Les Relations Interreligieuses
Cette idée de Thought for the Day (Pensée du Jour) a été diffusée sur l'émission Radio 4 de la BBC intitulée Today.
Dès dimanche, les différentes communautés religieuses d’Angleterre se réuniront lors d’une série d’événements qui marqueront la semaine interreligieuse, le dernier chapitre de l’histoire de la tolérance britannique. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
L’Angleterre fut le premier pays à expulser ses juifs en 1290. Ils durent attendre jusqu’en 1656 pour être autorisés à y retourner. Et les pères pèlerins qui allèrent en Amérique au dix-septième siècle étaient calvinistes, craignant la persécution en Angleterre et cherchant la liberté en Amérique.
Ce qui a changé l’Angleterre, faisant de cette terre le berceau de la doctrine de la liberté religieuse, fut une idée transformatrice. Durant des années, les catholiques et les protestants se combattaient les uns contre les autres dans toute l’Europe, convaincus qu’ils détenaient la vérité, chacun cherchant à imposer son pouvoir. Le caractère destructeur de ce phénomène était immense.
Les gens ont finalement réalisé qu’au lieu de dire “les convictions religieuses sont importantes ; c’est la raison pour laquelle tout le monde devrait avoir les bonnes”, vous pouvez en tirer une conclusion tout à fait différente. “Les convictions religieuses sont importantes ; c’est la raison pour laquelle tout le monde devrait avoir le droit de vivre selon ses croyances.”
Ce phénomène a mené John Locke à l’idée de tolérance, qui inspira finalement Thomas Jefferson en Amérique et Jean-Jacques Rousseau en France.
En d’autres termes, la tolérance vit le jour lorsque des gens aux fortes convictions ont réalisé que d’autres, en désaccord avec eux, avaient également de fortes convictions et qu’ils avaient le droit, autant que faire se peut, de vivre conformément à ces convictions.
Ce fut l’un des moments transformateurs du monde contemporain. Et c’est important que nous perpétuions l’histoire au vingt-et-unième siècle, maintenant qu’il existe une plus grande diversité religieuse en Angleterre qu’auparavant.
Il y a deux ans, nous avons marché tous ensemble chrétiens, juifs, musulmans, hindous, sikhs, bouddhistes, jaïns, zoroastriens et baha’i - afin d’attirer l’attention sur l’enjeu de la pauvreté mondiale. Quelques mois plus tard, nous avons voyagé ensemble à Auschwitz afin de nous rappeler jusqu'où la haine pouvait mener. Cet été, nous nous sommes rassemblés afin d’engager nos communautés respectives à renforcer la société civile.
Je ne connais pas un autre pays dans le monde où les dirigeants des communautés religieuses ont des liens personnels d’amitié si forts. Et l’idée de la semaine interreligieuse est de revenir aux fondamentaux, parce que l’essentiel s’y trouve. La bonne nouvelle à propos de la religion est qu’elle construit des sociétés. Elle transforme beaucoup de “je” en “nous”. La mauvaise nouvelle est qu’elle peut diviser les communautés, en “eux” et en “nous”. Par conséquent, la semaine prochaine, tendez la main de l’amitié à quelqu’un qui n’est pas de votre religion. Il s’agit là d’un acte vraiment transformateur.