● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Dans Tetsavé, la Torah accorde beaucoup de précision et d’attention aux vêtements portés par le Cohen et le Cohen Gadol. Mais pourquoi ? En général, le judaïsme est réticent vis-à-vis des apparences. Saül, le premier roi d’Israël, semblait faire l’affaire. Il “dépassait de l'épaule” tout le reste du peuple. Mais lorsque Samuel devait oindre un le prochain roi d’Israël, D.ieu lui dit : “Ne considère point sa mine ni sa haute taille, celui-là je le repousse. Ce que voit l'homme ne compte pas : l'homme ne voit que l'extérieur, D.ieu regarde le cœur.”
Les apparences sont trompeuses. En effet, le mot hébraïque pour vêtement, begued, provient du même mot hébraïque que “trahir”, comme dans le vidouï ‘Achamnou bagadnou’, “Nous sommes coupables, nous avons trahi”. Jacob utilise les vêtements d’Esaü pour tromper. Les frères de Joseph font de même avec sa tunique ensanglantée. Pourquoi D.ieu a-t-il donc ordonné que les Cohanim portent des vêtements distinctifs comme étant partie intégrante de leur service du Tabernacle, et plus tard du Temple ?
La réponse repose sur la phrase à deux mots qui apparaît deux fois dans notre paracha, définissant ce que les vêtements devaient représenter : lekavod Ouletiferet, “pour la dignité (ou l’honneur) et la beauté”. Il s’agit de mots inhabituels dans la Torah, ou du moins dans un contexte humain. Le mot tiferet - beauté ou gloire - n’apparaît qu’à trois reprises dans la Torah, deux fois dans notre paracha. Le mot kavod (dignité” ou “honneur) - apparaît seize fois, mais la référence est à la gloire de D.ieu. Dans notre paracha, les deux apparitions sont les deux seules occasions dans lesquelles kavod est appliqué à un être humain. Que se passe-t-il donc ici ?
La réponse est qu’elles représentent la dimension esthétique. Cela n’apparaît pas toujours de manière saillante dans le judaïsme. Il s’agit de quelque chose que nous voyons habituellement avec des cultures radicalement éloignées de la Torah. Plusieurs grands empires, comme l’Égypte, la Grèce et Rome, ont construit des palais et des temples monumentaux. Les cours royales furent marquées par des robes magnifiques, des tuniques, des bouffons et des tenues, chaque rang avec son propre uniforme et sa propre finesse. À l’inverse, le judaïsme semble souvent presque puritain dans son évitement de l’apparat et de l’étalage, favorisant des mots entendus plutôt que des apparences observées.
Mais le service du Tabernacle et du Temple étaient différents. Ici les apparences, la dignité, la beauté, faisaient une différence. Le Rambam explique que pour ceux qui comprennent véritablement la nature de la vie religieuse, les apparences ne devraient pas compter du tout. Mais la masse est impressionnée par le spectacle, la grandeur visible, la brillance de l’or, les bijoux du pectoral, la cérémonie à grand spectacle écarlate et mauve, et la pureté cristalline des robes en lin blanc.
De récentes recherches importantes en neurosciences, en psychologie évolutive et en économie comportementale ont établi au-delà du moindre doute que nous ne sommes pas, en grande partie, des espèces rationnelles. Nous ne sommes pas incapables de raisonner, mais la raison seule ne nous mène pas à l’action. Pour cela, nous avons besoin d’émotion, et l’émotion va plus loin que le cortex préfrontal, le siège du cerveau pour la réflexion consciente. L’art parle à l’émotion. L’art nous affecte de manière bien plus profonde que les mots.
C’est pour cela que l’art a une spiritualité qui ne peut être exprimée autrement que par l’art. Cela s’applique à la beauté visuelle et à la cérémonie spectaculaire du service du Tabernacle et du Temple, incluant les tenues et insignes des Cohanim.
L’esthétique dans le judaïsme est l’art consacré à la grande gloire de D.ieu. C’est pour cela que le mot kavod, “gloire”, est attribué dans la Torah seulement à D.ieu, et au Cohen qui officie dans la maison de D.ieu. Le judaïsme croit en l’art au service de D.ieu, redonnant à D.ieu, par une offrande votive, une partie de la beauté qu’Il a insufflée dans ce monde. Il y a un endroit pour l’esthétique dans la avoda. Car la beauté inspire l’amour, et de l’amour descend le service du cœur.
