● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Il existe sept scènes lors desquelles Yosef pleure à cause d’une rencontre entre lui et sa famille en Égypte. D’abord, lorsque les frères arrivèrent en Égypte devant lui pour la première fois, Yosef les reconnut, s’éloigna d’eux et pleura. Ensuite, lorsque les frères lorsqu’ils retournèrent en Égypte avec Benjamin, Joseph se dépêcha de trouver un endroit privé pour pleurer. Troisièmement, après le discours passionné de Yéhouda, Joseph était prêt à révéler son identité, et il pleura si fort que les égyptiens dehors l'entendirent. Quatrièmement, immédiatement après avoir révélé la vérité à ses frères, il se jeta au cou de Benjamin son frère et pleura, et Benjamin aussi pleura dans ses bras. Il embrassa tous ses frères et les baigna de ses larmes. Cinquièmement, Yaakov arriva en Égypte, et Yossef rencontra finalement son père à nouveau après une longue séparation. Sixièmement, à la mort de son père, Joseph se précipita sur le visage de son père et le couvrit de pleurs et de baisers. Septièmement, peu après la mort de leur père, les frères allèrent voir Yosef et dirent “Notre père te demande de pardonner tes frères. Il a laissé ce message avant de mourir.” Et Joseph pleura.
Personne ne pleure autant que Joseph dans le Tanakh. Il pleure pour plusieurs raisons. Mais les larmes les plus intrigantes sont les dernières, les larmes qu’il verse lorsqu’il entend que ses frères craignent qu’il se vengera contre eux maintenant que son père n’est plus de ce monde.
Rav Lichtenstein suggère que cette dernière scène de larmes est une expression du prix que Joseph paye pour la réalisation de ses rêves et sa nomination à un poste de pouvoir. Joseph a tout fait pour ses frères. Il les a soutenus lors d’une période de famine. Il leur a donné non seulement un refuge mais une place d’honneur dans la société égyptienne. Et il a mentionné le plus clairement possible qu’il n’éprouve aucune rancœur à leur égard pour ce qu’ils lui ont fait des années auparavant. Mais après toutes ces années, ses frères ne lui font pas confiance et craignent qu’il ne cherche à leur faire du mal. Rav Lichtenstein explique “qu’à ce moment-là, Joseph découvre les limites du pouvoir. Il comprend à quel point les liens humains, les liens personnels, les liens familiaux ont bien plus d’importance que le pouvoir, à la fois pour la personne elle-même et pour ceux qui l’entourent.” Joseph “pleure à propos de la faiblesse inhérente au pouvoir, du terrible prix qu’il a dû payer pour cela”. Ses rêves se réalisèrent effectivement, à un certain point, mais la tragédie demeure toujours vraie. Le déchirement de la famille n’a pas été complètement recousu.
D’un point de vue extérieur, Joseph détient tout le pouvoir. Sa famille dépend entièrement de lui. Mais à un niveau plus profond, c’est tout le contraire. Il recherche toujours leur reconnaissance et leur proximité. Et finalement, il devra dépendre d’eux pour acheminer ses ossements en Égypte lorsque le moment de la rédemption et du retour sera venu.
Le début de l’histoire de l’humanité fut marquée par un conflit de pouvoir au cours duquel certains devinrent maîtres, et d’autres esclaves. Cette tension crée un conflit résolu à travers l’histoire. Il y aura un équilibre uniquement lorsqu’il n’y aura ni maître ni esclave, mais seulement des êtres humains qui se traitent mutuellement non pas comme un moyen pour atteindre une fin mais comme des fins en eux-mêmes. Compris de la sorte, les larmes de Joseph constituent un prélude à la dramaturgie maître-esclave qui va être représentée dans Chémot.
La vision profonde du texte du Rav Lichtenstein nous rappelle à quel point le Tanakh et le judaïsme dans son ensemble forment une critique constante du pouvoir. Avant l’ère messianique, nous ne pouvons nous en passer. Mais le pouvoir aliène. Il mène au soupçon et à la méfiance. Il amoindrit ceux contre qui il est utilisé, et donc amoindrit également ceux qui l'emploient.
Le pouvoir peut être un mal nécessaire, mais c’est un mal ; et moins nous en avons besoin, mieux c’est. Même “Yosef Hatsadik” pleure lorsqu’il voit à quel point le pouvoir l’a éloigné de ses frères. Le judaïsme se concentre sur un ordre social alternatif qui ne dépend pas du pouvoir mais de l’amour, de la loyauté et de la responsabilité mutuelle créée par l’alliance.
