Le livre de Bamidbar se termine par les villes de refuge, les six aré miklat – trois de chaque côté du Jourdain – distinguées comme des endroits dans lesquels les gens innocentés de meurtre, mais coupables d’homicide, étaient temporairement exilés.
Dans les sociétés anciennes, on craignait que lorsqu’un membre de la famille ou d’une tribu avait été tué, les gens se fassent justice eux-mêmes. Un cycle de vengeance et de représailles sans fin naturelle commencerait, une revanche et une tuerie après l’autre, jusqu’à ce que la communauté soit décimée.
Si par exemple, Dan tue Gil et qu’il est déclaré innocent du meurtre au tribunal – ce fut un accident, il n’y avait aucune préméditation, la victime et le responsable n’étaient pas ennemis – il existe toujours le danger que la famille de Gil puisse sentir que justice n’ait pas été faite. Leur proche parent est mort et Dan n’a été puni.
Ce fut pour éviter les “vengeances de sang” que les aré miklat furent créées. Ceux qui commirent un homicide involontaire furent envoyés là-bas, et tant qu’ils restaient au sein des limites de la ville, ils furent protégés par la loi. Ils devaient y rester jusqu’à “la mort du Cohen Gadol” selon notre paracha.
La question évidente est la suivante : qu’est-ce que la mort du grand prêtre a à voir avec cela ? Il ne semble pas avoir de lien entre un homicide, la vengeance de sang et le grand prêtre, à plus forte raison sa mort.
Examinons deux interprétations très différentes. Elles sont toutes deux intéressantes, mais de manière plus générale, elles démontrent l’éventail de pensée qui existe dans le judaïsme. Selon le Talmud Bavli, le Cohen Gadol avait une part, même infime, dans la culpabilité du fait que quelqu’un était mort. Le meurtre n’est pas quelque chose qui aurait pu être évité par les prières du Cohen Gadol. Le meurtrier était coupable du crime, ayant choisi de faire ce qu’il a fait, et personne d’autre ne peut être blâmé. Mais un homicide involontaire, précisément parce qu’il survient sans que personne n’en ait l’intention, est le genre d’événement qui aurait pu être évité par les prières du grand prêtre. Ainsi, il n’est pas entièrement expié jusqu’à ce que le Cohen Gadol ne meurt. Ce n’est qu’à ce moment-là que le meurtrier involontaire peut être libéré.
Le Rambam offre une explication tout à fait différente : la mort du Cohen Gadol cause un chagrin collectif. Les gens ont tendance à oublier leurs propres malheurs devant une perte nationale plus grande. C’est là que les gens se défont de leur sentiment individuel de justice et de désir de vengeance. Cela devient ensuite plus sûr pour la personne reconnue coupable d’homicide involontaire de rentrer chez elle.
Le Rambam ne conçoit pas la loi des aré miklat en termes de culpabilité ou de punition. La seule considération pertinente est la sécurité. La personne coupable d’homicide involontaire est exilée, non pas parce qu’il s’agit d’une forme d’expiation, mais simplement parce qu’il est plus sûr pour elle d’être loin de ceux qui chercheraient à se venger. Elle reste là-bas jusqu’à la mort du Cohen Gadol car ce n’est qu’après une tragédie nationale que nous pouvons considérer que les gens ont renoncé à leurs intentions de venger la mort d’un des membres de leur famille. Il s’agit d’une différence fondamentale dans la manière dont nous conceptualisons les villes de refuge.
Quelle est la différence fondamentale entre ces deux opinions ? Le Talmud assume un certain niveau de réalité surnaturelle. L’explication de Maïmonide n’est pas surnaturelle. Elle appartient de manière générale à ce que l’on qualifierait de psychologie sociale. Sa théorie est que les gens sont plus capables d’accepter leur chagrin lorsqu’ils ne se le font pas rappeler quotidiennement en voyant la personne coupable. Ce ne sont pas toutes les approchea à la foi religieuse dans le judaïsme qui présupposent des événements surnaturels – des événements, qui plus est, qui ne peuvent pas être expliqués par les paramètres de la science. D.ieu est au-delà de l’univers, mais Ses actions au sein de l’univers peuvent tout de même être en concordance avec la loi et la causalité naturelles.