Autour de la table de Chabbat
Comment le double sens de “begged” (vêtement/trahison) approfondi notre compréhension du rôle du vêtement à la fois dans la tromperie et la sainteté ?
Quels parallèles pouvons-nous établir entre l’esthétique du Michkan et la pratique religieuse d’aujourd’hui ?
À quel autre moment dans le Tanakh le vêtement sert-il de symbole de connexion ou de transformation spirituelle ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
La paracha commence par le commandement d’utiliser de l’huile d’olive pure pour l’allumage quotidien de la Ménora. D.ieu enseigne ensuite à Moché les vêtements spéciaux d’Aaron et de ses fils, incluant l’Ephod élaboré, le ‘hochen Michpat, contenant douze pierres précieuses représentant les tribus, le me’il, et le tzitz. Les Cohanim normaux portaient des vêtements plus simples : des tuniques, des turbans, des écharpes et des pantalons. Les détails de la cérémonie d'inauguration de sept jours pour les Cohanim sont établis, ainsi que les offrandes de sacrifice deux fois par jour, et enfin les instructions pour l’autel d’encens et son service quotidien.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
La Paracha Tetsavé détaille énormément l’apparence physique du Cohen Gadol.
Rabbi Sacks fait référence au Moussaf de Yom Kippour, lorsque nous chantons la façon dont le Cohen Gadol conclut son service et émerge du Saint des Saints : “Telle l’étoile matinale qui brille sur les frontières de l’Est - était l'apparence du grand-prêtre (Maré Cohen).”
Il écrit ensuite que “Au risque d’une simplification excessive, voici comment on pourrait définir la différence entre l’Israël antique et la Grèce antique : là où les Grecs croyaient à la sainteté de la beauté, les juifs croyaient à la hadrat kodech, la beauté de la sainteté.” Les vêtements spéciaux des Cohanim, conçus pour “la dignité et la beauté,” démontrent comment les éléments visuels comptent dans le culte de D.ieu. En effet, la beauté visuelle joue un rôle clé dans notre expérience religieuse. Le pouvoir de la beauté, lorsqu’il est orienté vers l’élévation spirituelle et le service divin, peut être une chose positive. C’est notre tâche d’atteindre un équilibre entre l’appréciation de la beauté et le fait de rester fidèle à nos valeurs.
Quand ressentez-vous que les apparences servent un objectif plus grand dans votre vie ? Comment vous assurez-vous que cela demeure un moyen de s’élever plutôt qu’une distraction ?
Activité sur la paracha
Un changement rapide
Chaque équipe reçoit un sac d’objets comme des chapeaux, des écharpes et des t-shirts trop grands. Les joueurs essaient de s’habiller correctement à tour de rôle, sans se contenter de simplement les enfiler. Quand le temps est écoulé, comptez les vêtements qui sont portés correctement avant de passer la pile au prochain joueur. Des points de bonus pourraient être octroyés pour le style !
Quand avez-vous utilisé des vêtements ou des costumes pour transformer un moment ordinaire en quelque chose de plus joyeux ou rempli de sens ?
Une histoire pour tous les âges
Une aide clandestine
Au Japon de l’antiquité, il y a de nombreux siècles, vivait un vieil homme rempli de sagesse, de bonté et de générosité. Un jour, en marchant dans la forêt, il remarqua un couvre-chef a priori ordinaire et ancien qui était suspendu sur une branche au-dessus de lui. Il étendit son bras, le prit et le mit sur sa tête, et c’est à ce moment qu’il découvrit quelque chose d’incroyable… porter cette casquette le rendit invisible !
Au lieu d’utiliser ce pouvoir pour son profit personnel, l’homme vit cela comme une chance d’aider les gens qui étaient trop fiers pour accepter la charité de visu. Durant la nuit, en portant la casquette, il déposait de la nourriture en secret à des familles nécessiteuses, ainsi que des dons de vêtements et de chaussures pour les enfants. Il réparait les maisons des villageois âgés, et plaçait des pièces sur les chemins pour les marchands en difficulté.