Autour de la table de Chabbat
omment pensez-vous que les familles puissent reconstruire un lien de confiance qui a été brisé ?
La Torah critique souvent la mauvaise utilisation du pouvoir : pouvez-vous penser à d’autres histoires ou d’autres dirigeants pour lesquels cette critique était valable ?
De quelles manières l’alliance entre D.ieu et le peuple juif repose sur l’amour et la loyauté plutôt que le pouvoir ?
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Yaakov a passé ses 17 dernières années en Égypte. Avant sa mort, il demande à Yossef de lui promettre de l'enterrer à Canaan. Yaakov bénit les fils de Yossef, Ménaché et Éphraïm, leur conférant le statut de ses propres enfants et futurs dirigeants de tribus. Yaakov bénit chaque fils avec un destin unique : Yéhouda produira des rois, Lévi servira en tant que Cohanim, Issakhar formera des érudits, et d’autres tribus rempliront différents rôles. Yaakov sera enterré dans le Ma’arat Hamakhpéla à Hévron. Yossef demande à ce que ses ossements soient amenés en Terre promise lorsqu’il meurt, rappelant aux israélites la promesse de D.ieu de les ramener sur leur terre.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks souligne les moments lors desquels les larmes de Yossef reflètent la tension entre le pouvoir et les liens humains. À travers sept moments de pleurs remplis d’émotion, l’histoire de Yossef souligne le prix de son accession au pouvoir et son désir inassouvi de réconciliation avec ses frères.
Malgré sa gentillesse et son pardon, leur méfiance continue démontre que le pouvoir lui-même ne peut réparer des relations brisées. Rav Aharon Lichtenstein suggère que les larmes de Yossef reflètent l’isolation qui va souvent de pair avec le pouvoir et à quel point la famille est importante, malgré une montée au pouvoir. Finalement, le judaïsme a une vision d’une société construite sur l’amour, la loyauté et une responsabilité mutuelle, pas sur la domination.
Alors que le pouvoir peut parfois être nécessaire, il crée une distance et renforce la méfiance. Le judaïsme offre une voie différente : les relations sont renforcées à travers le respect et le souci de l’autre plutôt que par le contrôle. Et c’est une notion vis-à-vis de laquelle nous devrions toujours être émotionnellement liés.
Pouvez-vous penser à des moments dans votre vie au cours desquels devenir puissant vous a fait perdre vos valeurs ?
Comment avez-vous repris le contrôle de vos croyances ?
Activité sur la paracha
La vérité tombe
Rassemblez des membres de la famille par paire. Une personne se tient dos à son partenaire et se laisse tomber vers l’arrière, tandis que le partenaire la rattrape. Pour les jeunes enfants ou ceux qui ne sont pas à l’aise à l’idée de tomber, ils peuvent se tenir plus près de leur partenaire, et la chute peut être plus petite et contrôlée. Utilisez un matelas ou un tapis amortissant pour plus de sécurité. Après chaque tour, les partenaires changent de rôles. Le jeu peut être répété avec différentes équipes pour renforcer la confiance et le travail d’équipe parmi les participants.
Une histoire pour tous les âges
Agriculture familiale
Lior et Ronit étaient frère et sœur, mais aussi meilleurs amis. Ayant grandi dans une ferme entourée de vastes champs et d’animaux de basse-cour, ils passaient beaucoup de temps ensemble, et ils dépendaient l’un de l’autre pour la compagnie, le soutien et bien plus.
Les choses changèrent alors qu’ils grandirent et leurs aspirations commencèrent à diverger. Lior rêvait de développer la ferme, ajoutant des équipements modernes et de nouvelles récoltes. Ronit aimait la vie simple et était inquiète des risques que la croissance trop rapide de la ferme faisait peser. Malgré leurs différences, ils travaillaient côte à côte, chacun croyant que l’autre allait soutenir sa vision.
Un hiver, Lior souscrit un prêt important pour acheter un équipement coûteux. Malheureusement, la machine en question se brisa, laissant la ferme endettée.
Lior, trop honteux pour le dire à Ronit, garda la nouvelle pour lui-même, et tenta de réparer l’équipement. Lorsque Ronit découvrit la vérité, elle fut furieuse. “Pourquoi ne m’as-tu pas fait assez confiance pour me le dire ?” demanda-t-elle, blessée et frustrée. Leur discorde dura des mois, sans s’adresser la parole.