Selon cette vision, la prière change le monde car elle nous change. La Torah a le pouvoir de transformer la société, non pas par des miracles, mais par des effets qui sont entièrement explicables en termes de théorie politique et de science sociale. Cela n’est pas la seule approche au judaïsme, mais c’est celle du Rambam, qui demeure l’une des deux manières principales de comprendre notre religion.
Questions à poser à la table de Chabbat
Comment pensez-vous que les villes de refuge fonctionnaient dans les sociétés anciennes ?
Quels sont des exemples modernes d’endroits ou de systèmes qui protègent les gens et maintiennent la justice ?
Pourquoi est-ce important d’avoir des interprétations et des perspectives différentes au sein d’une religion ou d’un système de croyances ?
La paracha en bref
La Parachat Massé raconte les 42 arrêts des Bné Israël, en commençant par leur départ d’Égypte et en terminant par leur campement final dans les plaines de Moav, juste de l’autre côté de la rivière du Yarden (Jourdain) de Canaan.
Nous apprenons également les limites des frontières de la terre promise aux Bné Israël lorsqu’ils entrent en terre de Canaan. Les villes spéciales appelées les arei hamiklat (les villes de refuge) sont également nommées. Celles-ci étaient construites pour offrir une sécurité et un exil temporaire aux personnes qui avaient accidentellement causé la mort de quelqu’un.
Enfin, la paracha résout le problème d’héritage impliquant les filles de Tsélof’had. Pour garder la propriété de leur père au sein de leur propre tribu, ces femmes choisissent d’épouser des hommes de la même tribu. Cela a empêché la terre d’être transférée à une autre tribu à travers le mariage, et a apaisé les hommes de leur tribu également.
Les personnages de la paracha
Les périples des Bné Israël : Des chaînes de l’Égypte jusqu’à la Terre promise, quarante-deux arrêts, et un trek sablonneux.
Les villes de refuge : Après avoir tué accidentellement, nous trouvons un refuge, et nous apprenons à être doux.
B’not Tsélof’had : Cinq sœurs qui se battent, revendiquent la terre de leur père, changent les lois d’héritage, leurs droits maintenant en leur nom.
Les Léviim : Aucune terre à labourer, aucune semence à s’occuper, la tribu choisie de D.ieu, et la responsabilité sacrée qu’ils occupent.
La paracha en pratique
Le concept des villes de refuge nous enseigne une leçon forte sur le pardon et la réparation. Ces villes offrirent un endroit où les meurtriers accidentels pouvaient trouver un refuge, permettant aux émotions de se calmer et que justice soit rendue sans représailles immédiates.
Ce système reconnaît que bien que la peine et la colère soient des réponses naturelles à la perte, la vengeance incontrôlée peut perpétuer des cycles de violence. Nous pouvons appliquer cette sagesse à nos vies modernes en créant des “villes de refuge” émotionnelles et mentales - des moments où on s’arrête avant de réagir et faire mal, pour se permettre un moment de réflexion et de compréhension.
Pour de jeunes enfants, cela peut être un coin tranquille avec des jouets en peluche et un coussin douillet. Pour des adultes, cela peut être une marche à l’extérieur, un bol d’air frais.
Le vrai pardon nécessite souvent du temps et de la distance vis-à-vis de la douleur originale. Donner de nous-même et aux autres pendant cette période de grâce ouvre la porte à une réconciliation sincère. Tout comme la mort du Cohen Gadol signale un temps de nouveaux départs, nous pouvons également rechercher des opportunités de laisser passer les peines passées et prendre un nouveau départ.
Comment faites-vous pour travailler votre colère et votre frustration ?
Jouons avec la paracha
Jouons aux “villes de refuge”. Un ou deux joueurs sont désignés comme des meurtriers accidentels alors que les autres endossent le rôle des vengeurs. Les tueurs doivent rapidement s’échapper vers l’une des six (ou peu importe le nombre que vous choisissez) “villes de refuge” réparties sur une zone de jeu. Les vengeurs, après avoir compté jusqu’à dix, pourchassent les tueurs. S’ils se font attraper avant qu’ils n’atteignent la ville, le meurtrier sort du jeu. Cependant, une fois qu’ils se retrouvent au sein des limites d’une ville, ils sont sauvés des vengeurs. La variante ? Les tueurs ne peuvent que rester dans une “ville” pendant une minute. Puis ils courent, et les vengeurs comptent encore une fois jusqu’à dix !
