Dans la paracha de cette semaine, nous apprenons pourquoi D.ieu a choisi Abraham: Si je l'ai distingué, c'est pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d'observer la voie de l'Éternel, en pratiquant la vertu et la justice. Abraham fut choisi pour être père. En effet, le nom original d’Abraham, Av ram, signifie “père puissant”, et son nouveau nom, Avraham, signifie “père de plusieurs nations”.
En remarquant cela, nous nous rappelons la première personne de l’histoire à se faire donner un nom, ‘Hava, Ève, car Adam a dit : “Elle est la mère de tous les vivants” (Gen. 3:20).
Cette attention portée sur la parentalité est tout à fait centrale dans la spiritualité juive. On nous enseigne queD.ieu nous aime et se soucie de nous à l’instar d’un parent qui aime et qui se soucie de son enfant. Il est donc évident que notre relation avec D.ieu est profondément connectée à notre relation avec nos parents, et notre compréhension de D.ieu est approfondie si nous avons eu le privilège d’avoir des enfants.
Tout cela rend l’histoire d'Abraham très difficile à comprendre pour deux raisons en particulier. La première est qu'Abraham était le fils qui a reçu l’injonction de D.ieu de quitter son père. Quelle est la logique de tout cela ? Il est assez difficile de comprendre que D.ieu puisse ordonner de telles choses à qui que ce soit. À plus forte raison puisque D.ieu a choisi Abraham spécifiquement pour qu’il devienne un modèle de la relation parent et enfant, père et fils.
La Torah nous enseigne une notion fondamentale et contre-intuitive. Il doit y avoir une séparation avant qu’il puisse y avoir une connexion. Nous devons avoir la possibilité d’être nous-mêmes afin d’être de bons enfants pour nos parents, et nous devons permettre à nos enfants d’être eux-mêmes afin d’être de bons parents. Abraham devait se séparer de son père avant que lui et nous puissions comprendre combien il lui était redevable. Il devait se séparer de son fils afin qu’Isaac puisse être Isaac et pas uniquement un clone d’Abraham.
D’abord la séparation, puis l’union. D’abord individualiser, puis se connecter. Il s’agit d’un des éléments fondamentaux de la spiritualité juive. Nous ne sommes pas D.ieu. D.ieu n’est pas nous. C’est la clarté des limites entre le ciel et la terre qui nous permettent d’avoir une relation saine avec D.ieu. Ce qui est si frappant chez les héros et les héroïnes de la Bible hébraïque est que, lorsqu'ils parlent à D.ieu, ils restent eux-mêmes. D.ieu ne nous envahit pas. C’est le principe abordé par les kabbalistes appelé tzimtzoum, la limitation de soi divine. D.ieu crée un espace pour qu’on puisse être nous-mêmes.
D.ieu nous aime comme un parent aime son enfant, et un parent qui aime vraiment son enfant crée de l’espace pour que l’enfant développe son identité. C’est l’espace que l’on crée l’un pour l’autre qui permet à l’amour d’être comme un rayon de soleil pour une fleur, pas comme un arbre pour les plantes poussant en dessous. Le rôle de l’amour, humain et divin, est “de bénir le fossé qui nous sépare.”[1]
[1] Cette phrase est issue du poète irlandais John O’Donohue.
Questions à poser à la table de Chabbath
Comment D.ieu crée-t-il un espace pour que nous puissions être nous-même ?
Croyez-vous qu’il soit difficile pour les parents de créer un espace pour que les enfants soient eux-mêmes ? Pourquoi ?
Cette approche empêche-t-elle les parents (et D.ieu) de protéger leurs enfants de faire des erreurs ? Pensez-vous qu’il s’agisse d’une bonne approche, ou bien est-elle trop risquée ?
