La première traduction de la Torah en une autre langue, en grec, a eu lieu aux alentours du deuxième siècle avant notre ère, en Égypte durant le règne de Ptolémée II. Elle est connue sous le nom de Septante, en hébreu Hashivim, car elle a été faite par une équipe de soixante-dix savants. Le Talmud explique cependant qu’en certains endroits, les érudits chargés du projets ont délibérément mal traduit certains passages car ils croyaient qu’une traduction littérale serait incompréhensible pour le lectorat grec. L’un de ces textes fut la phrase : “D.ieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui.” Les traducteurs ont plutôt écrit “Le sixième jour, il termina.”[1]
Qu’est-ce que les Grecs n’allaient pas comprendre selon eux ? En quoi l’idée selon laquelle D.ieu créa l’univers en six jours fait plus sens que s’Il l’avait créé en sept ? Cela semble étrange, mais l’idée est simple. Les Grecs ne pouvaient pas comprendre le septième jour, le Chabbath, comme faisant partie intégrante de la création. En quoi le repos est-il une création ? Que parvenons-nous à accomplir en ne faisant pas, en ne travaillant pas, en n’inventant pas ? Cette idée semble n’avoir aucun sens.
En effet, nous possédons le témoignage indépendant d’écrivains grecs de l’époque. L’un des éléments à propos duquel ils ridiculisaient les juifs était le Chabbat. Pour eux, les juifs ne travaillent pas un jour sur sept car ils sont paresseux. L’idée selon laquelle le jour lui-même puisse avoir une valeur indépendante était apparemment au-delà de leur compréhension. Étonnamment, en un court laps de temps, l’empire d’Alexandre le grand commença à vaciller, tout comme la cité-État d’Athènes qui donna naissance à certains des plus grands penseurs et écrivains de l’Histoire. Les civilisations, tout comme les individus, peuvent subir un burnout. C’est ce qui se produit lorsqu’il n’y a pas de jour de repos inscrit dans votre agenda. Tel qu’Ahad HaAm l’a dit, “Le Chabbat a gardé les juifs plus que les juifs n’ont gardé le Chabbat”. Reposez-vous un jour sur sept et vous ne vous épuiserez pas.
Le Chabbat, que nous rencontrons pour la première fois dans cette paracha, est l’une des plus grandes institutions que le monde ait jamais connues. Il a changé la manière dont le monde pense la notion de temps. Avant le judaïsme, les gens mesuraient le temps soit par le soleil - le calendrier de 365 jours alignés avec les saisons - ou par la lune, c’est-à-dire, par les mois (“months” en anglais vient du mot “moon”, la lune) d’environ trente jours. L’idée d’une semaine à sept jours, qui n’a aucun équivalent dans la nature, est née dans la Torah et s’est répandue à travers le monde par le christianisme et l’islam, qui l’ont tous deux emprunté du judaïsme, en marquant la différence simplement en le célébrant un autre jour. Nous avons les années grâce au soleil, les mois grâce à la lune et les semaines grâce aux juifs.
Ce que le Chabbat a fait et fait toujours est de créer un espace dans nos vies et dans notre société dans lequel nous sommes véritablement libres. Libres des pressions de notre travail, libres des demandes de nos employeurs sans pitié, libres des chants des sirènes de notre société de consommation nous pressant de dépenser pour trouver le chemin du bonheur, libres d'être nous-même en compagnie de ceux qu’on aime. Pour une raison ou pour une autre, ce jour a renouvelé sa signification de génération en génération, en dépit de profonds bouleversements économiques et industriels. À l’époque de Moïse, il signifiait être libre de l’esclavage sous Pharaon. Au dix-neuvième et au début du vingtième siècle, il signifiait être libre des conditions de travail des usines, caractérisées par de longues heures et de faibles salaires. À la nôtre, il signifie être libre des emails, des smartphones et des exigences de disponibilité 24h/7j.
Ce que notre paracha nous révèle, c’est que le Chabbat fut parmi les premiers commandements que les Israélites reçurent lorsqu’ils quittèrent l’Égypte. Après s’être plaints du manque de nourriture, D.ieu leur a dit qu’Il leur enverrait la manne du ciel, mais ils ne devaient pas la récolter le septième jour. Pour combler cela, une double portion leur serait accordée le sixième jour. C’est la raison pour laquelle nous avons jusqu’à ce jour deux ‘Hallot à Chabbat, pour commémorer cette époque.