La philosophie de la paracha
Il existe une division fondamentale au sein des philosophies juives que les villes de refuge peuvent aider à démystifier. Alors que certaines écoles de pensée comprennent les événements entourant les arei miklat comme surnaturels, d’autres croient qu’il s’agit d’événements “naturels”. La vision surnaturelle, rapportée par le Talmud Bavli, assume l’intervention divine dans la vie de tous les jours et perçoit l’exil comme une forme d’expiation. À l’opposé, l’approche naturelle, adoptée par le Rambam, explique les lois religieuses à travers une perspective rationnelle, psychologique et sociale. Le Rambam perçoit l’exil comme une mesure de sécurité et la mort du Cohen Gadol comme une tragédie nationale unificatrice qui aide les gens à surmonter les vendettas personnelles.
Cette fissure philosophique est présente tout au long de l’histoire juive, depuis les anciens sages jusqu’aux penseurs modernes. Mais rappelez-vous que toutes les approches du judaïsme ne nécessitent pas une croyance aux événements surnaturels. Par exemple, le Rambam perçoit une action divine au sein du cadre de la loi et d’une causalité naturelle. Selon cette vision, la prière et l’étude de la Torah peuvent transformer le monde à travers leur impact sur le comportement humain et la société plutôt qu’à travers les miracles. Ultimement, les deux écoles de pensée sont valides, représentant des manières différentes de comprendre la foi et l’interaction divine avec le monde.
Voyez-vous les événements mondiaux sous un angle scientifique, ou sous un angle surnaturel ?
Parabole sur la paracha
Une réunion familiale
Il y a longtemps, des frères jumeaux Yaakov et Essav grandirent et devinrent des individus très différents. Essav adorait la chasse, tandis que Yaakov préférait rester à la maison et apprendre la Torah.
Puis Yaakov acheta à Essav son droit d’aînesse et plus tard, il rusa pour obtenir la bénédiction de son père. Essav était si furieux qu’il menaça de tuer Yaakov, et leur mère, Rivka, remarqua qu’ils avaient besoin de prendre leurs distances l’un de l’autre. Elle dit à Yaakov, “Va chez ton oncle Lavan jusqu’à ce que la colère de ton frère s’apaise.”
Yaakov quitta la maison, passa de nombreuses années à l'extérieur. Il se maria, devint père, fut un fermier prospère, alors qu’Essav créa sa propre communauté.
Lorsque Yaakov décida de quitter la maison de Lavan et de ramener sa famille à la maison, il envoya des messagers avec des cadeaux pour montrer à Essav qu’il voulait faire la paix. Mais il avait peur d’affronter son jumeau. Puis, au lieu de voir le frère coléreux dont il se rappelait, il a vu Essav courir pour l’enlacer ! Le temps séparé l’un de l’autre leur avait donné à tous deux l’opportunité de réfléchir et de grandir. Essav devait se défaire de sa colère, et Yaakov avait appris des leçons de vie utiles. Ils se réconcilièrent et réalisèrent qu’ils avaient grandi pour devenir deux personnes différentes avec des vies différentes. Ils se quittèrent à nouveau, cette fois-ci en paix et sans crainte.
Réflexions sur la paracha
Que feriez-vous…
...si quelqu’un faisait quelque chose de terrible contre vous, mais entièrement par accident ? Comment pourriez-vous lui pardonner ?
Devinette sur la paracha
Q. Dans quel scénario une personne serait-elle contrainte à rester dans une ville de refuge pour toujours ?
R : S’ils avaient tué le Cohen Gadol de manière accidentelle, ou si le Cohen Gadol avait tué quelqu’un par accident. Ils retourneraient normalement à la maison après la mort du Cohen Gadol mais dans les deux cas, il n’y a pas de Cohen Gadol en service au moment où l'acte est commis (Rachi Guémara Sanhédrin 18b).
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the
Family Edition
is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
Naturel ou surnaturel ?