Créer de l’espace
par Rabbi Joseph Dweck
J’ai grandi aux États-Unis et j'ai immigré en Angleterre il y a près de dix ans. Lors de mes premières années en Angleterre, j’ai eu l’honneur et le privilège d’avoir plusieurs opportunités de parler et de prendre conseil auprès de Rabbi Lord Sacks zt”l. Chaque fois que je lui parlais, j'acquérais une connaissance ou un conseil que je gardais toujours avec moi. Mon apprentissage de Rabbi Sacks ne provenait pas uniquement de ce qu’il disait, mais également de ce qu’il faisait. J’ai eu la chance de l’observer dans différents contextes. Que ce soit dans la synagogue, à des événements
communautaires, à des conférences, ou même au 10 Downing Street (résidence officielle et bureau du Premier ministre du Royaume-Uni), Rabbi Sacks inspirait respect et attention par sa simple présence. Et même avec son sérieux, il créait de l’espace pour les gens autour de lui. Il était important sans être pesant. Il était reconnu mais sa présence n’éclipsait pas celle des autres. Il n’avait pas besoin de se rabaisser pour ce faire, il reconnaissait simplement le caractère spécifique des autres et leur octroyait la place qui leur revenait. J’ai personnellement ressenti cela à plusieurs occasions.
En lisant l’article de cette semaine, j’ai une fois de plus observé à quel point Rabbi Sacks vivait ce qu’il enseignait, et comment il réussissait à incarner certaines des plus grandes qualités d’Avraham Avinou. Dans l’essai de cette semaine, Rabbi Sacks explique que, dans sa grandeur, Avraham élevait et donnait de l’importance à l’autre en créant de l’espace pour les différences et les contributions uniques que chaque personne offrait dans ce monde.
Un Regard Plus Profond
Approfondir les idées partagées par Rabbi Sacks sur Vayéra. Rabbi Dweck partage ses propres réflexions sur l’essai principal.
Quel est selon vous le message central de “bénir le fossé qui nous sépare” ?
Un des plus grands défis dans la vie est de trouver nos limites. Lorsque nous avons de la visibilité sur l’étendue de notre responsabilité et de notre contrôle, là où ils commencent et se terminent, nous vivons une vie plus heureuse, plus saine et plus réussie. Lorsque nous échouons et perdons conscience des limites appropriées, nous souffrons.
Quelles idées vous aideront pour votre développement personnel ?
Il existe un message important ici que je dois toujours interroger : ce que je peux et ne peux pas contrôler dans tous types de situation. Et cela requiert de la pratique tout au long de la vie. Une chose que je ne peux jamais contrôler, c’est l’autre. On m’a rappelé que ce qui se trouve réellement entre mes mains est d’influencer et de contrôler ma personne et mes actions, et je dois travailler dur pour cela.
Quelle idée exprimée dans l’article de cette semaine est selon vous le message le plus important de la prochaine génération ?
Je crois que la seconde partie du conseil de Rabbi Sacks ici est plus important pour les jeunes gens. Aujourd’hui, nous sommes nombreux à être inspirés et guidés vers l’individualisation, à trouver ce qui est spécial en nous-même. Mais cela ne peut se terminer ici. Le développement de soi et la croissance doivent toujours aller de pair avec le service et la contribution.
Rabbi Hillel l’ancien l’a dit comme personne : “Si je ne suis pas pour moi, qui sera pour moi ? Et si je ne suis que pour moi, que suis-je donc ?”
Infos Torah
Q: Cette semaine, nous avons examiné comment les enfants reçoivent l’espace de grandir en tant qu’individus. Dans la Torah, quelles figures bibliques voyons-nous “grandir” ?
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
A: Les paroles “vayigdal” – signifiant “et ils ont grandi” – et “vayigdalou” – signifiant “et ils ont grandi” sont utilisées en lien avec Isaac (Béréchit 21:8) ; Ismaël (21:20) ; Jacob et Esaü (25:27) ; Moïse (Chémot 2:10).