Le Chabbat n’était pas seulement une institution culturelle sans précédent. Il le fut aussi d’un point de vue conceptuel. Tout au long des époques, les gens ont rêvé d’un monde idéal. Nous appelons ces visions des utopies, du grec ou qui signifie “non” et topos qui signifie “endroit”.[2] On les appelle comme cela car un tel rêve ne s’est jamais réalisé, à une exception près, qui s'appelle le Chabbat. Le Chabbat est “une utopie maintenant”, car grâce à lui, nous créons, pendant vingt-cinq heures par semaine, un monde dans lequel il n’y a pas de hiérarchies, pas d’employeurs et pas d’employés, pas d’acheteurs et pas de vendeurs, pas d’inégalité de richesse ou de pouvoir, pas de production, pas de trafic, pas de nuisances sonores de l’usine ou de clameur du marché. Il s’agit du “point immobile d’un monde qui bouge”, une pause entre les mouvements symphoniques, une pause entre les chapitres de nos journées, l’équivalent temporel de la campagne entre les villes ou vous pouvez ressentir la brise et le chant des oiseaux. Le Chabbat est une utopie, pas comme elle le sera à la fin des temps, mais plutôt comme on la répète maintenant au beau milieu des temps présents.
D.ieu voulait que les Israélites commencent la répétition de leur liberté un jour sur sept, pratiquement au moment même de leur sortie d’Égypte, car la vraie liberté, celle des sept jours sur sept, prend du temps, des siècles, des millénaires. La Torah perçoit l’esclavage comme une mauvaise chose,[3] mais elle ne l’a pas abolie sur-le-champ car les gens n’étaient pas encore prêts pour cela. Ni l’Angleterre ni l’Amérique ne l’ont aboli avant le dix-neuvième siècle, et non sans difficulté. Mais le résultat fut inévitable une fois que le Chabbat avait été mis en œuvre, car les esclaves qui connaissent la liberté un jour sur sept briseront finalement leurs chaînes.
L’esprit humain a besoin de temps pour respirer, inspirer et grandir. La première règle dans la gestion du temps est d’établir une distinction entre les enjeux qui sont importants et ceux qui sont à peine urgents. Sous pression, les choses qui sont importantes mais pas urgentes ont tendance à passer en second plan. Mais celles-ci sont souvent ce qui compte le plus à notre bonheur et à un sentiment de vie bien vécue. Le Chabbat est un moment dédié aux choses qui sont importantes à nos yeux mais qui ne sont pas urgentes : la famille, les amis, la communauté, un sens de la sainteté, la prière dans laquelle nous remercions D.ieu pour les bonnes choses de notre vie, et une lecture de la Torah lors de laquelle nous racontons l’histoire longue et dramatique de notre peuple et de notre aventure. Le Chabbat est le moment où nous célébrons le Chalom Bayit, la paix provenant de l’amour et vivant dans le foyer béni par la Chékina, la présence de D.ieu que vous pouvez ressentir à la lueur des bougies, dans le vin et le pain si spécial. Il s’agit d’une beauté créée non pas par Michelangelo ou Léonardo, mais par chacun d’entre nous : une île de temps sereine au beau milieu d’une mer souvent déchaînée d’un monde sans repos.
Un jour, j’ai participé avec le Dalaï Lama à un séminaire (organisé par l’Institut Elijah) à Amritsar, au nord de l’Inde, la ville sacrée des Sikhs. Au cours des discours, donnés à une audience de deux mille étudiants Sikhs, l’un des leaders Sikhs s’est tourné vers les étudiants puis s’est exclamé : “Ce dont nous avons besoin, c’est ce que les juifs ont : le Chabbat ! Imaginez un jour dédié chaque semaine à la famille, au foyer et à nos relations sociales.” Il peut voir la beauté de ce jour. Nous pouvons vivre sa réalité.