Bientôt, les récits de ces cadeaux et autres surprises commencèrent à se répandre. Les villageois commençaient à parler du bienfaiteur mystérieux, appelant ce phénomène l'œuvre d’un fantôme bénévole ! L’homme continua ses actes secrets de bonté, en étant joyeusement conscient que son aide anonyme aidait les gens à maintenir leur dignité tout en recevant l’assistance nécessaire.
Des années passèrent, et l’homme décida de passer la casquette à un ami plus jeune. Lorsque l’homme sage révéla finalement la vérité à son successeur, il expliqua que la vraie magie de la casquette n’était pas de le rendre invisible mais de lui enseigner que le service le plus pur venait lorsque l’on mettait de côté notre propre désir d’honneur. Le nouveau porteur du couvre-chef a promis de garder le secret, et de continuer les missions secrètes, avec la compréhension que parfois, les actes les plus sacrés sont ceux réalisés sans chercher les louanges ou les honneurs.
La casquette et les vêtements sacerdotaux nous enseignent des points très différents sur le moment où il faut rendre les bonnes actions visibles et quand les accomplir dans la discrétion. À quel moment chaque approche est-elle la plus appropriée ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Une introduction à
Parachat Zakhor
La Parachat Zakhor est la deuxième des quatre Chabbatot spéciaux qui tombent avant Pessa’h. Les deux derniers sont Chabbat Para et Chabbat Ha’hodech.
Zakhor signifie se rappeler ! Et il comprend un commandement très inhabituel dans la Torah. Le passage spécial ajouté à la lecture de la Torah hebdomadaire est pris de Dévarim (25:17-19) et inclut la mitsva de se rappeler du mal de la tribu d’Amalek et d’éradiquer ce peuple de la surface de la terre. La Haftara spéciale de Zakhor (Samuel I, chapitre 15) discute du commandement de D.ieu envers le roi Saül, à travers Samuel, de combattre le peuple d’Amalek, et de venger leurs actions contre les enfants d’Israël lorsqu’ils sortirent d’Égypte.
Les Poskim affirment que la lecture de Zakhor est une obligation biblique ; par conséquent, nous devrions nous assurer de lire le passage à voix haute en présence d’un Minyan.
La Haftara de Chabbat Zakhor
En bref
I Samuel 15:2-34 (Achkénazim)
I Samuel 15:1-34 (Séfaradim et Minhag Anglia)
I Samuel 14:52-15:33 (Yéménites)
Le prophète Samuel (Samuel) ordonne au roi Saül, sous la direction de D.ieu, de détruire complètement les Amalécites, incluant leur roi, Agag, ainsi que toutes leurs possessions. Cependant, Saül choisit d’épargner le meilleur bétail d’Agag, affirmant qu’il voulait offrir des sacrifices à D.ieu.
Lorsque Chmouël confronte Saül, le roi insiste sur le fait qu’il a obéi au commandement, mais Chmouël le réprimande, déclarant que l’obéissance à D.ieu est plus importante que les sacrifices (un thème que nous avons vu plusieurs fois dans cette série d’Haftarot !)
Chmouël dit à Saül que sa désobéissance lui a coûté son royaume, puisque D.ieu l’a maintenant rejeté comme roi, et ses descendants ne règneront pas à l’avenir. Saül admet son péché mais plaide quand même pour son pardon.
Chmouël exécute Agag lui-même, accomplissant le commandement de D.ieu. Le chapitre se termine par Chmouël et Saül qui se séparent alors que Chmouel pleure la chute de Saül, sachant que D.ieu a choisi quelqu’un d’autre pour le remplacer.
Débuts de conversation
Zakhor tombe toujours le Chabbat qui précède Pourim. Quel est le lien entre Amalek et le livre d’Esther ?
Pensez-vous qu’Amalek constitue toujours une menace aujourd’hui ?
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Ezéchiel 43:10-27
La Haftara régulière de cette semaine décrit les instructions de D.ieu pour la conception, le sens et la consécration de l’Autel (connu également sous le nom de Mizbéa’h) dans le Beth Hamikdach restauré.
Le prophète Ezéchiel (Yé’hezkel) a le commandement de montrer à la maison d’Israël les dimensions et détails du Temple pour les inspirer à se repentir et revenir vers D.ieu. Les mesures détaillées de l’autel sont fournies, mettant l’accent sur la construction précise et la fonction sacrée.