Puis un jour, Ronit trouva Lior assis près de la grange, perdu dans ses pensées. “J’étais en colère, pas uniquement envers toi, mais envers moi-même également” dit-elle. Lior prit sa main et lui dit, “Et j’aurais dû te faire confiance. Tu es ma famille.”
Ensemble, ils réalisèrent que leur lien était plus important que toute discorde. Ils travaillèrent côte à côte, reconstruisant la ferme et leur relation, apprenant que le pardon était le chemin vers la guérison.
Comment pensez-vous que Ronit et Lior peuvent atteindre un équilibre à l’avenir où ils peuvent soutenir les rêves de l'autre pour leur feme ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Une Introduction à Assara B'Tevet
Lecture de la Haftara
Vendredi prochain, nous commémorerons des événements tragiques dans l’histoire juive en jeûnant le Asarah béTévet (le 10 du mois de Tévet). Trois événements notoires survinrent cette journée-là :
Le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor.
La traduction de la Torah en grec en 246 avant l’ère commune.
La mort d’Ezra HaSofer (le scribe) en 313 avant l’ère commune.
La Haftara lue à Min’ha est la Haftara que l’on lit lors de tous les jeûnes mineurs. Après une brève vue d’ensemble de cette Haftara spéciale, nous explorerons la Haftara de la paracha de cette semaine.
Rabbi Sacks écrit : “Je pense qu’il s’agit vraiment de la leçon d’Assara béTevet. L’antisémitisme est clairement revenu dans le monde juif, en particulier en Europe et en Amérique, et les juifs le resentent profondément.
Assara béTevet représente ce sentiment d’être assiégé. Mais la bonne manière de réagir n’est pas de se soumettre aux impératifs culturels d’une société et de simplement disparaître. Cela ne fonctionne pas. La vraie réponse est la réponse d’Ezra, de nous renforcer spirituellement. Comme Zekharia l’a dit dans la Haftara de Hanouka, Lo békhayil vélo bakoa’h, ki im béroukhi. “Le peuple juif ne survivra ni par la puissance ni par la force”, – bien que celles-ci soient certainement nécessaires – “mais bien par Mon esprit”, dit l’Éternel (Zekharia 4:6).
Résumé de la Haftara
La Haftara d’un jour de jeûne en bref
Haftara pour le jeûne d’Assara béTevet – Isaïe 55:6-56:8
Dans le chapitre 55, Isaïe demande au peuple de chercher D.ieu alors qu’Il est proche, l’implore de se repentir et de s’éloigner de la méchanceté car les voies et paroles de D.ieu sont plus élevées que la compréhension humaine. “Car vos pensées ne sont pas Mes pensées, ni vos voies ne sont Mes voies” (Isaïe 55:8).
D.ieu promet que Sa parole accomplira sa mission, apportant renouvellement comme la pluie à la terre. Le passage met l’accent sur la miséricorde divine et la joie qui est issue du fait de suivre Ses principes.
Le chapitre 56 prolonge son invitation à tout le peuple, incluant les étrangers et les eunuques qui en étaient traditionnellement exclus. D.ieu accueille quiconque respecte Son alliance et garde le Chabbat, lui promettant un meilleur endroit dans Sa maison que pour ses propres fils et filles.
D.ieu déclare également que Sa maison sera “une maison de prière pour toutes les nations” (Isaïe 56:7) soulignant le caractère inclusif et la réunion de tous les réprouvés d’Israël, démontrant donc Sa compassion étendue et son engagement à la justice envers toute l’humanité.
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
I Rois 2:1-12
Dans la Haftara de Vaye’hi, la vie du roi David (David Hamelekh) touche à sa fin et il doit préparer sa succession. Il donne donc des instructions finales à son fils Salomon (Chlomo), qui est destiné à lui succéder en tant que roi.
David implore Salomon d’être fort, de suivre les voies de D.ieu et d’obéir à Ses commandements. Il rappelle à son fils la promesse de D.ieu que “si tes descendants sont scrupuleux de leur conduite, et marche devant Moi fidèlement, avec tout leur cœur et âme, ta lignée du trône d’Israël ne se terminera jamais !” Et pour s’assurer que la lignée de David demeure sur le trône d’Israël, et que tout se passera bien, il doit suivre le droit chemin.
