vraiment remarquable, les Sages enseignent qu’à l’époque où le peuple était esclave en Égypte, Myriam persuada son père Amram, le grand érudit de sa génération, d’annuler son décret selon lequel les maris hébreux devaient divorcer de leurs femmes et ne plus avoir d’enfants. Son raisonnement : il y avait 50 % de chances que tout nouveau-né soit mis à mort. « Ton décret, dit Myriam, est pire que celui de Pharaon. Son décret ne va qu’à l’encontre des garçons, le tien concerne aussi les filles. Il veut priver les enfants de la vie dans ce monde ; toi, tu leur refuses même la vie dans le Monde à venir. »
Amram suivit la logique supérieure de sa fille. Maris et femmes furent réunis. Yokheved tomba enceinte, et Moché vit le jour. Ce Midrach, rapporté par les Sages, implique donc clairement qu’une fillette de six ans avait plus de foi et de sagesse que le plus grand rabbin de la génération !
Moché savait assurément ce qu’il devait à sa sœur aînée. À la lumière de cela, l’épisode de Tsin porte moins sur le fait de frapper un rocher que sur la violence brute et déstabilisante du deuil, même pour le plus grand des prophètes, face à l’absence d’une sœur bien-aimée.
Qu’il s’agisse de vos frères et sœurs, cousins ou amis proches, qu’est-ce qui rend ces personnes spéciales dans votre vie ?
Activité sur la paracha
Appuie-toi sur moi
Tout le monde se tient par paires, dos à dos ou côte à côte, en s’appuyant doucement l’un contre l’autre pour rester en équilibre. Quelqu’un dit « Commencez », et à partir de ce moment, vous devez essayer de faire de petits pas ensemble tout en vous appuyant, en déplaçant votre poids, ou en ajoutant une troisième personne pour former une chaîne. Le but est de rester debout ensemble, sans tomber.
Quels sont les défis d’apprendre à « s’appuyer » sur quelqu’un ?
Quels en sont les bénéfices ?
Une histoire pour tous les âges
Perdre Hannah
Hannah Szenes n’avait que 23 ans lorsqu’elle fut parachutée d’un avion britannique en 1944, en Europe occupée par les nazis.
Dix ans plus tôt, alors que l’antisémitisme en Hongrie montait dangereusement, la jeune Hannah prit conscience de la précarité de la condition juive. Son frère aîné György et elle rejoignirent le mouvement de jeunesse sioniste Maccabée et commencèrent à apprendre l’hébreu.
Le danger allait en grandissant alors que la Seconde Guerre mondiale s’intensifiait. Des milliers de Juifs hongrois étaient envoyés à Auschwitz, et Hannah – poétesse, rêveuse et soldate – s’enrôla dans la Haganah, l’armée juive pré-étatique, pour défendre un avenir juif.
Hannah s’entraîna à être parachutée en Yougoslavie. Sa mission était d’aider à sauver des Juifs hongrois sur le point d’être déportés. Consciente qu’elle ne reviendrait peut-être jamais, Hannah écrivit une lettre d’adieu à György, l’appelant « mon cher Giora ». Tous deux avaient toujours été très proches. Ils avaient fait leur alya ensemble. Lorsque Hannah partit en mission, il portait le poids silencieux de leur séparation : deux idéaux élevés à Budapest, désormais divisés par la guerre.
Capturée puis exécutée, la mission – et la vie – d’Hannah se terminèrent tragiquement. Mais György survécut. Après la guerre, il se consacra à préserver ses poèmes, lettres et héritage, afin de s’assurer que le monde n’oublierait jamais le courage de sa sœur. Ensemble, même séparés, leur amour fraternel a perduré.
Aujourd’hui en Israël, grâce en partie aux efforts de son frère, Hannah Szenes est un nom connu et son poème Eli Eli a été chanté par des millions de personnes.
Que pouvez-vous faire pour montrer à quelqu’un qu’il est important et précieux pour vous ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Juges 11:1 – 33 (Achkénazes et Sépharades)
Juges 11:1 – 40 (Yéménites)
La section des Juges (Choftim) 11:1–33 raconte l’histoire de Yiftakh, un puissant guerrier de Guilad, fils d’une prostituée. Rejeté par sa famille, il vit en exil, mais acquiert une réputation de grand chef militaire.
Lorsque les Ammonites menacent Israël, les anciens de Guilad demandent à Yiftakh de les mener au combat. Il accepte à condition d’être nommé dirigeant s’il est victorieux.
Avant de combattre, Yiftakh tente de résoudre le conflit diplomatiquement, expliquant le droit d’Israël sur la terre et son passé pacifique avec les nations voisines. Le roi ammonite rejette l’argument. Yiftakh fait alors un vœu : il offrira en holocauste ce qui sortira en premier de sa maison à son retour victorieux. Fort de l’esprit divin, il bat les Ammonites. Le passage s’achève sur sa victoire, annonçant la conséquence tragique de son vœu dans les versets suivants…
Qu’est-ce qui est inhabituel dans l’histoire de Yiftakh ?
Points de réflexion
Lisez Juges 11:34-40 (inclus cette semaine selon la tradition yéménite).
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Le Rav Yaakov Medan note que dans la Haftara, Yiftakh relate le parcours d’Israël depuis Kadech, dans le désert de Tsin, jusqu’à la conquête de la rive est du Jourdain sur Si’hon. La paracha relate ce parcours en détail, créant un lien évident entre les deux.
Cependant, le récit de Yiftakh introduit trois éléments importants :
Il y a allusion à cela dans la paracha, mais c’est Yiftach qui le dit explicitement.
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Juges
Yiftakh dirige le peuple pendant six ans, entre Déborah, Gédéon et Samson.
Son vœu à D.ieu semble étrange. Bien que les guerriers annoncent souvent un sacrifice à leur retour victorieux, Yiftakh reste (intentionnellement ?) vague sur l’objet du sacrifice.
Les rabbins (Talmud de Babylone, Ta’anit 4a), commentant cet épisode, enseignent :
Les rabbins expliquent que « le quatrième » est Yiftakh. (Voir Juges 11:1 – 40) Comment comprenez-vous ce passage ?
Citation de la semaine
« Les mots créent des obligations morales, et ces obligations, honorées fidèlement, permettent l’émergence d’une société libre. Faites toujours ce que vous dites. Si nous ne tenons pas parole, nous finirons par perdre notre liberté. »
Perdre Myriam, Matot, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Quand vous faites des promesses aux autres, à quel point êtes-vous sûr(e) de pouvoir les tenir ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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