La religion au Royaume-Uni

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Chers lords, je remercie le noble lord d’avoir initié ce débat important, pour sa contribution remarquée à la vie religieuse de ce pays, et pour le rôle qu’il a joué en tant que membre fondateur et vice-président du Interfaith Network, qui célèbre cette année son vingt-cinquième anniversaire. Cette organisation a participé à garantir des rencontres amicales et pacifiques entre groupes religieux en Angleterre, ces mêmes groupes qui pourraient être en conflit par ailleurs. Il s’agit d’une grande bénédiction pour nous tous.

Mes lords, la religion est souvent mal comprise à des époques et dans des sociétés sécularisées comme les nôtres. Elle est perçue comme un amalgame de croyances étranges et de rituels anaphylactiques, que nous pourrions abandonner sans y perdre au change. Une meilleure façon de comprendre la religion, y compris de l’extérieur, est de la voir comme une façon d’améliorer ses traits de caractère, une éducation continue dans une vie vécue au-delà de sa propre existence. La plupart des grandes religions du monde enseignent à leurs adeptes l’importance de consentir des sacrifices pour le bien de son prochain, par le biais de la charité, de l’hospitalité, de la visite aux malades, de l’aide aux nécessiteux, du réconfort apporté à ceux qui traversent des moments difficiles, d’apporter des moments de beauté morale à des vies qui, autrement, seraient vécues dans la difficulté et la solitude. La religion rachète notre solitude.

Bien avant que ces fonctions ne soient prises en charge par l’État, les groupes religieux locaux et étrangers construisaient des écoles, des hôpitaux et des réseaux de soutien. Selon les travaux de recherche menée par le sociologue de l’université d’Harvard Robert Putnam, aujourd’hui aux États-Unis et ici en Angleterre, les fidèles réguliers sont plus susceptibles de donner à la charité, que l’oeuvre de charité soit religieuse ou laïque, de faire du volontariat, de venir en aide à des sans-abris, de donner du sang, d’aider son voisin à s’occuper de la maison, de passer du temps avec quelqu’un qui se sent déprimé, et d’aider quelqu’un à trouver un emploi. Ce sont des citoyens beaucoup plus actifs, davantage susceptibles d’appartenir à des organisations communautaires et des associations de voisins. Ils s’impliquent, font bouger les choses et dirigent. Je ne suis pas en train de dire que, pour être une bonne personne, il faut être religieux, mais la religiosité mesurée par la fréquentation d’un lieu de culte est un meilleur indicateur d’altruisme et d’attention portée aux autres ; il est plus pertinent que l’éducation, l’âge, le revenu, le genre ou l’appartenance ethnique. 

Chers lords, si c’est le cas, les implications sociales sont considérables. Tout comme les religions construisaient un État-providence avant sa création, elles peuvent, dès aujourd’hui et demain, participer à la préservation d’une société du bien-être où le besoin d’aide dépasse la capacité du gouvernement à en proposer. Elles agissent comme une voix discordante aux chants des sirènes d’une culture semblant parfois valoriser soi-même plutôt que l’autre, les droits plutôt que les devoirs, à recevoir plutôt qu’à donner, à la consommation plutôt qu’à la contribution, et à la réussite plutôt qu’à rendre service à son prochain.

Je félicite le gouvernement d’avoir fait en sorte de réunir les différentes religions composant notre société, dans des actes de volontariat via des communautés et des entreprises locales. Je lui conseille vivement d’envisager d’autres façons d’exploiter les formidables énergies altruistes de nos communautés religieuses pour le bien commun du plus grand nombre.