David suggère également à Salomon la manière de gérer certains individus : il l’instruit de traiter Yoav judicieusement, qui avait versé du sang innocent, et Chimi, qui avait maudit David.
Cependant, il dit également à Salomon de faire preuve de bonté envers les fils de Barzilai, qui étaient fidèles à David. Après avoir donné toutes ces instructions, David meurt et est enterré dans la cité de David. Salomon s’établit ensuite comme le nouveau roi d’Israël.
Points de réflexion
Pourquoi pensez-vous que les étrangers qui vivent en terre d’Israël doivent garder le Chabbat ?
Le conseil du roi David à son fils inclut des conseils de Torah et de politique. Quel autre dirigeant reçoit de multiples conseils lorsqu’il prend la relève ?
(Indice : Il succède à Moché comme dirigeant)
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La paracha et la Haftara incluent les dernières paroles d’un parent envers son fils sur son lit de mort. Yaakov utilise ce moment pour donner des conseils et bénit chacun de ses douze fils, et le roi David fait la même chose pour son fils, Salomon.
En effet, une phase presque identique est employée au tout début de la paracha et de la haftara. Béréchit 47:29 affirme : “Les jours d’Israël [Yaakov] touchaient à leur fin.” Alors qu’au début de la Haftara I Rois 2:1 nous dit: “Les jours de David approchaient de leur fin.”
Il existe un lien encore plus fort qu’un lien linguistique : le testament de David à Chlomo avant sa mort correspond au testament de Yaakov à ses fils au seuil de la mort. Les deux incluent des conséquences favorables et moins favorables pour différentes personnes : Yaakov a prédit les récompenses de Yéhouda et de Yossef pour leurs bonnes actions, et David parle de la récompense qui viendra pour les fils de Barzilai le Guil’adi.
La Haftara se termine par la mort de David et le nombre d’années de son règne tout comme la paracha parle en détails de la mort de Yaakov et de ses années de vie.
Rabbi Sacks partage le commentaire de Rachi selon lequel “Yaakov souhaitait révéler ce qui se produirait à l'avenir, mais la présence divine s’est retirée de lui.” Il essayait de prédire l’avenir mais réalisa qu’il ne le pouvait pas. De la même manière, le Talmud raconte une histoire intrigante sur le roi David qui a demandé à D.ieu de lui raconter combien de temps il vivrait. D.ieu refusa de lui révéler le moment où il mourrait, mais lui dit qu’il mourrait le jour du Chabbat.
Pourquoi pensez-vous que ces deux dirigeants de dynasties ont interrogé D.ieu sur l’avenir alors que leur vie touchait à sa fin ?
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Rois
Tel que Rabbi Sacks le note du livre des Rois, “La sagesse de Salomon était plus grande que celle de tous les peuples de l’Est, plus grande que la sagesse de toute l’Égypte… On venait de tous les peuples pour se rendre compte de la sagesse de Salomon, de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse.” (1 Rois 5:10-14)
Rabbi Sacks donne ensuite un exemple d’autres grands hommes d’État qui passaient leur temps à étudier. “Gladstone, quatre fois premier ministre d’Angleterre, avait une bibliothèque de 32 000 livres. Nous savons – car il écrivait une note dans son journal chaque fois qu’il finissait le livre – qu’il en avait lu 22 000. Prenant pour acquis qu’il l’a fait continuellement 80 ans (il a vécu jusqu’à 88 ans), cela signifie qu’il lisait en moyenne 275 livres par année, ou plus que cinq livres chaque semaine pendant toute une vie… Ben Gourion était un lecteur vorace ainsi qu’un auteur prolifique. Benjamin Disraeli était un auteur à grand succès avant son entrée en politique. Winston Churchill a écrit presque 50 livres et a gagné le prix Nobel de littérature. La lecture et l’écriture sont ce qui distingue l’homme d'État du simple politicien.”
Citation de la semaine
“Les dirigeants apprennent. Ils lisent. Ils étudient. Ils prennent le temps de se familiariser avec le monde des idées. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils acquièrent la perspective d’être capable de voir plus loin et plus clairement que les autres…”
Étude et Leadership, Choftim, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Comment résumeriez-vous votre vie jusqu’à présent ?