Le passage souligne la purification et les rituels de consécration de l’Autel qui s’étendent sur sept jours. Ces rituels incluent l’offrande d’un taureau et d’un mouton comme offrandes sacrificielles et l’aspersion du sang sur l’autel pour l’expiation. D’ici le huitième jour, des offrandes brûlées régulières et de paix peuvent commencer, soulignant l’acceptation de D.ieu de l’Autel. Le passage souligne l’importance de la sainteté et de l’obéissance dans la restauration d’une bonne relation avec D.ieu.
Pourquoi pensez-vous que la Torah porte une attention particulière aux dimensions du Tabernacle (Michkan) et du Temple (Beth Hamikdach) ?
Points de réflexion
Qu’est-ce que signifie pour nous “d’être saint” ? (Notez bien – cela n’est pas nécessairement limité uniquement aux mitsvot et aux téfilot)
Comment le fait d’être saint améliore-t-il notre relation avec D.ieu ?
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Le lien entre la paracha de cette semaine et la Haftara régulière dans Ézéchiel est très semblable à celui de la paracha de la semaine dernière (Paracha Térouma). Les deux traitent de la construction du Tabernacle (dans la paracha) et le Temple (dans la Haftara).
Cependant, on peut trouver un lien plus spécifique cette semaine. Vers la fin de la paracha, on nous parle de la consécration d’Aaron et de ses fils en tant que prêtres (Cohanim) et du rituel sacrificiel. La Haftara relate également la consécration de l’Autel et le service sacrificiel.
Nous pouvons apprendre une leçon du thème de consécration. Nous, peuple juif, avons besoin de trouver des moments au cours desquels il est opportun de consacrer nos vies au service de D.ieu. Ces occasions peuvent être à la fois joyeuses et tristes, elles peuvent être des événements de vie différents, mais c’est notre rôle de trouver ces opportunités de consacrer à nouveau nos vies et notre relation avec D.ieu.
Rabbi Sacks affirme également que “Tetsavé est la sidra sacerdotale par excellence. Le nom de Moïse n’apparaît pas, en l’occurrence la seule du début de l’Exode à la fin du Deutéronome. Ici, la place d’honneur est occupée par Aaron et ses fils, les prêtres, leurs tâches, leurs vêtements, leur consécration.”
Moïse nous a fait sortir d’Égypte, à travers le désert, jusqu’en Terre promise. Il joue naturellement un rôle important dans chaque paracha depuis le début du livre de l’Exode jusqu’à la fin. Mais ici, dans la parachat Tetsavé, une exception notable est faite, car ici les Cohanim sont les acteurs principaux, et le service sacerdotal est le point culminant.
La Haftara, avec son attention aux services sacrificiels à l’autel dans le Temple, souligne ce thème.
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Ezéchiel
Le prophète Yé’hezkel (Ezéchiel) a déjà été vu plusieurs fois cette année dans les lectures de la Haftara hebdomadaire. Tel que nous l’avons mentionné au cours des semaines précédentes, Rabbi Sacks l’a appelé le “prophète de l’espoir”, à une période où le peuple avait grand besoin de lui lorsque son avenir semblait pratiquement désespéré.
La fin du livre d'Ezéchiel inclut une vision de l’avenir du Temple (lors des neuf chapitres finaux). Il comporte beaucoup de détails, incluant les dimensions de la structure physique, l’héritage de la terre, l’ordre sacrificiel et plus encore. Est-ce que les visions d'Ezéchiel sont liées au deuxième Temple ou peut-être au troisième Temple dans le monde à venir (l’ère messianique) ? Cela n’est pas clair.
Certains commentateurs rabbiniques classiques s’interrogent sur les versets d'ouverture de la Haftara qui font référence à la honte du peuple juif et de leurs péchés. Pourquoi nous parle-t-on de la honte du peuple juif tout en délimitant les dimensions du Temple ? Il est possible que les chapitres finaux fassent référence au moment où le peuple juif se repentira complètement et méritera la construction du Temple final, qui durera éternellement.
Citation de la semaine
“Le sens de l’attention apportée aux éléments visuels du Michkan, les grands vêtements sacerdotaux et ceux qui y faisaient le service, était de créer une atmosphère de révérence car ils indiquaient la beauté et la splendeur au-delà d’elle-même : D.ieu Lui-même.”