Votre famille a peut-être eu des réponses additionnelles de gens qui grandissent et qui changent de différentes manières, comme à travers la Téchouva.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Bénir le fossé qui nous sépare
Family Edition
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Vayéra
Bénir le fossé qui nous sépare
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La paracha en bref
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks, disponible ici:
www.RabbiSacks.org/covenant-conversation/noach/ le-courage-de-vivre-avec-incertitude/
Dans la paracha de cette semaine, nous apprenons pourquoi D.ieu a choisi Abraham: Si je l'ai distingué, c'est pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d'observer la voie de l'Éternel, en pratiquant la vertu et la justice. Abraham fut choisi pour être père. En effet, le nom original d’Abraham, Av ram, signifie “père puissant”, et son nouveau nom, Avraham, signifie “père de plusieurs nations”.
En remarquant cela, nous nous rappelons la première personne de l’histoire à se faire donner un nom, ‘Hava, Ève, car Adam a dit : “Elle est la mère de tous les vivants” (Gen. 3:20).
Cette attention portée sur la parentalité est tout à fait centrale dans la spiritualité juive. On nous enseigne queD.ieu nous aime et se soucie de nous à l’instar d’un parent qui aime et qui se soucie de son enfant. Il est donc évident que notre relation avec D.ieu est profondément connectée à notre relation avec nos parents, et notre compréhension de D.ieu est approfondie si nous avons eu le privilège d’avoir des enfants.
Tout cela rend l’histoire d'Abraham très difficile à comprendre pour deux raisons en particulier. La première est qu'Abraham était le fils qui a reçu l’injonction de D.ieu de quitter son père. Quelle est la logique de tout cela ? Il est assez difficile de comprendre que D.ieu puisse ordonner de telles choses à qui que ce soit. À plus forte raison puisque D.ieu a choisi Abraham spécifiquement pour qu’il devienne un modèle de la relation parent et enfant, père et fils.
La Torah nous enseigne une notion fondamentale et contre-intuitive. Il doit y avoir une séparation avant qu’il puisse y avoir une connexion. Nous devons avoir la possibilité d’être nous-mêmes afin d’être de bons enfants pour nos parents, et nous devons permettre à nos enfants d’être eux-mêmes afin d’être de bons parents. Abraham devait se séparer de son père avant que lui et nous puissions comprendre combien il lui était redevable. Il devait se séparer de son fils afin qu’Isaac puisse être Isaac et pas uniquement un clone d’Abraham.
D’abord la séparation, puis l’union. D’abord individualiser, puis se connecter. Il s’agit d’un des éléments fondamentaux de la spiritualité juive. Nous ne sommes pas D.ieu. D.ieu n’est pas nous. C’est la clarté des limites entre le ciel et la terre qui nous permettent d’avoir une relation saine avec D.ieu. Ce qui est si frappant chez les héros et les héroïnes de la Bible hébraïque est que, lorsqu'ils parlent à D.ieu, ils restent eux-mêmes. D.ieu ne nous envahit pas. C’est le principe abordé par les kabbalistes appelé tzimtzoum, la limitation de soi divine. D.ieu crée un espace pour qu’on puisse être nous-mêmes.
D.ieu nous aime comme un parent aime son enfant, et un parent qui aime vraiment son enfant crée de l’espace pour que l’enfant développe son identité. C’est l’espace que l’on crée l’un pour l’autre qui permet à l’amour d’être comme un rayon de soleil pour une fleur, pas comme un arbre pour les plantes poussant en dessous. Le rôle de l’amour, humain et divin, est “de bénir le fossé qui nous sépare.”[1]
[1] Cette phrase est issue du poète irlandais John O’Donohue.