Quels sont les événements clés, à la fois positifs et négatifs, qui font de vous ce que vous êtes aujourd’hui ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Les dernières larmes
Family Edition
Vaye'hi
Inspired by the teachings of Rabbi Lord Jonathan Sacks
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Main Essay
Vaye'hi
Les dernières larmes
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Résumé du Covenant & Conversation
● Ce résumé est adapté de l’essai écrit par Rabbi Sacks en 2011, disponible ici.
Il existe sept scènes lors desquelles Yosef pleure à cause d’une rencontre entre lui et sa famille en Égypte. D’abord, lorsque les frères arrivèrent en Égypte devant lui pour la première fois, Yosef les reconnut, s’éloigna d’eux et pleura. Ensuite, lorsque les frères lorsqu’ils retournèrent en Égypte avec Benjamin, Joseph se dépêcha de trouver un endroit privé pour pleurer. Troisièmement, après le discours passionné de Yéhouda, Joseph était prêt à révéler son identité, et il pleura si fort que les égyptiens dehors l'entendirent. Quatrièmement, immédiatement après avoir révélé la vérité à ses frères, il se jeta au cou de Benjamin son frère et pleura, et Benjamin aussi pleura dans ses bras. Il embrassa tous ses frères et les baigna de ses larmes. Cinquièmement, Yaakov arriva en Égypte, et Yossef rencontra finalement son père à nouveau après une longue séparation. Sixièmement, à la mort de son père, Joseph se précipita sur le visage de son père et le couvrit de pleurs et de baisers. Septièmement, peu après la mort de leur père, les frères allèrent voir Yosef et dirent “Notre père te demande de pardonner tes frères. Il a laissé ce message avant de mourir.” Et Joseph pleura.
Personne ne pleure autant que Joseph dans le Tanakh. Il pleure pour plusieurs raisons. Mais les larmes les plus intrigantes sont les dernières, les larmes qu’il verse lorsqu’il entend que ses frères craignent qu’il se vengera contre eux maintenant que son père n’est plus de ce monde.
Rav Lichtenstein suggère que cette dernière scène de larmes est une expression du prix que Joseph paye pour la réalisation de ses rêves et sa nomination à un poste de pouvoir. Joseph a tout fait pour ses frères. Il les a soutenus lors d’une période de famine. Il leur a donné non seulement un refuge mais une place d’honneur dans la société égyptienne. Et il a mentionné le plus clairement possible qu’il n’éprouve aucune rancœur à leur égard pour ce qu’ils lui ont fait des années auparavant. Mais après toutes ces années, ses frères ne lui font pas confiance et craignent qu’il ne cherche à leur faire du mal. Rav Lichtenstein explique “qu’à ce moment-là, Joseph découvre les limites du pouvoir. Il comprend à quel point les liens humains, les liens personnels, les liens familiaux ont bien plus d’importance que le pouvoir, à la fois pour la personne elle-même et pour ceux qui l’entourent.” Joseph “pleure à propos de la faiblesse inhérente au pouvoir, du terrible prix qu’il a dû payer pour cela”. Ses rêves se réalisèrent effectivement, à un certain point, mais la tragédie demeure toujours vraie. Le déchirement de la famille n’a pas été complètement recousu.
D’un point de vue extérieur, Joseph détient tout le pouvoir. Sa famille dépend entièrement de lui. Mais à un niveau plus profond, c’est tout le contraire. Il recherche toujours leur reconnaissance et leur proximité. Et finalement, il devra dépendre d’eux pour acheminer ses ossements en Égypte lorsque le moment de la rédemption et du retour sera venu.
Le début de l’histoire de l’humanité fut marquée par un conflit de pouvoir au cours duquel certains devinrent maîtres, et d’autres esclaves. Cette tension crée un conflit résolu à travers l’histoire. Il y aura un équilibre uniquement lorsqu’il n’y aura ni maître ni esclave, mais seulement des êtres humains qui se traitent mutuellement non pas comme un moyen pour atteindre une fin mais comme des fins en eux-mêmes. Compris de la sorte, les larmes de Joseph constituent un prélude à la dramaturgie maître-esclave qui va être représentée dans Chémot.
La vision profonde du texte du Rav Lichtenstein nous rappelle à quel point le Tanakh et le judaïsme dans son ensemble forment une critique constante du pouvoir. Avant l’ère messianique, nous ne pouvons nous en passer. Mais le pouvoir aliène. Il mène au soupçon et à la méfiance. Il amoindrit ceux contre qui il est utilisé, et donc amoindrit également ceux qui l'emploient.