Réflexions supplémentaires
Si vous vouliez faire la meilleure impression de vous-même à quelqu’un de nouveau, comment vous habilleriez-vous ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
L’esthétique du judaïsme
Édition Familiale
Tétsavé
Inspiré par les enseignements et les idées de Rabbi Sacks
Télécharger le PDF
Essai Principal
Tétsavé
L’esthétique du judaïsme
Lire plus >
Lire en
Partager
Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Dans Tetsavé, la Torah accorde beaucoup de précision et d’attention aux vêtements portés par le Cohen et le Cohen Gadol. Mais pourquoi ? En général, le judaïsme est réticent vis-à-vis des apparences. Saül, le premier roi d’Israël, semblait faire l’affaire. Il “dépassait de l'épaule” tout le reste du peuple. Mais lorsque Samuel devait oindre un le prochain roi d’Israël, D.ieu lui dit : “Ne considère point sa mine ni sa haute taille, celui-là je le repousse. Ce que voit l'homme ne compte pas : l'homme ne voit que l'extérieur, D.ieu regarde le cœur.”
Les apparences sont trompeuses. En effet, le mot hébraïque pour vêtement, begued, provient du même mot hébraïque que “trahir”, comme dans le vidouï ‘Achamnou bagadnou’, “Nous sommes coupables, nous avons trahi”. Jacob utilise les vêtements d’Esaü pour tromper. Les frères de Joseph font de même avec sa tunique ensanglantée. Pourquoi D.ieu a-t-il donc ordonné que les Cohanim portent des vêtements distinctifs comme étant partie intégrante de leur service du Tabernacle, et plus tard du Temple ?
La réponse repose sur la phrase à deux mots qui apparaît deux fois dans notre paracha, définissant ce que les vêtements devaient représenter : lekavod Ouletiferet, “pour la dignité (ou l’honneur) et la beauté”. Il s’agit de mots inhabituels dans la Torah, ou du moins dans un contexte humain. Le mot tiferet - beauté ou gloire - n’apparaît qu’à trois reprises dans la Torah, deux fois dans notre paracha. Le mot kavod (dignité” ou “honneur) - apparaît seize fois, mais la référence est à la gloire de D.ieu. Dans notre paracha, les deux apparitions sont les deux seules occasions dans lesquelles kavod est appliqué à un être humain. Que se passe-t-il donc ici ?
La réponse est qu’elles représentent la dimension esthétique. Cela n’apparaît pas toujours de manière saillante dans le judaïsme. Il s’agit de quelque chose que nous voyons habituellement avec des cultures radicalement éloignées de la Torah. Plusieurs grands empires, comme l’Égypte, la Grèce et Rome, ont construit des palais et des temples monumentaux. Les cours royales furent marquées par des robes magnifiques, des tuniques, des bouffons et des tenues, chaque rang avec son propre uniforme et sa propre finesse. À l’inverse, le judaïsme semble souvent presque puritain dans son évitement de l’apparat et de l’étalage, favorisant des mots entendus plutôt que des apparences observées.
Mais le service du Tabernacle et du Temple étaient différents. Ici les apparences, la dignité, la beauté, faisaient une différence. Le Rambam explique que pour ceux qui comprennent véritablement la nature de la vie religieuse, les apparences ne devraient pas compter du tout. Mais la masse est impressionnée par le spectacle, la grandeur visible, la brillance de l’or, les bijoux du pectoral, la cérémonie à grand spectacle écarlate et mauve, et la pureté cristalline des robes en lin blanc.
De récentes recherches importantes en neurosciences, en psychologie évolutive et en économie comportementale ont établi au-delà du moindre doute que nous ne sommes pas, en grande partie, des espèces rationnelles. Nous ne sommes pas incapables de raisonner, mais la raison seule ne nous mène pas à l’action. Pour cela, nous avons besoin d’émotion, et l’émotion va plus loin que le cortex préfrontal, le siège du cerveau pour la réflexion consciente. L’art parle à l’émotion. L’art nous affecte de manière bien plus profonde que les mots.
C’est pour cela que l’art a une spiritualité qui ne peut être exprimée autrement que par l’art. Cela s’applique à la beauté visuelle et à la cérémonie spectaculaire du service du Tabernacle et du Temple, incluant les tenues et insignes des Cohanim.