Questions à poser à la table de Chabbath
Créer de l’espace
par Rabbi Joseph Dweck
J’ai grandi aux États-Unis et j'ai immigré en Angleterre il y a près de dix ans. Lors de mes premières années en Angleterre, j’ai eu l’honneur et le privilège d’avoir plusieurs opportunités de parler et de prendre conseil auprès de Rabbi Lord Sacks zt”l. Chaque fois que je lui parlais, j'acquérais une connaissance ou un conseil que je gardais toujours avec moi. Mon apprentissage de Rabbi Sacks ne provenait pas uniquement de ce qu’il disait, mais également de ce qu’il faisait. J’ai eu la chance de l’observer dans différents contextes. Que ce soit dans la synagogue, à des événements
communautaires, à des conférences, ou même au 10 Downing Street (résidence officielle et bureau du Premier ministre du Royaume-Uni), Rabbi Sacks inspirait respect et attention par sa simple présence. Et même avec son sérieux, il créait de l’espace pour les gens autour de lui. Il était important sans être pesant. Il était reconnu mais sa présence n’éclipsait pas celle des autres. Il n’avait pas besoin de se rabaisser pour ce faire, il reconnaissait simplement le caractère spécifique des autres et leur octroyait la place qui leur revenait. J’ai personnellement ressenti cela à plusieurs occasions.
En lisant l’article de cette semaine, j’ai une fois de plus observé à quel point Rabbi Sacks vivait ce qu’il enseignait, et comment il réussissait à incarner certaines des plus grandes qualités d’Avraham Avinou. Dans l’essai de cette semaine, Rabbi Sacks explique que, dans sa grandeur, Avraham élevait et donnait de l’importance à l’autre en créant de l’espace pour les différences et les contributions uniques que chaque personne offrait dans ce monde.
Un Regard Plus Profond
Approfondir les idées partagées par Rabbi Sacks sur Vayéra. Rabbi Dweck partage ses propres réflexions sur l’essai principal.
Quel est selon vous le message central de “bénir le fossé qui nous sépare” ?
Un des plus grands défis dans la vie est de trouver nos limites. Lorsque nous avons de la visibilité sur l’étendue de notre responsabilité et de notre contrôle, là où ils commencent et se terminent, nous vivons une vie plus heureuse, plus saine et plus réussie. Lorsque nous échouons et perdons conscience des limites appropriées, nous souffrons.
Quelles idées vous aideront pour votre développement personnel ?
Il existe un message important ici que je dois toujours interroger : ce que je peux et ne peux pas contrôler dans tous types de situation. Et cela requiert de la pratique tout au long de la vie. Une chose que je ne peux jamais contrôler, c’est l’autre. On m’a rappelé que ce qui se trouve réellement entre mes mains est d’influencer et de contrôler ma personne et mes actions, et je dois travailler dur pour cela.
Quelle idée exprimée dans l’article de cette semaine est selon vous le message le plus important de la prochaine génération ?
Je crois que la seconde partie du conseil de Rabbi Sacks ici est plus important pour les jeunes gens. Aujourd’hui, nous sommes nombreux à être inspirés et guidés vers l’individualisation, à trouver ce qui est spécial en nous-même. Mais cela ne peut se terminer ici. Le développement de soi et la croissance doivent toujours aller de pair avec le service et la contribution.
Rabbi Hillel l’ancien l’a dit comme personne : “Si je ne suis pas pour moi, qui sera pour moi ? Et si je ne suis que pour moi, que suis-je donc ?”
Infos Torah
Q: Cette semaine, nous avons examiné comment les enfants reçoivent l’espace de grandir en tant qu’individus. Dans la Torah, quelles figures bibliques voyons-nous “grandir” ?
Guide éducatif
Infos Torah: la réponse de cette semaine
A: Les paroles “vayigdal” – signifiant “et ils ont grandi” – et “vayigdalou” – signifiant “et ils ont grandi” sont utilisées en lien avec Isaac (Béréchit 21:8) ; Ismaël (21:20) ; Jacob et Esaü (25:27) ; Moïse (Chémot 2:10).
Votre famille a peut-être eu des réponses additionnelles de gens qui grandissent et qui changent de différentes manières, comme à travers la Téchouva.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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