Les grecs de l’Antiquité ne pouvaient pas comprendre en quoi un jour de repos pouvait faire partie de la création. Mais c’est bien le cas, car sans un repos physique, une paix d’esprit, un silence pour l’âme, et un renouvellement des liens d’identité et d’amour, le processus créatif en vient à se faner et à mourir. Il souffre d’entropie, le principe selon lequel tous les systèmes perdent de l’énergie avec le temps. Le peuple juif n’a pas perdu d’énergie avec le temps, et demeure plus vivant et créatif que jamais. La raison est le Chabbat : la plus grande source d’énergie renouvelable que l’humanité ait connue, le jour qui nous donne la force de continuer à créer.
[2] Le mot fut inventé en 1516 par Sir Thomas More, qui l’a utilisé comme titre pour son livre.
[3] En ce qui concerne l’immoralité de l’esclavage d’un point de vue toraïque, voir l’analyse importante de Rabbi N. L. Rabinovitch, Mesilot BiLevavam (Maaleh Adumim: Maaliyot, 2015), 38–45. Le fondement de l’argument est la perspective centrale selon laquelle, à la fois dans la Torah écrite et dans la Michna, tous les êtres humains partagent la même dignité ontologique en tant qu’êtres créés à l’image et de D.ieu. Cela contrastait tout à fait avec les points de vue d’Aristote et de Platon par exemple. Rabbi Rabinovitch analyse les points de vue des Sages, de Maïmonide et de Meiri, sur la phrase “les traiter perpétuellement en esclaves” (Lev. 25:46). Notez également la citation qu’il rapporte de Job 31:13–15, “Ai-je fait fi du droit de mon esclave et de ma servante, dans leurs contestations avec moi? Et qu'aurais-je fait si Dieu fût intervenu, qu'aurais-je répondu s'il m'eût demandé des comptes? Celui qui m'a formé dans les entrailles maternelles ne l'a-t-il pas formé aussi? N'est-ce pas le même auteur qui nous a organisés dans la matrice?”
Quel est l’élément que vous préférez le plus du Chabbat?
Comment pensez-vous que l’idée juive du Chabbat ait changé le monde pour le meilleur ?
Est-ce difficile de distinguer ce qui est urgent de ce qui est important ? Quels sont les éléments de votre vie qui sont plus importants que les choses urgentes à propos desquelles vous vous préoccupez?
L’énergie renouvelable
בשלח
Listen
Download PDF
Read In
Share
La première traduction de la Torah en une autre langue, en grec, a eu lieu aux alentours du deuxième siècle avant notre ère, en Égypte durant le règne de Ptolémée II. Elle est connue sous le nom de Septante, en hébreu Hashivim, car elle a été faite par une équipe de soixante-dix savants. Le Talmud explique cependant qu’en certains endroits, les érudits chargés du projets ont délibérément mal traduit certains passages car ils croyaient qu’une traduction littérale serait incompréhensible pour le lectorat grec. L’un de ces textes fut la phrase : “D.ieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui.” Les traducteurs ont plutôt écrit “Le sixième jour, il termina.”[1]
Qu’est-ce que les Grecs n’allaient pas comprendre selon eux ? En quoi l’idée selon laquelle D.ieu créa l’univers en six jours fait plus sens que s’Il l’avait créé en sept ? Cela semble étrange, mais l’idée est simple. Les Grecs ne pouvaient pas comprendre le septième jour, le Chabbath, comme faisant partie intégrante de la création. En quoi le repos est-il une création ? Que parvenons-nous à accomplir en ne faisant pas, en ne travaillant pas, en n’inventant pas ? Cette idée semble n’avoir aucun sens.
En effet, nous possédons le témoignage indépendant d’écrivains grecs de l’époque. L’un des éléments à propos duquel ils ridiculisaient les juifs était le Chabbat. Pour eux, les juifs ne travaillent pas un jour sur sept car ils sont paresseux. L’idée selon laquelle le jour lui-même puisse avoir une valeur indépendante était apparemment au-delà de leur compréhension. Étonnamment, en un court laps de temps, l’empire d’Alexandre le grand commença à vaciller, tout comme la cité-État d’Athènes qui donna naissance à certains des plus grands penseurs et écrivains de l’Histoire. Les civilisations, tout comme les individus, peuvent subir un burnout. C’est ce qui se produit lorsqu’il n’y a pas de jour de repos inscrit dans votre agenda. Tel qu’Ahad HaAm l’a dit, “Le Chabbat a gardé les juifs plus que les juifs n’ont gardé le Chabbat”. Reposez-vous un jour sur sept et vous ne vous épuiserez pas.