Le pouvoir peut être un mal nécessaire, mais c’est un mal ; et moins nous en avons besoin, mieux c’est. Même “Yosef Hatsadik” pleure lorsqu’il voit à quel point le pouvoir l’a éloigné de ses frères. Le judaïsme se concentre sur un ordre social alternatif qui ne dépend pas du pouvoir mais de l’amour, de la loyauté et de la responsabilité mutuelle créée par l’alliance.
Autour de la table de Chabbat
À propos de la Paracha
Écrit par Sara Lamm
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
La paracha en bref
Yaakov a passé ses 17 dernières années en Égypte. Avant sa mort, il demande à Yossef de lui promettre de l'enterrer à Canaan. Yaakov bénit les fils de Yossef, Ménaché et Éphraïm, leur conférant le statut de ses propres enfants et futurs dirigeants de tribus. Yaakov bénit chaque fils avec un destin unique : Yéhouda produira des rois, Lévi servira en tant que Cohanim, Issakhar formera des érudits, et d’autres tribus rempliront différents rôles. Yaakov sera enterré dans le Ma’arat Hamakhpéla à Hévron. Yossef demande à ce que ses ossements soient amenés en Terre promise lorsqu’il meurt, rappelant aux israélites la promesse de D.ieu de les ramener sur leur terre.
Philosophie de Rabbi Sacks
Approfondissement
Rabbi Sacks souligne les moments lors desquels les larmes de Yossef reflètent la tension entre le pouvoir et les liens humains. À travers sept moments de pleurs remplis d’émotion, l’histoire de Yossef souligne le prix de son accession au pouvoir et son désir inassouvi de réconciliation avec ses frères.
Malgré sa gentillesse et son pardon, leur méfiance continue démontre que le pouvoir lui-même ne peut réparer des relations brisées. Rav Aharon Lichtenstein suggère que les larmes de Yossef reflètent l’isolation qui va souvent de pair avec le pouvoir et à quel point la famille est importante, malgré une montée au pouvoir. Finalement, le judaïsme a une vision d’une société construite sur l’amour, la loyauté et une responsabilité mutuelle, pas sur la domination.
Alors que le pouvoir peut parfois être nécessaire, il crée une distance et renforce la méfiance. Le judaïsme offre une voie différente : les relations sont renforcées à travers le respect et le souci de l’autre plutôt que par le contrôle. Et c’est une notion vis-à-vis de laquelle nous devrions toujours être émotionnellement liés.
Pouvez-vous penser à des moments dans votre vie au cours desquels devenir puissant vous a fait perdre vos valeurs ?
Comment avez-vous repris le contrôle de vos croyances ?
Activité sur la paracha
La vérité tombe
Rassemblez des membres de la famille par paire. Une personne se tient dos à son partenaire et se laisse tomber vers l’arrière, tandis que le partenaire la rattrape. Pour les jeunes enfants ou ceux qui ne sont pas à l’aise à l’idée de tomber, ils peuvent se tenir plus près de leur partenaire, et la chute peut être plus petite et contrôlée. Utilisez un matelas ou un tapis amortissant pour plus de sécurité. Après chaque tour, les partenaires changent de rôles. Le jeu peut être répété avec différentes équipes pour renforcer la confiance et le travail d’équipe parmi les participants.
Une histoire pour tous les âges
Agriculture familiale
Lior et Ronit étaient frère et sœur, mais aussi meilleurs amis. Ayant grandi dans une ferme entourée de vastes champs et d’animaux de basse-cour, ils passaient beaucoup de temps ensemble, et ils dépendaient l’un de l’autre pour la compagnie, le soutien et bien plus.
Les choses changèrent alors qu’ils grandirent et leurs aspirations commencèrent à diverger. Lior rêvait de développer la ferme, ajoutant des équipements modernes et de nouvelles récoltes. Ronit aimait la vie simple et était inquiète des risques que la croissance trop rapide de la ferme faisait peser. Malgré leurs différences, ils travaillaient côte à côte, chacun croyant que l’autre allait soutenir sa vision.
Un hiver, Lior souscrit un prêt important pour acheter un équipement coûteux. Malheureusement, la machine en question se brisa, laissant la ferme endettée.