Family Edition
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Main Essay
Matote, Mass'é
Naturel ou surnaturel ?
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Résumé
Ce résumé est adapté de l’essai principal de cette semaine par Rabbi Sacks.
Le livre de Bamidbar se termine par les villes de refuge, les six aré miklat – trois de chaque côté du Jourdain – distinguées comme des endroits dans lesquels les gens innocentés de meurtre, mais coupables d’homicide, étaient temporairement exilés.
Dans les sociétés anciennes, on craignait que lorsqu’un membre de la famille ou d’une tribu avait été tué, les gens se fassent justice eux-mêmes. Un cycle de vengeance et de représailles sans fin naturelle commencerait, une revanche et une tuerie après l’autre, jusqu’à ce que la communauté soit décimée.
Si par exemple, Dan tue Gil et qu’il est déclaré innocent du meurtre au tribunal – ce fut un accident, il n’y avait aucune préméditation, la victime et le responsable n’étaient pas ennemis – il existe toujours le danger que la famille de Gil puisse sentir que justice n’ait pas été faite. Leur proche parent est mort et Dan n’a été puni.
Ce fut pour éviter les “vengeances de sang” que les aré miklat furent créées. Ceux qui commirent un homicide involontaire furent envoyés là-bas, et tant qu’ils restaient au sein des limites de la ville, ils furent protégés par la loi. Ils devaient y rester jusqu’à “la mort du Cohen Gadol” selon notre paracha.
La question évidente est la suivante : qu’est-ce que la mort du grand prêtre a à voir avec cela ? Il ne semble pas avoir de lien entre un homicide, la vengeance de sang et le grand prêtre, à plus forte raison sa mort.
Examinons deux interprétations très différentes. Elles sont toutes deux intéressantes, mais de manière plus générale, elles démontrent l’éventail de pensée qui existe dans le judaïsme. Selon le Talmud Bavli, le Cohen Gadol avait une part, même infime, dans la culpabilité du fait que quelqu’un était mort. Le meurtre n’est pas quelque chose qui aurait pu être évité par les prières du Cohen Gadol. Le meurtrier était coupable du crime, ayant choisi de faire ce qu’il a fait, et personne d’autre ne peut être blâmé. Mais un homicide involontaire, précisément parce qu’il survient sans que personne n’en ait l’intention, est le genre d’événement qui aurait pu être évité par les prières du grand prêtre. Ainsi, il n’est pas entièrement expié jusqu’à ce que le Cohen Gadol ne meurt. Ce n’est qu’à ce moment-là que le meurtrier involontaire peut être libéré.
Le Rambam offre une explication tout à fait différente : la mort du Cohen Gadol cause un chagrin collectif. Les gens ont tendance à oublier leurs propres malheurs devant une perte nationale plus grande. C’est là que les gens se défont de leur sentiment individuel de justice et de désir de vengeance. Cela devient ensuite plus sûr pour la personne reconnue coupable d’homicide involontaire de rentrer chez elle.
Le Rambam ne conçoit pas la loi des aré miklat en termes de culpabilité ou de punition. La seule considération pertinente est la sécurité. La personne coupable d’homicide involontaire est exilée, non pas parce qu’il s’agit d’une forme d’expiation, mais simplement parce qu’il est plus sûr pour elle d’être loin de ceux qui chercheraient à se venger. Elle reste là-bas jusqu’à la mort du Cohen Gadol car ce n’est qu’après une tragédie nationale que nous pouvons considérer que les gens ont renoncé à leurs intentions de venger la mort d’un des membres de leur famille. Il s’agit d’une différence fondamentale dans la manière dont nous conceptualisons les villes de refuge.
Quelle est la différence fondamentale entre ces deux opinions ? Le Talmud assume un certain niveau de réalité surnaturelle. L’explication de Maïmonide n’est pas surnaturelle. Elle appartient de manière générale à ce que l’on qualifierait de psychologie sociale. Sa théorie est que les gens sont plus capables d’accepter leur chagrin lorsqu’ils ne se le font pas rappeler quotidiennement en voyant la personne coupable. Ce ne sont pas toutes les approchea à la foi religieuse dans le judaïsme qui présupposent des événements surnaturels – des événements, qui plus est, qui ne peuvent pas être expliqués par les paramètres de la science. D.ieu est au-delà de l’univers, mais Ses actions au sein de l’univers peuvent tout de même être en concordance avec la loi et la causalité naturelles.