Le Chabbat, que nous rencontrons pour la première fois dans cette paracha, est l’une des plus grandes institutions que le monde ait jamais connues. Il a changé la manière dont le monde pense la notion de temps. Avant le judaïsme, les gens mesuraient le temps soit par le soleil - le calendrier de 365 jours alignés avec les saisons - ou par la lune, c’est-à-dire, par les mois (“months” en anglais vient du mot “moon”, la lune) d’environ trente jours. L’idée d’une semaine à sept jours, qui n’a aucun équivalent dans la nature, est née dans la Torah et s’est répandue à travers le monde par le christianisme et l’islam, qui l’ont tous deux emprunté du judaïsme, en marquant la différence simplement en le célébrant un autre jour. Nous avons les années grâce au soleil, les mois grâce à la lune et les semaines grâce aux juifs.
Ce que le Chabbat a fait et fait toujours est de créer un espace dans nos vies et dans notre société dans lequel nous sommes véritablement libres. Libres des pressions de notre travail, libres des demandes de nos employeurs sans pitié, libres des chants des sirènes de notre société de consommation nous pressant de dépenser pour trouver le chemin du bonheur, libres d'être nous-même en compagnie de ceux qu’on aime. Pour une raison ou pour une autre, ce jour a renouvelé sa signification de génération en génération, en dépit de profonds bouleversements économiques et industriels. À l’époque de Moïse, il signifiait être libre de l’esclavage sous Pharaon. Au dix-neuvième et au début du vingtième siècle, il signifiait être libre des conditions de travail des usines, caractérisées par de longues heures et de faibles salaires. À la nôtre, il signifie être libre des emails, des smartphones et des exigences de disponibilité 24h/7j.
Ce que notre paracha nous révèle, c’est que le Chabbat fut parmi les premiers commandements que les Israélites reçurent lorsqu’ils quittèrent l’Égypte. Après s’être plaints du manque de nourriture, D.ieu leur a dit qu’Il leur enverrait la manne du ciel, mais ils ne devaient pas la récolter le septième jour. Pour combler cela, une double portion leur serait accordée le sixième jour. C’est la raison pour laquelle nous avons jusqu’à ce jour deux ‘Hallot à Chabbat, pour commémorer cette époque.
Le Chabbat n’était pas seulement une institution culturelle sans précédent. Il le fut aussi d’un point de vue conceptuel. Tout au long des époques, les gens ont rêvé d’un monde idéal. Nous appelons ces visions des utopies, du grec ou qui signifie “non” et topos qui signifie “endroit”.[2] On les appelle comme cela car un tel rêve ne s’est jamais réalisé, à une exception près, qui s'appelle le Chabbat. Le Chabbat est “une utopie maintenant”, car grâce à lui, nous créons, pendant vingt-cinq heures par semaine, un monde dans lequel il n’y a pas de hiérarchies, pas d’employeurs et pas d’employés, pas d’acheteurs et pas de vendeurs, pas d’inégalité de richesse ou de pouvoir, pas de production, pas de trafic, pas de nuisances sonores de l’usine ou de clameur du marché. Il s’agit du “point immobile d’un monde qui bouge”, une pause entre les mouvements symphoniques, une pause entre les chapitres de nos journées, l’équivalent temporel de la campagne entre les villes ou vous pouvez ressentir la brise et le chant des oiseaux. Le Chabbat est une utopie, pas comme elle le sera à la fin des temps, mais plutôt comme on la répète maintenant au beau milieu des temps présents.
D.ieu voulait que les Israélites commencent la répétition de leur liberté un jour sur sept, pratiquement au moment même de leur sortie d’Égypte, car la vraie liberté, celle des sept jours sur sept, prend du temps, des siècles, des millénaires. La Torah perçoit l’esclavage comme une mauvaise chose,[3] mais elle ne l’a pas abolie sur-le-champ car les gens n’étaient pas encore prêts pour cela. Ni l’Angleterre ni l’Amérique ne l’ont aboli avant le dix-neuvième siècle, et non sans difficulté. Mais le résultat fut inévitable une fois que le Chabbat avait été mis en œuvre, car les esclaves qui connaissent la liberté un jour sur sept briseront finalement leurs chaînes.