Lior, trop honteux pour le dire à Ronit, garda la nouvelle pour lui-même, et tenta de réparer l’équipement. Lorsque Ronit découvrit la vérité, elle fut furieuse. “Pourquoi ne m’as-tu pas fait assez confiance pour me le dire ?” demanda-t-elle, blessée et frustrée. Leur discorde dura des mois, sans s’adresser la parole.
Puis un jour, Ronit trouva Lior assis près de la grange, perdu dans ses pensées. “J’étais en colère, pas uniquement envers toi, mais envers moi-même également” dit-elle. Lior prit sa main et lui dit, “Et j’aurais dû te faire confiance. Tu es ma famille.”
Ensemble, ils réalisèrent que leur lien était plus important que toute discorde. Ils travaillèrent côte à côte, reconstruisant la ferme et leur relation, apprenant que le pardon était le chemin vers la guérison.
Comment pensez-vous que Ronit et Lior peuvent atteindre un équilibre à l’avenir où ils peuvent soutenir les rêves de l'autre pour leur feme ?
À propos de la Haftara
Écrit par Rabbi Barry Kleinberg
Inspiré des enseignements de Rabbi Lord Jonathan Sacks
Une Introduction à Assara B'Tevet
Lecture de la Haftara
Vendredi prochain, nous commémorerons des événements tragiques dans l’histoire juive en jeûnant le Asarah béTévet (le 10 du mois de Tévet). Trois événements notoires survinrent cette journée-là :
La Haftara lue à Min’ha est la Haftara que l’on lit lors de tous les jeûnes mineurs. Après une brève vue d’ensemble de cette Haftara spéciale, nous explorerons la Haftara de la paracha de cette semaine.
Rabbi Sacks écrit : “Je pense qu’il s’agit vraiment de la leçon d’Assara béTevet. L’antisémitisme est clairement revenu dans le monde juif, en particulier en Europe et en Amérique, et les juifs le resentent profondément.
Assara béTevet représente ce sentiment d’être assiégé. Mais la bonne manière de réagir n’est pas de se soumettre aux impératifs culturels d’une société et de simplement disparaître. Cela ne fonctionne pas. La vraie réponse est la réponse d’Ezra, de nous renforcer spirituellement. Comme Zekharia l’a dit dans la Haftara de Hanouka, Lo békhayil vélo bakoa’h, ki im béroukhi. “Le peuple juif ne survivra ni par la puissance ni par la force”, – bien que celles-ci soient certainement nécessaires – “mais bien par Mon esprit”, dit l’Éternel (Zekharia 4:6).
Résumé de la Haftara
La Haftara d’un jour de jeûne en bref
Haftara pour le jeûne d’Assara béTevet – Isaïe 55:6-56:8
Dans le chapitre 55, Isaïe demande au peuple de chercher D.ieu alors qu’Il est proche, l’implore de se repentir et de s’éloigner de la méchanceté car les voies et paroles de D.ieu sont plus élevées que la compréhension humaine. “Car vos pensées ne sont pas Mes pensées, ni vos voies ne sont Mes voies” (Isaïe 55:8).
D.ieu promet que Sa parole accomplira sa mission, apportant renouvellement comme la pluie à la terre. Le passage met l’accent sur la miséricorde divine et la joie qui est issue du fait de suivre Ses principes.
Le chapitre 56 prolonge son invitation à tout le peuple, incluant les étrangers et les eunuques qui en étaient traditionnellement exclus. D.ieu accueille quiconque respecte Son alliance et garde le Chabbat, lui promettant un meilleur endroit dans Sa maison que pour ses propres fils et filles.
D.ieu déclare également que Sa maison sera “une maison de prière pour toutes les nations” (Isaïe 56:7) soulignant le caractère inclusif et la réunion de tous les réprouvés d’Israël, démontrant donc Sa compassion étendue et son engagement à la justice envers toute l’humanité.
Résumé de la Haftara
La Haftara en bref
I Rois 2:1-12
Dans la Haftara de Vaye’hi, la vie du roi David (David Hamelekh) touche à sa fin et il doit préparer sa succession. Il donne donc des instructions finales à son fils Salomon (Chlomo), qui est destiné à lui succéder en tant que roi.
David implore Salomon d’être fort, de suivre les voies de D.ieu et d’obéir à Ses commandements. Il rappelle à son fils la promesse de D.ieu que “si tes descendants sont scrupuleux de leur conduite, et marche devant Moi fidèlement, avec tout leur cœur et âme, ta lignée du trône d’Israël ne se terminera jamais !” Et pour s’assurer que la lignée de David demeure sur le trône d’Israël, et que tout se passera bien, il doit suivre le droit chemin.