Selon cette vision, la prière change le monde car elle nous change. La Torah a le pouvoir de transformer la société, non pas par des miracles, mais par des effets qui sont entièrement explicables en termes de théorie politique et de science sociale. Cela n’est pas la seule approche au judaïsme, mais c’est celle du Rambam, qui demeure l’une des deux manières principales de comprendre notre religion.
Questions à poser à la table de Chabbat
La paracha en bref
La Parachat Massé raconte les 42 arrêts des Bné Israël, en commençant par leur départ d’Égypte et en terminant par leur campement final dans les plaines de Moav, juste de l’autre côté de la rivière du Yarden (Jourdain) de Canaan.
Nous apprenons également les limites des frontières de la terre promise aux Bné Israël lorsqu’ils entrent en terre de Canaan. Les villes spéciales appelées les arei hamiklat (les villes de refuge) sont également nommées. Celles-ci étaient construites pour offrir une sécurité et un exil temporaire aux personnes qui avaient accidentellement causé la mort de quelqu’un.
Enfin, la paracha résout le problème d’héritage impliquant les filles de Tsélof’had. Pour garder la propriété de leur père au sein de leur propre tribu, ces femmes choisissent d’épouser des hommes de la même tribu. Cela a empêché la terre d’être transférée à une autre tribu à travers le mariage, et a apaisé les hommes de leur tribu également.
Les personnages de la paracha
Les périples des Bné Israël : Des chaînes de l’Égypte jusqu’à la Terre promise, quarante-deux arrêts, et un trek sablonneux.
Les villes de refuge : Après avoir tué accidentellement, nous trouvons un refuge, et nous apprenons à être doux.
B’not Tsélof’had : Cinq sœurs qui se battent, revendiquent la terre de leur père, changent les lois d’héritage, leurs droits maintenant en leur nom.
Les Léviim : Aucune terre à labourer, aucune semence à s’occuper, la tribu choisie de D.ieu, et la responsabilité sacrée qu’ils occupent.
La paracha en pratique
Le concept des villes de refuge nous enseigne une leçon forte sur le pardon et la réparation. Ces villes offrirent un endroit où les meurtriers accidentels pouvaient trouver un refuge, permettant aux émotions de se calmer et que justice soit rendue sans représailles immédiates.
Ce système reconnaît que bien que la peine et la colère soient des réponses naturelles à la perte, la vengeance incontrôlée peut perpétuer des cycles de violence. Nous pouvons appliquer cette sagesse à nos vies modernes en créant des “villes de refuge” émotionnelles et mentales - des moments où on s’arrête avant de réagir et faire mal, pour se permettre un moment de réflexion et de compréhension.
Pour de jeunes enfants, cela peut être un coin tranquille avec des jouets en peluche et un coussin douillet. Pour des adultes, cela peut être une marche à l’extérieur, un bol d’air frais.
Le vrai pardon nécessite souvent du temps et de la distance vis-à-vis de la douleur originale. Donner de nous-même et aux autres pendant cette période de grâce ouvre la porte à une réconciliation sincère. Tout comme la mort du Cohen Gadol signale un temps de nouveaux départs, nous pouvons également rechercher des opportunités de laisser passer les peines passées et prendre un nouveau départ.
Jouons avec la paracha
Jouons aux “villes de refuge”. Un ou deux joueurs sont désignés comme des meurtriers accidentels alors que les autres endossent le rôle des vengeurs. Les tueurs doivent rapidement s’échapper vers l’une des six (ou peu importe le nombre que vous choisissez) “villes de refuge” réparties sur une zone de jeu. Les vengeurs, après avoir compté jusqu’à dix, pourchassent les tueurs. S’ils se font attraper avant qu’ils n’atteignent la ville, le meurtrier sort du jeu. Cependant, une fois qu’ils se retrouvent au sein des limites d’une ville, ils sont sauvés des vengeurs. La variante ? Les tueurs ne peuvent que rester dans une “ville” pendant une minute. Puis ils courent, et les vengeurs comptent encore une fois jusqu’à dix !