L’esprit humain a besoin de temps pour respirer, inspirer et grandir. La première règle dans la gestion du temps est d’établir une distinction entre les enjeux qui sont importants et ceux qui sont à peine urgents. Sous pression, les choses qui sont importantes mais pas urgentes ont tendance à passer en second plan. Mais celles-ci sont souvent ce qui compte le plus à notre bonheur et à un sentiment de vie bien vécue. Le Chabbat est un moment dédié aux choses qui sont importantes à nos yeux mais qui ne sont pas urgentes : la famille, les amis, la communauté, un sens de la sainteté, la prière dans laquelle nous remercions D.ieu pour les bonnes choses de notre vie, et une lecture de la Torah lors de laquelle nous racontons l’histoire longue et dramatique de notre peuple et de notre aventure. Le Chabbat est le moment où nous célébrons le Chalom Bayit, la paix provenant de l’amour et vivant dans le foyer béni par la Chékina, la présence de D.ieu que vous pouvez ressentir à la lueur des bougies, dans le vin et le pain si spécial. Il s’agit d’une beauté créée non pas par Michelangelo ou Léonardo, mais par chacun d’entre nous : une île de temps sereine au beau milieu d’une mer souvent déchaînée d’un monde sans repos.
Un jour, j’ai participé avec le Dalaï Lama à un séminaire (organisé par l’Institut Elijah) à Amritsar, au nord de l’Inde, la ville sacrée des Sikhs. Au cours des discours, donnés à une audience de deux mille étudiants Sikhs, l’un des leaders Sikhs s’est tourné vers les étudiants puis s’est exclamé : “Ce dont nous avons besoin, c’est ce que les juifs ont : le Chabbat ! Imaginez un jour dédié chaque semaine à la famille, au foyer et à nos relations sociales.” Il peut voir la beauté de ce jour. Nous pouvons vivre sa réalité.
Les grecs de l’Antiquité ne pouvaient pas comprendre en quoi un jour de repos pouvait faire partie de la création. Mais c’est bien le cas, car sans un repos physique, une paix d’esprit, un silence pour l’âme, et un renouvellement des liens d’identité et d’amour, le processus créatif en vient à se faner et à mourir. Il souffre d’entropie, le principe selon lequel tous les systèmes perdent de l’énergie avec le temps. Le peuple juif n’a pas perdu d’énergie avec le temps, et demeure plus vivant et créatif que jamais. La raison est le Chabbat : la plus grande source d’énergie renouvelable que l’humanité ait connue, le jour qui nous donne la force de continuer à créer.
[1] Méguila 9a.
[2] Le mot fut inventé en 1516 par Sir Thomas More, qui l’a utilisé comme titre pour son livre.
[3] En ce qui concerne l’immoralité de l’esclavage d’un point de vue toraïque, voir l’analyse importante de Rabbi N. L. Rabinovitch, Mesilot BiLevavam (Maaleh Adumim: Maaliyot, 2015), 38–45. Le fondement de l’argument est la perspective centrale selon laquelle, à la fois dans la Torah écrite et dans la Michna, tous les êtres humains partagent la même dignité ontologique en tant qu’êtres créés à l’image et de D.ieu. Cela contrastait tout à fait avec les points de vue d’Aristote et de Platon par exemple. Rabbi Rabinovitch analyse les points de vue des Sages, de Maïmonide et de Meiri, sur la phrase “les traiter perpétuellement en esclaves” (Lev. 25:46). Notez également la citation qu’il rapporte de Job 31:13–15, “Ai-je fait fi du droit de mon esclave et de ma servante, dans leurs contestations avec moi? Et qu'aurais-je fait si Dieu fût intervenu, qu'aurais-je répondu s'il m'eût demandé des comptes? Celui qui m'a formé dans les entrailles maternelles ne l'a-t-il pas formé aussi? N'est-ce pas le même auteur qui nous a organisés dans la matrice?”
L’enfant spirituel
< PrécédentRemercier avant de réfléchir
Suivant >