L’esthétique dans le judaïsme est l’art consacré à la grande gloire de D.ieu. C’est pour cela que le mot kavod, “gloire”, est attribué dans la Torah seulement à D.ieu, et au Cohen qui officie dans la maison de D.ieu. Le judaïsme croit en l’art au service de D.ieu, redonnant à D.ieu, par une offrande votive, une partie de la beauté qu’Il a insufflée dans ce monde. Il y a un endroit pour l’esthétique dans la avoda. Car la beauté inspire l’amour, et de l’amour descend le service du cœur.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
La paracha commence par le commandement d’utiliser de l’huile d’olive pure pour l’allumage quotidien de la Ménora. D.ieu enseigne ensuite à Moché les vêtements spéciaux d’Aaron et de ses fils, incluant l’Ephod élaboré, le ‘hochen Michpat, contenant douze pierres précieuses représentant les tribus, le me’il, et le tzitz. Les Cohanim normaux portaient des vêtements plus simples : des tuniques, des turbans, des écharpes et des pantalons. Les détails de la cérémonie d'inauguration de sept jours pour les Cohanim sont établis, ainsi que les offrandes de sacrifice deux fois par jour, et enfin les instructions pour l’autel d’encens et son service quotidien.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
La Paracha Tetsavé détaille énormément l’apparence physique du Cohen Gadol.
Rabbi Sacks fait référence au Moussaf de Yom Kippour, lorsque nous chantons la façon dont le Cohen Gadol conclut son service et émerge du Saint des Saints : “Telle l’étoile matinale qui brille sur les frontières de l’Est - était l'apparence du grand-prêtre (Maré Cohen).”
Il écrit ensuite que “Au risque d’une simplification excessive, voici comment on pourrait définir la différence entre l’Israël antique et la Grèce antique : là où les Grecs croyaient à la sainteté de la beauté, les juifs croyaient à la hadrat kodech, la beauté de la sainteté.” Les vêtements spéciaux des Cohanim, conçus pour “la dignité et la beauté,” démontrent comment les éléments visuels comptent dans le culte de D.ieu. En effet, la beauté visuelle joue un rôle clé dans notre expérience religieuse. Le pouvoir de la beauté, lorsqu’il est orienté vers l’élévation spirituelle et le service divin, peut être une chose positive. C’est notre tâche d’atteindre un équilibre entre l’appréciation de la beauté et le fait de rester fidèle à nos valeurs.
Quand ressentez-vous que les apparences servent un objectif plus grand dans votre vie ? Comment vous assurez-vous que cela demeure un moyen de s’élever plutôt qu’une distraction ?
Activité sur la paracha
Un changement rapide
Chaque équipe reçoit un sac d’objets comme des chapeaux, des écharpes et des t-shirts trop grands. Les joueurs essaient de s’habiller correctement à tour de rôle, sans se contenter de simplement les enfiler. Quand le temps est écoulé, comptez les vêtements qui sont portés correctement avant de passer la pile au prochain joueur. Des points de bonus pourraient être octroyés pour le style !
Quand avez-vous utilisé des vêtements ou des costumes pour transformer un moment ordinaire en quelque chose de plus joyeux ou rempli de sens ?
Une histoire pour tous les âges
Une aide clandestine
Au Japon de l’antiquité, il y a de nombreux siècles, vivait un vieil homme rempli de sagesse, de bonté et de générosité. Un jour, en marchant dans la forêt, il remarqua un couvre-chef a priori ordinaire et ancien qui était suspendu sur une branche au-dessus de lui. Il étendit son bras, le prit et le mit sur sa tête, et c’est à ce moment qu’il découvrit quelque chose d’incroyable… porter cette casquette le rendit invisible !
Au lieu d’utiliser ce pouvoir pour son profit personnel, l’homme vit cela comme une chance d’aider les gens qui étaient trop fiers pour accepter la charité de visu. Durant la nuit, en portant la casquette, il déposait de la nourriture en secret à des familles nécessiteuses, ainsi que des dons de vêtements et de chaussures pour les enfants. Il réparait les maisons des villageois âgés, et plaçait des pièces sur les chemins pour les marchands en difficulté.