La philosophie de la paracha
Il existe une division fondamentale au sein des philosophies juives que les villes de refuge peuvent aider à démystifier. Alors que certaines écoles de pensée comprennent les événements entourant les arei miklat comme surnaturels, d’autres croient qu’il s’agit d’événements “naturels”. La vision surnaturelle, rapportée par le Talmud Bavli, assume l’intervention divine dans la vie de tous les jours et perçoit l’exil comme une forme d’expiation. À l’opposé, l’approche naturelle, adoptée par le Rambam, explique les lois religieuses à travers une perspective rationnelle, psychologique et sociale. Le Rambam perçoit l’exil comme une mesure de sécurité et la mort du Cohen Gadol comme une tragédie nationale unificatrice qui aide les gens à surmonter les vendettas personnelles.
Cette fissure philosophique est présente tout au long de l’histoire juive, depuis les anciens sages jusqu’aux penseurs modernes. Mais rappelez-vous que toutes les approches du judaïsme ne nécessitent pas une croyance aux événements surnaturels. Par exemple, le Rambam perçoit une action divine au sein du cadre de la loi et d’une causalité naturelle. Selon cette vision, la prière et l’étude de la Torah peuvent transformer le monde à travers leur impact sur le comportement humain et la société plutôt qu’à travers les miracles. Ultimement, les deux écoles de pensée sont valides, représentant des manières différentes de comprendre la foi et l’interaction divine avec le monde.
Parabole sur la paracha
Une réunion familiale
Il y a longtemps, des frères jumeaux Yaakov et Essav grandirent et devinrent des individus très différents. Essav adorait la chasse, tandis que Yaakov préférait rester à la maison et apprendre la Torah.
Puis Yaakov acheta à Essav son droit d’aînesse et plus tard, il rusa pour obtenir la bénédiction de son père. Essav était si furieux qu’il menaça de tuer Yaakov, et leur mère, Rivka, remarqua qu’ils avaient besoin de prendre leurs distances l’un de l’autre. Elle dit à Yaakov, “Va chez ton oncle Lavan jusqu’à ce que la colère de ton frère s’apaise.”
Yaakov quitta la maison, passa de nombreuses années à l'extérieur. Il se maria, devint père, fut un fermier prospère, alors qu’Essav créa sa propre communauté.
Lorsque Yaakov décida de quitter la maison de Lavan et de ramener sa famille à la maison, il envoya des messagers avec des cadeaux pour montrer à Essav qu’il voulait faire la paix. Mais il avait peur d’affronter son jumeau. Puis, au lieu de voir le frère coléreux dont il se rappelait, il a vu Essav courir pour l’enlacer ! Le temps séparé l’un de l’autre leur avait donné à tous deux l’opportunité de réfléchir et de grandir. Essav devait se défaire de sa colère, et Yaakov avait appris des leçons de vie utiles. Ils se réconcilièrent et réalisèrent qu’ils avaient grandi pour devenir deux personnes différentes avec des vies différentes. Ils se quittèrent à nouveau, cette fois-ci en paix et sans crainte.
Réflexions sur la paracha
Que feriez-vous…
...si quelqu’un faisait quelque chose de terrible contre vous, mais entièrement par accident ? Comment pourriez-vous lui pardonner ?
Devinette sur la paracha
Q. Dans quel scénario une personne serait-elle contrainte à rester dans une ville de refuge pour toujours ?
R : S’ils avaient tué le Cohen Gadol de manière accidentelle, ou si le Cohen Gadol avait tué quelqu’un par accident. Ils retourneraient normalement à la maison après la mort du Cohen Gadol mais dans les deux cas, il n’y a pas de Cohen Gadol en service au moment où l'acte est commis (Rachi Guémara Sanhédrin 18b).
Adapté de Torah IQ par David Woolf, une collection de 1500 devinettes sur la Torah, disponible dans le monde entier sur Amazon.
L’édition familiale du Covenant & Conversation a été écrit par Sara Lamm.
Written as an accompaniment to Rabbi Sacks’ weekly Covenant & Conversation essay, the Family Edition is aimed at connecting teenagers with his ideas and thoughts on the parsha.
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