David suggère également à Salomon la manière de gérer certains individus : il l’instruit de traiter Yoav judicieusement, qui avait versé du sang innocent, et Chimi, qui avait maudit David.
Cependant, il dit également à Salomon de faire preuve de bonté envers les fils de Barzilai, qui étaient fidèles à David. Après avoir donné toutes ces instructions, David meurt et est enterré dans la cité de David. Salomon s’établit ensuite comme le nouveau roi d’Israël.
Points de réflexion
(Indice : Il succède à Moché comme dirigeant)
Connexions du Tanakh
Liens entre la paracha et la Haftara
La paracha et la Haftara incluent les dernières paroles d’un parent envers son fils sur son lit de mort. Yaakov utilise ce moment pour donner des conseils et bénit chacun de ses douze fils, et le roi David fait la même chose pour son fils, Salomon.
En effet, une phase presque identique est employée au tout début de la paracha et de la haftara. Béréchit 47:29 affirme : “Les jours d’Israël [Yaakov] touchaient à leur fin.” Alors qu’au début de la Haftara I Rois 2:1 nous dit: “Les jours de David approchaient de leur fin.”
Il existe un lien encore plus fort qu’un lien linguistique : le testament de David à Chlomo avant sa mort correspond au testament de Yaakov à ses fils au seuil de la mort. Les deux incluent des conséquences favorables et moins favorables pour différentes personnes : Yaakov a prédit les récompenses de Yéhouda et de Yossef pour leurs bonnes actions, et David parle de la récompense qui viendra pour les fils de Barzilai le Guil’adi.
La Haftara se termine par la mort de David et le nombre d’années de son règne tout comme la paracha parle en détails de la mort de Yaakov et de ses années de vie.
Rabbi Sacks partage le commentaire de Rachi selon lequel “Yaakov souhaitait révéler ce qui se produirait à l'avenir, mais la présence divine s’est retirée de lui.” Il essayait de prédire l’avenir mais réalisa qu’il ne le pouvait pas. De la même manière, le Talmud raconte une histoire intrigante sur le roi David qui a demandé à D.ieu de lui raconter combien de temps il vivrait. D.ieu refusa de lui révéler le moment où il mourrait, mais lui dit qu’il mourrait le jour du Chabbat.
Pourquoi pensez-vous que ces deux dirigeants de dynasties ont interrogé D.ieu sur l’avenir alors que leur vie touchait à sa fin ?
Contexte pour les Prophètes
Le livre des Rois
Tel que Rabbi Sacks le note du livre des Rois, “La sagesse de Salomon était plus grande que celle de tous les peuples de l’Est, plus grande que la sagesse de toute l’Égypte… On venait de tous les peuples pour se rendre compte de la sagesse de Salomon, de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse.” (1 Rois 5:10-14)
Rabbi Sacks donne ensuite un exemple d’autres grands hommes d’État qui passaient leur temps à étudier. “Gladstone, quatre fois premier ministre d’Angleterre, avait une bibliothèque de 32 000 livres. Nous savons – car il écrivait une note dans son journal chaque fois qu’il finissait le livre – qu’il en avait lu 22 000. Prenant pour acquis qu’il l’a fait continuellement 80 ans (il a vécu jusqu’à 88 ans), cela signifie qu’il lisait en moyenne 275 livres par année, ou plus que cinq livres chaque semaine pendant toute une vie… Ben Gourion était un lecteur vorace ainsi qu’un auteur prolifique. Benjamin Disraeli était un auteur à grand succès avant son entrée en politique. Winston Churchill a écrit presque 50 livres et a gagné le prix Nobel de littérature. La lecture et l’écriture sont ce qui distingue l’homme d'État du simple politicien.”
Citation de la semaine
“Les dirigeants apprennent. Ils lisent. Ils étudient. Ils prennent le temps de se familiariser avec le monde des idées. Ce n’est qu’à ce moment qu’ils acquièrent la perspective d’être capable de voir plus loin et plus clairement que les autres…”
Étude et Leadership, Choftim, Covenant & Conversation
Réflexions supplémentaires
Comment résumeriez-vous votre vie jusqu’à présent ?
Quels sont les événements clés, à la fois positifs et négatifs, qui font de vous ce que vous êtes aujourd’hui ?
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Trois pas pour l’humanité
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