Bientôt, les récits de ces cadeaux et autres surprises commencèrent à se répandre. Les villageois commençaient à parler du bienfaiteur mystérieux, appelant ce phénomène l'œuvre d’un fantôme bénévole ! L’homme continua ses actes secrets de bonté, en étant joyeusement conscient que son aide anonyme aidait les gens à maintenir leur dignité tout en recevant l’assistance nécessaire.
Des années passèrent, et l’homme décida de passer la casquette à un ami plus jeune. Lorsque l’homme sage révéla finalement la vérité à son successeur, il expliqua que la vraie magie de la casquette n’était pas de le rendre invisible mais de lui enseigner que le service le plus pur venait lorsque l’on mettait de côté notre propre désir d’honneur. Le nouveau porteur du couvre-chef a promis de garder le secret, et de continuer les missions secrètes, avec la compréhension que parfois, les actes les plus sacrés sont ceux réalisés sans chercher les louanges ou les honneurs.
La casquette et les vêtements sacerdotaux nous enseignent des points très différents sur le moment où il faut rendre les bonnes actions visibles et quand les accomplir dans la discrétion. À quel moment chaque approche est-elle la plus appropriée ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Une introduction à
Parachat Zakhor
La Parachat Zakhor est la deuxième des quatre Chabbatot spéciaux qui tombent avant Pessa’h. Les deux derniers sont Chabbat Para et Chabbat Ha’hodech.
Zakhor signifie se rappeler ! Et il comprend un commandement très inhabituel dans la Torah. Le passage spécial ajouté à la lecture de la Torah hebdomadaire est pris de Dévarim (25:17-19) et inclut la mitsva de se rappeler du mal de la tribu d’Amalek et d’éradiquer ce peuple de la surface de la terre. La Haftara spéciale de Zakhor (Samuel I, chapitre 15) discute du commandement de D.ieu envers le roi Saül, à travers Samuel, de combattre le peuple d’Amalek, et de venger leurs actions contre les enfants d’Israël lorsqu’ils sortirent d’Égypte.
Les Poskim affirment que la lecture de Zakhor est une obligation biblique ; par conséquent, nous devrions nous assurer de lire le passage à voix haute en présence d’un Minyan.
La Haftara de Chabbat Zakhor
En bref
I Samuel 15:2-34 (Achkénazim)
I Samuel 15:1-34 (Séfaradim et Minhag Anglia)
I Samuel 14:52-15:33 (Yéménites)
Le prophète Samuel (Samuel) ordonne au roi Saül, sous la direction de D.ieu, de détruire complètement les Amalécites, incluant leur roi, Agag, ainsi que toutes leurs possessions. Cependant, Saül choisit d’épargner le meilleur bétail d’Agag, affirmant qu’il voulait offrir des sacrifices à D.ieu.
Lorsque Chmouël confronte Saül, le roi insiste sur le fait qu’il a obéi au commandement, mais Chmouël le réprimande, déclarant que l’obéissance à D.ieu est plus importante que les sacrifices (un thème que nous avons vu plusieurs fois dans cette série d’Haftarot !)
Chmouël dit à Saül que sa désobéissance lui a coûté son royaume, puisque D.ieu l’a maintenant rejeté comme roi, et ses descendants ne règneront pas à l’avenir. Saül admet son péché mais plaide quand même pour son pardon.
Chmouël exécute Agag lui-même, accomplissant le commandement de D.ieu. Le chapitre se termine par Chmouël et Saül qui se séparent alors que Chmouel pleure la chute de Saül, sachant que D.ieu a choisi quelqu’un d’autre pour le remplacer.
Débuts de conversation
Zakhor tombe toujours le Chabbat qui précède Pourim. Quel est le lien entre Amalek et le livre d’Esther ?
Pensez-vous qu’Amalek constitue toujours une menace aujourd’hui ?
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
Ezéchiel 43:10-27
La Haftara régulière de cette semaine décrit les instructions de D.ieu pour la conception, le sens et la consécration de l’Autel (connu également sous le nom de Mizbéa’h) dans le Beth Hamikdach restauré.
Le prophète Ezéchiel (Yé’hezkel) a le commandement de montrer à la maison d’Israël les dimensions et détails du Temple pour les inspirer à se repentir et revenir vers D.ieu. Les mesures détaillées de l’autel sont fournies, mettant l’accent sur la construction précise et la fonction sacrée.
Le passage souligne la purification et les rituels de consécration de l’Autel qui s’étendent sur sept jours. Ces rituels incluent l’offrande d’un taureau et d’un mouton comme offrandes sacrificielles et l’aspersion du sang sur l’autel pour l’expiation. D’ici le huitième jour, des offrandes brûlées régulières et de paix peuvent commencer, soulignant l’acceptation de D.ieu de l’Autel. Le passage souligne l’importance de la sainteté et de l’obéissance dans la restauration d’une bonne relation avec D.ieu.
Pourquoi pensez-vous que la Torah porte une attention particulière aux dimensions du Tabernacle (Michkan) et du Temple (Beth Hamikdach) ?
Points de réflexion
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
Le lien entre la paracha de cette semaine et la Haftara régulière dans Ézéchiel est très semblable à celui de la paracha de la semaine dernière (Paracha Térouma). Les deux traitent de la construction du Tabernacle (dans la paracha) et le Temple (dans la Haftara).
Cependant, on peut trouver un lien plus spécifique cette semaine. Vers la fin de la paracha, on nous parle de la consécration d’Aaron et de ses fils en tant que prêtres (Cohanim) et du rituel sacrificiel. La Haftara relate également la consécration de l’Autel et le service sacrificiel.
Nous pouvons apprendre une leçon du thème de consécration. Nous, peuple juif, avons besoin de trouver des moments au cours desquels il est opportun de consacrer nos vies au service de D.ieu. Ces occasions peuvent être à la fois joyeuses et tristes, elles peuvent être des événements de vie différents, mais c’est notre rôle de trouver ces opportunités de consacrer à nouveau nos vies et notre relation avec D.ieu.
Rabbi Sacks affirme également que “Tetsavé est la sidra sacerdotale par excellence. Le nom de Moïse n’apparaît pas, en l’occurrence la seule du début de l’Exode à la fin du Deutéronome. Ici, la place d’honneur est occupée par Aaron et ses fils, les prêtres, leurs tâches, leurs vêtements, leur consécration.”
Moïse nous a fait sortir d’Égypte, à travers le désert, jusqu’en Terre promise. Il joue naturellement un rôle important dans chaque paracha depuis le début du livre de l’Exode jusqu’à la fin. Mais ici, dans la parachat Tetsavé, une exception notable est faite, car ici les Cohanim sont les acteurs principaux, et le service sacerdotal est le point culminant.
La Haftara, avec son attention aux services sacrificiels à l’autel dans le Temple, souligne ce thème.
Contexte pour les Prophètes
Le livre d’Ezéchiel
Le prophète Yé’hezkel (Ezéchiel) a déjà été vu plusieurs fois cette année dans les lectures de la Haftara hebdomadaire. Tel que nous l’avons mentionné au cours des semaines précédentes, Rabbi Sacks l’a appelé le “prophète de l’espoir”, à une période où le peuple avait grand besoin de lui lorsque son avenir semblait pratiquement désespéré.
La fin du livre d'Ezéchiel inclut une vision de l’avenir du Temple (lors des neuf chapitres finaux). Il comporte beaucoup de détails, incluant les dimensions de la structure physique, l’héritage de la terre, l’ordre sacrificiel et plus encore. Est-ce que les visions d'Ezéchiel sont liées au deuxième Temple ou peut-être au troisième Temple dans le monde à venir (l’ère messianique) ? Cela n’est pas clair.
Certains commentateurs rabbiniques classiques s’interrogent sur les versets d'ouverture de la Haftara qui font référence à la honte du peuple juif et de leurs péchés. Pourquoi nous parle-t-on de la honte du peuple juif tout en délimitant les dimensions du Temple ? Il est possible que les chapitres finaux fassent référence au moment où le peuple juif se repentira complètement et méritera la construction du Temple final, qui durera éternellement.
Citation de la semaine
“Le sens de l’attention apportée aux éléments visuels du Michkan, les grands vêtements sacerdotaux et ceux qui y faisaient le service, était de créer une atmosphère de révérence car ils indiquaient la beauté et la splendeur au-delà d’elle-même : D.ieu Lui-même.”
Réflexions supplémentaires
Si vous vouliez faire la meilleure impression de vous-même à quelqu’un de nouveau, comment vous habilleriez-vous ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
L’architecture de la sainteté
< PrécédentBientôt Disponible